Commencer la nouvelle année dans le Vieux-Montréal
Bonne année, chers lecteurs! J’espère que vous avez passé un beau temps des Fêtes et que vous êtes, comme moi, contents de revenir à la programmation régulière. Avant de se lancer dans la nouvelle décennie, est-ce que ça vous dirait de faire un saut dans le temps?
Pour mon premier sujet de 2020, j’ai choisi de vous ramener dans un passé très lointain. Je vous parle cette semaine de l’étonnante exposition Les Incas… c’est le Pérou! à l’affiche du musée Pointe-à-Callière jusqu’au 13 avril.
Ce n’est pas tous les jours qu’il nous est donné de voir des vestiges de l’Empire inca, encore moins des civilisations précolombiennes (paracas, nasca, mochica, wari, chimù, chancay) qui l’ont précédé de 1800 avant notre ère à 1470. Les objets et artéfacts issus de cette période sont fragiles et voyagent peu.
Encore une fois, grâce à son excellente réputation, le musée Pointe-à-Callière a réussi à convaincre de grandes institutions comme les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, le musée du Quai Branly-Jacques Chirac de Paris, le Museum aan de Stroom d’Anvers et le Linden-Museum de Stuttgart, de prêter leurs précieuses collections d’art andin au bénéfice des Montréalais férus d’histoire.
L’exposition compte plus de 300 pièces. Dans le lot, il y a de magnifiques céramiques, d’impressionnantes pièces d’orfèvrerie, de très jolies figurines, mais ce qui impressionne le plus, c’est le raffinement des textiles qu’on nous présente, et leur extraordinaire état de conservation. Les couleurs, la minutie des motifs et leur symbolique témoignent de l’importance que cette société accordait aux tissus. On n’a pas de difficulté à croire que le textile était plus précieux que l’or ou l’argent. Tellement que les textiles ont inspiré les autres formes de création (orfèvrerie, céramique), ce qui serait un phénomène unique au monde.
On est aussi mystifié par le rapport que ces civilisations entretiennent avec les oiseaux, qui renvoient au monde des dieux. Les tuniques et les coiffes en plumes multicolores dont se sont notamment parés les Nascas, et qui ont fait leur chemin jusqu’à nous, sont un festin pour l’œil.
Si vous avez aimé l’exposition Reines d’Égypte au musée Pointe-à-Callière l’an dernier ou Momies égyptiennes à l’affiche en ce moment au Musée des beaux-arts de Montréal, vous ne serez pas en reste avec Les Incas… c’est le Pérou!.
Cette présentation accorde une grande place aux rites funéraires, qui sont toujours fascinants à découvrir. Ici, le sarcophage péruvien porte le nom de fardo. Il est constitué de plusieurs toiles de coton dont on enveloppe la personne morte. Le défunt, assis dans une position fœtale, est entouré d’objets de la vie quotidienne, la mort ne représentant pas la fin de l’existence, mais un nouvel état de conscience.
L’exposition ne manque pas non plus de nous raconter la grandeur du royaume des Incas, le plus grand empire américain de son époque avec quelque 12 millions d’individus, et sa perte malgré une organisation sociale très sophistiquée. Comme quoi les plus grands empires peuvent vaciller. Donald Trump devrait faire une petite visite au musée Pointe-à-Callière; on apprend beaucoup de l’histoire!
Profitez de votre déplacement dans le Vieux-Montréal pour voir aussi, si ce n’est déjà fait, l’exposition La chambre des merveilles inspirée de l’époque des cabinets de curiosité. Pointe-à-Callière vient d’annoncer qu’elle est prolongée d’un an, soit jusqu’au 10 janvier 2021.
Dernière chose à vous dire concernant Pointe-à-Callière: la fameuse promotion Les week-ends sous zéro sera bientôt de retour. Les jours de fin de semaine, du 18 janvier au 23 février, le prix d’entrée sera réduit de l’équivalent en pourcentage du nombre de degrés qu’il fait sous zéro. Une façon de nous faire apprécier les journées à -20°.
Visité: Le musée Marguerite-Bourgeoys avant sa transformation
Saviez-vous qu’en 2020 on célèbre le 400e anniversaire de naissance de Marguerite Bourgeoys? Un musée à sa gloire existe à Montréal depuis 1998. Je n’y étais jamais allé. J’ai profité du temps des Fêtes pour le visiter. Quelle surprise!
Attenant à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, érigée au 17e siècle par Marguerite Bourgeoys elle-même, ce musée raconte l’histoire de la fondatrice de la congrégation de Notre-Dame de Montréal de sa naissance à Troyes, en France, le 17 avril 1620, jusqu’à sa mort, le 12 janvier 1700, au fort Ville-Marie.
Les moments importants de sa vie sont recréés dans de petites vitrines à l’aide de poupées. Cette présentation d’allure très naïve et datant de plusieurs années sera bientôt remplacée par une nouvelle exposition conçue selon les critères de la muséologie du 21e siècle.
Le musée Marguerite-Bourgeoys a obtenu une subvention de 394 000$ pour procéder à la modernisation de son exposition et de ses installations. Les travaux forceront la fermeture de l’institution jusqu’au mois de mai. Vous avez donc jusqu’au 15 janvier pour voir le musée dans sa version vintage ainsi que l’exposition invitée, Colle, papier, ciseaux, consacrée au travail de Claude Lafortune, un artiste qui a émerveillé plus d’une génération avec ses sculptures de papier à l’émission L’Évangile en papier diffusée à Radio-Canada. Les nombreux personnages qu’il expose (Mozart, Jeanne D’Arc, Don Quichotte, etc.) forcent l’admiration.
On ne peut terminer sa visite du musée Marguerite-Bourgeoys sans monter au belvédère, qui offre une vue imprenable sur le Vieux-Montréal et le fleuve Saint-Laurent. De l’observatoire, on peut admirer de proche les magnifiques sculptures d’anges musiciens qui veillent sur la Vierge, L’étoile de la mer, trônant au sommet du campanile de la chapelle depuis 1893. En m’intéressant à ces sculptures, j’ai appris qu’elles avaient été réalisées par les frères Philippe et Wilfrid Laperle, grand-oncle et grand-père de nulle autre que Monique Leyrac.