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Décès de la journaliste Louise Cousineau

C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de Louise Cousineau, critique de télévision vedette de La Presse pendant des décennies. Mme Cousineau était âgée de 86 ans. Elle était à la retraite d’une carrière qui aura duré près de 60 ans, jalonnée de papiers qui ont fait réagir bien des artisans et des artistes du milieu et que les lecteurs savouraient.

Jeune journaliste, elle faisait partie des grands que j’admirais, que je lisais avec délectation. Quelle plume, souvent corrosive et tout aussi souvent teintée de son humour particulier. Elle était venue en conférence dans un de mes cours de journalisme, elle était tout aussi impressionnante que brouillon dans son allure, dans son franc parler,  mais elle en imposait parce qu’elle était authentique. No bullshit avec Louise Cousineau.

Elle faisait partie des piliers de La Presse, la rubrique qu’on avait hâte de lire. Et même s’il ne s’agissait que de télévision, Louise Cousineau savait en parler avec intelligence et avec une profonde compréhension des codes de cette industrie et de sa place au sein de la culture québécoise. Il faut dire qu’à l’époque où elle écrivait, nous n’étions pas tous écartelés entre 100 plateformes et que les Québécois communiaient aux mêmes grandes messes télévisuelles. On se souvient tous en riant ou sérieusement de sa chronique «La scène la plus érotique de la télé?» dont elle avait fait l’apologie en parlant d’un épisode de la série Les filles de Caleb et qu’elle reprochait au beau Roy Dupuis de ne pas assez articuler.

Elle ne s’est pas fait que des amis dans le milieu avec ses chroniques parfois assassines, et n'hésitait pas à critiquer ses propres collègues de l'époque, notamment le Lance et compte de Réjean Tremblay,  mais elle aussi confirmé ou lancé la carrière de bien d’autres. Elle était crainte, mais elle était respectée. Je ne me souviens pas d’avoir lu une chronique d’elle où je sentais que l’envie de faire du style ou de puncher son propos l’ait emporté sur la justesse du propos ou à tout le moins sur sa sincérité. Je l'ai moins suivie à la radio où elle a également chroniqué, ça ne devait pas être ennuyant à écouter.

C’est avec émotion et un profond respect que je souligne son décès. Des personnages comme elle, ceux de l'époque des journalistes cigarette au bec et jurons, il ne s’en fait plus, mais j’ai eu la chance d’en lire et d’en côtoyer quelques-uns et ils m’ont beaucoup appris.

Bon voyage Mme Cousineau, peut-être serez-vous occupée à nous regarder dans cet immense show qu’est la vie, mais qui, hélas, ne ferait pas toujours de la bonne télé. Je ne vous oublierai pas.

Toutes mes condoléances et celles de l'équipe d'Avenues.ca à ses proches.

Décès de Jacques Duval, le père du fameux Guide de l’auto

Les Québécois de plusieurs générations connaissaient et appréciaient ce passionné d’automobile qui fut annonceur, animateur et chroniqueur à la radio, à la télévision et dans la presse écrite. Jacques Duval, né à Lévis en 1934, s’est éteint mardi à l’âge de 89 ans, laissant dans le deuil sa conjointe, ses trois enfants et ses petits-enfants.

Sa carrière dans les médias débute en 1950, il n’a alors que 16 ans! En 1964, son engouement pour les voitures, l’entraîne sur les pistes de course. Pendant sept ans, jusqu’en 1971 il fera les circuits comme pilote et remportera à plusieurs reprises le Grand Prix de Trois-Rivières et remportera également en 1971, le 24 heures de Daytona, une course qu’aucun autre Canadien n’avait gagnée avant lui.

Parallèlement à ses exploits derrière le volant, il poursuit sa carrière dans les médias. Pendant son passage à Télé-Métropole, il se fera remarquer avec sa chronique Le cimetière des disques, qui inspirera plus tard Claude Rajotte à Musique Plus. Dès 1966 il anime l’émission Prenez le volant, qui sera en ondes à Radio-Canada jusqu’à 1974 et qui le fera connaître du grand public. En 1967, il crée Le guide de l’auto, qui sera mis à jour et réédité chaque année et qui deviendra la bible de l’automobile pour de très nombreux québécois. Jacques Duval a dirigé le Guide de l’auto pendant 37 ans jusqu’en 2004 et y a collaboré par la suite.

Au fil des ans, il sera de nombreuses émissions de télévision sur différentes chaînes, et sera notamment chroniqueur à La Presse pendant une quinzaine d’années. Amoureux et défenseur de la langue française, il a largement contribué à la francisation des termes dans le domaine de l’automobile, comme René Lecavalier l’avait fait pour le hockey.

En 2006, il fait paraître sa biographie, intitulée De Gilbert Bécaud à Enzo Ferrari. Rappelons que Jacques Duval a été intronisé au Temple de la renommée du sport automobile canadien. En 2011, le gouvernement du Québec a souligné son accomplissement et sa contribution au développement culturel de la société québécoise en lui remettant le prix Georges-Émile-Lapalme pour son œuvre et la qualité exceptionnelle de sa contribution au développement culturel du Québec.

Nous offrons toutes nos sympathies à sa famille et ses proches.

 

Mort du créateur et mécène Daniel Langlois (1957-2023): le Québec en deuil d’un visionnaire

Fin tragique pour l’homme d’affaires et philanthrope montréalais Daniel Langlois.

Vendredi dernier, son corps et celui de sa femme, Dominique Marchand, ont été retrouvés calcinés dans leur voiture, en Dominique, où ils s’étaient installés pour développer un luxueux complexe hôtelier écologique, le Coulibri Ridge Resort. La police locale aurait procédé à l’arrestation de suspects dans ce qui ressemble à une querelle de voisinage. Cette vengeance contraste avec l’engagement social et économique dont le couple a fait preuve dans le développement de l’île de la Dominique, notamment après le passage de l’ouragan Maria en 2017.

Fin tragique pour l’homme d’affaires et philanthrope montréalais Daniel Langlois.

Même s’il était moins présent dans notre actualité ces dernières années, Daniel Langlois demeure une figure majeure du développement culturel de Montréal. Il a été à la fois un créateur, un inventeur, un mentor, un entrepreneur, et un mécène.

Daniel Langlois et sa femme Dominique Marchand s’étaient installés en Dominique pour développer un luxueux complexe hôtelier écologique, le Coulibri Ridge Resort. Photo: Coulibri Ridge Resort

Qu’on se rappelle de l’impact que le film d’animation Tony de Peltrie, auquel il a été associé à l’ONF et à l’Université de Montréal, a eu sur la réputation de Montréal, aussitôt devenue le vivier de la création d’animation de synthèse dans le monde. La fondation de Softimage qui s’en est suivi a décuplé cette notoriété lorsque des films comme Le Parc Jurassique et Titanic ont utilisé le logiciel développé par Langlois. L’établissement de son entreprise sur le boulevard Saint-Laurent, angle Milton, a donné un élan formidable à ce secteur de la ville.

Même s’il était moins présent dans notre actualité ces dernières années, Daniel Langlois demeure une figure majeure du développement culturel de Montréal.

Lorsqu’il vend Softimage à Microsoft pour la somme de 200 millions $, il crée une fondation à son nom, qui contribuera au développement de nombreux projets à Montréal. Le cinéma Excentris est un de ceux-là. Trois salles modernes (Parallèle, Cassavetes, Fellini) où les cinéphiles ont rendez-vous avec le meilleur du cinéma d’auteur international. L’établissement, d’un grand raffinement architectural, comptait aussi le mémorable café Meliès, dirigé par le très sympathique Paolo Oliveira. Daniel Langois savait s’entourer de gens rigoureux à tous les échelons.

Le cinéma Excentris, une des nombreuses initiatives de Daniel Langlois.

Le cinéma a été la discipline de prédilection de ce créateur. Son ami François Girard aime dire que Langlois a propulsé le 7e Art dans l’avenir, que son apport a été aussi majeur que l’invention du film en couleur.

La fortune que lui a value la création de son logiciel, il en a fait profiter à beaucoup de monde. Il a sauvé le cinéma Parallèle, racheté le Cinéma du Parc qui battait de l’aile, on le retrouve aux côtés du Festival du nouveau cinéma qu’il maintient en vie, il crée un marché international du cinéma numérique. Il produira même des films boudés par les grands subventionnaires que sont Téléfilm et la Sodec. Il sera derrière le financement du film de Robert Lepage La face cachée de la lune, d’Amelia d’Édouard Lock.

Plusieurs artistes et événements nichés ont aussi bénéficié de son mécénat: Luc Courchesne, Marie Chouinard, Michael Snow, Jana Sterbak, Rafael Lozano-Hemmer, Images du futur de Ginette Major et Hervé Fischer. Je me risque à ajouter Stéphane Cocke qui a produit quatre formidables disques de musique lounge, les fameux Café Méliès.

L'un des quatre formidables disques de musique lounge Café Méliès.

On doit aussi à Daniel Langlois la restauration impeccable de l’ancien édifice des Commissaires du 357 de la Commune, malheureusement inoccupé aujourd’hui. Le récit de la requalification de ce bâtiment historique pour en faire un club social privé démontre son goût pour les choses bien faites. Dans ses projets immobiliers, il aura offert l’opportunité aux entrepreneurs et artisans du Québec de donner le meilleur d’eux-mêmes.

On doit aussi à Daniel Langlois la restauration impeccable de l’ancien édifice des Commissaires du 357 de la Commune, malheureusement inoccupé aujourd’hui.

Daniel Langlois était un esthète et un visionnaire. Comment oublier les fameux guichets du cinéma Excentris qui nous obligeaient de transiger avec un préposé dans un écran? Les fameux hublots! C’était avant le téléphone intelligent. Ça a fait pester beaucoup de monde, qui trouvait ça froid et péteux. Moi, j’ai toujours aimé cet endroit à nul autre pareil à deux pas de chez moi.

Comme journaliste, il n’était pas facile de transiger avec Daniel Langlois, souvent retranché dans sa tour d’ivoire du 3536 boulevard Saint-Laurent. Heureusement, il a longtemps eu Sylvie Deslauriers comme attachée de presse pour adoucir son image. Ceux qui comme elle connaissait bien le personnage disent qu’il n’était pas froid et distant, mais réservé, pudique et immensément généreux.

Beaucoup de ses projets se sont malheureusement terminés en queue de poisson, mais je garde personnellement plusieurs bons souvenirs de ses réalisations qui ont élevé le niveau de ce qui se faisait à Montréal. On pourrait dire que Phoebe Greenberg est dans la directe ligne de l’œuvre de Daniel Langlois.

Sa mort, à 66 ans, est une bien triste nouvelle et une grande perte pour Montréal. Le Québec n’a pas les moyens de perdre, dans des circonstances aussi atroces, une personne de ce calibre, avec ce genre d’exigence, et aussi généreux pour la culture. 

Décès de Guy Latraverse, le showbiz québécois en deuil

Nous avons appris avec tristesse le décès de Guy Latraverse. Celui que l’on considère comme le père du showbiz québécois s’est éteint dimanche à l’âge de 84 ans. Hospitalisé à la suite d'une longue maladie, M. Latraverse s’est éteint dans son sommeil.

Il n’était pas sur scène ni à l’écran, sauf pour des entrevues, mais pourtant tout le Québec connaissait Guy Latraverse, à qui l’ADISQ avait rendu un hommage vibrant en 2013 pour ses 50 ans de carrière. Et pour cause! Robert Charlebois, Diane Dufresne, Yvon Deschamps, Gilles Vigneault, Félix Leclerc et tous les grands noms du showbiz québécois ont travaillé avec lui. Certains considèrent même lui devoir leur carrière.

Souffrant de bipolarité, avec les écueils que cela impliquait, Guy Latraverse avait le sens du grandiose et de la démesure. Ceux qui ont assisté au spectacle de Diane Dufresne, Magie rose au Stade olympique, peuvent en témoigner.

Il a été derrière d'immenses succès de scène et a participé à la création de spectacles événements qui ont marqué le paysage culturel du Québec, comme les Francofolies, festival qu'il a créé en 1989 avec Alain Simard et qui continue de faire vibrer la scène montréalaise chaque année.

Guy Latraverse en 1979. Photo: BAnQ

Originaire de Chicoutimi, le jeune Guy Latraverse, qui accepte de faire la comptabilité et la gestion d’affaires de Claude Léveillé, alors l’amoureux de sa sœur, la comédienne Louise Latraverse, se lance avec la fougue et la passion dans un métier qu’il invente sur mesure et devient ainsi producteur de spectacle, une nouveauté dans le paysage culturel de l’époque. À la fois producteur et impresario, il a été derrière de très nombreux spectacles à grand déploiement et d’émissions de télévision, comme Samedi de rire, Le plaisir croit avec l’usage et bien d’autres.

Son parcours exceptionnel lui auront valu d’être fait Chevalier de l’Ordre national du Québec et Officier de l’Ordre du Canada et a reçu de nombreux autres hommages, comme le prix Félix hommage en 1988.

Des nombreux artistes et acteurs du milieu culturel ont rendu hommage à l’homme de spectacle, l’innovateur et l’être humain d’exception qu’était Guy Latraverse. Toutes nos condoléances à sa famille. Nous saluons bien bas l’esprit inventif, l’audace et la créativité de ce producteur à l’âme d’artiste. Merci M. Latraverse.

Denise Bombardier s’éteint

C’est avec étonnement et tristesse que nous apprenons le décès de Denise Bombardier à 82 ans. Elle s’est éteinte paisiblement à la Maison de soins palliatifs Saint-Raphaël à Montréal des suites d’un cancer fulgurant, entourée des gens qui l’aimaient. Voici un bref survol de sa carrière.

Née le 18 janvier 1941 à Montréal, Denise Bombardier est recrutée par Radio-Canada à 12 ans pour faire des entrevues dans une émission pour enfants. Cette expérience professionnelle hâtive lui permet de payer ses études. Elle décroche alors un nombre impressionnant de diplômes : un baccalauréat en arts (1964), un baccalauréat en sciences politiques (1968), une maîtrise en sciences politiques (1971) puis un doctorat en sociologie de la Sorbonne (1974).

Après avoir occupé un poste de recherchiste pour l’émission Aujourd’hui, à Radio-Canada, elle restera pendant plus de 30 ans à l’emploi de la Société d’État où elle animera notamment Le Point, Entre les lignes, Trait-d’union, Aujourd’hui dimanche et L’Envers de la médaille. En 1979, elle est la première femme à produire et à animer une émission télévisée d'affaires publiques avec l’hebdomadaire Noir sur blanc, qui prend fin en 1983.

Sa carrière est ensuite marquée par l’écriture. En plus d’écrire pour plusieurs magazines et journaux, Denise Bombardier écrit une vingtaine de romans, d’essais et de biographies, dont La voix de France (1975), Une enfance à l'eau bénite (1985)Tremblement de coeur (1990), Aimez-moi les uns les autres (1999) Ouf! (2002), Et quoi encore! (2004), L’Énigmatique Céline Dion (2009), L’Anglais (2013), Dictionnaire amoureux du Québec (2014), Plus folles que ça, tu meurs (2017).  En 2018, elle fait paraître son autobiographie dont le titre n’aurait pas pu être mieux choisi : Une vie sans peur et sans regret.

Photo: BAnQ. Fonds La Presse

Celle qui se disait être «accro à la controverse et à la polémique» a maintes fois été décorée au fil de sa carrière. Elle a notamment été au rang d’officier de la Légion d’honneur française, faite Chevalière de l’Ordre national du Québec et membre de l’Ordre du Canada. Elle a également reçu le prix Reconnaissance-Francophonie du gouvernement du Québec pour sa contribution à la langue française et à la culture québécoise sur la scène internationale.

Denise Bombardier et Claude Charron. BAnQ. Fonds La Presse

Denise Bombardier signait une chronique dans le Journal de Montréal le 20 mai dernier. Son décès est un choc pour plusieurs. Nos pensées les plus sincères à son mari, ses enfants, et tous ses proches.

Photo: Facebook Les Éditions de l'Homme