C’est l’été du 375e, plongeons dans l’histoire de Montréal!
Ressentir l’horreur de l’incendie qui a ravagé Montréal en 1852. Se rappeler la grandeur industrielle du canal de Lachine. S’émouvoir devant l’embrasement de la flamme olympique en 1976. Le spectacle Avudo, à l’affiche jusqu’au 2 septembre au Vieux-Port de Montréal, est comme un grand livre d’histoires dont les images ont pour source le fleuve Saint-Laurent. C’est un des beaux cadeaux de la programmation du 375e anniversaire de Montréal.
Le déroulement de ce spectacle qui marie la poésie de l’onde à la prouesse technique porte la signature de Daniele Finzi Pasca (Rain, Nebbia, Cortéo) et de sa conjointe disparue, Julie Hamelin. L’histoire n’est pas racontée sur un fil continu, ce n’est pas leur style. La chronologie cède le pas à une mémoire impressionniste, comme si c’était un songe.
Avudo est aussi une réussite technique. Pas moins de 30 fontaines ont été installées dans le bassin de la Jetée 1 du Vieux-Port. C’est sur les trombes d’eau qu’elles propulsent à 30 mètres dans les airs que sont projetées les images, ainsi que sur un écran constitué d’une centaine de conteneurs empilés les uns sur les autres sur une largeur de 110 mètres. Ce gigantesque théâtre aquatique qui peut accueillir 1 000 spectateurs par représentation dispose aussi d’un système de son d’une précision inouïe. La bande sonore nous fait entrer dans le spectacle qui se déploie sous nos yeux. Il met aussi en valeur la très belle musique de Maria Bonzanigo.
Au bout du compte, après les 30 minutes d’un spectacle qui passe trop vite, on comprend pourquoi Montréal a été et est toujours une ville aussi vibrante, diversifiée et créative.
Il y a un seul hic à ce spectacle gratuit: les places s’envolent vraiment rapidement. Déjà plus de 35 000 personnes ont vu Avudo et 100 000 ont réservé leurs places. Bonne chance pour mettre la main sur un laissez-passer!
Deux livres pour d’autres histoires de Montréal en images
S’il s’avère que vous manquiez Avudo, j’ai deux livres à vous suggérer pour faire quand même un beau voyage dans l’histoire de Montréal.
Les éditions du Boréal viennent de faire paraître Traces de l’histoire de Montréal, un projet qu’ont mené l’historien Paul-André Linteau, le sénateur et collectionneur d’art Serge Joyal et l’archiviste Mario Robert. Unissant leurs expertises, ils ont créé un beau livre qui retrace l’évolution de la ville à travers des objets, des sculptures, des dessins, des peintures, des cartes, des photos, des affiches. Ça va d’une pipe iroquoienne à une photo de Montréal prise de l’espace par l’astronaute Chris Hadfield en passant par une toile d’Adrien Hébert représentant le port de Montréal au début des années 20.
Les chapitres sont divisés en cinq grandes périodes: les débuts sous l’égide de la France, le moment où Montréal est un pôle important du commerce britannique, lorsqu’elle devient la métropole du Canada, l’échappée vers la modernité qui culmine avec Expo 67 et son repositionnement comme métropole québécoise ouverte sur le monde. Les images qui illustrent chacune de ces époques sont édifiantes. On se perd à scruter les multiples détails que les courts textes qui accompagnent les photos soulignent, que ce soit l’allure que la ville avait lorsqu’elle était fortifiée, les détails de l’architecture de l’hôpital Royal Victoria ou le visage incroyablement anglophone que présentait la rue Sainte-Catherine dans les années 60. Les œuvres représentées viennent de différentes collections privées et publiques et, pour la plupart, ont été peu diffusées, ce qui donne à l’ouvrage un caractère surprenant.
L’histoire en images, c’est franchement efficace. Une autre preuve: le livre Promenade dans le passé de Montréal publié au début du mois par les Éditions La Presse.
Vous aimez L’histoire en photos de Marie-Lise Paquin sur avenues.ca? Vous raffolerez de cet ouvrage dans lequel Dinu Bumbaru et Laurent Turcot commentent 275 photos de Montréal tirées des archives que le journal La Presse accumule depuis sa fondation en 1884.
Le défi était de taille. Des archives, c’est inerte, abondant et ça demande à être mis en contexte. Ce que nos deux experts ont fait en mettant à profit leur expertise. On connaît la passion de Dinu Bumbaru pour le patrimoine et celle, pour l’histoire, de Laurent Turcot. Ensemble, ils ont donné une trame à ces fragments du passé. La promenade qu’ils nous proposent nous amène à la rencontre des gens qui peuplent cette ville, des lieux qu’ils habitent et qu’ils fréquentent, des services dont ils disposent, de leur rapport aux saisons, des transformations et des catastrophes qu’ils subissent. Au fil des 300 pages, on fait des découvertes stupéfiantes.
Le saviez-vous? À son ouverture, en 1916, le théâtre Saint-Denis était la plus grande salle de spectacle au Canada. L’île Sainte-Hélène a servi de base militaire; pendant la Deuxième Guerre, des prisonniers italiens y cultivaient des légumes. Le belvédère du mont Royal sur la voie Camilien-Houde a été construit à partir des débris provenant de la démolition du tunnel du tramway 11.
En tournant les pages, l’histoire défile. On revoit des joyaux architecturaux aujourd’hui disparus, des chantiers titanesques qui ont changé la face de la ville, mais aussi des scènes de la vie quotidienne qui ont forgé le caractère si particulier de Montréal. Chaque photo est éloquente. Le livre constitue d’ailleurs un bel hommage à la grande tradition du photojournalisme au journal La Presse.
On dit souvent qu’on maltraite notre devise Je me souviens. Cet ouvrage nous offre une magnifique occasion d’y faire honneur et de recharger notre mémoire.
Nostalgie quand tu nous tiens
En 2017, ce ne sont pas les occasions qui manquent de flirter avec le côté cool et futuriste des années 60. Je vous ai déjà parlé des expositions Mode Expo 67 au Musée McCord et Révolution au Musée des beaux-arts de Montréal. Si la nostalgie ne vous fait pas peur, il y a aussi le Musée Stewart à visiter. Jusqu’au 8 octobre, son exposition Expo 67 - Rêver le monde propose un voyage dans le temps.
Qu’on soit jeune ou vieux, c’est fascinant de se rappeler qu’on a un jour créé, ici à Montréal, un événement autour de valeurs humanistes et progressistes auxquelles la planète entière a adhéré. Les archives, extrêmement bien sélectionnées et mises en valeur avec les méthodes d’aujourd’hui, notamment le mapping, nous montrent des propositions avant-gardistes, des gens ouverts à l’innovation, curieux des autres. Le clou du parcours, c’est la recréation du Labyrinthe d’Expo 67. Ce pavillon de l’Office national du film, qui a été une des attractions les plus populaires d’Expo avec des files d’attente de plusieurs heures, revit grâce à la réalité virtuelle. Ceux qui ont eu la chance de pénétrer dans le Labyrinthe revivront ce moment, et les autres, comme moi, sauront ce qu’ils ont manqué.
Le parcours de l’exposition se termine avec des objets d’Expo 67 (diapositives, bouchons de bière, cendriers, casse-têtes, programmes) appartenant à différents collectionneurs. Une autre façon de témoigner du lien très fort qui lie les Montréalais à ce souvenir de l’année 1967.
Habitat 67 a aussi 50 ans
Un des legs les plus précieux d’Expo 67 est certainement Habitat 67, conçu par Moshe Safdie. Profitant du 50e anniversaire de ce mythique édifice montréalais qui comptait au nombre des pavillons de Terre des Hommes, le Centre de design de l’UQAM a organisé une exposition qui raconte la genèse de ce projet et jusqu’où l’idée de l’architecte «d’humaniser la mégaéchelle» a mené son concepteur.
Dans les années 60, Safdie était un jeune architecte qui cherchait des solutions à des problèmes d’urbanisme qu’on connait encore aujourd’hui, comme l’étalement urbain et le manque d’espace dans les grandes villes. Il faut voir les maquettes des différents projets qui ont découlé de l’idée originale pour se rendre compte à quel point Moshe Safdie n’a jamais renoncé à ses convictions. À lire ou à relire le texte de notre collègue Emilie Laperrière: Habitat 67: visite d'une icône de 50 ans!
Volta, pas à la hauteur
Un mot pour finir sur Volta, le plus récent spectacle du Cirque du Soleil, présenté au Vieux-Port de Montréal jusqu’au 23 juillet et ensuite à Gatineau. Il y a longtemps que le Cirque du Soleil ne m’a pas autant laissé sur ma faim. On nous avait promis un rajeunissement de la forme et des disciplines. Oui, il y a du BMX, du bungee, du patin à roulettes à 4 roues, mais j’ai vu le spectacle en après-midi et j’avais l’impression qu’il manquait des numéros, et que ceux qu’on me proposait étaient répétitifs et souvent peu spectaculaires. De plus, l’histoire qui tient lieu de fil conducteur est inutilement lourde et compliquée. Heureusement, la deuxième partie est nettement plus forte et la musique laisse un bon souvenir.