Aura: la basilique Notre-Dame comme vous ne l’avez jamais vue
La Fabrique de la paroisse Notre-Dame propose un spectacle mettant en vedette l’architecture intérieure de la basilique Notre-Dame. L’expérience lumineuse Aura remplace ainsi Et la lumière fut, présenté depuis 2001.
Le concepteur de ce spectacle son et lumière, le Montréalais Tarik Mikou, jette la lumière sur ce nouveau projet de la compagnie Moment Factory.
Comment aborde-t-on la création d’un spectacle son et lumière dans une église aussi majestueuse que la basilique Notre-Dame?
On s’est beaucoup inspiré du lieu que personnellement je connaissais bien pour y être venu souvent avec ma mère à la période de Noël. En mettant les pieds dans la basilique Notre-Dame, on ne peut pas ne pas avoir une émotion forte avec tous les détails, la richesse du patrimoine, les ornements; tout est déjà là. On voulait s’assurer de vraiment créer une émotion ultime, peu importe notre provenance, nos origines. Avant tout, c’était de créer une expérience.
Il faut faire parler les murs?
C’est un peu ça. Le premier volet de l’expérience, c’est un parcours libre. On voulait créer une proximité avec la basilique. Quand on entre dans l’église, tout est ouvert et on a l’impression qu’on ne peut pas digérer tous les détails. En créant une mise en lumière des tableaux, des ornements, les gens peuvent découvrir des détails qui nous échappent à cause de la pénombre. Éventuellement, une annonce vocale vous invite à vous asseoir pour le 2e volet de la visite, qui est le spectacle Aura, qui dure approximativement 20 minutes.
Dans ce spectacle, vous racontez une histoire?
L’aura du titre, c’est l’aura de la basilique. On utilise la lumière que l’église dégage comme fil conducteur, cela nous permet de passer d’un chapitre à l’autre. On en a trois. Le premier, c’est la naissance de la lumière où tout se forme, où toute la lumière emmagasinée dans la basilique se dévoile. Par la suite, il y a le chapitre des obstacles, dans lequel on rend hommage à nos ancêtres et à leur acharnement à construire cette œuvre d’art architectural. On termine avec un regard plus moderne, avec utilisation de lasers.
Est-ce que le caractère religieux de l’endroit vous a restreint dans ce que vous vouliez faire?
C’est sûr qu’au début, quand on a commencé nos tests, on amenait plein de segments vidéo, on en faisait beaucoup. Au fur et à mesure qu’on écrivait notre histoire, on s’est rendu compte qu’il fallait diminuer nos ardeurs. On a opté pour une intervention qui créerait une harmonie. On s’est donc assuré que tous les gestes qu’on posait avec la lumière, la musique, la vidéo créeraient une équation équilibrée, parfaite.
Moment Factory a déjà illuminé la Sagrada Familia à Barcelone. Est-ce que ça procède de la même démarche?
J’ai travaillé juste un peu sur ce projet, mais je peux dire que la base est la même. Les défis sont différents cependant. À Barcelone, les textures et les surfaces de la Sagrada Familia avaient beaucoup de profondeur dans les détails de l’architecture, avec aussi des couleurs plus neutres, des beiges, des gris. C’est plus monochrome. Au contraire, à la basilique Notre-Dame, c’est plein de couleurs, de détails. Il y a des rouges, des bleus. Il faut complémenter ce qui est déjà là. C’est un défi plus complexe. Mais il n’y a pas de doute, l’expérience de Barcelone a servi d’apprentissage. On a appris à utiliser les éléments à notre avantage, à raconter une histoire.
Techniquement, avez-vous été obligés de transformer la basilique pour accueillir votre quincaillerie technologique?
Quand on travaille dans un endroit patrimonial comme la basilique Notre-Dame, il faut être extrêmement minutieux dans le déploiement de notre technologie. On ne peut pas laisser paraître nos projecteurs dans le décor, car le jour, la basilique redevient un lieu de culte. Ça aussi, c’était un défi, parce que le spectacle Aura a nécessité 14 projecteurs, beaucoup d’éclairages, des lasers, sans parler des haut-parleurs qu’on a dû ajouter pour améliorer l’effet de spatialisation.
Ma critique
Des deux volets de l’expérience, j’ai largement préféré ce qui a été créé pour le parcours libre. La manière dont Moment Factory révèle des détails de tableaux, de sculptures ou même de textes saints confère au mystique. On en a vu des images avec des auréoles, des brebis, des anges, des saints et des cieux purs, mais il fallait imaginer la lumière qui en émanait. Avec Aura, la lumière jaillit littéralement sous nos yeux. Quand les mots «aimez-vous les uns les autres» apparaissent, on ne peut faire autrement que se sentir interpellé.
Pour ce qui est de la partie spectacle, j’ai trouvé le langage de la lumière et des projections plutôt limité et extrêmement convenu. On nous sert des moments de pluie, de neige, de vent, les saisons qui défilent avec les feuilles vertes, rouges et les arbres nus. Et le pire, dans le dernier tableau, on nous bombarde de rayons laser, une technologie qui était déjà quétaine à l’époque de Laser 33-45 avec René Simard à Radio-Canada.
Pour ce qui est de la musique signée Gabriel Thibodeau, elle conviendrait plus à un concept d’illumination de maison hantée.
Les représentations d’Aura ont lieu du mardi au samedi.
Coup de cœur pour Michel Robidoux
Mon coup de cœur prend la forme d’un coup de chapeau à Michel Robidoux. Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, le prolifique compositeur lance un premier disque joliment intitulé Robidoux Premier.
À 73 ans, celui qui a vécu dans l’ombre des Ferland, Charlebois, Renée Claude, revendique la paternité de chansons qui font partie de nos vies depuis toujours. Le petit roi, Je rêve à Rio, Ce soir je fais l’amour avec toi sont quelques-uns des grands succès que Michel Robidoux a composés. Sur le disque, il y en a 11, dont deux fois Le chat du café des artistes. Ils revivent grâce à Pierre Lapointe, Alex Nevsky, Bïa, Catherine Major, Ariane Moffatt, Pierre Flynn, Daniel Bélanger, Marie-Noëlle Claveau et Michel Robidoux qui en chante deux, tout seul, avec une voix qui rappelle un peu celle de Pierre Létourneau. Il n’y a qu’une chanson sur le disque à laquelle Michel Robidoux n’a pas collaboré. Il doit de se contenter d’en être l’inspiration. Petit ange blond a été écrite par son père, Fernand Robidoux, sur une musique de sa mère, Jeanne Couët.
Oui, Michel Robidoux est bien né. Et nous, on en a bien profité… et ça continue!