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Nouvelles réjouissantes dans le milieu du plein air

Gratuité d’accès dans de nombreux parcs régionaux, nouvel événement pour la promotion du plein air, prix d’excellence en plein air, programme pour la planète… Tour d’horizon des nouvelles réjouissantes dans le milieu du plein air.

Les deux regroupements majeurs des entreprises spécialisées en tourisme d’aventure et écotourisme – l’association professionnelle Aventure Écotourisme Québec et l’Association des parcs régionaux du Québec (Parq) – tenaient la semaine dernière leur congrès annuel commun au Mont-Sainte-Anne. Cela a été l’occasion de souligner quelques bons coups.

«Tout le monde dehors» dans les parcs régionaux

Lancé en août dernier avec le slogan «Tout le monde dehors», le programme Accès Nature de Parq vise à faciliter la pratique d’activités physiques dans les parcs régionaux. Parq a bénéficié d’une aide de 800 000$ du gouvernement provincial pour ce programme qui connaît déjà un fort engouement.

«Au 15 octobre, on avait déjà donné 16 000 accès gratuits dans 36 de nos parcs», calcule Catherine Goulet-Paradis, responsable des parcs régionaux. Il faut simplement réserver sa place (jusqu’à six par adresse courriel) au plus tard la veille de votre visite sur le site toutlemondedehors.ca.

La liste des parcs participants se trouve sur le site de Parq, dont la plateforme se mettra en mode hivernal le 18 novembre prochain. Le programme est en place jusqu’au 31 mars 2025, mais l’association négocie déjà sa prolongation avec le ministère de l’Éducation. «Aller jouer dehors est une question majeure de santé publique», martèle M. Michaud, en s’inquiétant particulièrement des enfants qui passent plus de temps devant des écrans qu’à l’extérieur.

Réservez à l'avance pour avoir accès gratuit à 36 parcs régionaux à travers la province. Photo: Depositphotos

«Festival» du plein air le 14 juin 2025

Une autre belle initiative gouvernementale est venue d’un mandat confié par le ministère de l’Éducation à la firme BC2 pour coordonner une stratégie de sensibilisation et de mobilisation en matière de plein air de proximité. L’un des temps forts de cette initiative aura lieu le 14 juin prochain lors d’un événement grand public gratuit baptisé Proximité Plein Air.

Les parcs régionaux et les municipalités du Québec sont mis à contribution pour organiser de telles journées sur leur territoire le 14 juin 2025. L’objectif est de proposer des activités de plein air et d’y initier un maximum de Québécois afin de leur donner le goût de poursuivre.

Mi-mars, on en saura plus sur les régions participantes, alors qu’une campagne de promotion est prévue en mai. Pour en savoir plus, rendez-vous sur Proximité Plein Air.

Le 14 juin prochain, les parcs régionaux et les municipalités du Québec sont invités à participer à l'événement grand public gratuit baptisé Proximité Plein Air. Photo: Depositphotos

1% pour la planète: du Québec à un réseau mondial

Depuis 2020, une trentaine d’entreprises membres d’Aventure Écotourisme Québec ont adhéré à son programme 1% pour la planète, qui vise à verser 1% de leurs ventes annuelles pour financer des projets environnementaux d’organisations à but non lucratif. Plus de 700 000$ ont ainsi été investis dans une vingtaine de projets porteurs.

Comme participant à une activité de plein air organisée par une entreprise membre d’AEQ, il peut être très gratifiant de savoir que 1% de ce que vous avez payé a contribué à une action de protection ou de restauration d’écosystèmes terrestres et aquatiques, à la protection d’espèces fauniques, à la lutte et à l’adaptation aux changements climatiques ou encore à aider des entreprises québécoises à se doter de plans de développement durable. Le béluga du Saint-Laurent, la Fondation Rivières, les Éco-corridors laurentiens, le Corridor appalachien, le parc-nature de Pointe-aux-Outardes (sur la Côte-Nord) en ont notamment profité.

Ce programme québécois a été initié dans le cadre du réseau international 1% for the Planet, dont l’idée est née aux États-Unis en 2002 sous l’impulsion d’Yvon Chouinard, fondateur de la marque Patagonia, et de Craig Mathews, fondateur de Blue Ribbon Flies. Aujourd’hui, ce mouvement unique au monde couvre 110 pays avec quelque 5 500 entreprises dans des secteurs très variés qui ont fait des dons directs de 1% de leurs ventes annuelles à plus de 7 000 partenaires environnementaux.

Invitée au congrès d’AEQ, la PDG de 1% for the Planet, Kate Williams, estimait que l’organisation devrait dépasser le milliard de dollars américains en dons en 2028. «AEQ est la seule association professionnelle au monde à faire partie de cette aventure», soulignait-elle en rendant hommage à ses dirigeants pour cette initiative.

Prix d’excellence en plein air 2024

Chaque année, AEQ et l’Association des parcs régionaux du Québec remettent leurs Prix d’excellence plein air dans six catégories. Voici les lauréats:

  • Ziptrek Ecotours Mont-Tremblant (Prix Bonnes pratiques de gestion des RH)
  • Parc Aventures Cap Jaseux (Prix Développement et Innovation)
  • Parc linéaire Le P’tit Train du Nord (Prix Rayonnement régional)
  • Ziptrek Ecotours Mont-Tremblant (Prix Bonnes pratiques de développement durable)
  • Cégep de Saint-Laurent (Prix Partenaire)
  • Traversée de Charlevoix-Sentiers Québec-Charlevoix (Prix Bonnes pratiques de développement durable)

Vive la fondation Sur la pointe des pieds!

Les deux associations honorent également chaque année une personnalité du milieu du plein air. Le lauréat 2024 est Mario Bilodeau, qui a fondé Sur la pointe des pieds, une fondation qui organise chaque année des expéditions d’aventure thérapeutiques pour des jeunes de 14 à 39 ans atteints de cancer.

Des accréditations Qualité et Sécurité en forte progression

Si le Québec est passé maître dans l’organisation d’activités de plein air que l’on peut pratiquer en toute sécurité, c’est en grande partie parce que Aventure Écotourisme Québec (AEQ) a pris le leadership en 2020 d’un programme d’accréditation de ses 250 membres pour s’assurer de leur professionnalisme en matière de respect de normes strictes de qualité et de sécurité.

Le gouvernement québécois a rendu cette accréditation obligatoire pour être admissible à toute aide financière de sa part. L’Alliance de l’industrie touristique du Québec ne met de son côté en valeur dans ses propres campagnes de promotion que des entreprises d’écotourisme et tourisme d’aventure qui sont accréditées.

À vous de faire votre part en choisissant des activités de plein air auprès d’entreprises portant le sceau Qualité et Sécurité de l’AEQ.

À l’Association des parcs régionaux du Québec, qui fête cette année son dixième anniversaire, le processus d’accréditation est aussi en cours. Quarante-deux parcs ont déjà l'accréditation Parq, cinq sont en cours de processus et les autres devront l’obtenir d’ici septembre 2025 s’ils veulent pouvoir profiter dans le futur d’aides financières gouvernementales.

Prendre le pouls du plein air québécois

En-dehors des parcs nationaux du Québec ou du Canada, on doit une bonne part de la pratique du plein air dans notre province aux entreprises québécoises spécialisées en tourisme de nature et d’aventure qui nous proposent une kyrielle d’activités guidées à faire sur quatre saisons: du kayak au ski de fond, de la via ferrata au ski hors-piste, du rafting à la raquette. Quoi de mieux qu’un congrès annuel comme celui qu’ont tenu la semaine dernière Aventure Écotourisme Québec (AEQ) et l’Association des parcs régionaux du Québec (PaRQ) pour prendre le pouls d’un secteur du plein air vital pour notre bien-être physique et mental? En prime, on vous invite au tout nouveau Festival Objectif Aventure, début décembre à Montréal.

Pour la 25e édition de son congrès annuel, qui a battu un record de participants (260 inscrits), le directeur général d’AEQ et PaRQ, Pierre Gaudreault, constatait d’emblée que le réseau d’entreprises membres d’Aventure Écotourisme Québec était «en plein développement», tandis que celui des parcs régionaux (qui pullulent à l’échelle du territoire provincial) avait «le vent dans les voiles».

Pour les régions, ce segment du tourisme est vital économiquement. Michel Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix (région où se tenait le congrès), ne l’a pas démenti, estimant que Charlevoix est entre autres «un terrain fertile pour le tourisme de nature et d’aventure».

AEQ regroupe 233 entreprises de tourisme d’aventure accréditées Qualité-Sécurité, un sceau que vous devriez toujours rechercher. Une soixantaine de membres sont associés, partenaires ou fournisseurs des autres. PaRQ a pour sa part 66 parcs régionaux parmi ses membres, plus 4 membres associés.

Un monde en mutation, des défis pour le secteur du plein air

Les défis des changements climatiques et ceux de la protection de la nature ont agité les esprits durant le congrès.

François Duclos, conseiller chez Conservation de la nature Canada, relevait que le tourisme était un bon vecteur de conservation. Passer du temps en nature, expliquait-il, aiguise la conscience que nous devons mieux faire pour préserver notre environnement. En ce sens, tout amateur de plein air est une cible de choix, selon lui, quand vient le temps de chercher des appuis à la protection de la nature.

Reste qu’on est loin de pouvoir atteindre l’objectif de 30% d’aires protégées au Québec comme ailleurs dans le monde d’ici 2030. «Le Québec fait mieux que le reste du Canada, estimait-il, avec 17% de son territoire en aires protégées, contre 14% ailleurs au Canada, et la province est en phase avec une centaine de pays qui ont atteint les 17%. Si on parle d’aires marines protégées, ajoutait-il, on est seulement à 8% à l’échelle planétaire…»

Marie-Ève Bédard, sous-ministre adjointe au ministère du Tourisme, a pour sa part soufflé le chaud et le froid sur l’assistance. Estimant d’un côté que «les entreprises québécoises d’aventure et de nature sont en avance pour protéger le produit d’appel qu’est la nature», elle relevait par ailleurs que seulement 30% des Québécois sont prêts à adapter leur mode de vie pour diminuer leur empreinte écologique et 10% seulement à accepter de compenser les émissions de gaz à effet de serre liés à leurs déplacements. Elle a invité à cet égard les participants à faire de l’éducation auprès de leurs clients pour rendre le tourisme «plus responsable et durable». 

Passer du temps en nature aiguise la conscience que nous devons mieux faire pour préserver notre environnement. Photo: Ali Kazal, Unsplash

Fonds plein air 1% en progrès

Pour faire sa part, Québec Aventure Plein air, qui regroupe AEQ et PaRQ, a créé en 2020 le Fonds plein air 1% pour la planète. Vingt-huit membres des deux organismes contribuent déjà à ce fonds à raison d’un pour cent de leur chiffre d’affaires. Chaque fois que vous réservez un séjour ou participez à une activité de l’une de ces 28 entreprises, vous contribuez vous-mêmes à ce fonds dont les sommes recueillies (400 000$ depuis 2020) sont remises année après année à des organismes québécois œuvrant à la protection de la nature. Parmi les bénéficiaires, on trouve la Fondation Rivières, Éco-corridors laurentiens, Les Pages Vertes, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) et la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec (SNAP Québec).

Nul doute que le nombre d’entreprises d’AEQ et de parcs régionaux participant à ce fonds grossira dans les années à venir. Richard Remy, bien connu comme fondateur de Karavaniers, a en effet été recruté comme consultant pour ce programme. 

Chaque fois que vous réservez un séjour ou participez à une activité de l’une des 28 entreprises du réseau Québec Aventure Plein air, qui regroupe AEQ et PaRQ, vous contribuez au Fonds plein air 1% pour la planète, dont les sommes recueillies sont remises année après année à des organismes québécois œuvrant à la protection de la nature. Photo: Dylan Page, Facebook Fondation Rivières

Parcs régionaux: de la croissance aux grands chantiers

«On peut dire mission accomplie: notre réseau tapisse tout le Québec; nous avons un impact indéniable sur la santé des visiteurs et un impact économique incroyable en région», constatait Stéphane Michaud, président de PaRQ.

Un récent rapport commandé à Raymond Chabot Grant Thornton révèle en effet que les activités des parcs régionaux du Québec ont généré en 2022 des retombées de 91,5 millions de dollars, avec 1342 emplois et des revenus de l’ordre de 19,3 millions de dollars pour les caisses des gouvernements canadien et québécois.

Ces parcs ont reçu quelque 6,8 millions de visites-personnes l’an passé. Les dépenses touristiques des clients sont estimées à 601 millions de dollars.

Ils participent en outre grandement au tourisme de proximité, leur clientèle étant à 27% de la région et à 23% de la localité elle-même. Les visiteurs d’ailleurs au Québec représentent 44% de l’ensemble alors que la clientèle internationale n’en constitue que 5%. 

Le réseau des parcs régionaux se bonifie en outre année après année. Les derniers à l’avoir intégré sont le parc de la Rivière-du-Moulin (Côte-Nord) et celui des Grands-Rivières du lac Saint-Jean.

En plus de se doter d’une nouvelle image de marque et de poursuivre ses procédures d’accréditation de parcs en «qualité et sécurité», PaRQ a entrepris plusieurs chantiers d’importance: le lancement d’un projet subventionné d’accessibilité dans les parcs régionaux avec l’organisme Kéroul (PAET); le soutien aux projets d’activités et d’infrastructures pouvant bénéficier du programme gouvernemental de développement de l’offre touristique des parcs régionaux (DOTPR), qui en est à son troisième appel d’offres; la poursuite d’un partenariat avec les Pages Vertes pour élaborer des plans concrets de développement durable.   

Le parc de la Rivière-du-Moulin a intégré le réseau des parcs régionaux.  Photo: Facebook Parc De La Rivière-Du-Moulin

Réseau plein air Québec: «on y va»

Voici un organisme provincial qui n’a que deux ans d’existence, mais qui gagne à être connu. Il regroupe en effet 11 fédérations dont les membres sont 855 organisations, dont Vélo Québec, Rando Québec, Canot Kayak Québec, Eau Vive Québec, Cheval Québec.

Réseau plein air Québec (RPAQ) aide notamment à la création et à la mise à jour de guides de pratique sécuritaire d’activités de plein air par ces fédérations, à leur travail de géoréférencement de sites et sentiers. Elle œuvre aussi à la création future d’un programme national pour l’encadrement des activités de plein air au Québec.

Son site web On y va est pour vous, amateurs de plein air. Comme celui d’AEQ, ce site permet de découvrir des centaines d’activités de plein air à faire au Québec en toutes saisons, d’accéder rapidement aux sites des fédérations membres et de devenir un «pleinairiste averti», conscient des risques associés à une activité et qui sait comment «faire partie de la solution» en matière de sécurité.

En janvier prochain, précisait sa directrice générale Annick Saint-Denis, RPAQ lancera une nouvelle campagne grand public sur «la courtoisie en plein air», un très bon sujet, à mon avis, ou comment respecter l’autre à une croisée de pistes de ski de fond ou de vélo, dans un refuge ou un camping, avec ou sans chien… 

Le site web On y va permet de découvrir des centaines d’activités de plein air à faire au Québec. Photo: Facebook On y va

Pleins feux sur les coops de plein air

Le modèle de coopérative n’a jamais été aussi populaire dans l’industrie du plein air. Le congrès lui a consacré une présentation très courue d’Andrée Pelletier, coordonnatrice à la Coopérative de développement régional du Québec. Quelque 200 coopératives en tourisme et loisirs existent au Québec. Plus d’une centaine sont des coopératives de solidarité, 35 de consommateurs, 35 de travailleurs et 23 de producteurs. Ces entreprises collectives jouent un rôle important dans l’offre touristique en région et dans l’imposant écosystème national de l’économie sociale (coopératives, organismes à but non lucratif [OBNL], mutuelles).

Si vous vous intéressez à ce modèle, vous regarderez peut-être d’un autre œil (en les visitant pour faire de la raquette, du ski, du vélo ou du camping) des sites comme ceux de la Vallée Bras-du-Nord (région de Québec), le Parc Aventures Cap Jaseux ou Voile Mercator (Saguenay–Lac-Saint-Jean), la Coopérative de plein-air RAC (Gaspésie), le réseau des auberges du collectif Saintlo ou la coop d’escalade Riki Bloc à Rimouski (Bas-Saint-Laurent).

La Vallée Bras-du-Nord fait partie des quelque 200 coopératives en tourisme et loisirs qui existent au Québec. Photo: Facebook Vallée Bras-du-Nord

Prix Excellence plein air 2023

Lors du congrès AEQ-PaRQ, tenu au Manoir Richelieu, à La Malbaie, les prix suivants d’Excellence plein air ont été remis.

Le président d’AEQ, Jean-Michel Hébert, en a profité pour célébrer «le savoir-faire des entreprises de tourisme d’aventure du Québec et leur engagement envers la qualité et la sécurité, qui sont de précieux atouts pour notre industrie touristique». De son côté, Stéphane Michaud, président de l’Association des parcs régionaux du Québec, a estimé que «ces prix mettent en lumière le travail remarquable des gestionnaires de parcs régionaux du Québec et leur engagement envers l’excellence».

Les lauréats des prix Excellence plein air. Photo: JFG Vidéo Pro

À l’affiche bientôt à Montréal: le Festival Objectif Aventure

Terres d’Aventure lance cette année ce festival dédié à l’aventure sur grand écran. Tenu du 1er au 3 décembre prochain au cinéma du Musée des Beaux-Arts de Montréal, il est présidé par l’aventurière-cinéaste Caroline Côté. On pourra d’ailleurs y voir le film qu’elle consacre à sa dernière expédition au pôle Sud, en skis, en solitaire et en autonomie, avec un record du monde de 33 jours, 2 heures, 53 minutes.

Le programme relevé et éclectique inclut 16 films, plus des films Wapikoni en début de séances. En voici quelques-uns.

Périple à vélo de 8000 km dans le documentaire environnemental Un monde sous vide; escalade en aveugle dans Climbing Blind; aventure père-fille dans les montagnes du Mercantour dans Naïs au pays des loups; routes de l’exil dans L’Aventure; plongée dans le kayak free-style dans Wild Water; amitiés bouddhistes dans l’Himalaya indien dans Zanskar, les promesses de l’hiver; expédition au nord du 51e parallèle dans Uapishka; aventure en compagnie de chiens de traîneau rescapés dans Musher, l’appel de l’Alaska ou au cœur de la brousse africaine avec un photographe animalier dans Félins, noir sur blanc.

On peut se procurer un «pass intégral» de 95$ pour visionner tous les films. Sinon, les billets sont à 10$ la séance; 25$ pour la soirée d’ouverture et diffusion du film Njord, à Svalbard Tale de Caroline Côté.

Le tourisme d’aventure et de nature plus fort que jamais

Ils se sont «mariés» il y a cinq ans et filent le parfait amour. Réunis en congrès annuel les 2 et 3 novembre derniers, les entreprises et parcs membres respectivement d’Aventure Écotourisme Québec et de l’Association des parcs régionaux du Québec ont profité de l’occasion pour discuter des enjeux de l’heure dans le domaine du plein air, «réseauter» pour mieux vous servir et remettre huit prix Excellence plein air 2022. Voici des morceaux choisis de ce rendez-vous annuel.

La force du milieu québécois du plein air, qui vous permet toute l’année de profiter de sentiers à parcourir à pied, à vélo, en skis ou en raquettes et de faire toutes sortes d’autres activités en extérieur aux quatre coins de la province, est en majeure partie l’œuvre des membres de ces deux organismes. «Ils forment le plus grand réseau de professionnels du plein air au Québec», affirmait avec raison Stéphane Michaud, président de l’Association des parcs régionaux du Québec (PaRQ), en mesurant le chemin parcouru depuis ces «noces de bois» (de cinq ans) avec AEQ.

Les accréditations très sérieuses qu’elles donnent à leurs membres sont d’ailleurs pour vous, amateurs de plein air, un gage de qualité et de sécurité de prestations et d’encadrement pour toute une gamme d’activités guidées ou non, un «sceau» qu’on vous encourage fortement à rechercher.

On ne peut donc qu’être ravi de voir AEQ et PaRQ afficher cette année de nouveaux records de membership: 217 entreprises accréditées Qualité-Sécurité pour le premier, 66 membres pour la seconde, avec une forte croissance d’accréditations. Parmi les nouveaux du réseau PaRQ, il y a le parc régional du Lac Kénogami (Saguenay–Lac-Saint-Jean), celui des Chutes du Calvaire (Lanaudière), le parc des Sommets de Bromont (Cantons-de-l’Est) et les sentiers de Baie-des-Rochers (Charlevoix), soulignait Catherine Goulet-Paradis, responsable des parcs régionaux au sein d’AEQ. «Sans ces derniers, calculait-elle, on en était déjà à 2000 km2 de territoire» qui sont préservés et accessibles.

AEQ et PaRQ affichent cette année de nouveaux records de membership. Photo: Facebook Québec Aventure Plein Air - Aventure Écotourisme Québec

Le plein air et la santé

Le rôle du plein air dans la santé physique et mentale de la population a été plusieurs fois abordé au cours du congrès. La pandémie a exacerbé ce besoin de nature et la démonstration des bienfaits de la pratique d’activités en extérieur n’est plus à faire. Ce qui a permis à Stéphane Michaud d’affirmer sans que personne ne sourcille que les entreprises AEQ et les parcs régionaux font désormais «partie du système de santé du Québec».

Leur existence et la multitude d’activités qu’ils organisent au bénéfice du plus grand nombre, petits ou grands, promeneurs ou grands sportifs, sont en tout cas une contribution essentielle au bien-être de la population. Emmett Phil Coriat en est tellement convaincu qu’il a pris l’initiative en mai dernier avec quelques autres de lancer au Québec «Prescri-Nature», un programme de «prescriptions nature» qui faisait déjà des merveilles en Colombie-Britannique depuis deux ans, après son introduction aux États-Unis il y a plus de dix ans.

Le pharmacien de formation, guide-praticien en sylvothérapie et entrepreneur social, a présenté aux congressistes les ressorts de ce programme «qui veut faire de la nature un nouveau pilier de la santé physique et psychologique au Québec». Quelque 70 000 professionnels de la santé participent déjà à ce programme dans la province, avec l’appui notable du Collège des médecins et de l’Institut de cardiologie de Montréal.

Plusieurs études, aussi bien américaines que japonaises, mettent de l’avant les recherches sur la biophilie, concept qui désigne l’amour inné des humains pour le vivant et l’effet négatif de se tenir loin de la nature. Les avancées scientifiques des dernières décennies démontrent clairement que le contact avec la nature est ainsi indispensable à la santé physique et mentale, au sentiment de bien-être, à la réduction du stress, à l’équilibre psychologique, à la stimulation de la créativité et à la concentration…

«On observe, dit M. Phil Coriat, que nos cinq sens bénéficient d’une exposition positive à la nature» et que celle-ci «possède en quelque sorte des ingrédients actifs contribuant à la restauration de la santé». Passer du temps en nature serait donc particulièrement bénéfique pour protéger notre santé, voire la rétablir.

Combien de temps? Selon le site de Prescri-Nature, l’idéal serait de deux à trois heures par semaine, par blocs d’au moins 20 minutes, quelle que soit la saison. Même sans cette «ordonnance verte», on peut s’auto-prescrire ce temps en semaine ou le week-end dans un parc urbain, pour une promenade à pied, un tour à vélo ou bientôt en skis et en raquettes.

Plein air et développement durable

Les membres de AEQ et de PaRQ sont clairement engagés dans des démarches en faveur du développement durable et de la lutte aux changements climatiques. En 2022, AEQ a récolté auprès de 18 de ses membres 117 000$ destinés au Fonds plein air 1% pour la planète et prévoit quasiment tripler ce chiffre en 2023 grâce aux entreprises participantes et à leurs clients. La Fondation Rivières, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) – pour le suivi des populations de bélugas – et Pur Nat – pour le nettoyage de lacs et de rivières – en ont notamment profité cette année.

L’autre grande avancée du réseau AEQ-PaRQ s’est réalisée avec l’organisme Les Pages Vertes, qui aide pas à pas des entreprises et organismes du Québec à implanter une démarche écoresponsable dans leurs activités. Il pose un diagnostic personnalisé (avec une cote d’écoresponsabilité) et les aide à cheminer pour améliorer leur cote. Cinquante membres d’AEQ et de PaRQ sont déjà inscrits dans cette démarche avec une cote moyenne d’écoresponsabilité de 70%. On peut en trouver la liste sur le site des Pages Vertes et les encourager en les choisissant pour une prochaine sortie.

Le plein air a désormais sa ministre… et du financement!

C’est un peu passé sous le radar lors de la nomination en octobre des membres de son cabinet ministériel par François Legault, mais le plein air a clairement trouvé droit de cité dans l’appareil gouvernemental avec la nomination d’Isabelle Charest à titre de «ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air». Elle était d’ailleurs présente au congrès, tout comme la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, signe de leur intérêt pour les deux organismes phares du tourisme d’aventure et du plein air au Québec.

Le gouvernement a par ailleurs reconduit en 2022 son programme de financement pour le développement de l’offre touristique dans les parcs régionaux (DOTPR). En 2021, plus de six millions de visites ont été enregistrées dans le réseau des parcs régionaux et des investissements étaient nécessaires tant sur le plan des services d’accueil que de l’hébergement et des activités proposées.

Depuis sa création en 2021, le programme DOTPR a permis à 21 d’entre eux de bénéficier de fonds pour avancer des projets qui feront la différence pour vous accueillir au cours des prochaines années, a-t-on appris au congrès. Quinze nouveaux projets de parcs régionaux sont aussi à l’étude pour un financement en 2023. Voici un aperçu de ce qui est en cours de réalisation:

En voie de réalisation : la construction d’un camping aménagé et l’installation de deux prêts-à-camper au parc des Appalaches. Photo: Facebook Parc régional des Appalaches

Lauréats des prix Excellence plein air 2022

Remis chaque année lors du congrès AEQ-PaRQ, les prix Excellence plein air soulignent le développement, la persévérance, l’expertise et les initiatives novatrices des organisations membres des deux réseaux.

De gauche à droite : André-François Bourbeau, cofondateur du programme de baccalauréat en plein air de l'UQAC; Olivier Côté Vaillancourt, parc régional du Mont-Saint-Joseph; Caroline Sage, parc de la Gorge de Coaticook - parc Découverte nature; Maude Limoges, Aventure Rose-de-Vents; Isabelle Legault, parc régional Montagne du Diable; Alain Planchamp, parc des Sommets; David Bédard, Mer et monde écotours; Myrianne Parent, Les Pages vertes.

PRIX PRODUIT ET SERVICE DE QUALITÉ: Mer et monde écotours (Côte-Nord; hébergement, croisières aux baleines)

PRIX BONNES PRATIQUES ENVIRONNEMENTALES: Aventure Rose-des-Vents (Saguenay–Lac-Saint-Jean; hébergement, kayak de mer, pêche blanche, raquette, ski de randonnée)

PRIX DÉVELOPPEMENT ET INNOVATION: Parc de la Gorge de Coaticook - parc Découverte nature (Cantons-de-l’Est)

PRIX RAYONNEMENT RÉGIONAL: Parc des Sommets (Bromont, Cantons-de-l’Est; sentiers multiusages)

PRIX BONNES PRATIQUES DE GESTION DES BÉNÉVOLES: Parc régional du Mont-Saint-Joseph (Gaspésie; hébergement, sentiers pédestres et de vélo de montagne)

PRIX BONNES PRATIQUES RH: Parc régional Montagne du Diable (Hautes-Laurentides; hébergement, sentiers pédestres, de ski et de vélo de montagne)

PRIX PARTENAIRE: Les Pages Vertes (répertoire d’entreprises écoresponsables du Québec et services-conseils)

PRIX HONORIFIQUE SYLVIE-MAROIS: André-François Bourbeau, cofondateur du programme de baccalauréat en plein air de l’Université du Québec à Chicoutimi

Retour à la nature: des règles et des espoirs

Pour permettre le retour d’un accès à la nature ordonné et progressif, les règles et conseils fusent désormais de partout. Tour d’horizon pour s’y retrouver avant le grand saut dans nos bois, sur nos sommets ou nos plans d’eau…

Le 20 mai a marqué la réouverture très attendue de presque tous les parcs nationaux du Québec, marquant d’une pierre blanche le début d’une aventure inédite à la sauce COVID-19. Le déconfinement au Québec progresse lentement mais surement, espère-t-on, mais pour le réussir, chacun doit y mettre du sien, y compris dans le milieu du plein air et autant du côté des entreprises ou gestionnaires de parcs que de ceux qui trépignent de faire de la randonnée, du vélo, du canot ou du kayak. Voici quelques balises pour s’y retrouver.

Activités de plein air autorisées

Le 14 mai, le gouvernement québécois a annoncé la reprise graduelle des activités sportives et de plein air partout au Québec, sous réserve du respect de règles de santé et de sécurité.

  • Sont notamment concernés: le canot, le kayak, l’escalade de roche, le kitesurf, le surf, la planche, la plongée, la randonnée pédestre ou équestre, la natation, le patin à roulettes, la voile. Le vélo avait déjà été permis.
  • La pratique «libre non organisée» individuelle ou à deux sans contact physique est seule autorisée, sauf pour les personnes vivant sous un même toit. Pas de sorties de groupe ni guidées pour l’instant.
  • Seules les sorties à la journée sont possibles, sans hébergement ou camping sur place.
  • La circulation interrégionale et les déplacements longue distance sont à éviter.
Photo: Heberti Almeida, Unsplash

On s’occupe de vous, occupez-vous de vous (et des autres)

L’organisme Rando Québec, associé notamment à Aventure Écotourisme Québec, à Vélo Québec, aux parcs régionaux et au Laboratoire d’expertise et de recherche en plein air de l’Université du Québec à Chicoutimi, a travaillé d’arrache-pied ces derniers temps à aider le milieu à adopter les meilleures règles d’adaptation à la situation, notamment pour la distanciation physique et la propreté d’installations et de matériels. L’organisme, qui fédère de nombreux clubs de marche, vient aussi d’édicter un «code de conduite des pratiquant·e·s en contexte de pandémie de COVID-19». L’idée, comme le soulignait le 18 mai Marie Tison dans La Presse, est que «cette première phase de déconfinement se passe bien pour ne pas devoir reculer en chemin». Nicholas Bergeron, directeur technique à Rando Québec, a l’espoir que cela permette de «garder les sentiers ouverts».

Dans un deuxième temps, si tout se passe bien, la distance des déplacements suggérés pourrait être augmentée, l’espoir étant de ne plus avoir de restrictions de déplacements au Québec cet été.

  • Le code, en tableau synthétique, présente aux randonneurs les différentes règles à suivre pour adapter leur conduite à la situation actuelle.
  • Les règles sanitaires de base édictées par la Santé publique s’imposent aux amateurs de plein air: lavage de mains, tousser dans son coude, distanciation physique de deux mètres, interdiction de rassemblement, par exemple.

S’y ajoutent selon le code:

  • Être autonome: en eau, nourriture, masque, gel hydroalcoolique, lunettes de soleil ou de vision pour se protéger les yeux.
  • Utiliser votre gel sur toute surface touchée par d’autres.
  • Respecter les fermetures de sites, de bâtiments et de sentiers.
  • Utiliser si possible vos propres équipements (de randonnée ou de canot-kayak).
  • Éviter de vous placer en situation dangereuse qui pourrait nécessiter une intervention d’urgence.
  • Garder vos chiens en laisse longue de 1,5 m maximum.
  • Adopter un comportement respectueux de l’éthique du plein air Sans trace.
Photo: Jon Flobrant, Unsplash

En sentier, le code de conduite suggère fortement au randonneur de:

  • Changer de plan si le site convoité est plein.
  • Respecter la signalisation, par exemple en cas de sens unique de circulation.
  • Respecter la capacité maximale de présence aux belvédères, points de vue, sites de pause, en laissant votre place aux nouveaux arrivants.
  • Conserver la distance de 2 mètres chaque fois que possible. En cas de croisement sur un sentier, la priorité va aux personnes en montée. Immobilisez-vous en leur tournant le dos ou en vous couvrant bouche et nez. En dépassement, prévenez la personne avec courtoisie, celle-ci appliquant la règle précédente.
  • Éviter si possible l’utilisation d’aides à la progression (mains-courantes, arbres, branches, roches) que d’autres peuvent toucher ou se désinfecter les mains.
  • Éviter si possible l’utilisation des toilettes sèches.

Dans un parc national pas trop loin de chez vous

Si Parcs Canada annonce la réouverture de certains de ses sites au 1er juin (sans camping avant le 21 juin), la SEPAQ a redonné accès à la plupart des parcs de son réseau depuis le 20 mai. Ceux des Monts-Valin et de la Pointe-Taillon n’ouvriront que le 29 mai, le parc de Miguasha, le 19 juin et celui d’Anticosti, le 20 juin. Le parc de la Chute-Montmorency, près de Québec, n’est ouvert depuis le 20 mai qu’en accès piétonnier. Les réserves fauniques ouvrent pour la pêche à des dates variées en juin. Consultez le site de la SEPAQ pour connaitre les dernières nouvelles de chaque parc.

  • La randonnée, le vélo et la pêche à la journée sont les seules activités possibles.
  • Les sentiers pédestres ouverts sont limités en nombre.
  • Les droits d’accès doivent être payés d’avance: 8,90$ par personne (gratuit jusqu’à 17 ans); 80,25$ pour la carte annuelle des parcs; 44,50$ pour un seul parc. Imprimez vos droits d’accès ou faites une capture d’écran sur votre téléphone cellulaire.
  • La SEPAQ prend le même type de mesures que le code de conduite de Rando Québec concernant l’entretien, la sécurité, l’accès limité aux activités ou aires communes.
  • Les bâtiments de services, y compris les toilettes, demeurent fermés.
Photo: John Sekutowski, Unsplash

Toilettes ou poubelle en plein air?

Si l’on comprend la crainte que l’utilisation des toilettes sur les sites de plein air puisse être source de propagation du virus, j’ai du mal à accepter qu’on ouvre des parcs comme ceux de la SEPAQ tout en fermant leurs toilettes aux visiteurs. On voit mal comment ils pourront passer une journée en plein air sans avoir besoin d’y aller… Les fermer, au motif qu’il est «risqué» de les fréquenter ou parce qu’on ne veut pas prendre la responsabilité de les nettoyer adéquatement plusieurs fois par jour, me semble une grossière erreur. Au lieu d’inciter les visiteurs à être encore plus vigilants pour se nettoyer et se désinfecter les mains après un passage aux toilettes, elle ouvre la porte à tous les abus par ceux qui n’appliqueront pas le principe du «Sans trace» quand ils iront dans le bois (ou à l’arrière des toilettes fermées) pour se soulager…

Curieusement, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a publié le 19 mai un guide de normes sanitaires en cette période de déconfinement, assorti d’outils spécifiques pour le secteur des activités de loisirs, de sport et plein air. On n’y trouve nullement mention d’une recommandation de fermeture de toilettes, mais plutôt celle que les toilettes et autres blocs sanitaires soient «nettoyés à chaque quart de travail et désinfectés tous les jours».

En attendant que les toilettes ouvrent dans nos parcs, le minimum que vous puissiez faire est de transporter du papier toilette avec vous ainsi qu’un petit sac en plastique qui se referme, pour y mettre vos papiers «souillés» et ne pas les laisser à la vue des autres, d’autant qu’ils mettent des années à se biodégrader! Une saine habitude à conserver pour toujours…

L’accès à la nature, un service essentiel?

La nature s’éveille et tant de temps passé en confinement donne encore plus que d’habitude le goût de sortir dans un parc et de reprendre des activités de plein air, comme la marche, le vélo, le canot ou le kayak…

Des voix s’élèvent de plus en plus pour que l’accès à la nature soit considéré comme un «service essentiel» et que les parcs hors des grands centres urbains, fermés depuis des semaines, rouvrent rapidement, mais les contraintes nouvelles de distanciation ralentissent le processus.

Heureux sont ceux qui, comme moi, ont une forêt à l’arrière de chez eux, une montagne à moins d’un kilomètre, un lac, une rivière ou un fleuve à proximité. Les réseaux sociaux fourmillent ces jours-ci de photos de kayakistes naviguant sur le fleuve Saint-Laurent, de cyclistes en balade sur les routes du Québec, de randonneurs paradant sur un sommet. Moi-même, j’ai sorti mon canot dimanche dernier pour glisser dans les eaux libres entre les glaces d’un lac et admiré un huard dont l’arrivée m’avait été annoncée au matin par son chant magnifique.

Tous n’ont pas cette chance, notamment ceux qui habitent en ville. Comment ne pas envahir les parcs de Montréal quand on n’a pas un chalet à la campagne, qu’on ne peut louer une chambre d’hôtel ou un refuge pour s’évader en région et que tous les parcs hors des villes sont fermés? Devant cette affluence, la Ville de Montréal a fermé les stationnements de plusieurs grands parcs pour en limiter l’accès à ceux qui peuvent s’y rendre à pied ou à vélo, mais n’est-ce pas une source d’inégalité pour ceux qui n’ont pas de parcs à proximité de chez eux et ne peuvent se déplacer facilement par ces modes de transport? Et une source d’inégalité «sanitaire» puisqu’ils opteront peut-être pour le métro ou l’autobus, désormais plus «dangereux» que la sacro-sainte automobile…

Ouvrir les parcs nationaux, régionaux et municipaux à l’extérieur des grands centres serait apprécié de ceux qui vivent à proximité et permettrait de relâcher un peu la pression sur les espaces naturels urbains.

Photo: David Murray Chambers, Unsplash

Oui au magasinage, pas aux parcs?

Lundi dernier, Alice-Anne Simard, directrice générale de l’organisation environnementaliste Nature Québec, réclamait une réouverture des 24 parcs gérés par la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), s’étonnant que «les gens puissent aller magasiner à compter de ce lundi dans la plupart des régions du Québec» (sauf Montréal), mais qu’il ne leur soit «pas permis d’aller marcher en sentier dans un parc national où la distanciation physique est beaucoup plus facile à respecter».

Comme plusieurs autres, y compris d’éminents scientifiques, Mme Simard soutient que les espaces naturels ont des impacts positifs sur la santé physique et mentale, diminuant les symptômes d’anxiété et de dépression, le stress et la fatigue mentale. Nature Québec croit donc que l’accès à la nature est «une mesure de santé publique que le gouvernement doit favoriser», surtout pendant une crise aussi anxiogène que celle provoquée par le coronavirus.

Depuis le début de cette crise sanitaire, j’ai l’intime conviction que l’accès à la nature devrait être considéré comme un «service essentiel» à notre santé physique et mentale. C’est bien la raison pour laquelle les parcs de Montréal sont restés ouverts et j’espère bien que quelques hurluberlus irrespectueux des règles de distanciation sociale seront contrôlés comme il se doit pour qu’on ne dérape pas vers des fermetures de parcs urbains qui soulèveraient la colère.

Photo: Julia Kirilova, Unsplash

«Conversations» du Sommet du plein air

Pour les parcs nationaux du Canada, ceux du Québec, les parcs régionaux et autres, je ne vois pas pourquoi ils continuent d’être exclus des ouvertures programmées actuellement par les gouvernements. C’est l’un des sujets de l’heure dans le milieu du plein air pancanadien.

Il y a près d’un mois que je participe aux «conversations» virtuelles, initiées par l’Outdoor Council of Canada (Conseil canadien de plein air), qui préparait la tenue d’un «Sommet du plein air» à Gatineau en septembre. Ce grand rendez-vous de l’industrie canadienne n’aura pas lieu, mais ses organisateurs ont utilisé leur liste de participants pour provoquer une discussion passionnante sur les défis auxquels ils font face et sur les moyens d’adapter leurs pratiques à la nouvelle réalité sanitaire.

Ces conversations ont réuni virtuellement chaque semaine plus d’une centaine de membres de la communauté canadienne du plein air. De là est née la création d’une plateforme, Thoughtexchange, qui recense déjà 150 «bonnes idées» et 2850 évaluations d’idées par les participants. L’accès à des activités de plein air, considéré comme un service essentiel, arrive en tête de ce sondage-éclair du milieu. On y considère l’accès à la nature comme «un facteur de prévention de la crise de santé mentale qui se profile à l’horizon», en plus de contribuer à la santé physique de la population.

Le groupe met de l’avant l’expertise actuelle des organisateurs d’activités de plein air, qui leur permettra d’accueillir des participants en respectant les règles de santé publique, telles que la distanciation sociale. Le groupe en appelle aussi à travailler avec les provinces pour rouvrir dès que possible les parcs et autres sites naturels, en adoptant des règles conformes à la lutte contre la COVID-19.

Au cours de ces discussions, Jeff Willis, président de Fireside Adventures et membre du Conseil canadien de plein air, rappelait que «les gens veulent reprendre les activités de plein air qu’ils aiment». Pour que ça ne soit pas dans le désordre du «free for all», il faut se préparer adéquatement dans les parcs comme ailleurs à les recevoir, avec des règles sanitaires bien précises à respecter.

Photo: Lea B, Unsplash

En mode préouverture des parcs et entreprises de plein air

La patience ayant en effet des limites, surtout à l’approche des beaux jours, il devient urgent de fixer de telles règles. Au Québec, l’industrie touristique prépare avec le gouvernement un plan sanitaire pour son redémarrage dans les prochaines semaines. Nul doute que son application sera progressive, comme devraient l’être l’ouverture de nos parcs et la disponibilité d’activités de plein air à réserver. Un exemple: s’il peut sembler facile d’organiser une sortie de canot en groupe sur une rivière en pratiquant la distanciation physique (à condition d’avoir dans un canot deux personnes vivant sous un même toit), comment faire si l’on doit déplacer le groupe en amont d’une rivière, comme on le faisait auparavant en minibus? Comment organiser une longue randonnée pédestre ou une expédition de kayak de mer avec un groupe en dormant sous tente et en partageant les repas? Comment limiter le nombre de personnes sur un sentier ou leur présence sur un petit belvédère?

S’agissant du secteur de la randonnée, l’organisme Rando Québec annonçait cette semaine avoir réuni virtuellement des acteurs du milieu du plein air pour édicter ensemble «des lignes directrices claires autour de la pratique de la randonnée pédestre et du plein air dans le contexte sanitaire de la COVID-19». La SEPAQ, Aventure Écotourisme Québec, Vélo Québec, Sans trace Canada, l’Association des guides professionnels en tourisme d’aventure y participaient notamment, aux côtés de réseaux membres de Rando Québec et du Laboratoire d’expertise et de recherche en plein air (LERPA) de l’Université du Québec à Chicoutimi.

Si les Québécois trépignent d’impatience pour retourner jouer dehors, et qu’ils seront plus nombreux que jamais à le faire cet été, le milieu prône la prudence pour des raisons de santé et de sécurité. «De nombreux enjeux, souligne Rando Québec, doivent être considérés afin de protéger adéquatement la population et de préserver les milieux naturels: l’augmentation significative de l’achalandage attendu dans les parcs, l’étroitesse de nombreux sentiers, ainsi que les espaces restreints dans les belvédères et points de vue.» Pas d’«ouverture précipitée et mal encadrée», selon le milieu, avant la sortie – d’ici quelques semaines – d’un guide fixant des règles nouvelles pour les gestionnaires de sites de randonnée et édictant des recommandations aux pratiquants pour adopter de «nouvelles habitudes de pratique pour un retour sécuritaire aux activités de plein air.

Comme ce sera certainement le cas aussi pour les activités autres que la randonnée, il faut espérer que l’on s’entende rapidement sur ces règles et sur ce qu’on autorise à la suite d’une ouverture des parcs et entreprises de plein air, au risque sinon de voir se déplacer le problème sanitaire et de sécurité ailleurs, les plus avides d’aller jouer dehors se précipitant dans tous les espaces naturels non contrôlés, sur terre comme sur l’eau…