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Randonnée suisse au pied du Matterhorn

Avec 38 sommets de plus de 4000 mètres, la région de Zermatt, en Suisse, s’impose comme le paradis de la montagne. Même en automne, quand la neige commence (parfois) à tomber au-dessus de 2000 mètres d’altitude, la randonnée demeure magique. Les fleurs ont presque toutes disparu, mais les buissons et sous-bois se colorent en rouge et les mélèzes, en jaune. À vos bâtons!

Le Matterhorn (que les Français nomment Cervin) se dresse dans toute sa splendeur sur les hauteurs de Zermatt, dans le sud de la Suisse. Le roi solitaire attire chaque été des milliers d’alpinistes qui s’attaquent à ses parois dans l’espoir d’atteindre son sommet, à 4478 mètres de haut. Les amateurs de randonnée peuvent pour leur part profiter de centaines de kilomètres de sentiers très bien marqués entre 1400 et 3000 mètres d’altitude.

Le Matterhorn se dresse dans toute sa splendeur. Photo: Anne Pélouas

Le Sentier des cinq lacs 

Cette randonnée à la journée est l’une des plus belles à faire pour profiter à plein de la vue sur les sommets environnants, dont le fameux Matterhorn. De Zermatt, déjà à 1620 mètres d’altitude, on monte en funiculaire jusqu’à Sunnegga, dans les alpages.

Photo: Anne Pélouas

Quelques minutes à peine et nous voilà sous le glacier Finder et le sommet Rothorn (3103 mètres), déjà au-dessus de la limite des arbres à 2286 mètres d’altitude. C’est d’ici que commence notre randonnée du jour, en plein cœur de ce qui deviendra dans quelques semaines à peine le domaine skiable de Zermatt.

Photo: Anne Pélouas

Le décor est grandiose avec le Matterhorn au sud-ouest et cette immense chaîne enneigée au-dessus de nous. Le Sentier des cinq lacs – de niveau facile – court à flanc de montagne en grimpant doucement. Il transite ensuite par cinq petits lacs donnant de belles occasions de photographier le «géant des géants» avec son reflet inversé dans l’eau. Le sifflement des marmottes accompagne nos pas. Le sol porte les stigmates de la fonte du glacier Finder, avec ses pics de moraines noircies.

Photo: Anne Pélouas

Le sentier redescend, après moins d’une heure de marche, dans un vallon avant de remonter vers Grünsee à 2300 mètres. En ce début d’automne, l’alpage est givré et a presque perdu toutes ses fleurs. Les tapis de baies rougissent et les mélèzes n’ont pas encore pris leur teinte dorée. Les cours d’eau dévalent la pente, alimentant des plans d’eau.

Photo: Anne Pélouas

C’est l’heure de la pause à Grünsee, sur le flanc du Gornergrat, où trône une petite auberge de montagne. Sur la terrasse ensoleillée du Ze Seewjinu, je sirote un Rivella, boisson suisse, style Canada Dry naturel, dont le principal ingrédient est du petit-lait. Délicieux!

Le sentier descend ensuite un peu et traverse une forêt dont on s’étonne de la grandeur des arbres à plus 2000 mètres d’altitude. Les vieux mélèzes voisinent avec des arolles, rois des pins alpins. Au débouché de la forêt, le Matterhorn joue toujours les sentinelles! On ne le quittera presque plus des yeux de la journée.

En train à crémaillère

À Riffelalp (2211 mètres), nous rejoignons la ligne de train qui monte de Zermatt au Gornergrat, sommet de 3089 mètres surplombant le glacier Gorner. On peut bien sûr encore grimper à pied jusque-là dans l’alpage râpé, mais l’occasion est trop belle d’expérimenter la montée à bord du train Gornergrat Bahn. Un panneau annonce - 8 degrés au Matterhorn, - 2 au Gornergrat… mais le soleil réchauffe le corps!

La ligne de train monte de Zermatt au Gornergrat, sommet de 3089 mètres surplombant le glacier Gorner. Photo: Anne Pélouas

Le train à crémaillère en plein air, datant de la fin du 19e siècle, est le plus haut d’Europe. La ligne serpente à flanc de montagne en gagnant 868 mètres d’altitude. À l’arrivée, il faut monter sur la terrasse panoramique surplombant l’hôtel-restaurant du sommet pour profiter encore du paysage: sept grands glaciers se partagent le tableau et six pics de plus de 4000 mètres les surplombent, dont le mont Rosa et le mont Dufour. La neige recouvre déjà tout à partir de 3000 mètres, y compris une bonne partie du Matterhorn, plus loin.

Pour le retour, on peut opter pour la descente en train jusqu’à Zermatt, mais pourquoi bouder son plaisir quand la journée est belle et encore jeune? Plusieurs sentiers mènent en descente permanente à Riffelberg (2582 mètres), puis à Riffelalp (2211 mètres). On peut donc facilement repartir à pied dans l’alpage, histoire de profiter encore d’une vue panoramique sur ces montagnes uniques, en reprenant le train à la limite des arbres pour rentrer dans la vallée.

À faire dans la région de Zermatt:

  • Longue randonnée Europaweg de Grächen à Zermatt: 2 jours, entre 1600 et 2200 mètres d’altitude; passage par le pont Charles Kunoen, le plus long pont suspendu piétonnier au monde (494 mètres)
  • Escalade: pour les pros
  • Vélo de montagne: 170 km de sentiers et 14 itinéraires, entre 1400 et 3100 mètres d’altitude; les trains acceptent les bicyclettes
  • Via ferrata des gorges de la Gorner (1 km de long; 3 à 4 h) ou Schweifinen (3 secteurs de difficulté variable)
  • Ski d’été (ou d’automne) sur le Matterhorn Glacier Paradise: sur 21 km, à 3000 m d’altitude
  • Parapente en tandem sous le Matterhorn
  • Musée du Matterhorn\Cervin
  • Visite à pied des gorges de la Gorner
Photo: Anne Pélouas

Bon à savoir:

  • Le site de Zermatt Tourisme fournit cartes et informations complètes sur 150 choix de randonnées dans la région.
  • Le Peak Pass permet de monter à bord de n’importe quel train ou télécabine de la région; moitié prix avec le Swiss Travel Pass.
  • En automne, de bonnes bottes de randonnée sont particulièrement recommandées, de même que les bâtons et un équipement hivernal minimal (gants, écharpe, tuque, duvet), au moins pour les arrêts.

Ce reportage a été rendu possible grâce à Suisse Tourisme Amérique du Nord et à Swiss Travel Pass pour les voyages en train, bus et bateau.

Plein air en Chaudière-Appalaches avec un passionné

Dans le milieu du plein air, il y a des êtres à part, qu’on aime rencontrer parce qu’ils ont le goût du partage, une générosité sans borne et une ardente passion pour une ou plusieurs activités. C’est le cas de Christian Joncas, que j’ai rencontré en juin.

Je ne sais plus très bien qui m’avait donné son nom, que j’avais noté sur un bout de papier en me disant que, lorsque je passerais par la région de Chaudière-Appalaches, j’essaierais de le voir. En juin dernier, l’occasion s’est présentée alors que je partais de Montréal en direction du Bas-Saint-Laurent.

Me voici donc, par une belle journée ensoleillée, quittant l’autoroute 20 pour emprunter avec délice cette «route des navigateurs» que j’aime tant sur la rive sud du Saint-Laurent. Pourquoi? Parce qu’elle passe au plus près du fleuve et traverse les jolis villages qui se succèdent après Lévis: Beaumont, Saint-Michel-de-Bellechasse, Saint-Vallier, Berthier-sur-Mer, puis, après Montmagny, L’Islet, Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Roch-des-Aulnaies. Je ne me lasse pas de retrouver leurs églises et maisons ancestrales, leurs rues ombragées, leurs petites boutiques, cafés et boulangeries artisanales. Et surtout leurs échappées visuelles sur le grand fleuve.

Cette fois-ci, pourtant, j’allais carrément lui tourner le dos pour m’enfoncer dans la campagne, en ligne droite vers le sud de Saint-Roch-des-Aulnaies. Territoire méconnu que cette «Côte-du-Sud» qui se déploie en arrière de la rive jusqu’à la frontière du Québec avec le Maine. Je n’irai pas si loin, quelques kilomètres à peine, mais je plongerai en plein monde agricole et végétal! Les champs cultivés s’étendent à perte de vue, coupés par quelques rivières et forêts, puis les montagnes (celles de la chaîne des Appalaches) reprennent vite leurs droits. C’est bucolique à souhait.

Entre deux rangs, je tourne à gauche sur le chemin de Vieux-Fronteau, là où se trouvent les imposants bâtiments d’une ferme et une maison en briques blanches. C’est là que vit Christian, qui m’accueille en bermuda, un grand sourire sous la casquette.

Photo: Anne Pélouas

Producteur de lait bio pendant 28 ans, il a vendu sa ferme fin 2017 et consacre la majeure partie de son temps à profiter d’activités de plein air et à faire du bénévolat. Cofondateur du Club de plein air Des Aulnaies, il en est l’un des membres les plus actifs. J’aime bien le slogan du club: «Tout le monde dehors!» Lui-même n’hésite jamais à faire plaisir à ceux qui viennent le voir, louant notamment ses kayaks de rivière.

En kayak sur la rivière Ferrée

Nous voilà justement ensemble à l’arrière de chez lui, mettant à l’eau les kayaks pour une balade sur la rivière Ferrée, qui serpente au milieu des champs. On ne les voit guère sans mettre pied à terre, car le cours d’eau est bien encaissé, à l’abri du vent, avec des pentes raides de deux à trois mètres par endroits.

Du printemps à l’automne, on pagaie sur 1,5 kilomètre à contre-courant (léger) sur la rivière tout en méandres, jusqu’à atteindre un petit rapide qui barre la «route», obligeant à faire demi-tour. Le cours d’eau est très ombragé parfois, avec la canopée des arbres qui se referme quasiment au-dessus de lui. Ailleurs, les rives sont envahies de fougères géantes et l’on se fraie un passage dans cet univers végétal hors du commun. C’est beau à voir et à entendre, avec les oiseaux qui chantent et le murmure de la rivière. La balade est courte, mais bien sympathique, et idéale pour les familles.

Au printemps (du 20 avril à la fin de mai), les plus aguerris descendent sur plus de 11 kilomètres une autre section de la rivière, alors nettement plus tumultueuse, de Sainte-Louise au pont de l’autoroute 20.

Photo: Anne Pélouas

En fatbike électrique dans la campagne

Au retour de ce périple tranquille, Christian ouvre la porte de sa grange et me montre (à côté de quelques belles motos) sa petite «flotte» de vélos à assistance électrique, tous plus originaux les uns que les autres, dont un aux allures de petite moto ancienne. L’occasion est trop belle de partir faire un tour. J’embarque sur l’un des fatbikes électriques et mesure déjà sa puissance hors normes sur l’allée de gravelle menant à la première route. De là, j’irai m’épivarder dans la campagne, rejoindre le Méandre, sur la route de l’église de Sainte-Louise; ce site extérieur d’interprétation du bassin de la rivière Ferrée est superbe pour piqueniquer et mettre à l’eau des kayaks.

Je grimperai sur un coteau pour admirer les champs de haut, descendant ensuite à bonne vitesse, histoire de me griser un peu, sans oublier tout de même que le vélo électrique, pour un sportif ou simple amateur de plein air, n’est pas un moyen de transport sans effort à fournir, mais plutôt une façon de moduler cet effort pour faire plus de distance tout en profitant du paysage.

La prochaine fois, promis, je me lance à l’assaut des monts du Pinguet et du sommet des Aulnaies, au sud-est de la rivière Ferrée, et je m’en vais voir les vestiges des moulins à farine qui se trouvaient autrefois au bord du cours d’eau jusqu’à son embouchure dans le Saint-Laurent. Je voudrais bien aussi prendre rendez-vous pour une sortie sur le voilier de Christian. Car il adore (aussi) emmener du monde sur son «DesÔnaies», un Benetto de 32,5 pieds, y compris pour un «baptême à la voile» sur cette belle portion du fleuve à l’est de l’archipel de Montmagny.

Photo: Anne Pélouas

Bon à savoir

  • Il n’en coûte que 5 $ pour la mise à l’eau de votre propre kayak et 30 $ par demi-journée, par personne, pour en louer un.
  • Le Club de plein air Des Aulnaies est ouvert à tous, à la condition d’être admis dans son groupe Facebook, qui offre une plateforme gratuite pour participer ou organiser des sorties de kayak, randonnée, ornithologie, ski de fond ou raquettes.
  • En partant vers Saint-Roch-des-Aulnaies, ne manquez pas un arrêt à l’une des meilleures adresses de Christian: la boulangerie «Du pain… C’est tout!», de la Seigneurie des Aulnaies. Les pains au levain de Charles Létang feront fureur au pique-nique comme à la maison. Il a déjà gagné le prix du «Meilleur artisan boulanger utilisant des produits certifiés biologiques du Québec» et celui de la «Meilleure baguette au levain biologique», c’est dire. Et quant à moi, ma farine de sarrasin préférée au Québec vient depuis toujours du moulin de la Seigneurie des Aulnaies.

Vélo urbain en Europe du Nord

En voyage, les villes sont des incontournables, et pour les visiter, le mieux est souvent de le faire à pied et à vélo. Ces derniers mois, j’ai testé parcours et tours guidés à vélo dans plusieurs villes du monde, dont Lille et Hambourg, deux grandes cités européennes qui se parcourent très bien sur deux-roues. 

Libre-service ou pas?

J’aime bien louer un vélo en libre-service dans des villes inconnues, même si parfois l’opération n’est pas facile, avec des abonnements compliqués pour des étrangers. Heureusement, des tours guidés à bicyclette, thématiques ou non, sont très souvent proposés. Ils permettent d’éviter de s’arrêter souvent pour regarder une carte ou une application numérique afin de s’orienter dans les rues et, surtout, un guide vous oriente vers les meilleurs endroits et vous fournit les informations les plus pertinentes sur les lieux visités. Expérience vécue avec pleine satisfaction à Lille et Hambourg!

Lille, entre citadelle et beffrois

Lille est LA grande métropole du nord de la France, regroupant 90 municipalités. Son centre-ville se prête bien à une découverte à bicyclette pour profiter autant de ses beaux espaces verts que de ses monuments historiques.

On débute par une balade en tour guidé de deux heures avec Le Grand Huit, un organisme à but non lucratif, sur le thème de «Lille au bord de l’eau». Le prix (22 euros, incluant la location de vélo) défie toute concurrence et le guide est un vrai amoureux de sa ville.

C’est sur de beaux vélos hollandais qu’on se déplace, dans un premier temps, le long du canal de la Deûle, puis dans le parc de la Citadelle, le plus grand de Lille. Paradis des promeneurs comme des sportifs, ce «bois de Boulogne» offre de nombreux parcours en boucle, en forêt et près de l’eau. Il s’étend autour de la première citadelle, construite par Vauban. Il en était si fier qu’il la qualifiait de «reine des citadelles». À vélo, rien de plus facile que d’en faire le tour en suivant son enceinte, une haute muraille fortifiée en forme d’étoile.

Plus parc de Lille, le parc de la Citadelle offre de nombreux parcours en boucle, en forêt et près de l’eau. Photo: Facebook Ville de Lille

De sa Porte Royale, le petit groupe revient vers le centre-ville par le quai de Wault, ancien port de Lille bordé de maisons cossues et d’un ancien couvent. On serpente ensuite dans les petites rues, découvrant la place de la République, la monumentale Porte de Paris, la place Rihour, où se trouvait autrefois un palais ducal. Arrêt requis pour admirer le grand beffroi (104 mètres de haut) de l’hôtel de ville actuel, en briques rouges et pierres blanches.

Arrêt requis pour admirer le grand beffroi (104 mètres de haut) de l’hôtel de ville actuel. Photo: lilletourism.com

On garera encore les vélos, rue de Paris, pour une visite privilégiée (du cloître à la chapelle) de l’Hermitage Gantois, ancien hospice de Lille devenu hôtel 5 étoiles. La salle des malades, avec carrelage d’origine, a un magnifique plafond en bois épousant la forme d’une coque de bateau. Sur le chemin du retour, on admirera encore la Vieille Bourse, de style baroque maniériste, et un autre beffroi, celui de la chambre de commerce, de style néo-flamand.

La Vieille Bourse. Photo: lilletourism.com

Les plus:

  • Emprunter un V’Lille pour explorer la ville en autonomie. Le système est ultra-facile, avec une carte bancaire et moins de deux euros pour la journée, à condition de remettre le vélo à une station toutes les 30 minutes maximum.
  • Visiter Lille à vélo avec le collectif Renart, composé d’artistes spécialisés dans l’art mural. Il vous emmène à la découverte de différentes œuvres de street art disséminées dans la ville.
  • Sortir de Lille avec un vélo loué pour se rendre jusqu’à Wambrechies, le long du canal de Roubaix, construit au XIXe siècle pour acheminer par l’eau les matières premières nécessaires aux nombreuses industries, notamment textiles, qui ont fait la réputation de Roubaix, surnommée la ville «aux mille cheminées».
À la découverte de différentes œuvres de street art disséminées dans la ville. Photo: Facebook Collectif Renart

Hambourg: pleins feux sur le port

Grande ville du nord de l’Allemagne, Hambourg est l’un des plus grands ports au monde. Bâti sur les rives de l’Elbe, qui se jette dans la mer du Nord, le centre-ville est traversé de centaines de canaux et compte deux lacs bordés de parcs et bien agréables à longer à vélo, d’autant plus que presque toute la ville est en terrain plat.

Photo: Facebook Hamburg City Cycles

Côté port, c’est avec un guide de Hambourg City Cycles que nous partons à l’aventure cycliste pour découvrir quelques joyaux du passé et d’autres, carrément futuristes. Après un petit tour dans St. Pauli, quartier populaire très animé, notre premier arrêt se fait au port des traversiers et bateaux d’excursion, nombreux à proposer des balades sur l’eau. La série d’imposantes portes en pierre de Landungsbrücken donne accès aux quais d’embarquement, face aux grands docks qui accueillent sur plusieurs kilomètres les gros porte-conteneurs et les ateliers de construction et réparation de bateaux.

Landungsbrücken. Photo: Heiko S, Flickr

À vélo, nous entrons dans un grand ascenseur de bois ancien, caché sous une immense coupole de pierre. Vingt-trois mètres sous terre, nous débouchons sur une galerie présentant une photo ancienne. On y voit des centaines d’ouvriers à vélo qui empruntaient ce même ascenseur matin et soir pour accéder à un long tunnel et rejoindre ainsi les docks de l’autre côté de l’Elbe.

Vingt-trois mètres sous terre, une galerie présente une photo ancienne sur laquelle on voit des centaines d’ouvriers à vélo qui empruntaient ce même ascenseur matin et soir. Photo: Anne Pélouas

Nous pédalons nous aussi pour une traversée insolite de l’Elbe, sous terre, via ce tunnel de 426 mètres de long, ouvert en 1911. Il a été entièrement rénové en 2017 avec des milliers de carreaux de porcelaine ancienne et est réservé aux piétons et cyclistes. Comme autrefois!

Une traversée insolite de l’Elbe, sous terre, via ce tunnel de 426 mètres de long, ouvert en 1911. Photo: Anne Pélouas

Après un petit tour côté docks pour admirer Hambourg de loin, on repart dans le tunnel et l’ascenseur pour un retour à l’air libre sur la piste cyclable parallèle au port. Direction: HafenCity, le quartier «in» d’Hambourg en plein développement immobilier qu’on atteint en traversant plusieurs canaux. Dix kilomètres de promenade à pied ou à vélo ont été aménagés dans ce quartier mêlant logements chics et logements sociaux, bureaux et édifices à vocation culturelle, toujours au bord de l’eau.

Le roi des lieux est l’imposant ElbPhilarmonie, l’opéra d’Hambourg inauguré en 2017. On en ferait trois fois le tour à vélo sans se lasser (avant de l’admirer encore en bateau). Le siège de l’orchestre philharmonique d’Hambourg, œuvre des architectes suisses Herzog et de Meuron, en impose de tous bords avec son socle en briques rouges (l’ancien bâtiment portuaire), surmonté d’une structure de verre de 110 mètres de haut. Il faut absolument lâcher les vélos pour monter à 37 mètres du sol via un escalier roulant monumental de 82 mètres de long. Une promenade publique fait le tour du bâtiment en extérieur, offrant une vue panoramique tant sur la ville que sur le port.

Il faut absolument lâcher les vélos pour monter à 37 mètres du sol via un escalier roulant monumental de 82 mètres de long. Photo: Anne Pélouas

L’exploration suivante, à vélo, est consacrée au quartier Speicherstadt, avec ses canaux bordés d’imposants immeubles anciens en briques rouges. Ils abritaient de grandes compagnies marchandes spécialisées dans l’import-export, notamment de café, de cacao et d’épices. Sur la Deichstraße se trouvent les plus vieilles maisons de Hambourg, adossées à un canal: quelques-unes seulement, qui ont échappé à un gigantesque incendie ayant détruit presque toute la ville en 1842. On s’étonne qu’elles ne soient pas collées les unes aux autres. «La règle, précise le guide, était de garder entre elles la largeur d’un cercueil…»

Le quartier Speicherstadt, avec ses canaux bordés d’imposants immeubles anciens en briques rouges. Photo: Anne Pélouas

Les plus:

  • La visite gratuite de Hambourg à pied, d’une durée de 2h30, avec frais minimes de réservation.
  • Le tour en ferry gratuit avec la Hamburg Card pour apprécier les attraits du port. On peut aussi embarquer sur un vélo loué sur le ferry 62 pour se rendre jusqu’à la gare maritime de Finkenwerder, sur l’autre rive de l’Elbe, et faire comme les Hambourgeois amateurs de vélo, qui profitent des nombreux parcours cyclistes dans cette région au sud-ouest de la ville.

Au Mont-Ham, on «monte pour voir»

J’aime bien cette devise du parc régional du Mont-Ham: «monte pour voir». Parce qu’elle sonne vraie! Un peu d’effort et la surprise est au rendez-vous sous forme d’un point de vue à 360 degrés sur une bonne partie des Cantons-de-l’Est et même au-delà…

Voilà un «petit» parc régional qui fait les choses en grand et n’en finit pas d’innover pour le plaisir des amateurs de plein air. J’ai suivi son évolution au fil des ans et chaque fois que j’y vais (pas assez souvent), j’y découvre de nouvelles choses en matière d’activités ou d’hébergement.

Cela dit, la montagne qui émerge de la plaine et des vallées environnantes en est la vedette principale. Sillonné par plusieurs sentiers pédestres, le mont Ham culmine à 713 mètres, ce qui en fait l’un des plus hauts sommets des Cantons-de-l’Est.

À l’attaque! 

Il y a plusieurs façons d’atteindre le sommet. La première est la méthode douce, via le sentier Tour du Button (3,8 km aller). Il monte gentiment sur 1,8 km vers l’est, avant de virer à gauche pour une montée de 500 mètres plus abrupte qui mène au «button», puis traverse jusqu’au pied du vrai sommet. Un 500 mètres de plus en bonne montée et on atteint le «nirvana»: la croix du sommet.

La plupart des randonneurs préfèrent cependant la méthode tonique qui consiste à grimper vite au sommet par le sentier L’Intrépide. Attendez-vous à quelques bonnes suées pour «avaler» 350 mètres de dénivelé en moins de 2 km et à avoir les bottes un peu sales si vous empruntez ce sentier un lendemain de pluie.

Par contre, il est vraiment plein de surprises, avec un départ en forêt, puis une jolie falaise à contourner avant de grimper carrément à dos de roc en s’y agrippant des mains, et parfois avec une corde. Le tout est sans danger, du moins à la montée. Un dernier surplomb et vous voilà «presque» rendu!

Le plateau rocheux sur lequel on parvient est immense. On finit par une courte descente dans une cuvette, puis une très courte montée sur roche avant de «toucher» la grande croix du sommet.

De là, vous pourrez jouer les girouettes pour vous gorger du panorama sensationnel. Quand le temps est bien clair, l’œil contemple au loin le mont Mégantic, géant des Appalaches, les montagnes du nord-est des États-Unis, le mont Orford au sud, les lacs Nicolet, Aylmer et Saint-François à l’est et les plaines du nord. Méfiez-vous tout de même du vent, qui peut être fort et frais, même en été.

Une fois au sommet, gorgez-vous du panorama sensationnel. Photo: Facebook Parc régional du Mont-Ham

Camping sauvage au sommet 

Je vais devoir revenir dans ce parc parce que je n’ai pas vécu cette expérience de camper au sommet qui semble vraiment emballante, à voir le site où l’on peut planter sa tente quelques fois par an.

Le parc organise en effet sept soirs par an (il reste cinq dates du 19 juillet au 12 octobre), et tous les soirs du 2 au 11 août pour un spécial Perséides, un «camping au sommet», sur inscription, avec un guide sur place et du bois pour un feu de camp.

En-dehors de ces dates, on peut aussi «privatiser» le sommet pour une nuit sous les étoiles avec un groupe de 15 personnes et plus. Seules conditions: transporter ses bagages sur son dos et laisser le site «sans traces» de votre passage.

À essayer: le camping au sommet du Mont-Ham. Photo: Facebook Parc régional du Mont-Ham

Histoire Waban-Aki 

Le parc régional est géré par la MRC des Sources et le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, dont c’était le territoire de chasse traditionnel. Pour en savoir plus, visitez le tout nouvel Espace Abénakis au pavillon d’accueil.

Le parc dispose d’une panoplie complète d’hébergements: trois camps rustiques, cinq tentes prospecteur, quatre sites de camping, plus deux espaces pour petits motorisés. Un nouveau secteur d’hébergement avec au moins six tipis est en projet, de même qu’un parcours-découverte Abénakis et un sentier Waba-Naki.

Le parc dispose d’une panoplie complète d’hébergements. Photo: Facebook Parc régional du Mont-Ham

À savoir

  • Les chiens en laisse sont admis, avec leurs maîtres et maîtresses, du dernier vendredi au dernier lundi de chaque mois sur tous les sentiers et dans tous les hébergements.
  • Le festival Montagne et musique a lieu au parc les 21 et 28 septembre, ainsi que les 5 et 12 octobre.

La Laponie à pied, en canot et à vélo

La Laponie fait rêver, avec ses forêts profondes au nord du cercle polaire, mais elle est surtout parfaite pour ne pas trop dépayser les Québécois amateurs de plein air.

D’abord, il y a la nature lapone, avec ses airs de forêt boréale, ses lacs et ses larges rivières, propices à la randonnée pédestre, au canot, au vélo de montagne ou au fatbike. Ensuite, il y a la culture «samie» (lapone), imprégnée de la vie de ses éleveurs de rennes, qu’on rencontre assez facilement.

Terres d’aventure et son partenaire français Grand Nord Grand Large, deux entreprises spécialisées en tourisme d’aventure, proposent un séjour «multiactivités» d’une semaine dans une région à cheval sur la frontière entre la Finlande et la Suède, à 200 kilomètres au nord du cercle polaire ou plutôt, comme nous le dira notre guide Lars, «200 kilomètres au nord du stress»! On se rend en avion jusqu’à Rovaniemi, puis en voiture ou en bus à Muodoslompolo, au nord de Kittila, en Finlande. De là, on rayonnera à partir d’une auberge de style pourvoirie, le Rajamaa, pour pratiquer randonnée, canot et vélo.

Photo: Anne Pélouas

Le fameux Gulf Stream a sur cette latitude un effet certain. On est loin de notre Nord québécois sans arbres. On se croirait plutôt en pleine forêt du Saguenay ou de la Côte-Nord, lapons en moins… C’est la partie occidentale de la taïga, où dominent des forêts de résineux, mais aussi des bouleaux blancs, des trembles, des buissons de genévriers et de sorbiers, ainsi que des lichens à profusion.

Près de Muonio coule une rivière du même nom qui marque la frontière entre la Finlande et la Suède. L’auberge trône sur l’île Pitkasaari avec dix chalets en bois, un bon restaurant et un sauna, pièce «obligatoire» en hébergement scandinave et bien appréciée pour la détente après une journée d’exercices; tout comme les aurores boréales, qui sont fréquentes par temps clair entre septembre et mars.

Les aurores boréales sont fréquentes par temps clair entre septembre et mars. © Rikard Lagerberg

En canot ou à vélo

Majestueuse, tout en méandres, la rivière Muorio est parfaite pour canoter ou faire du kayak le nez en l’air entre forêts, prairies et collines verdoyantes. Aigles de mer et cygnes sont souvent au rendez-vous. Le cours d’eau, qui se jette dans la mer Baltique, est le plus long d’Europe sans barrage. L’île est aussi agréable pour la pratique du vélo de montagne ou du fatbike. On peut simplement se rendre au village le plus proche, Muodoslompolo, prendre en route un chemin forestier ou faire le tour de l’île en empruntant une étroite piste qui serpente en forêt.

En canot sur la rivière Muorio. Photo: Anne Pélouas

Parc national de Pallas-Ylläs

Ce parc finlandais de plus de 1000 km2, collé sur la Suède, est un haut lieu de randonnée en forêt et en montagne. Il abrite en effet les plus hautes collines du pays, dont le mont Taivaskero. Paradis de la forêt mixte, entre feuillus et résineux, il a néanmoins un arbre-roi, l’épicéa à larges branches, bien adapté à un pays où la neige est reine six mois par an.

Une vingtaine de sentiers pédestres en donne pour tous les goûts: de la petite balade de moins de 5 km sur le plat à la longue randonnée (de 28 à 72 km) avec coucher en route dans des refuges rustiques.

Pause lors d'une randonnée. Photo: Anne Pélouas

Randonnée entre taïga et culture samie

Une excursion de deux jours permet de randonner du bord de la rivière Jyri Joki jusqu’au canyon de Marjakursu, par des chemins forestiers ou carrément en marchant en pleine taïga, sans pistes. La forêt y est plus clairsemée et les pas dégagent de drôles d’effluves, mêlant les parfums de citronnelle et de thé du Labrador. On atteint en après-midi un chalet (style cabane de trappeur sans électricité) au cœur de la forêt où l’on passera la nuit… après un bon sauna!

Au retour, arrêt sur un ancien lieu de rencontre entre éleveurs de rennes. L’un d’eux, Henrik Seva, nous y attend. Sous son «kota» (tipi en bois), il nous parlera de cette culture bien particulière qui est celle des Samis, peuple autochtone de Laponie.

Henrik, éleveur de rennes. Photo: Anne Pélouas

Ces semi-nomades qui vivent au nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et de la Russie sont passés maîtres dans l’élevage de rennes, qui vivent en liberté une bonne partie de l’année.

© Pentti Sormunen Visit Finland

Henrik a passé 17 ans de sa vie dans les Territoires du Nord-Ouest, appelé à la rescousse pour aider les Inuits à élever des rennes afin de suppléer à la lente disparition des caribous, dont la viande constitue leur nourriture de base. À Inuvik, il a rencontré une Québécoise dont le père était Suédois et qui élevait là des chiens de traineaux. En 2016, ils sont repartis pour s’installer sur l’île Pitkasaari avec ses chiens. L’hiver, Anna Sofia gère une entreprise de traineaux à chiens. Le reste de l’année, on peut partir en balade avec un chien en «cani-randonnée», une activité qui peut être hautement sportive, car les chiens sont fringants et vous tirent en avant au point de vous obliger parfois à courir derrière eux!

Notre journaliste Anne Pélouas en plein cani-randonnée!

Quand y aller?

En été ou en automne, mais en hiver aussi, bien sûr, pour le ski de fond ou la raquette.

À lire:

Le dernier lapon, roman policier écrit par Olivier Truc, journaliste français installé en Scandinavie.