Jessica Harnois, qu’on connaît d’abord comme sommelière, notamment sur Avenues.ca, et comme créatrice des fameux vins Bù, est notre invitée sur cette balado. Ce n’est pourtant pas de vin dont elle a parlé avec Françoise Genest, mais de leadership et d’équilibre de vie, car Jessica, qui est aussi une entrepreneure affranchie, vient tout juste de faire paraître aux Éditions de l’Homme le livre Tête cœur corps. Cultiver l’équilibre : la clé du succès, qu’elle cosigne avec Brigitte Bayardelle, consultante en développement du leadership.
Vous sentez-vous submergé, dépassé ou toujours essoufflé par vos tâches, écartelé entre le travail, votre vie familiale et votre rôle et vos objectifs de gestionnaire ou d’entrepreneur? Et si le succès passait d’abord par l’équilibre entre notre tête, notre cœur et notre corps? On fouille la question avec Jessica Harnois.
Écoutez l'épisode:
Vous pouvez suivre et écouter notre Balado Avenues.ca, dont cet épisode, sur:
Tête coeur corps. Cultiver l'équilibre: la clé du succès, Brigitte Bayardelle et Jessica Harnois, Éditions de L'Homme, mars 2024, 160 pages, 27,95$
Jessica Harnois est une femme plurielle. Sommelière, conférencière, autrice ou coautrice de plusieurs ouvrages sur l’univers du vin, dont Santé! qu'elle a cosigné avec Pierre Huet, paru à l'automne 2020, elle est détentrice d’un MBA, présidente de son entreprise les Productions Jessica Harnois depuis 10 ans, créatrice des vins Bu qui sont avec 3 millions de bouteilles vendues par année, l’étiquette no 1 au Québec et elle est aussi la maman d’une belle jeune fille Angelica.
Cet événement est complet tous les billets ont été vendus.
C'est le 8 novembre que se tiendra la 9e édition du Salon avant le Salon Avenues.ca! La journaliste Claudia Larochelle animera cette soirée unique qui réunit six auteurs ayant marqué le paysage littéraire de l'année et qui seront au Salon du livre de Montréal. La soirée se déroulera à la Librairie Monet à 19h.
Comme à chaque année, le Salon avant le Salon Avenues.ca est une occasion unique de discuter et de prendre un verre de vin avec ces grandes plumes du Québec dans une atmosphère intime.
Nous vous attendons le 8 novembre à 19h (accueil 18h30) Achetez votre billet maintenant, places limitées
Nos invités cette année:
Michel Jean, Quimmik (Libre Expression) Photo: Julien Faugère Zachary RichardLes rafales du carême (Libre expression) Photo: Sasha Bourque Claudine Bourbonnais, Le destin c’est les autres (Québec Amérique) Photo: Martine Doyon Frédérick Lavoie, Troubler les eaux (La peuplade) Photo: Jasmin Lavoie Mélikah Abdelmoumen, Les engagements ordinaires (Atelier 10) Photo: Jennifer Alleyn Martin Michaud, Point de fuite (Libre Expression) Photo: Julia Marois
La soirée sera des plus passionnantes avec des signatures, des entretiens, deux tables rondes et des livres à découvrir, des tirages et des échanges entre mordus de la lecture dans l'atmosphère très agréable de la Librairie Monet.
Claudia Larochelle, écrivaine, animatrice, journaliste dans divers médias et chroniqueuse Société et culture et Bouquiner sur Avenues.ca animera les deux tables rondes avec toute l'expertise et la passion qu'on lui connait.
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PRIX (INCLUANT 1 CONSOMMATION): 5$ +TAXES
N.B. Aucun billet vendu à la porte. Aucun billet vendu à la librairie.
Il sera possible d'acheter des consommations supplémentaires (paiement en argent seulement).
On aime les success story au Québec. Étonnant que l’histoire d’Hormidas Laporte ne soit pas davantage connue. L’auteure Marjolaine Saint-Pierre corrige cette lacune en publiant une biographie passionnante de cet homme qui s’est bâti un empire à partir de rien, qui a amélioré la vie de ses concitoyens canadiens-français par l’exemple de sa détermination, sa probité et son sens de la justice.
Élevé dans le village de Sault-au-Récollet, sur le bord de la rivière des Prairies, Hormidas Laporte quitte l’école à 14 ans pour aider sa famille à subsister. L’adolescent ne se satisfait pas longtemps de fabriquer des clous dans une usine du canal de Lachine. Il suit des cours du soir pour parfaire ses notions de français et de calcul, et apprendre l’anglais. Ce supplément d’éducation, couplé à une grande volonté de réussir, l’amène à se réaliser dans un domaine dont il flaire le riche potentiel, celui de l’alimentation.
À 20 ans, il a une épicerie à son nom! À 28 ans, son entreprise se spécialise dans le commerce de gros. Il approvisionne Montréal en vins de Bordeaux, en whiskies et ryes britanniques, en huiles d’olive d’Italie, en thés japonais, et même en fruits frais, comme les raisins de Valence, ou confits, qu’on pense aux pruneaux de Smyrne, de Bosnie ou de France.
Le développement de l’entreprise connaît des hauts (croissance et expansion phénoménale) et des bas (pertes dues aux inondations dans le Vieux-Montréal, incendie d’un entrepôt de cinq étages en 1894, krach de 1929) que l’homme d’affaires traverse avec une résilience qui mérite le respect.
Sa réussite lui vaut d’être élu président de l’Association des épiciers en gros du Canada. Dans un Montréal dominé par les Anglais, il prouve que les Canadiens français peuvent aussi avoir la bosse des affaires.
Il utilise son ascendant pour élever les gens de sa race. Il fait partie des fondateurs de la Chambre de commerce du district de Montréal, il compte parmi les administrateurs de la Sauvegarde, première compagnie d’assurance-vie sous contrôle de Canadiens français, il préside la Banque Provinciale du Canada (il figure sur le billet de 5$ qu’émet l’institution), il gravite autour de l’Association Saint-Jean-Baptiste, qui fait construire le Monument-National, un lieu voué à l’éducation des masses populaires et qui conduira éventuellement à la création de l’École polytechnique, l’École des beaux-arts et l’École des hautes études commerciales. Il s’emploie aussi à faire entendre la voix des francophones dans les lieux de décision dominés par les anglophones. Il est le seul francophone à la Commission du havre de Montréal, qui repense le port de Montréal. La biographe d’Hormidas Laporte souligne à plusieurs reprises que l’homme d’affaires exerce ces différentes fonctions bénévolement.
Son omniprésence dans les différentes sphères de la société l’amène à s’intéresser à la politique, car il considère que son action risque de ne rimer à rien si la chose publique continue à être gérée par des gens corrompus. Parmi ses combats: l’abolition des trusts qui contrôlent l’électricité, le gaz et les tramways.
Élu échevin, il s’attaque aussi à des dossiers très concrets, comme la qualité de l’eau, la protection contre les incendies, l’hygiène publique. Il travaille aussi à la création d’une bibliothèque technique pour l’instruction scientifique et industrielle. L’homme croit au pouvoir de l’éducation et de la culture.
On fatigue à le voir aussi proactif sur tant de dossiers.
D’ailleurs, lorsqu’il est élu maire de Montréal en 1904 pour un terme de deux ans, il n’arrive pas à réaliser ses promesses. Ses activités protocolaires lui demandent beaucoup de temps et la fatigue le rattrape, aggravant son asthme. Il passe les derniers mois de son mandat en convalescence en Floride, et renonce à se présenter en 1906.
Sa carrière n’est pas finie pour autant. Il revient à ses affaires et passe beaucoup de temps à voyager pour rencontrer ses clients et vérifier la qualité des produits qu’il importe. Le livre évoque des séjours en Belgique, en Hollande, en Italie, en Espagne, au Portugal, et bien sûr en France, la mère patrie, où sa fille réside.
Ses séjours en Europe s’interrompent en 1914 en raison de la guerre. Ce conflit mondial sera l’occasion d’accepter un nouveau mandat. On le sollicite pour travailler à l’élaboration d’une politique d’achats pour le gouvernement du Canada. Il en viendra à présider la Commission des achats du matériel de guerre. Ses loyaux services au gouvernement Borden lui valent d’être anobli par le roi George V.
Le petit Hormidas qui fabriquait des clous devient, 50 ans plus tard, sir Laporte, une gloire qu’il ne pourra partager avec la femme de sa vie. Mirza Gervais, qui lui a donné 13 enfants, dont seulement deux survivront, est décédée cinq ans plus tôt.
Il sera donc veuf pendant 21 ans, passant beaucoup de temps dans sa résidence du 2232, boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque), près de la rue Atwater.
L’ouvrage se termine avec une description fascinante de cette immense maison bâtie sur la falaise Saint-Jacques, un quartier résidentiel qui attire les grands bonzes du rail, du charbon et du bois. Le texte, écrit en 1996 par sa petite-fille Jacqueline Le Cavelier, rappelle les particularités de cette demeure qui n’existe plus aujourd’hui, le terrain ayant été repris pour la construction des locaux de la Fondation Papillon, organisme de ressources et de soutien aux personnes en situation de handicap.
Il ne reste plus rien non plus de l’entreprise qu’Hormidas Laporte a bâtie. Dix ans après sa mort, la société Laporte-Hudon-Hébert, dirigée par son fils Joseph-Antoine, est emportée par une faillite, comme cela arrivera plus tard avec Steinberg, Dominion et Dupuis Frères.
Au moins, la Banque Provinciale, qu’il a présidée, se perpétue sous les couleurs de la Banque Nationale, et la Sauvegarde, qu’il a fondée, poursuit ses activités d’assurance sous l’ombrelle du Mouvement Desjardins.
Finalement, et c’est un peu affligeant, la seule évocation du personnage dans la toponymie de Montréal se trouve dans l’arrondissement du Sud-Ouest. L’avenue Laporte, baptisée en l’honneur d’Hormidas Laporte en 1907, fait moins de 400 mètres, de la rue Saint-Jacques à la rue de Richelieu. Bien peu pour un précurseur du Québec inc.
Heureusement qu’il y a ce livre pour entretenir le souvenir de ce bâtisseur de Montréal.
Le livre Ninanimishken – Je marche contre le vent a été pour moi aussi important que Kukum l’a été en 2021.
Là où Michel Jean racontait l’histoire de ses ancêtres du lac Pekuakami, l’auteur-compositeur-interprète innu Florent Vollant fait le récit de son propre parcours, d’Indian Point, sur les bords du lac Wabush, au quartier hassidique d’Outremont, en passant par Maliotenam. Des forêts de la Côte-Nord aux grandes scènes du monde, en passant par l’enfer des pensionnats de six ans à l’adolescence, celui de la prison à 18 ans, et de l’hôpital où il aboutit à 61 ans, victime d’un AVC.
Dans ce livre, écrit en collaboration avec Justin Kingsley, Florent Vollant commence en évoquant, avec une émotion palpable, sa petite enfance à jouer dehors par -40 degrés. Il a le souvenir de vivre alors en parfaite harmonie avec la nature. Les membres de sa famille connaissent et respectent l’environnement dans lequel ils évoluent. Ils y sont heureux et ne manquent de rien jusqu’au jour où les siens sont délocalisés vers les réserves, et lui, envoyé au pensionnat.
Comme dans Kukum, on sent que c’est un point de bascule.
Florent Vollant nous fait vraiment comprendre ce que représente cette tragédie pour ceux qui ont goûté à ce déracinement. Dans son cas, pas de sévices de la part des religieux. Tout le temps qu’il passe au pensionnat, il fait exactement ce qu’on lui demande au point d’obtenir des notes parfaites et de devenir l’élève idéal. Mais au fond de lui naît un terrible sentiment de trahison. Cette éducation classique en français l’a conduit à renier ses propres origines. La culture qu’il a docilement gobée n’est pas la sienne.
À la fin du secondaire, cette docilité lui pèse et il explose. Les pages où il revient sur son retour à la maison familiale, dans un foyer désormais dysfonctionnel, sont déchirantes. On a peine à croire que le Florent Vollant doux et modéré que l’on connaît ait pu être un jour à ce point délinquant.
C’est la musique et son grand-père Pilot qui le réhabiliteront. La musique parce qu’elle lui permet de s’exprimer. Son grand-père parce qu’il lui redonne les outils pour redevenir un véritable Innu qui connaît et respecte l’environnement, fier de sa spécificité.
Au fil du livre, Florent Vollant n’hésite pas à dire les choses comme il les pense, prenant par exemple à partie le premier ministre Legault pour son refus d’accepter le concept de racisme systémique. Il ne manque pas non plus de dénoncer les injustices ou les mauvais traitements qu’on fait subir aux siens, comme le cas de Joyce Echaquan.
Sur le plan professionnel, l’auteur du grand succès Tshinanu fait le détail de ses années tumultueuses passées aux côtés de Claude McKenzie dans le duo Kashtin, de sa grande amitié avec les trois Richard (Séguin, Desjardins et Zachary), et de son immense satisfaction d’avoir créé dans son patelin, Maliotenam, un studio d’enregistrement fréquenté autant par les grands noms de la musique québécoise que la relève de la place.
Même si Florent Vollant est très modeste dans ses récits, sa biographie nous fait réaliser l’ampleur que sa carrière a eue auprès des communautés autochtones et au-delà. Très sollicité partout, il a joué avec de grands noms de la musique, notamment avec l’Orchestre symphonique de Montréal et son chef Kent Nagano, pour lequel il a une admiration sans bornes. Il a aussi milité pour les droits d’auteurs en compagnie des Michel Rivard, Gilles Vigneault, Lise Aubut, Édith Butler, Luc Plamondon, Diane Juster et autres…
La liste des honneurs qu’il a reçus est impressionnante, mais l’artiste ne se laisse pas berner par la gloire. Le titre du livre, Ninanimishken (Je marche contre le vent), fait justement référence au danger qu’il y a à se laisser porter par le vent qui nous pousse dans le dos.
«J’ai toujours dû marcher contre le vent. Toujours. Ce n’est pas une mauvaise chose, vous savez. Avec le temps, quand on n’a pas le choix, surmonter les vents contraires, à force de travail et de persévérance, nous endurcit. […] Je me suis fait des muscles, j’ai exercé mon esprit, développé mes propres principes, et j’ai résisté à toutes les tentations avec des pensées positives et sereines. Et tout ça parce que j’étais contre le vent, man.»
Le livre est écrit dans une langue qui semble bien traduire la façon qu’ont les Autochtones de s’exprimer et d’appréhender la vie. On comprend mieux ce que veut dire être à l’écoute de la nature, qu’il soit dans une forêt de la Côte-Nord à faire du portage avec les siens ou à arpenter le mont Royal à Montréal avec son coauteur ou son ami Richard Séguin.
Comme les aînés de sa communauté l’ont fait avec lui, Florent Vollant nous fait profiter de sa sagesse en partageant un peu le vent de face que la vie lui a soufflé au visage. Nous en sortons plus instruits de ces peuples premiers avec qui nous cohabitons depuis si longtemps sans vraiment les connaître.