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Le coût des télécommunications s’invite aux élections

Le Canada est l’un des pays où les services Internet et cellulaires coûtent le plus cher au monde. Voici ce que les partis politiques proposent pour y remédier.

Vous avez l’impression que vos factures de télécommunications sont élevées? Ce n’est pas qu’une impression. Année après année, les différentes études mondiales publiées à ce sujet sont sans équivoques: les Canadiens payent plus pour leurs données mobiles que partout ailleurs, et l’Internet résidentiel est parmi les plus chers au monde.

Un prix élevé est en effet à prévoir: brancher un pays grand comme le Canada coûte après tout plus cher que ce qu’il en coûte pour brancher un petit pays européen densément peuplé. Mais le manque de concurrence au pays, où Bell, Rogers et Telus dominent le marché, explique aussi le montant élevé qu’il faut débourser mois après mois pour avoir accès à ces services essentiels.

Il ne s’agit pas d’un enjeu majeur aux élections canadiennes de 2021, mais la plupart des partis politiques fédéraux proposent des mesures pour y remédier.

NPD: limiter les frais

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) est le premier parti à avoir pris position sur les tarifs cellulaires et Internet lors de cette campagne électorale. Le parti propose plusieurs moyens pour réduire la facture, notamment de forcer les fournisseurs à offrir un forfait abordable comparable à ce que l’on peut retrouver dans les autres pays.

Malheureusement, aucun chiffre n’a été fourni, il est donc impossible de savoir à quel point la mesure ferait réellement changer les choses.

Le NPD souhaite aussi interdire les frais de consommation de données pour l’Internet résidentiel, et forcer les fournisseurs cellulaires à offrir des plans illimités. En matière d’accessibilité, le parti prévoit la création d’une société de la couronne qui s’assurerait que toutes les communautés au pays sont bien servies.

Parti conservateur: s’ouvrir à la concurrence étrangère

Le Parti conservateur souhaite augmenter la concurrence parmi les fournisseurs d’accès en ouvrant la porte aux entreprises étrangères, à condition qu’elles viennent de pays qui sont aussi ouverts aux investissements canadiens.

Force est toutefois de constater que la mesure est plus facile à dire qu’à faire. Comme le faisait remarquer le journaliste spécialisé Sasha Seagan, les fréquences pouvant être utilisées pour construire des réseaux mobiles ont toutes été attribuées au cours des dernières années, et il serait désormais pratiquement impossible de bâtir un nouveau réseau en partant de zéro au Canada.

Le Parti conservateur propose aussi quelques solutions pour l’accessibilité, notamment des investissements dans l’infrastructure nécessaire pour que tous les Canadiens aient accès à la haute vitesse d’ici 2025 (rappelons qu’au Québec, cet objectif devrait être atteint en 2022).

Photo: Benjamin Dada, Unsplash

Bloc québécois: rapatrier le CRTC

Le Bloc québécois ne propose aucune mesure en lien avec le coût des télécommunications, mais il propose la création d’un nouvel organisme québécois qui se substituerait au CRTC.

La mesure est toutefois surtout présentée dans un contexte de protection de la culture dans le programme du parti, et non d’abordabilité des télécommunications. Il est donc difficile de savoir si elle aurait un impact sur ce point.

Parti vert: forcer la main du CRTC

La plateforme électorale du Parti vert fait mention de son intention d’offrir un Internet accessible et abordable, sans toutefois préciser plus en détail comment le parti y parviendrait.

Un candidat de la Saskatchewan a toutefois affirmé que le parti souhaitait forcer le CRTC à adopter une décision de 2019 qui a été abandonnée cette année, et qui aurait forcé les fournisseurs d’accès Internet à diminuer leurs tarifs de gros, ce qui aurait permis d’augmenter la concurrence partout au Canada.

Parti libéral: rien

Après avoir fait de grandes promesses aux élections de 2019 à propos des coûts des services sans fil au Canada, l’abordabilité n’est plus au programme des libéraux.

Pour le parti, les mesures mises en place au cours des dernières années ont en effet porté leurs fruits, puisque le prix des forfaits cellulaires aurait diminué de 21,4% entre juin 2020 et juin 2021, soit à peine moins que les 25% promis lors des dernières élections.

La réalité est toutefois plus complexe. Si le prix par gigaoctet a en effet diminué au Canada, la même chose s’est produite ailleurs dans le monde, et le pays n’est pas plus compétitif qu’il ne l’était. Comme l’explique l’analyste Bryson Masse du fournisseur TekSavvy, les Canadiens ont des forfaits avec plus de données qu’auparavant, mais leur facture, elle, n’a pas diminué.

Mieux comprendre la 5G

Avec le lancement du réseau de Rogers au printemps et de ceux de Bell et Telus cet été, la 5G est maintenant arrivée au Québec. Alors que les uns se demandent s’il faut s’en préoccuper, les autres se demandent s’il est temps de l’adopter. Voici ce qu’il faut savoir sur cette nouvelle génération de réseaux mobiles.

Des avantages techniques importants, mais pas essentiels sur un téléphone

Les avantages de la 5G sont nombreux, et ce, tant du côté des téléphones intelligents que des futurs objets connectés, comme les voitures autonomes ou les infrastructures qui propulseront les villes intelligentes, par exemple.

À court terme, la 5G sera surtout connue pour son utilisation sur un téléphone. Ceux qui essaieront la technologie noteront tout d’abord des vitesses plus rapides. À Montréal, sur le réseau de Bell, avec un téléphone Samsung Galaxy S20 Ultra, il a été possible d’atteindre une vitesse de plus de 350 Mb/s. Ce serait suffisant pour regarder plus d’une dizaine de films en ultra haute résolution sur Internet en même temps, ou encore pour télécharger une application en quelques secondes seulement. Est-ce trop pour nos besoins? Probablement. Ceux qui doivent effectuer des vidéoconférences occasionnelles sur leur réseau mobile, et non sur une connexion Wi-Fi, risquent tout de même d’apprécier la vitesse accrue.

À Montréal, sur le réseau de Bell, avec un téléphone Samsung Galaxy S20 Ultra, il a été possible d’atteindre une vitesse de plus de 350 Mb/s. Photo: Jonas Leupe, Unsplash

La 5G a aussi d’autres avantages, comme un plus faible temps de latence (le temps qu’une information prend avant d’arriver à destination). En pratique, celle-ci va faciliter le jeux vidéo en ligne, et surtout permettre le développement d’objets connectés plus réactifs. Une voiture intelligente pourrait ainsi profiter de la faible latence pour recevoir des informations cruciales plus efficacement, comme la présence d’un accident sur la route afin de freiner doucement à l’avance plutôt que brusquement à la dernière minute.

La capacité des réseaux 5G est aussi plus grande que celle des réseaux 4G actuels, ce qui permettra par exemple d’utiliser votre cellulaire efficacement même dans un aréna plein à craquer.

Bref, tous des avantages intéressants, surtout à plus long terme, mais qui ne changeront pas votre utilisation de votre téléphone du jour au lendemain.

Des craintes pour la santé

La 5G attise aussi les craintes. Si on laisse de côté les théories conspirationnistes voulant relier la 5G à la COVID-19, plusieurs craignent le fait que la 5G utilisera dans le futur un nouveau type d’ondes, jamais utilisées dans les réseaux cellulaires.

Les futurs réseaux 5G utiliseront en effet des ondes dites millimétriques, qui permettront d’augmenter encore plus la vitesse que ce que l’on observe actuellement dans les premiers réseaux 5G, mais qui ont aussi des lacunes importantes.

Puisque les ondes millimétriques voyagent moins loin en ville que les ondes actuelles, les opérateurs devront en effet installer encore plus d’antennes. Et, puisque la technologie est nouvelle, on ignore quel sera son impact à long terme sur la santé humaine.

Pour l’instant, les chercheurs qui s’intéressent au sujet ne peuvent confirmer que ces ondes posent un risque. Mais ils ne peuvent confirmer qu’elles n’en posent pas non plus…!

Notons que la date de lancement des réseaux 5G utilisant des ondes millimétriques n’a pas encore été confirmée au Canada, mais qu’il faudra probablement attendre jusqu’en 2022 avant leur arrivée.

Comment en profiter?

Il n’y a aucune raison de se presser d’adopter la 5G. Si votre téléphone actuel répond à vos besoins, il est inutile de le changer. Si vous possédez un téléphone compatible, ou si vous devez remplacer votre modèle actuel et que vous optez pour un appareil dernier cri, accéder aux vitesses supérieures de la 5G est facile. Du moins, si vous résidez au bon endroit.

Pour l’instant, seuls les abonnés de Bell, Rogers et Telus habitant à Montréal peuvent profiter de la technologie 5G. Et même là, les réseaux ne sont pas offerts partout.

Chez Bell et Telus, le réseau est déployé dans le périmètre encadré par l’autoroute 40 au nord, la rue Papineau à l’est, le fleuve Saint-Laurent au sud et l’autoroute 15 à l’ouest. Le réseau de Rogers est pour sa part un peu plus éparpillé, avec des zones dans le centre-ville, dans Hochelaga, sur le Plateau Mont-Royal et à Pointe-Saint-Charles, notamment. Dans un cas comme dans l’autre, les zones desservies risquent de s’étendre rapidement.

Pour en profiter, il suffit de posséder un téléphone compatible. Quelques modèles 5G ont déjà été lancés au cours des derniers mois, notamment les gammes Samsung Galaxy S20 et Huawei P40. Le LG V60 ThinQ et le Motorola Edge sont aussi compatibles. Les iPhone actuels ne le sont pas, mais les prochains modèles attendus pour l’automne devraient l’être.

Un téléphone compatible devrait automatiquement se connecter à un réseau 5G si celui-ci est disponible, mais certains opérateurs demandent d’activer (gratuitement) la fonctionnalité au préalable. Notons que les opérateurs devraient exiger un supplément mensuel pour accéder au réseau 5G à partir de mars 2021, mais que les plans pourraient changer d’ici là.

Attention toutefois: en ayant accès à des vitesses rapides, les utilisateurs pourraient être tentés de faire des choses sur réseau mobile qu’ils réservaient jusqu’ici pour leur réseau Wi-Fi (comme des vidéoconférences, justement). L’accès au réseau 5G est peut-être gratuit, mais les données consommées, elles, continuent d’être payantes.

Les aînés, de plus en plus connectés

Les nouvelles technologies séduisent davantage les aînés qu’il y a 10 ans. C’est du moins ce que révèle une étude du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO).

Depuis près de 20 ans, l’enquête NETendances sonde les Québécois afin de connaître leurs activités numériques et documenter leur adoption des nouvelles technologies. Alors que le futur de cette populaire enquête est menacé par la fermeture du CEFRIO, prévue à la fin du mois, on en a profité pour évaluer comment le fossé numérique des générations a évolué au cours de la dernière décennie.

Salaire élevé, aîné connecté

«L’utilisation d’Internet est généralement l’apanage des jeunes et surtout de ceux qui appartiennent à la Génération Y», affirmait l’enquête NETendances en 2009. Bien que l’enquête ne parlait pas de «fossé des générations», il y en avait certainement un. En effet, 92,5% des adultes de 18 à 24 ans utilisaient Internet au moins une fois par semaine… contre 36% des 65 ans et plus.

Il y a 10 ans, un pouvait parler d'un «fossé des générations» quant à l'utilisation d'Internet; ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

En 2019, ce sont maintenant 78% des 65 à 74 ans qui utilisent Internet toutes les semaines (et 71% pour les 75 ans et plus). C’est moins que la population en général (92%), mais on ne peut plus parler de fossé des générations. L’âge a encore un impact sur les activités réalisées sur Internet, surtout après 65 ans, mais celui-ci n’est plus aussi tranché qu’il y a 10 ans.

Aujourd’hui, c’est l’argent qui change la donne chez les aînés. Dans la section «Les aînés connectés au Québec» de la publication NETendances 2019, le CEFRIO indique que, en 2019, le taux d’accès quotidien à Internet chez les 65 ans et plus ne s’élève qu’à 34% pour ceux qui gagnent moins que 20 000$ par année. Une proportion qui bondit à 60% pour ceux dont le revenu annuel se situe entre 20 000$ et 39 999$ et qui atteint 82% chez ceux qui gagnent de 80 000$ à 99 999$.

À chaque génération son appareil de prédilection

La technologie a beaucoup évolué en une décennie. En 2009, les Québécois de tous les âges accédaient à Internet avec un ordinateur plus qu’avec tout autre appareil. Avec les années, la population a adopté d’autres technologies, dont le téléphone intelligent et la tablette électronique.

Si l’adoption s’est réalisée plus rapidement chez les plus jeunes au début de la dernière décennie, on observe désormais que chaque tranche d’âge a son propre profil d’utilisation des divers appareils.

TABLETTE

39% des 18 à 24 ans possèdent une tablette, mais seulement 1% d’entre eux s’en servent comme moyen principal pour accéder à Internet. Chez les 55 à 64 ans, 59% en possèdent une et 27% s’en servent comme moyen principal pour accéder à Internet. Cette proportion augmente chez les 65 à 74 ans (31%) et les 75 ans et plus (35%).

TÉLÉPHONE INTELLIGENT

Le téléphone intelligent est le moyen le plus utilisé pour accéder à Internet chez les moins de 55 ans… et le moins populaire chez les plus de 55 ans (qui préfèrent l’ordinateur portatif, suivi de la tablette).

Il sera intéressant de voir si ces habitudes varieront au cours des prochaines années, d’autant plus que l’adoption du téléphone intelligent chez les 65 ans et plus a explosé depuis 2016, passant de 26% à 46% en 4 ans.

L’adoption du téléphone intelligent chez les 65 ans et plus a explosé depuis 2016.

Un usage de plus en plus audacieux

Ce que font les Québécois sur Internet a aussi beaucoup évolué dans les 10 dernières années. En 2009, la principale activité des 65 ans et plus était – et de loin – la consultation des courriels et la recherche d’informations. Ce même groupe adopte désormais des habitudes beaucoup plus actives et variées.

En 2009, pendant que 67% des Québécois de 25 à 34 ans effectuaient des opérations bancaires sur Internet, seuls 14% des 65 ans et plus pouvaient en dire autant (et 34% des 55 ans et plus). Cette proportion a explosé en 10 ans, passant à 70% pour les 55 à 64 ans et à 59% chez les 65 à 74 ans. Les 65 à 74 ans ont aussi massivement adopté les appels vidéo (27%), rattrapant presque les 25 à 34 ans (33%).

Il existe encore des différences importantes dans certaines catégories, comme l’achat en ligne. Ces différences sont toutefois beaucoup moins marquées qu’à l’époque. En 2009, 5% des 65 ans et plus s’adonnaient au commerce électronique, contre 20% de la population dans son ensemble. En 2019, ce sont plutôt 28% des 65 ans et plus, contre 63%.

Les aînés font encore peu d'achats en ligne comparativement à l'ensemble de la population.

Ces sondages ont été réalisés en 2019, avant la pandémie de COVID-19. Vidéoconférences, achats en ligne, transactions bancaires: il y a fort à parier que de nombreux Québécois ont adopté ces usages pour la première fois au cours des derniers mois et que plusieurs conserveront leurs nouvelles habitudes.

À ce compte, une étude NETendances 2020 aurait apporté un regard éclairant sur la transformation numérique de la société québécoise après la pandémie. Espérons que quelqu’un d’autre pourra reprendre NETendances après la fermeture du CEFRIO, car il aurait été difficile de trouver un pire moment pour arrêter de prendre le pouls de la société québécoise.

COVID-19 et télécommunications: qui offre quoi?

Frais d’itinérance annulés, chaînes de télé débrouillées, retrait des limites de données pour l’Internet résidentiel: les entreprises de télécommunications canadiennes offrent depuis quelques jours différentes mesures pour aider leurs clients à faire face à la crise de la COVID-19.

Des mesures pour Internet à domicile

Des milliers de Québécois doivent adopter ces jours-ci le télétravail. Les applications de vidéoconférence et les logiciels à utiliser à distance peuvent toutefois gruger rapidement les quantités de données allouées dans les forfaits de données, qui sont encore souvent limitées au Canada. Pour cette raison, la grande majorité des fournisseurs ont opté pour retirer les limites de données des forfaits.

C’est notamment le cas de Vidéotron, et ce, tant pour ses clients résidentiels que d’affaires. La mesure est appliquée automatiquement, et elle a été confirmée jusqu’au 30 avril pour l’instant.

Du côté de Bell et de Telus, la mesure ne touche que les clients résidentiels, et elle a aussi été confirmée jusqu’au 30 avril. Rogers annule également les frais pour ses clients résidentiels, mais jusqu’au 31 mai. Plusieurs petits fournisseurs ont aussi emboîté le pas. C’est notamment le cas de TekSavvy, qui a annulé les frais jusqu’au 5 avril, et de EBOX, qui l’a fait jusqu’au 31 mars.

Reste à voir maintenant si les limites seront repoussées dans le cas, de plus en plus probable, où l’appel au télétravail se prolongerait.

Photo: Glenn Carstens Peters, Unsplash

Téléphonie mobile: surtout pour les voyageurs

La crise de la COVID-19 ne devrait pas avoir d’impact sur votre forfait cellulaire, sauf si vous êtes à l’étranger. La consigne n’est de pas voyager à moins que ce soit absolument nécessaire, mais si vous devez le faire, voici ce que les principaux réseaux offrent en lien avec la situation actuelle.

L’opérateur le plus généreux en ce moment est Rogers, qui annule, avec sa division Fido, tous les frais d’itinérance entre le 16 mars et le 30 avril 2020. L’entreprise a aussi retiré les frais d’interurbains au Canada pour ses utilisateurs et s’est assurée que les services ne seront pas interrompus pour les clients qui éprouvent des difficultés financières, et ce, pendant les 90 prochains jours.

Vidéotron a aussi annulé ses frais d’itinérance partout dans le monde, jusqu’au 30 avril. Rien n’a toutefois été annoncé pour l’instant concernant les utilisateurs qui éprouveraient des difficultés financières.

Telus annule pour sa part les frais d’itinérance dans tous les pays du 13 mars au 30 avril, à l’exception de l’Amérique du Nord, de l’Amérique centrale et des Caraïbes (et donc plusieurs destinations populaires, comme les États-Unis). Pour ce qui est des clients qui pourraient avoir des difficultés à payer leur solde, l’entreprise affirme qu’elle offrira «des modalités de paiement flexibles», et ce, tant à ses clients résidentiels qu’aux petites entreprises.

Bell a finalement annulé les frais d’itinérance pour toutes les destinations, tant pour les particuliers que pour les petites entreprises, du 18 mars au 30 avril.

Photo: Alvaro Reyes, Unsplash

Télévision: plusieurs chaînes débrouillées

Ceux qui n’ont pas encore débranché le câble ont droit à beaucoup de contenu ces jours-ci, ce qui devrait être particulièrement apprécié des familles en quarantaine et de ceux qui cherchent à s’informer.

Il serait trop long d’énumérer toutes les listes de chaînes débrouillées, mais mentionnons que chaque fournisseur en a rendu plusieurs accessibles au cours des derniers jours.

La (généreuse) liste des chaînes débloquées par Bell peut être consultée ici. La durée varie d’une chaîne à l’autre, généralement jusqu’à la mi-avril ou jusqu’au début mai. On y retrouve notamment des chaînes d’information, des chaînes familiales, des chaînes internationales et des chaînes de documentaires et de films.

Vidéotron n’indique pour sa part pas toutes les chaînes débloquées, mais plusieurs de celles offertes par Bell le sont ici aussi. L’opérateur affirme aussi que d’autres seront ajoutées avec le temps. Vidéotron a finalement rendu certains contenus sur demande gratuits sur Illico et HELIX, et ce, jusqu’au 30 avril.

Telus a aussi débrouillé quelques chaînes, mais moins que ses principaux concurrents pour l’instant. La liste des chaînes est accessible ici.

Notons que certains fournisseurs de télé IP se sont aussi adaptés. C’est notamment le cas de EBOX, qui a ainsi débrouillé des chaînes d’information, pour la famille, de documentaires et des chaînes de séries télé, comme Séries+ et Showcase.

Photo: Glenn Carstens Peters, Unsplash

Des activités réduites et des magasins fermés

Comme bon nombre d’entreprises, les grands opérateurs de télécommunications canadiens ont tous modifié leurs heures d’ouverture et leurs façons de procéder pour les visites à domicile.

Bell a par exemple mis ses activités de marketing de proximité sur pause, et plusieurs de ses magasins seront fermés jusqu’au 31 mars. Ceux qui resteront ouverts, les plus gros qui ne sont pas dans des centres commerciaux, fonctionneront avec des heures d’ouverture réduites. La liste des magasins ouverts est accessible ici.

Vidéotron a aussi annoncé des mesures similaires, en fermant certains points de vente. La liste des boutiques qui demeurent ouvertes pour les services essentiels est accessible ici. Notons que certains services ne sont toutefois plus offerts, comme le retour d’équipement, le maintien des services de garantie des appareils mobiles par un remplacement ou une réparation et la démonstration de produits.

Tant chez Bell que chez Vidéotron, les techniciens continuent de faire des visites à domicile, sauf ceux qui doivent rester à la maison. Ici aussi, certains services ne sont toutefois plus offerts. Les techniciens de Vidéotron n’iront plus débrancher de produits, ni ajouter de nouveaux équipements (l’auto-installation sera privilégiée), par exemple. Dans les deux cas, les opérateurs invitent évidemment les consommateurs malades à reporter les visites à une date ultérieure.

Telus a pour sa part fermé toutes ses boutiques dans les centres commerciaux, mais conservé ses autres boutiques ouvertes. Rien n’a été annoncé pour les visites à domicile.

Rogers a aussi fermé certaines boutiques et modifié ses heures d’ouverture. L’entreprise continue d’offrir le service à domicile, mais invite tout de même ses clients à reporter leurs rendez-vous ou à installer leurs services eux-mêmes.

Des plateformes en ligne offrent quelques cadeaux

Les services de diffusion se sont aussi adaptés au coronavirus, certains mieux que d’autres.

La plateforme Tou.TV a par exemple rendu gratuit du contenu qui était auparavant réservé à Tou.TV Extra, sa plateforme payante. On retrouve notamment du contenu familial, des séries dramatiques et des séries documentaires. Notons que, par hasard, Tou.TV Extra avait aussi lancé ce mois-ci deux de ses séries les plus attendues à ce jour, C’est comme ça que je t’aime et La Maison-Bleue.

Disney+ a choisi de devancer la date de lancement du film La reine des neiges 2 de trois mois. Netflix a pour sa part lancé une extension pour le navigateur Chrome, Netflix Party, qui permet de regarder du contenu en groupe par Internet.

Amazon Prime Video et Apple TV Plus n’ont toujours rien annoncé pour l’instant.

Est-ce qu’Internet tiendra le coup?

Télétravail, contenus télé, jeux vidéo en ligne: la consommation Internet à la maison risque d’exploser au cours des prochaines semaines. Les opérateurs se montrent toutefois rassurants par rapport à la stabilité de leurs réseaux.

«Absolument, aucune inquiétude à avoir! Notre réseau a été bâti pour faire face à ce type de situation», affirme notamment Vidéotron sur son site. Telus explique pour sa part s’être préparé à «faire face à l’augmentation du volume et du trafic de données», et ce, tant sur son réseau filaire que sur ses réseaux mobiles.

Rogers a pour sa part connu une panne en début de semaine en Ontario, mais celle-ci aurait été causée par une mise à jour déjà prévue à l’horaire, et non à cause d’une augmentation de la consommation en lien avec la COVID-19.

Reste à voir si les services que les gens utilisent, eux, pourront tenir le coup. Au cours des derniers jours, plusieurs outils de télétravail (Microsoft Teams, Skype, Zoom), des jeux vidéo en ligne (les plateformes de Nintendo et Microsoft) ont par exemple connu des pannes.

Notons aussi que si les opérateurs canadiens se montrent confiants, quelques réseaux à l’étranger n’ont pas été capables de répondre à la demande. Au Royaume-Uni, par exemple, quatre des principaux réseaux mobiles ont été hors ligne pendant cinq heures mardi, affectant ainsi des milliers de citoyens britanniques. Espérons maintenant que les réseaux canadiens seront plus solides.

Desjardins et vol d’identité: démêler le vrai du faux

Les dangers reliés au vol d’identité sont bien réels, et le vol d’informations personnelles de 2,7 millions de Québécois membres chez Desjardins pourrait faire mal aux victimes. Il ne faut toutefois pas croire tout ce qu’on entend...

Mes informations peuvent être utilisées pour me voler

Réponse: vrai (et ce n’est pas tout)

L’employé de Desjardins qui a volé les informations personnelles de 2,7 millions d’utilisateurs a obtenu une longue liste d’informations, comme le nom et le prénom, la date de naissance, le numéro d’assurance sociale (NAS) et l’adresse courriel de ces personnes.

Avec ces informations, et avec un peu de recherche connexe, un malfaiteur pourrait obtenir une carte de crédit en votre nom, demander un prêt pour l’achat d’une auto et beaucoup plus.

Le vol n’est toutefois pas le seul intérêt de ceux qui obtiennent ces données. Un groupe organisé pourrait aussi, par exemple, s’en servir pour créer de fausses pièces d’identité et ensuite les utiliser pour obtenir des téléphones pour mener des opérations illicites anonymement.

On pourrait même voler ma maison

Réponse: vrai

Les voleurs d’identité qui obtiennent des informations personnelles optent généralement pour la facilité: effectuer des opérations qui demandent le moins d’interactions possible en personne, et qui payent de petits montants, mais rapidement.

En y mettant beaucoup d’efforts (par exemple en obtenant plusieurs preuves d’identité et en enquêtant sur la victime), il est toutefois possible de commettre des crimes plus complexes et aussi plus payants. L’un d’eux est le vol de maison.

Notons que la victime pourra retrouver sa demeure par la suite, mais qu’elle devra généralement investir du temps et de l’argent pour le faire.

 

Photo: CMDR Shane, Unsplash

J’ai été fraudé, c’est à cause de Desjardins

Réponse: pas forcément

Près de 200 individus ont porté plainte au cours des deux dernières semaines, indiquant avoir été victimes d’un vol d’identité à la suite de la fraude chez Desjardins.

C’est peut-être le cas, mais dans les faits, rien n’indique que ce vol est la source de leurs maux. On a dénombré 24 000 vols d’identité au Canada en 2014, et 36 000 en 2016. Non seulement ce crime est en hausse, mais il ne serait dénoncé qu’une fois sur dix.

Il s’agit d’un crime de plus en plus commun, qui aurait très bien pu être perpétré avant le vol de données chez Desjardins. Il est d’ailleurs possible que la fuite ait mis le vol d’identité en lumière pour bien des citoyens, qui ont ensuite effectué les vérifications qui les ont menés à cette découverte.

Mes informations sont en vente libre sur le marché noir

Réponse: pas forcément

L’enquête policière entourant le vol de données chez Desjardins est toujours en cours. En ce moment, on ignore toujours jusqu’à quel point la base de données volée a été diffusée.

Un numéro d’assurance sociale vaut de l’or sur le Web profond

Réponse: faux

Le numéro d’assurance sociale est commun (il s’agit d’un numéro que l’on a donné à tous nos employeurs, institutions financières et plus) et il est assez difficile d’en profiter (comparativement à un numéro de carte de crédit, par exemple). Pour ces raisons, sa valeur sur le Web profond – une partie de l’Internet non accessible avec un fureteur traditionnel, où plusieurs marchés clandestins existent – est assez limitée.

Selon une analyse de la firme Experian, un numéro d’assurance sociale est vendu au prix de 1$ US seulement, en moyenne. À titre indicatif, un dossier médical peut se négocier jusqu’à 1000$ US, un service en ligne (de type Netflix), jusqu’à 10$ US et un compte de fidélité (de type Aéroplan), jusqu’à 20$ US.

En effectuant une brève recherche sur le Web profond, on a aussi trouvé des comptes de Postes Canada vendus au prix de 20$. Un compte du genre peut notamment être utilisé pour rediriger du courrier vers une autre adresse, et faire durer une fraude plus longtemps ou obtenir des cartes de crédit demandées en votre nom.

On a également trouvé des services permettant d’obtenir, pour 10$ seulement, le numéro d’assurance sociale de pratiquement n’importe quel citoyen américain précis. La valeur du numéro d’un citoyen pris au hasard – comme une victime du vol de Desjardins – est évidemment bien moindre, comme l’indiquait l’analyse d’Experian.

On peut voler mon identité à l’autre bout du monde

Réponse: vrai (mais le coupable est probablement ici)

L’un des grands problèmes de la fraude en ligne est qu’elle peut être accomplie de partout dans le monde, ce qui augmente le nombre de criminels potentiels, complexifie les enquêtes et rend les arrestations difficiles.

C’est particulièrement vrai avec les comptes en ligne et les cartes de crédit. Dans le cas ci-présent, oui, quelqu’un à l’étranger pourrait se créer de fausses cartes et les utiliser pour commettre des fraudes – et il y a d’autres types de fraudes qui peuvent être réalisées à distance –, mais considérant les informations obtenues (les accès bancaires, entre autres, n’ont pas été volés), celles-ci risquent surtout d’être utilisées localement. C’est, évidemment, une bien mince consolation.

Je suis à risque pour le reste de ma vie

Réponse: vrai

Malheureusement pour les victimes du vol de données chez Desjardins, ce problème pourrait les suivre encore longtemps. Les victimes de vol d’identité, surtout dans les cas les plus complexes, peuvent parfois prendre des années à s’en remettre. Quelqu’un qui obtient les informations de Desjardins pourrait aussi attendre quelques années avant de faire ses attaques.

Le problème est, au moins, encadré pour cinq ans, période pendant laquelle les membres de Desjardins dont les données ont été obtenues pourront souscrire gratuitement à une protection chez Equifax. Surveiller le dossier de crédit d’un utilisateur n’annule pas tous les risques, mais cela protège au moins des problèmes les plus fréquents.

Desjardins devrait aussi annoncer à l’automne une solution pour la suite des choses, une sorte de service de protection offert à vie et gratuitement par la caisse.  Dans un cas comme dans l'autre, ces solutions ne sont pas une panacée. Tôt ou tard, un vol d'identité risque de survenir. Il ne reste qu'à espérer le découvrir à temps et corriger la situation par la suite, ce qui est loin d'être idéal.

La meilleure solution pour régler le problème est de changer le NAS des victimes

Faux.

Une pétition circule en ce moment pour demander au gouvernement de remplacer tous les numéros d’assurance sociale des victimes du vol de données chez Desjardins. 93 000 personnes l’ont déjà signée.

Donner de nouveaux NAS à 2,7 millions de personnes ne serait toutefois qu’un soulagement temporaire. Le NAS n’est tout simplement pas un bon outil pour protéger l’identité des Canadiens. Pour régler autant les vols de données passés que les autres fuites à venir, certaines options plus modernes existent, comme la mise en place d’une identité numérique. Cette solution permettrait de protéger plus efficacement notre identité et représenterait autant une solution à long terme pour les 2,7 millions de victimes de Desjardins que pour tous les autres Canadiens qui sont de plus en plus touchés par des fuites du genre.

Espérons maintenant que le vol de données chez Desjardins et que les élections fédérales de l’automne prochain permettront de faire changer les choses.