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Autocueillette: 10 aliments pour sortir des sentiers battus

Quand vient le temps d’aller dans les champs pour cueillir nous-mêmes nos aliments, il y a certains incontournables. Les fraises, les framboises et les pommes en font partie. L’autocueillette de ces fruits est bien ancrée dans les traditions de nombreux Québécois. Cependant, de plus en plus d’endroits proposent l’autocueillette d’autres fruits et légumes à rapporter à la maison. Voici 10 idées pour sortir des sentiers battus en août, septembre et octobre.

Tomates

De la fin du mois d’août au mois d’octobre, on peut aller cueillir ses tomates dans les champs. Rondes, italiennes, cerises: on fera provision de différentes variétés pour les futures sauces et soupes qui réchaufferont les soirées d’automne et d’hiver.

Poivrons

À partir du milieu du mois d’août et jusqu’au mois d’octobre, certains producteurs proposent l’autocueillette de poivrons doux et de piments forts. Si la récolte est belle, on pourra les griller, les mariner, les sécher ou les congeler pour les conserver pour la saison froide.

Certains producteurs proposent l’autocueillette de poivrons doux et de piments forts. Photo: Jeppe Vadgaard, Unsplash

Bleuets

Souvent oublié au profit de la fraise, le bleuet peut aussi être cueilli à plusieurs endroits au Québec en août et parfois jusqu’en septembre. En prime, l’arbre dans lequel pousse ce petit fruit est à hauteur d’homme et permet une cueillette debout. C’est en Montérégie, dans Chaudière-Appalaches et en Estrie que se concentre le bleuet en corymbe, qui offre de belles grappes colorées aux cueilleurs, semblables à des grappes de raisins.

Souvent oublié au profit de la fraise, le bleuet peut aussi être cueilli à plusieurs endroits au Québec. Photo: Klara Kulikova, Unsplash

Argouses

Les petits fruits de l’argousier, les argouses, sont encore peu connus au Québec, et pourtant, le climat est idéal pour leur culture. À travers la province, certains producteurs en proposent l’autocueillette pendant les mois d’août et septembre. Le petit fruit orangé qu’on dit bourré de vitamines a un goût qui peut se rapprocher de celui des agrumes. Pour profiter de la récolte toute l’année, on peut facilement le congeler.

Aubergines

De la mi-août à la mi-octobre, l’aubergine est abondante chez certains producteurs. On pourra ainsi faire des provisions et découvrir d’autres variétés que l’aubergine noire plus connue; la blanche ou l’italienne, par exemple.

De la mi-août à la mi-octobre, l’aubergine est abondante chez certains producteurs. Photo: Nina Luong, Unsplash

Oignons

Ils se conservent longtemps et ils sont souvent utilisés dans les recettes d’automne et d’hiver, alors pourquoi ne pas aller directement dans les champs faire des provisions d’oignons? De la mi-août à la mi-octobre, des producteurs offrent la cueillette de différentes variétés.

Artichauts

Encore marginale, l’autocueillette d’artichauts est offerte de la fin août jusqu’aux premiers gels à la ferme de La Fille du Roy à Sainte-Madeleine, en Montérégie. Ce légume délicat peut se conserver jusqu’à un mois au réfrigérateur. Il peut aussi être congelé ou mis en conserve.

Encore marginale, l’autocueillette d’artichauts est offerte de la fin août jusqu’aux premiers gels à la ferme de La Fille du Roy, en Montérégie. Photo: Shelley Pauls, Unsplash

Maïs

Quelques producteurs proposent l’autocueillette de maïs sucré en saison, soit en août et septembre. On peut souvent observer les champs d’épis en bordure de route, mais c’est une autre expérience de mettre la main à la pâte pour faire ses provisions. Une bonne raison d’organiser ensuite une épluchette en famille ou entre amis!

Raisins

Dans différentes régions du Québec, on peut partir avec son sécateur et son panier pour rapporter à la maison différentes variétés savoureuses de raisins de table rouges, bleus ou verts: Somerset, Brianna, Canadice ou Radisson, par exemple. Les Québécois sont friands de raisins, et pourtant, ceux cultivés au Québec sont encore peu connus. La récolte se fait en septembre et octobre.

Poires

On pense souvent plus naturellement aux pommes, mais en septembre et octobre, il est aussi possible de remplir son panier… de poires! Au Québec, on en cultive une quinzaine de variétés et certains vergers en proposent l’autocueillette. Pour les conserver, on en fait de la confiture, des compotes ou des conserves.

Une quinzaine de variétés de poires sont disponibles pour l’autocueillette. Photo: Gidlark, Unsplash

Plusieurs types d’autocueillette sont moins connus, mais dans les faits, il est possible au Québec de faire provision de fruits et légumes frais de juin à novembre en allant «se servir» directement aux champs. Il y a les suggestions données plus haut, mais on peut aussi aller récolter soi-même ses patates, haricots, choux, cerises, citrouilles, courges, concombres, amélanches, airelles, prunes, et même fleurs (comestibles ou non)… Les possibilités sont nombreuses!

Pour vous inspirer, pour savoir comment vous équiper pour cueillir, et trouver les producteurs qui offrent l’autocueillette, l’Union des producteurs agricoles propose l’application Mangeons local plus que jamais!, qui regroupe plus de 1000 producteurs partout au Québec, dont plusieurs rendent leurs champs accessibles aux visiteurs. Du côté de la région de la Capitale-Nationale, le site autocueillette.com regroupe plusieurs producteurs qui offrent l’autocueillette de différents aliments.

Nos paniers biologiques ont 25 ans!

Il y a un quart de siècle, un modèle d’approvisionnement direct et hebdomadaire en ingrédients locaux et biologiques existait déjà. Le populaire Réseau des fermiers·ères de famille a réussi à rencontrer le succès et nourrit aujourd’hui de nombreuses familles à travers le Québec. Comment a-t-il évolué au fil du temps et quels sont les défis qu’il nous propose de relever?

Lorsque le Réseau des fermiers·ères de famille a été lancé en 1996 grâce à l’organisme Équiterre, il ne comptait que sept fermes participantes qui fournissaient 250 familles en légumes et en fruits biologiques, frais et locaux. Aujourd’hui, ce groupe est fort de 145 fermes et approvisionne plus de 28 000 familles. Comment expliquer une telle croissance?

Au-delà de l’effet domino provoqué par des acteurs majeurs comme les Fermes Lufa, qui ne font pas partie de ce réseau, mais ont indirectement promu les paniers biologiques, ainsi que de la conscientisation progressive des consommateurs à une alimentation plus saine, traçable et locale, la nutritionniste gourmande et adepte d’alimentation de proximité Julie Aubé, porte-parole du 25e anniversaire du Réseau, indique: «C’est un partenariat gagnant à la fois pour les fermiers, qui peuvent mieux planifier leur production, et les consommateurs, qui ont accès à une belle variété de légumes et de fruits biologiques de leur région, souvent cueillis le jour même ou la veille.»

Manger «près» en huit actions

Selon la porte-parole, qui a déjà signé deux livres en lien avec l’autonomie alimentaire, le fait de commander des paniers biologiques à des agriculteurs relève d’une démarche à la fois alimentaire, environnementale, sociale et solidaire. Comme elle l’a d’ailleurs récemment écrit dans un article de blogue: «Derrière l’idée de "manger près", il y a bien sûr la proximité géographique relative à la provenance des aliments, mais aussi la proximité humaine avec les gens qui nous nourrissent, une proximité avec la vraie nature des aliments qui sont peu ou pas transformés, ainsi qu’une proximité avec la Nature, notre milieu de vie commun.»

Des valeurs que le Réseau des fermiers·ères de famille promeut encore plus clairement en cette année anniversaire à travers la campagne «On s’outille pour passer à l’action», qui repose sur une série de huit actions que nous pouvons prendre dans notre quotidien pour manger local et biologique à l’année.

On y retrouve des gestes très simples comme celui de s’abonner à des paniers biologiques hebdomadaires, ou bien de faire provision lors des saisons d’abondance d’ingrédients qui se retrouvent souvent sur nos menus et que nous pouvons conserver grâce à différentes techniques. Mais il est également possible, souligne la nutritionniste, de créer son propre petit jardin (ou d’en démarrer un de manière communautaire), et d’adapter nos menus aux saisons. «Une aubergine en saison, c’est merveilleux, dit-elle, mais une tarte aux aubergines en janvier, c’est un peu contre nature. Alors, pourquoi ne pas plutôt partir d’un ingrédient central disponible et faire ensuite preuve d’imagination pour l’apprêter?»

Repenser son alimentation de manière saisonnière, comme le faisaient nos ancêtres, est-ce toutefois vraiment réalisable? Julie Aubé en est convaincue, puisqu’elle le fait elle-même. Son dernier ouvrage Manger local!, ainsi que d’autres comme Cuisiner sans recettes, de la fermière Véronique Bouchard (Ferme aux petits oignons), peuvent nous guider dans notre processus de résilience alimentaire.

Les légumes biologiques de la ferme La Clé des Champs de Saint-Camille.

Une formule flexible et annuelle

Les paniers biologiques proposés aux consommateurs ont bien évolué au fil des années et ne sont plus du tout à l’image du choix imposé de fruits et de légumes auquel on pouvait autrefois s’attendre.

Comme la porte-parole du Réseau des fermiers·ères de famille le confirme, «certaines fermes offrent maintenant des moitiés de paniers prémontés et laissent leurs abonnés choisir le reste des ingrédients. D’autres organisent des mini-marchés en disposant leurs produits sur une table, de manière à ce que les abonnés constituent eux-mêmes leur panier. On peut aussi s’abonner à ces formules seul ou à plusieurs. Bref, l’offre est flexible, ce qui plaît beaucoup aux gens».

Parallèlement, les producteurs peuvent greffer à leur offre maraîchère des produits divers comme des œufs frais, des volailles et de la viande biologique, du sirop d’érable, et même des sauces ou des plats préparés.

Et ce n’est pas tout! On l’ignore souvent, mais des paniers biologiques sont également accessibles en hiver. «Et ils sont étonnamment diversifiés! explique Julie Aubé. On y retrouve bien sûr des pommes de terre, des navets et des carottes, mais aussi des betteraves, des radis, des céleris-raves, des endives, des choux, des courges, de l’ail, des échalotes et bien d’autres choses encore.»

Et comment procéder pour bénéficier de tout cela? Chaque agriculteur ayant son propre modèle, il suffit de vous rendre sur le site Web du Réseau et d’entrer votre code postal pour avoir accès à une sélection de fermes, qui ont toutes des spécialités différentes et proposent plusieurs formats d’abonnement.

Attention, toutefois, les paniers estivaux ont tellement de succès qu’il vaut mieux s’inscrire tôt (dès le mois de mars ou d’avril) pour ne pas courir le risque d’être sur une liste d’attente. Quant aux paniers hivernaux, Julie Aubé recommande de s’y abonner au mois d’août ou de septembre. «Les solutions pour manger local et biologique sont nombreuses dès qu’on est en mode solution», martèle-t-elle.

Que ce soit via le Réseau des fermiers·ères de famille, ou bien un autre dont l’offre promeut une agriculture locale durable, diversifiée et à portée humaine, tout est bon à prendre!

Autosuffisance: l’avenir est-il dans les serres?

L’autonomie alimentaire est sur toutes les lèvres, même celles du premier ministre François Legault. Parce que la crise actuelle vient souligner notre dépendance aux denrées venant de l’étranger ainsi que notre vulnérabilité face aux situations imprévues, il faut trouver des solutions. Est-ce que la culture en serre en fait partie?

Dès le début du mois d’avril, l’autosuffisance alimentaire était évoquée dans les points de presse et plus précisément, François Legault mentionnait les serres comme une solution possible pour ne pas dépendre des autres pays pendant l’hiver. Les producteurs en serre ont immédiatement répondu à l’appel en assurant qu’avec l’appui d’Hydro-Québec, ils pourraient doubler la valeur de leur production d’ici cinq ans.

Présentement, les grandes serres qui consomment plus de 300kWh ont droit à un tarif réduit pour leur facture d’éclairage destiné à la photosynthèse, indique Hydro-Québec. Toutefois, seulement une quinzaine d’entreprises sont assez grosses et se qualifient pour ce tarif spécial. Afin d’élargir la production, il faudrait donc que toutes les serres qui consomment 50 kWh, par exemple, puissent elles aussi profiter de ces tarifs sur les surplus d’électricité d’Hydro-Québec. Pour le moment, c’est une énergie qui reste derrière les barrages et qui ne sert à personne.

On estime qu’aussi peu que 4% des surplus non utilisés par Hydro-Québec pourrait suffire à rendre le Québec autosuffisant en fruits et légumes qu’on peut produire en serre.

On connaît bien pour le moment la production de tomates, concombres et laitues, mais le potentiel est bien plus grand, exposent des producteurs qui parlent de poivrons, d’aubergines, de courges, de haricots, de fines herbes et de petits fruits qui pourraient eux aussi bénéficier d’une production en serre.

Jean-Martin Fortier, agriculteur reconnu pour ses techniques respectueuses de la nature et directeur de la production maraîchère à la ferme des Quatre-Temps, en Montérégie, va dans le même sens et a lui aussi évoqué la production en serre comme une solution possible à la dépendance alimentaire que la crise actuelle met en lumière. Selon lui, «nous avons tout ce qu’il faut au Québec». Pour réussir ce virage important, la star de l’agriculture, vedette de la série Les fermiers, prône une véritable transformation du système agricole, dont la production en serre fait partie. Un tarif préférentiel pour l’électricité jumelé à un choix éclairé des légumes à y faire croitre, comme des épinards, des radis, des laitues et autres légumes qui nécessitent moins de chaleur, pourrait selon lui offrir une option rentable.

L’idée ne date d’ailleurs pas d’hier. Il y a quarante ans, le ministre de l’Agriculture Jean Garon rêvait déjà d’autosuffisance alimentaire et s’appuyait sur le modèle des Pays-Bas, champions de la culture en serre. Pour ce faire, le ministre comptait sur Hydro-Québec, qui n’a finalement pas embarqué comme il l’aurait fallu dans le projet.

La production en serres est vue comme une solution possible à la dépendance alimentaire que la crise actuelle met en lumière. Photo: Markus Spiske, Unsplash

De l’électricité et encore plus

Mais cette semaine, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) modérait les ardeurs et précisait qu’il faudrait plus que de l’électricité à bas prix pour augmenter la production en serre. Selon ce ministère, la culture en serre est au Québec un secteur en retard technologique, qui manque de financement et qui connaît d’autres problèmes tels qu’une main-d’œuvre onéreuse.

Une des problématiques soulevées par le ministère est que les quelques petites serres qui se trouvent présentement au Québec sont dispersées sur le territoire, ce qui rend difficile l’embauche et fait que les producteurs ne peuvent pas s’entraider. Un vaste projet de serres pour le Québec imaginé il y a quelques années aurait d’ailleurs avorté entre autres parce que cela posait problème aux principaux partenaires de se regrouper dans un secteur commun.

De plus, les 300 producteurs de légumes en serre de la province sont de petite taille et ont donc une plus petite production. Pour les faire grossir, il faudrait des investissements.

Au Québec, la culture en serre accuse un retard technologique et connaît d’autres problèmes tels qu’une main-d’œuvre onéreuse. Photo: Daniel Fazio, Unsplash

Des défis à relever

Aujourd’hui, l’Ontario produit 69% des légumes de serre du Canada alors que la Colombie-Britannique en produit 19%. Le Québec, de son côté, n’est qu’à 6% de la production canadienne.

Un texte de La Presse expose d’ailleurs trois défis majeurs que devront relever les producteurs en serre pour améliorer leur rendement: doubler leur production, accéder à un tarif réduit pour ce qui est de l’utilisation des surplus d’électricité, et avoir un accès au capital afin d’améliorer les installations.

Une plus grande souveraineté alimentaire au Québec qui passerait par la production en serre est donc possible, mais le projet sera exigeant et demandera que les consommateurs ainsi que tous les acteurs nécessaires se mettent ensemble pour en faire un projet de société. Reste à voir si la crise actuelle donnera le coup de fouet nécessaire à la réalisation de ce grand chantier de notre système agricole.