Quand l’art prend l’air, et nous avec
L’été s’achève et l’automne se pointe le bout du nez avec encore plein de belles journées devant nous pour en profiter. Et pourquoi ne pas le faire en partant à la découverte de notre environnement, qui recèle plus d’œuvres d’art qu’on pense? Où aller? Permettez-moi d’être votre guide.
Ma première suggestion: Couleurs du monde, une exposition de photos du National Geographic présentée devant la Biosphère au parc Jean-Drapeau à Montréal.
Il y a 50 photos grand format à voir, toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Fidèle à la tradition plus que centenaire du célèbre magazine américain, cette exposition donne à voir la grande diversité de notre planète, dans un kaléidoscope de couleurs qui passe du bleu au rouge, du vert à l’orange. Il y a des paysages à couper le souffle, des images hallucinantes de tout ce qui grouille au fond des mers, des scènes émouvantes de la vie quotidienne dans des lieux où on ne mettra jamais les pieds, des portraits d’humains, saisissants.
C’est gratuit. On peut s’y rendre en métro, en autobus, en vélo ou en auto. On prolonge ensuite sa visite en faisant une promenade sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame.
Autre exposition photos qui vaut le détour: Reflets de la montréalité, présentée sur les cimaises de la terrasse du marché Atwater.
Les photos sont tirées de la collection du Centre d’histoire de Montréal (maintenant connu sous le nom de MEM-Centre des mémoires montréalaises). Depuis 1991, cette institution, gardienne de la mémoire de Montréal, a accumulé plus de 12 000 photographies par le biais d’un concours photo annuel ouvert au public. On en a fait une sélection par thème. Ainsi, chaque panneau aborde une facette de Montréal, et l’ensemble révèle une ville unique. Pour ceux qui en doutent, on a ajouté des citations de nouveaux arrivants qui chantent les louanges de leur ville d’adoption.
Je vous amène maintenant au Vieux-Port de Montréal, qui accueille depuis peu une nouvelle œuvre d’art public. Il s’agit d’une sculpture de l’artiste Yann Pocreau installée à la place des Commencements, derrière l’édifice du Grand Quai, appelé autrefois la Gare maritime Iberville. L’arche, qui fait 16 mètres de hauteur, s’intitule Leurs effigies. L’artiste s’est inspiré de trois femmes, trois bâtisseuses de Montréal, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys et Marguerite d’Youville. Les lignes stylisées reproduisent le contour des coiffes de chacune de ces religieuses.
Plusieurs murales ont fait leur apparition cet été. J’ai été ébahi par celle tout en couleur réalisée sur la façade de l’hôtel Germain de Montréal dans le cadre du festival Mural. L’œuvre de l’artiste canadienne Michelle Hoogveld donne du oumf à la rue Mansfield.
Cette semaine, on en inaugurait une autre, toute nouvelle, angle Sainte-Catherine et Clark, sur le bâtiment de la Maison du développement durable, qui fêtera bientôt le 10e anniversaire de son installation dans le Quartier des spectacles. Elle est signée Roadsworth et s’intitule Interconnectivité.
Ce n’est pas tout. L’artiste Jessie Armand (Jet$et) vient de terminer, sur un mur du parc Brewster à Saint-Henri, une murale en mémoire de Marie-Soleil Tougas. Ne cherchez pas de lien entre la comédienne disparue et le lieu où se trouve l’œuvre, l’artiste avait simplement envie de rendre hommage à une personnalité qui a été très aimée du public, mais dont la vie a été fauchée dramatiquement. On se rappellera qu’elle est morte dans un accident d’avion avec son chum Jean-Claude Lauzon le 10 août 1997. On peut lire sur la murale cet extrait de la très belle chanson Si fragile de Luc De Larochellière: «On n’choisit pas toujours la route, ni même le moment du départ...»
Je vous parle surtout de Montréal, parce que c’est là que j’habite, mais de plus en plus de villes québécoises valorisent l’art public.
Par exemple, à Laval, l’événement Zoom Art présente jusqu’au 3 octobre le travail de 11 artistes d’art actuel comme BGL, Manuel Mathieu, Moridja Kitengen Benza ou Manon De Pauw. Les œuvres, une trentaine au total, sont intégrées dans le paysage de la station de métro Montmorency, dans les espaces habituellement réservés à la publicité sur les quais et dans les abribus.
Dans le secteur Hull de la ville de Gatineau, où j’ai passé quelques jours récemment, l’art mural est désormais omniprésent, notamment dans les environs de la ruelle Aubry, où se trouve une grande concentration de bars, restaurants et cafés.
Le Sentier culturel, parcours d’art public qui relie œuvres d’art urbain, points d’intérêts, lieux d’exposition et d’animation, nous permet de ne rien manquer de l’offre culturelle que propose la ville. Si vous passez par là, ne manquez pas de voir The Weird and Wonderfull Hull, une exposition de photos qui fait le pari de montrer le côté bizarre, étrange et trash du Vieux-Hull. Je salue cette audace d’assumer que tout est loin d’être lisse et parfait dans cette partie de la ville qui a tant souffert et souffre encore d’un développement urbain sauvage et décousu imposé par le gouvernement fédéral.