De Chibougamau à Ottawa, livres et vêtements en cavale!
La gastronomie n'est plus la seule à voyager à bord de camions colorés.
Depuis ce printemps, Le Buvard, librairie roulante pilotée par l'auteur et éditeur Michel Vézina, se déplace de ville en ville pour aller à la rencontre des lecteurs des quatre coins de la province.
Celui que Josée Blanchette a décrit dans Le Devoir comme un «maître de rien et esclave de personne, tantôt clown (avec un nez rouge, oui !) pour le groupe punk Bérurier Noir, tantôt à la tête d’un théâtre ambulant, tantôt cracheur de feu ou rédacteur en chef, tantôt éclairagiste pour les Colocs, tantôt éditeur, toujours écrivain» s'est inspiré d'un projet similaire découvert en Bretagne l'année dernière.
Mode voyageuse
Des designers ont aussi décidé de prendre la route. Si les fashion trucks sont populaires aux États-Unis depuis quelques années, ils sillonnent la Belle Province seulement depuis l'été dernier. Parmi les designers qui font leur chemin, mentionnons KSL, marque de vêtements de sport de l'ex-cycliste professionnelle Katy St-Laurent. «Avant d'avoir mon Sprinter, je partais pour Chibougamau, Val-d'Or, Chicoutimi, Ottawa ou encore Rimouski avec mon trailer», raconte cette tornade blonde qui continue de faire des marathons et d'accomplir de multiples défis sportifs en plus de gérer ses trois boutiques «fixes», d'éduquer ses deux enfants et de conduire souvent elle-même sa boutique mobile là où le vent la porte.
«En réalité, c'est même comme ça que j'ai commencé, poursuit la créatrice, qui a lancé sa griffe en 2007. Au début, tous les détaillants que j'approchais me répondaient que ce que je faisais était trop flyé. Je me suis dit que j'allais aller vendre mes choses moi-même! J'ai commencé à me rendre dans des événements comme la Coupe Rogers. Je me déplaçais pour les triathlons, au Ironman de Tremblant.... Petit à petit, les gens ont commencé à demander du KSL dans les boutiques. J'ai plutôt décidé d'ouvrir les miennes.» L'été dernier, elle a même fait le trajet à bord de son Sprinter en compagnie de sa famille pour aller ouvrir son nouveau point de vente à Banff!
De tout pour tous les goûts
La Montréalaise Atelier, griffe lancée par Sabrina Barilà en 2013, et NØMAD, de Nana Sananikone, qui se rend surtout dans les festivals, mais aussi dans des événements privés, font aussi partie des premières à s'être procuré des boutiques roulantes.
Cette année, d'autres magasins sur roues s'ajoutent, notamment Coven, qui a fait couler beaucoup de pixels dernièrement. «Coven est le projet de fin d’études de cinq finissantes de l’École supérieure de mode de l’UQAM», a écrit Sophie Ouimet dans LaPresse+ en mai dernier. Les filles sont devenues propriétaires d'un camion grâce à une campagne de financement Kickstarter qui leur a permis d'amasser 5000$, Dès juillet, la boutique fera la tournée des événements montréalais. À bord, les marques locales seront mises en valeur, notamment Féline Dion, Pony et Mimi Hammer.
L'objectif de ces camions convertis en boutiques est le même: aller vers les gens. Les réseaux sociaux sont le meilleur moyen de se tenir informé des déplacements du Buvard et des «camions de mode».
Et la loi?
Seule ombre au tableau: la présence de ces camions n'est pas tolérée partout. C'est pourquoi, à Montréal, la plupart se concentrent sur les festivals.
De son côté, Michel Vézina n'a pas hésité à dénoncer l'intransigeance du conseil municipal de Tadoussac, qui a refusé de déroger à son règlement sur le commerce ambulant pour permettre à son Buvard de vendre des livres sur le site du Festival de la Chanson.
Ces entrepreneurs ambulants devront-ils livrer le même combat que les restaurateurs avec la cuisine de rue? Katy St-Laurent ne s'en fait pas trop. Elle a toujours trouvé des endroits où se garer peu importe où elle allait. Elle continue d'ailleurs de croire que c'est la meilleure manière de débusquer les clients. «J'aimerais avoir cinq nouveaux camions l'année prochaine!» lance-t-elle.