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Tourisme au Québec: où en sommes-nous?

Comment se porte l’industrie touristique au Québec, alors que les frontières sont toujours fermées? Quelles régions et quelles entreprises s’en tirent le mieux? Si la «réinvention» a ses limites, la créativité constitue sans contredit une formidable alliée dans le contexte actuel, mais aussi pour l’avenir. Deuxième texte pour faire le point sur la situation du tourisme, cette fois-ci en se concentrant sur la Belle Province. (Pour lire le premier texte, par ici.)

Le tourisme au Québec, c’est beaucoup plus que les parcs nationaux et des icônes comme le rocher Percé. Selon des données du ministère du Tourisme relayées par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, en 2018, 402 000 personnes gravitaient dans cet univers, ce qui représente 9% des emplois générés par l’économie québécoise. Plus des deux tiers des quelque 30 000 entreprises liées à l’activité touristique se trouvent à l’extérieur des régions de Montréal et Québec et la majorité comptent moins de 20 employés.

Depuis mars 2020, toutes ont vécu les montagnes russes causées par la COVID-19, mais certaines ont ressenti plus violemment les descentes. Les mesures sanitaires rigoureuses étant plus difficiles à appliquer dans certains milieux, des entreprises n’ont eu d’autre choix que de suspendre leurs opérations, temporairement ou non, car parfois, le jeu n’en valait tout simplement pas la chandelle: le nombre de visiteurs permis et les frais encourus annihilaient toute tentative de sauvetage.

«C’est la pire crise, mondialement, que l’industrie a connue, résume Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. La baisse des vols internationaux est de 70% au niveau canadien et nous avons connu une baisse du chiffre d’affaires de plus de 60%. Le tourisme est l’une des premières industries frappées et ce sera l’une des dernières qui va se relever parce que nous sommes tributaires des rassemblements et des déplacements, qui sont deux des éléments sur lesquels la pandémie a le plus d’impact.»

Comment avancer quand son élan est constamment freiné par des éléments hors de son contrôle? Comment garder la foi quand chaque éclaircie est brouillée par une nouvelle averse? «C’est comme un marathon, mais avec une ligne d’arrivée qui se repousse constamment», illustre M. Soucy.

Le tourisme au Québec, c’est beaucoup plus que les parcs nationaux et des icônes comme le rocher Percé. Photo: Mathieu Dupuis, Facebook Tourisme Gaspésie

Des chiffres qui frappent

L’absence de touristes internationaux fait mal. Entre juin et août 2020, les attraits phares de la métropole ont connu une baisse de fréquentation de 75% selon Tourisme Montréal. Un communiqué de presse émis en octobre dernier faisait état d’une diminution de 95% du nombre de passagers à l’aéroport Montréal-Trudeau. De mai à juillet, moins de 25 000 voyageurs ont traversé les frontières canadiennes, ce qui représente une baisse de 97,8% par rapport à la même période en 2019. Dans l’est du Québec, le bilan de 2020 n’est guère plus reluisant, malgré un rebond pendant l’été.

Avant la pandémie, les voyageurs internationaux constituaient la principale clientèle de la métropole et de la capitale nationale. «Tout le trafic hors Québec est à 70% localisé à Québec et Montréal et à 30% dans les régions, alors que pour les Québécois, c’est 70% dans les régions et 30% à Québec et Montréal», explique Martin Soucy. À la lumière de ces chiffres, on s’étonne moins de la désertion des rues habituellement achalandées du Vieux-Montréal et du Vieux-Québec en haute saison.

Les liaisons aériennes régionales se font aussi de plus en plus rares. Air Canada a suspendu indéfiniment la plupart de ses vols régionaux au Québec, dont ceux à destination des îles de la Madeleine. Le transport interurbain par autobus traverse aussi une période sombre. Le plus grand transporteur de la province, Orléans Express, vient d’annoncer la suppression de plusieurs services en région.

Au cours de l’été 2020, certains coins de pays ont tout de même réussi à bien tirer leur épingle du jeu. Si l’on se fie au taux d’occupation des hébergements, quatre régions ont même connu une hausse de fréquentation, selon Martin Soucy: la Gaspésie, les Laurentides, les Cantons-de-l’Est et Duplessis, sur la Côte-Nord.

D’avril à septembre 2020, une enquête en trois volets sur les impacts de la COVID-19 sur l’industrie touristique québécoise menée par la Chaire de tourisme Transat, en partenariat avec le ministère du Tourisme, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec et les associations touristiques régionales et sectorielles, a révélé que 47% des organisations sondées ont vu leur situation financière se détériorer au printemps 2020. À la fin du mois d’août, «45% des entreprises interrogées jugeaient que leur sort s’était amélioré durant l’été». Sans grand étonnement, ce n’est pas le cas des grands centres, où environ 57% des répondants ont plutôt constaté que leur situation financière avait piqué du nez malgré le déconfinement et les vacances estivales.

Afin d’agir de manière plus proactive, des acteurs de l’industrie se sont mobilisés et ont formé la Conférence économique de l’industrie touristique québécoise l’automne dernier. Six femmes et six hommes propriétaires d’entreprises touristiques, dont Christiane Germain, coprésidente des Hôtels Germain, et Alain April, directeur général et copropriétaire de l’hôtel Le Bonne Entente et d’Entourage-sur-le-Lac, y siègent. Leur objectif: proposer des solutions concrètes aux instances politiques afin d’éviter la déstructuration de l’industrie touristique.

Les chiffres qui défilent sur la page d’accueil du site Web sont éloquents. On mentionne notamment que le taux d’occupation des hôtels est de 5 à 15% en zone urbaine. «Le tourisme est un des secteurs économiques le plus durement touché par la pandémie mondiale», peut-on lire. Après cinq années consécutives de croissance, plusieurs experts s’attendent à ce qu’il ne retrouve pas avant 2024 sa vigueur de 2019. En octobre 2020, le président du regroupement, l’ancien ministre libéral et avocat Raymond Bachand, n’avait pas hésité à parler de «désastre» pour qualifier la situation.

Plusieurs experts s’attendent à ce que le secteur du tourisme ne retrouve pas avant 2024 sa vigueur de 2019. Photo: Nathalia Segato, Unsplash

Se «revirer sur un dix cents»

Depuis le printemps dernier, de nombreuses mesures ont dû être mises en place en coulisses pour permettre une reprise, au moins minimale, des opérations. Événements Attractions Québec a par exemple été mandaté pour concevoir les guides sanitaires et accompagner les entreprises dans leur application.

François-G. Chevrier, directeur général, souligne la rigueur des différents acteurs de l’industrie. «Il n’y a pas eu d’éclosions provenant d’activités touristiques, ce qui est une nouvelle encourageante pour les Québécois qui commencent à penser à l’été prochain», dit-il.

Parmi les initiatives soutenues par le ministère du Tourisme au cours des derniers mois, le Passeport Attraits, destiné aux Québécois, a connu un franc succès. Aussi gérés par Événements Attractions Québec, les passeports de l’été 2020, qui offraient des rabais de 20, 30 ou 40% selon le nombre d’attractions sélectionnées, se sont tous envolés (à noter qu’il en reste toujours pour la saison hivernale).

Malgré les bonnes nouvelles, François-G. Chevrier apporte quelques bémols. «Nous avons eu une saison estivale au-delà des espérances, mais les données que nous avons sont pour un été plus court qu’à l’habitude. L’absence de clientèle hors Québec a eu un impact. Les attraits sont allés chercher de 25 à 30% des achalandages [habituels]. La capacité d’accueil devait rester limitée pour permettre la distanciation. Par exemple, le Zoo de Saint-Félicien était peut-être sold out, mais cela reste 30% de la capacité normale. C’est une bonne nouvelle que certains aient affiché complet, mais c’était à peine rentable. Nous étions contents que les équipes puissent travailler et accueillir les visiteurs, mais ce fut une année difficile.»

L'été dernier, le Zoo de Saint-Félicien était peut-être sold out, mais cela reste 30% de la capacité normale. Photo: Facebook Zoo sauvage de Saint-Félicien

Des régions aux réalités différentes

Par leurs réalités géographiques, leur climat et leur distance avec les grands centres, les régions du Québec ne font pas toutes face aux mêmes défis. Il suffit de se rappeler la complexité des déplacements terrestres vers les îles de la Madeleine l’été dernier, alors que les voyageurs devaient composer avec les règles – changeantes et pas toujours claires – imposées par les provinces maritimes traversées. Des régions comme la Côte-Nord, dont la haute saison touristique est plus courte, ont aussi moins souffert du début tardif des activités de l’été 2020 puisque les visiteurs s’y rendent habituellement surtout après le 24 juin, pandémie ou pas.

Aussi soutenus par le ministère du Tourisme, les forfaits Explore Québec, qui proposent un rabais minimal de 25% sur des séjours sélectionnés, semblent avoir encore du mal à trouver leur cible. Il faut dire que les Québécois élaborent généralement eux-mêmes leurs projets de vacances dans la province. L’idée reste toutefois intéressante pour explorer des coins méconnus, surtout s’ils exigent une logistique plus complexe. C’est l’association des Agences réceptives et forfaitises du Québec (ARF-Québec) qui est mandataire du programme, en collaboration avec Bonjour Québec.

Des régions comme la Côte-Nord, dont la haute saison touristique est plus courte, ont moins souffert du début tardif des activités de l’été 2020 puisque les visiteurs s’y rendent habituellement surtout après le 24 juin, pandémie ou pas. Photo: Paul Lamarée, Facebook Tourisme Côte-Nord

Tous au chalet!

S’il y a une chose positive relevée depuis le début de la pandémie, c’est bien le désir des Québécois de profiter du plein air et des grands espaces. Lors de sa mise en vente en juin dernier, l’édition spéciale de la carte annuelle de la Sépaq, vendue à moitié prix, a connu un succès retentissant. Plus de 60 000 cartes ont trouvé preneur en une seule journée. L’été 2020 a d’ailleurs fracassé tous les records de la Sépaq. Simon Boivin, responsable des relations avec les médias et vice-président commercialisation, rapporte que «malgré le contexte particulier, jamais autant de Québécois n’ont visité leurs parcs nationaux que lors de la dernière période estivale, avec un total de 4,8 millions de jours/visite, une hausse de 14% par rapport à l’an passé».

Fait intéressant, une nouvelle clientèle a pris d’assaut les parcs du réseau. «Nous avons redécouvert nos parcs nationaux et nos attraits», observe Martin Soucy.

Pendant que les hôtels tiraient le diable par la queue, nous avons également assisté à une véritable ruée vers les chalets et autres hébergements pouvant accueillir une bulle composée de deux à six personnes. Les lieux en pleine nature avec WiFi continuent d’avoir la cote depuis que le télétravail est la «nouvelle normalité». Sans encourager les déplacements, le premier ministre François Legault a répété à maintes reprises aux propriétaires et locataires de chalets d’éviter les contacts au maximum et de privilégier l’achat d’emplettes pour toute la durée du séjour, avant le départ.

La pandémie aura permis aux Québecois de redécouvrir les parcs nationaux. Photo: Facebook Sépaq

Des événements adaptés

Sans grande surprise, les organisateurs d’événements ont été particulièrement touchés par la pandémie. Certains ont usé d’imagination pour proposer d’autres options.

Le Festif! de Baie-Saint-Paul est sans doute l’un des meilleurs exemples de résilience. Au début de l’été 2020, l’équipe a notamment mis en place des sessions d’écoute dans des lieux enchanteurs de la ville. Contrainte de devoir annuler «La Petite Affaire», version intimiste de son festival annuel concoctée in extremis à la suite de l’annonce des nouvelles exigences de la Santé publique, elle a aussi élaboré une «Tournée de portes», série de microconcerts donnés dans la cour des résidents de la ville. L’équipe a bon espoir de pouvoir accueillir les festivaliers pour sa 11e édition en juillet 2021.

D’autres événements ont opté pour une version virtuelle ou hybride, comme le Carnaval de Québec, qui a proposé cette année des soirées thématiques sur sa chaîne YouTube, mais aussi des lieux à visiter dans différents secteurs de la ville pour éviter les rassemblements.

«Certains n’ont pas trouvé d’alternatives, mais plusieurs ont développé des angles intéressants pour eux et leurs partenaires», soutient François-G. Chevrier. La Virée nordique de Charlevoix invite par exemple les adeptes de sports d’hiver à relever cinq défis dans leur propre région. «Les gens se filment et partagent leur défi sur les réseaux sociaux, pour inciter à aller jouer dehors», précise M. Chevrier.

Le Carnaval de Québec a proposé cette année des soirées thématiques sur sa chaîne YouTube, mais aussi des lieux à visiter dans différents secteurs de la ville pour éviter les rassemblements. Photo: Facebook Carnaval de Québec

L’année de Charlevoix, vue de l’intérieur

L’exemple de Charlevoix permet d’avoir un bon aperçu de la gamme d’émotions traversées un peu partout au Québec au cours des derniers mois.

Directeur général de Tourisme Charlevoix, Mitchell Dion raconte que la région connaissait un excellent début d’année au moment où la pandémie a frappé. «Nous nous apprêtions à battre le record du meilleur hiver de toute l’histoire. Le taux d’hébergement, qui tient compte des lieux de quatre unités et plus – donc, sans les chalets –, laissait présager une année exceptionnelle. En janvier 2020, notre taux d’occupation avait augmenté de 7% par rapport à l’année d’avant et en février, de 2,3%. Nous étions vraiment sur une bonne lancée. Nous avions aussi connu une bonne semaine de relâche. Quand c’est arrivé, ce fut très brusque considérant que nous étions dans un élan.»

L’été a apporté une bouffée d’espoir. «Nous avons été surpris de voir à quel point l’été a été bon dans Charlevoix, dit-il. […] Juillet, août et septembre ont été exceptionnels. Nous avons connu une baisse de 2,4% en juillet. En août, notre taux d’occupation était de 80%, par rapport à 80,7% en 2019.»

Dès l’entrée en vigueur du nouveau système de couleurs et des paliers d’alerte par zone, en octobre, le vent a tourné. «Novembre et décembre ont été très difficiles», admet-il.

Il relève tout de même certains points positifs dans l’océan de mauvaises nouvelles. «Le premier est que de plus en plus de familles viennent dans la région. Traditionnellement, Charlevoix était une destination prisée des plus jeunes, qui veulent faire des activités sportives, et des couples de 55 ans et plus en escapade. Le deuxième point est que beaucoup de gens qui prenaient des vacances sur la côte est américaine ou dans le Sud ont profité de l’occasion pour découvrir notre Québec.»

D’un point de vue plus philosophique, il voit également cette période trouble comme un bon moment pour mettre de l’avant certaines pratiques plus écoresponsables. «L’espèce de pause qui s’est imposée sur la planète a entraîné toutes sortes de phénomènes. […] Ce fut l’occasion de voir que notre façon de vivre effrénée n’était pas durable. Pour nous, chez Tourisme Charlevoix, c’est l’occasion de peser un peu plus sur la pédale pour aller vers une pratique plus écoresponsable. C’est un virage que nous souhaitons prendre au cours des prochaines années.»

Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix, voit cette période trouble comme un bon moment pour mettre de l’avant certaines pratiques plus écoresponsables. Photo: Bertrand Lemeunier, Facebook Tourisme Charlevoix

La techno à la rescousse

Un autre virage accéléré par la pandémie a été celui des technologies. Des hôtels, dont Le Germain Montréal et le Boxotel, dans le Quartier des spectacles, ont installé des bornes permettant les arrivées sans contact.

Du côté des attraits, l’achat des billets par Internet est devenu la norme. Plusieurs institutions muséales ont également instauré la réservation de plages horaires pour éviter les files d’attente. C’est le cas du Biodôme de Montréal, qui a rouvert ses portes le 31 août dernier après plus de deux ans de travaux… avant de refermer à la fin de septembre 2020 jusqu’au 8 février 2021.

Pour son directeur, Yves Paris, il ne fait aucun doute que les achats en ligne et la réservation de plages horaires perdureront. «Nous avions déjà décidé d’avoir une billetterie en ligne. Nous ne voulions pas, à la réouverture, avoir des files d’attente comme par le passé. Nous nous étions mis comme objectif que 85% des gens devraient acheter leurs billets par Internet. […] Dans les faits, c’est presque 100% qui ont acheté leurs billets en ligne.»

La réservation d’une heure de visite permet de mieux répartir le nombre de visiteurs au cours de la journée. «Auparavant, les gens venaient entre 10h et 14h et c’était la cohue alors qu’il n’y avait personne à 17h. Je pense que cela améliore beaucoup la qualité de l’expérience.» Actuellement, 400 personnes peuvent explorer les salles rénovées du Biodôme. Lors des journées les plus achalandées de l’été, avant la fermeture, on en comptait parfois jusqu’à 4000… «Les gens ont une visite V.I.P!» lance le directeur.

Lors du Gueuleton Tourisme 2021: entre défis et occasions d’affaires, organisé par le Réseau de veille en tourisme en janvier, le directeur du MT Lab, Martin Lessard, a fait mention de l’accélération des compétences en ligne. «Il n’y aura pas de retour en arrière. Je ne crois pas que les transactions en ligne vont disparaître, tout comme la réservation du créneau horaire. On peut dire qu’on a enfin eu le rattrapage de la culture numérique.»

Des hôtels, dont Le Germain Montréal et le Boxotel, dans le Quartier des spectacles, ont installé des bornes permettant les arrivées sans contact. Photo: Facebook Boxotel

À quoi s’attendre pour les vacances d’été?

Lors du même événement, entièrement virtuel, Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat, a souligné l’intérêt marqué des Québécois à explorer la Belle Province. «Selon une enquête menée par la Chaire à l’automne dernier, 76% des voyageurs québécois ayant visité la province durant l’été 2020 ont dit désirer en découvrir plus.»

Si, à l’heure actuelle, le gouvernement demande toujours aux Québécois d’éviter les déplacements interrégionaux non essentiels, on peut espérer que la situation permettra un assouplissement des mesures d’ici l’été. Plusieurs observateurs ont par ailleurs noté qu’un nombre grandissant de voyageurs opte pour des séjours plus longs à l’intérieur de la province, ce qui leur permet de parcourir de plus longues distances.

Chose certaine, la tendance des séjours de dernière minute, qui semblait bien ancrée dans les habitudes des Québécois accros aux bulletins météo, semble se renverser. Malgré l’incertitude ambiante, les réservations vont bon train dans les destinations les plus populaires, comme en a fait état Le Soleil le 12 février. «Tourisme Gaspésie: l’été 2021 presque déjà complet», titrait le quotidien de la Vieille Capitale. Le défi, cette année, sera de gérer adéquatement le flux de touristes afin d’éviter les écueils de l’été 2020.

À la Sépaq, où 20% des disponibilités de camping pour l’été 2021 se sont envolées lors de la première journée de réservations, le 14 novembre 2020, on s’attend aussi à un été similaire à 2020. Simon Boivin suggère de planifier ses vacances dès maintenant. Selon lui, mieux vaut se fier aux règles en vigueur actuellement plutôt qu’anticiper celles de l’été prochain. «Penser davantage en fonction des consignes en vigueur présentement réduit le risque de devoir changer les plans si elles le sont toujours cet été, croit-il. Regarder dans sa région en premier évite de risquer de devoir annuler au cas où les déplacements seraient déconseillés.» Il ajoute toutefois que les politiques flexibles permettront d’annuler un séjour si les conditions ne permettent pas d’en profiter le moment venu.

À la Sépaq, 20% des disponibilités de camping pour l’été 2021 se sont envolées lors de la première journée de réservations. Mieux vaut réserver ses vacances d'été dès maintenant! Photo: Facebook Sépaq

Une bouffée d’espoir

Malgré les secousses de la dernière année, la plupart des experts consultés au cours des dernières semaines entrevoient tout de même l’avenir avec optimisme. Martin Soucy souligne l’esprit de solidarité qui règne dans l’industrie touristique et l’innovation dont elle fait preuve. «Certaines choses mises en place pendant la pandémie vont rester, dit-il. […] Nous sommes une industrie qui sait saisir les opportunités.»

Afin de mieux évaluer où en sont les hôteliers de Montréal et Québec, les associations hôtelières des deux villes ont fait équipe pour réaliser un sondage trimestriel auprès de leurs membres. La seconde édition, effectuée entre les 25 et 28 janvier 2021 auprès de 79 répondants de l’AHRQ et de 72 de l’AHGM, a démontré que l’aide accordée par les différents paliers de gouvernement, qu’il s’agisse de la subvention salariale, des différents programmes de prêts, des reports de taxes foncières et des autres mesures annoncées au cours des derniers mois, a apporté un peu d’oxygène à l’industrie.

Bien qu’en tenant compte uniquement des revenus d’hébergement, le manque à gagner de ces deux villes dépasse le milliard de dollars, l’espérance de survie s’est améliorée par rapport au trimestre précédent. «Sans ces programmes, un grand nombre d’établissements n’auraient simplement pas été en mesure de survivre, observe TourismExpress. Toutefois, la partie n’est pas gagnée et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour nos entrepreneurs.»

Parmi les projets à surveiller au cours des prochains mois, mentionnons la Coopérative de transport régional du Québec TREQ, qui souhaite assurer des vols à prix compétitifs entre plusieurs villes de la province. «Notre mission est de doter le Québec d’un réel transporteur aérien régional au service des régions et de leur développement tout en assurant l’offre de billets d’avion à bas prix», peut-on lire sur le site.

La campagne de vaccination jouera assurément un rôle déterminant dans les choix à venir, mais aussi la mise en valeur de notre territoire et de ses richesses. Mitchell Dion déplore que certains perçoivent encore le Québec comme un «prix de consolation» et espère que les Québécois profiteront l’été prochain des «expériences de calibre international».

Confiant face à l’avenir, Martin Soucy dit quant à lui prôner un «pragmatisme éclairé». «Il faut réfléchir à comment nous allons développer nos destinations de manière durable, conclut-il. […] Le Québec sera très bien positionné dans ce que sera le tourisme pour la suite.»

Dix mois plus tard, comment se porte l’industrie touristique?

Annulations de vols, fermeture des frontières, instauration de quarantaines obligatoires… Depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’industrie touristique doit constamment s’adapter à un contexte mouvant. Dix mois après le point de bascule, où en sommes-nous? Premier de deux textes pour faire le point: en premier lieu, la situation au Canada et à l’international et, la semaine prochaine, au Québec.

La semaine dernière, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a annoncé que le secteur touristique mondial a perdu 1 300 milliards de dollars en 2020, soit plus de 11 fois la perte enregistrée pendant la crise économique mondiale de 2009. «Durant le deuxième trimestre de 2020, les transporteurs aériens canadiens ont déclaré des baisses de revenus de 95%, rapporte le Réseau de veille en tourisme de l’UQAM. Pour cette même période, le secteur de l’hébergement enregistrait des pertes de 74%.»

Vendredi dernier, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé de nouvelles mesures pour éviter la transmission de la COVID-19 et l’introduction de nouveaux variants au retour d’un voyage, dont l’annulation des vols vers le Mexique et les Caraïbes jusqu’au 30 avril. À plus d’une reprise pendant sa conférence de presse, il a remercié Air Transat, Sunwing, Air Canada et WestJet, qui ont accepté de cesser leurs liaisons vers le Mexique et les Caraïbes.

Après des mois de demandes répétées, les transporteurs canadiens obtiendront-ils enfin l’aide du gouvernement fédéral? «Les conversations pour appuyer notre industrie aérienne continuent, assure Justin Trudeau. Nous reconnaissons à quel point c’est important pour le Canada d’avoir un secteur aérien en santé, compétitif et réussi une fois que nous aurons passé à travers cette pandémie. […] Nous allons continuer à travailler avec eux pour s’assurer d’avoir une industrie aérienne en santé à la fin de la pandémie.»

Quelques heures plus tard, Air Transat a publié un communiqué pour annoncer la suspension temporaire de l’ensemble de ses activités jusqu’au 30 avril. Soulignons que Transat attend toujours de connaître son sort. De son côté, Air Canada supprime 15 liaisons et WestJet, 14. À noter qu’Ottawa négocie aussi avec les compagnies aériennes étrangères pour interrompre les vols vers les mêmes destinations.

Concrètement, il est difficile de savoir sous quelle forme l’aide se manifestera. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement laisse miroiter l’éventualité d’un soutien, sans pour autant y donner suite. Cette aide pourrait permettre aux compagnies aériennes qui n’avaient pas encore pu rembourser leurs clients à la suite des annulations du printemps de le faire. Rappelons que le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir annoncé de soutien sectoriel. En plus des compagnies aériennes, n’oublions pas tous les gens qui gravitent dans l’univers du voyage, tant les agents et autres artisans à qui l’on tend plus rarement le micro.

L’International Air Transport Association (IATA) souligne que le transport aérien au Canada soutient directement et indirectement environ 633 000 emplois. Le secteur aérien et des touristes étrangers arrivant par avion représente quant à lui 3,2% du PIB du pays.

Paul Arsenault, expert en tourisme et professeur de marketing à l’ESG UQAM, souligne que le gouvernement américain a investi 65 milliards dans ses quatre grands transporteurs aériens, dont American Airlines et Delta, la France, 7 milliards dans Air France, et les Pays-Bas, 3,5 milliards d’euros dans KLM, des compagnies qui offrent des vols vers Montréal, Toronto et Vancouver. «Nous sommes dans une situation où nous avons une infrastructure concurrentielle soutenue par d’autres gouvernements alors que la nôtre ne l’est pas.»

«Sans une aide sectorielle rapide du gouvernement, nos compagnies déjà grandement fragilisées s’approcheront dangereusement du décrochage vis-à-vis de la concurrence étrangère», a pour sa part plaidé Tanguy Castric, pilote de ligne d’Air Transat, dans un texte publié par Le Devoir le 21 janvier.

Dans une lettre aussi publiée dans Le Devoir le 30 janvier, le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, soulève également la question de la concurrence, mais aussi de l’importance de maintenir le lien avec le reste du monde après des décennies à bâtir l’écosystème aérien au Canada. «Il faut définir la manière dont on va s’assurer que les entreprises du voyage, les compagnies aériennes, les aéroports, les voyagistes, les agences de voyages et tous les acteurs de la chaîne vont disposer des liquidités nécessaires pour survivre à la crise, rembourser leurs clients qui n’ont pas pu voyager, préserver leurs compétences, leurs ressources humaines et leurs capacités à opérer. Et il faut déjà mettre en place les mesures qui, lorsque le temps sera venu, permettront de redémarrer au plus vite de manière sécuritaire. De ce point de vue, la mise en place de tests aux aéroports, que nous réclamions depuis des mois, est un pas dans la bonne direction.»

À Tout le monde en parle dimanche soir, le ministre Pablo Rodriguez a affirmé que le gouvernement canadien travaille actuellement sur un plan d’aide à l’industrie aérienne, mais que cette aide sera conditionnelle. «Il y a trois conditions: le maintien du transport régional […], la deuxième condition, le remboursement des gens qui ont défrayé le billet et la troisième, qu’ils investissent chez nous dans l’aéronautique. Nous n’avons pas que des avions chez Bombardier, on fait aussi des pièces…»

Après des mois de demandes répétées, les transporteurs canadiens obtiendront-ils enfin l’aide du gouvernement fédéral? Photo: Depositphotos.com

La pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale

La Banque mondiale estime que la crise de la COVID-19 a plongé l’économie mondiale dans la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale. L’OMT affirme par ailleurs que l’industrie du tourisme est responsable d’un emploi sur dix dans le monde.

Selon le Réseau de veille en tourisme de l’UQAM, le tourisme représente la troisième catégorie d’exportation au monde. «En 2019, cette industrie comptait pour 7% du commerce international. Il s’agit de l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie. Le nombre d’arrivées touristiques internationales a chuté de 70% de janvier à août 2020 par rapport à 2019. Ce déclin se traduit par 700 millions d’arrivées en moins, et une perte de 730 milliards de dollars américains en revenus d’exportation.»*

Dévoilé en octobre 2020, le World Tourism Barometer indique que les arrivées internationales ont chuté de 70% durant les huit premiers mois de 2020 par rapport à la même période l’année précédente, ce qui équivaut à 700 millions d’arrivées internationales en moins et 730 milliards de dollars américains de moins en revenus d’exportation.

Les défis de la relance

Comme la situation évolue très rapidement, il est difficile d’anticiper ce qui nous attend dans les prochains mois. À la suite des annonces du gouvernement canadien vendredi dernier, le Mexique a imploré Ottawa de revenir sur sa décision. Il faut dire que les Canadiens sont les plus nombreux à visiter le Mexique après les Américains. Selon des données du Centre de recherche et de compétitivité touristique (CICOTUR) de l’Université Anahuac de Mexico relayées, ils représentent 20% de tous les touristes internationaux qui foulent son sol.

Le Mexique a cependant été maintes fois critiqué pour sa gestion laxiste de la pandémie. En novembre 2020, une centaine de cas de COVID-19 ont notamment été déclarés dans une clinique de New York à la suite de la tenue du festival de musique, bien-être et gastronomie Art With Me à Tulum. Aucune quarantaine n’est imposée à l’arrivée au pays, pas plus qu’un résultat négatif à un test de dépistage de la COVID-19.

Parmi les pays des Caraïbes les moins touchés, Cuba a pris la décision les fermer les écoles, les bars et les restaurants le 13 janvier à la suite d’une recrudescence de cas, sans pour autant interdire la venue des touristes. Auparavant, de nouvelles mesures avaient été ajoutées afin de freiner le rebond, notamment en limitant les vols provenant des États-Unis, du Mexique, du Panama, de la République dominicaine, des Bahamas et de Haïti depuis le 1er janvier et en exigeant un test PCR négatif à toute personne franchissant ses frontières depuis le 1er janvier.

En décembre 2020, le ministre de l’Économie Alejandro Gil a déclaré que le produit intérieur brut (PIB) a connu une décroissance de 11% en 2020 en raison de la pandémie, mais aussi du renforcement de l’embargo américain. Les autorités cubaines semblent vouloir miser sur le filon du «tourisme vaccinal» pour convaincre les voyageurs de revenir visiter l’île, tel que rapporté par de nombreux médias internationaux au cours des derniers jours.

En République dominicaine, où la couverture médicale offerte sans frais aux voyageurs internationaux qui séjournent dans un hôtel a été prolongée jusqu’au 21 avril 2021, les vacanciers n’ont plus besoin de fournir un test négatif PCR ou de COVID-19 à leur arrivée. «Au lieu de cela, les aéroports et autres points d’entrée effectueront un test d’haleine rapide aléatoire à une quantité comprise entre 3% et 15% des passagers, et à tous ceux qui présentent des symptômes, à leur arrivée», précise l’Office de tourisme de la République dominicaine. Le couvre-feu mis en place en mars 2020 sera en vigueur jusqu’en mars 2021. Les voyageurs sont tenus de s’y conformer, mais peuvent circuler librement à l’intérieur de leur établissement de vacances.

L’économie canadienne n’a pas été épargnée par la crise, comme en témoignent ces chiffres relayés par le Réseau de veille en tourisme de l’UQAM: «Les pertes sur le plan des recettes touristiques (incluant celles du tourisme domestique) pour 2020 pourraient correspondre à une baisse de 61% par rapport à 2019, soit près de 40 milliards de dollars canadiens en moins dans les coffres des entreprises du pays.»

Le vaccin, le grand sauveur?

Mis en place par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le Comité de crise pour le tourisme mondial s’est réuni à Madrid en janvier à l’occasion de la 113e session du Conseil exécutif de l’OMT. L’objectif: faire avancer des plans pour assurer une véritable relance du tourisme. La question des vaccins a été au cœur des discussions. «Le déploiement des campagnes de vaccination est un pas dans la bonne direction, mais la reprise du tourisme ne peut attendre, a déclaré le secrétaire général Pololikashvili. Les vaccins doivent être intégrés dans une approche plus large et coordonnée qui comprend des certificats et des documents de voyage sûrs pour les déplacements transfrontaliers. Il faut également rétablir la confiance dans le tourisme.»

Selon Destination Canada, une réouverture des frontières à l’ensemble des marchés en avril 2021 entraînerait un retour à la «normale» en 2025. Si, toutefois, la réouverture avait lieu en octobre 2021, il faudrait attendre à 2026 pour retrouver le niveau de 2019. La grande question: les voyageurs se sentiront-ils suffisamment en confiance pour recommencer à voyager dès que les restrictions de voyage seront levées?

Certains espèrent que la reprise du tourisme viendra avec de sérieuses résolutions en matière environnementale et des mesures permettant d’éviter le surtourisme. À la suite du Gueuleton touristique 2021: entre défis et occasions d’affaires, le Réseau de veille en tourisme de l’UQAM avance dans son livre blanc la possibilité que 2021 soit le fer de lance d’une économie résiliente, circulaire et zéro carbone. «Si l’on en croit les organisations internationales et les voyageurs: l’heure est enfin arrivée.» Toujours selon la même source, un Québécois sur deux se dit prêt à modifier ses pratiques de voyage pour réduire son empreinte carbone et un sur trois affirme porter plus d’attention aux pratiques durables des prestataires touristiques depuis la COVID-19.

Partout dans le monde, on se questionne sur la meilleure manière de relancer le tourisme. Hawaii a déjà clairement manifesté son souhait d’attirer moins de visiteurs. L’instauration d’une nouvelle taxe, annoncée à la fin de janvier, vise notamment à freiner le tourisme de masse. En Europe, on cherche aussi à éviter la surfréquentation de villes populaires comme Venise, Barcelone et Dubrovnik.

Pour António Guterres, secrétaire général de l’ONU, «le tourisme peut être une force au service du bien dans notre monde, en jouant un rôle protecteur de notre planète et de sa biodiversité, et en célébrant ce qui fait de nous des êtres humains. »*

En attendant de voir l’évolution de la situation et la progression des campagnes de vaccination, une réelle réflexion s’impose. De nombreuses interrogations subsistent aussi à propos des annonces du gouvernement canadien. Les mesures au retour seront-elles assouplies pour les voyages essentiels? Si c’est le cas, quelle est la définition exacte d’un voyage essentiel? La plus importante question reste toutefois: quand pourrons-nous enfin recevoir le vaccin, ce sésame qui nous ouvrira les portes du monde et nous permettra d’accueillir à nouveau les visiteurs?

* Source: Livre blanc - Tourisme 2021 - Entre défis et occasions d’affaires du Réseau de veille en tourisme de l’UQAM et de la Chaire de tourisme Transat ESG UQAM

Voyages et COVID, quelles sont les mesures mises en place?

Consultez le résumé des mesures mises en vigueur pour éviter la transmission de la COVID-19 et l’introduction de nouveaux variants au retour d’un voyage.

Qu’adviendra-t-il de nos restaurants?

Le coup a été donné dans les régions de Montréal, Québec et Chaudière-Appalaches d’abord, mais la menace pèse présentement sur tout le Québec. Pour la deuxième fois cette année, les restaurants, en raison de la COVID-19, se voient dans l’obligation de fermer. Frustration, inquiétude et recherche de solutions dans le milieu.

À la fin du mois de septembre, quand le gouvernement a annoncé la fermeture des restaurants pour 28 jours, plusieurs travailleurs de l’industrie ont crié à l’injustice, sentant qu’ils étaient encore, à tort, ceux qui écopaient pour la pandémie.

«Les restaurants ne sont pas des lieux d’éclosion. On s’aperçoit que c’est davantage les maisons privées [le problème]. On devient un peu le symbole. On est utilisés pour faire passer le message à la population», a dit François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec.

Il est vrai que dans les semaines précédant cette fermeture, les autorités ont affirmé à plusieurs reprises que le principal facteur d’éclosion et de contagion de la maladie était les rassemblements privés… De son côté, Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal, affirmait en septembre que les quatre principales sources des nouvelles éclosions étaient les milieux de travail, les établissements scolaires, les centres de la petite enfance et le milieu de la santé.

Devant ce constat, François Meunier a affirmé que l’industrie, qui comprend le message que l’État souhaite passer, se sent tout de même comme le «bouc émissaire» dans cette situation.

D’autant plus que tous les restaurants qui avaient rouvert leurs portes au mois de juin dernier, après des mois de fermeture au printemps, avaient investi des milliers de dollars pour faire en sorte que leur établissement soit sécuritaire.

La situation est donc critique pour l’industrie, déjà fragilisée par le manque à gagner du printemps dernier. L’Association Restauration Québec, qui représente 6000 établissements à travers la province, estime d’ailleurs que 40% des restaurants ne passeront pas l’année.

Les restaurateurs ont dépense des milliers de dollars pour que leur établissement soit sécuritaire. Photo: Facebook Martin Juneau

Une aide qui donne de l’air

Le lendemain du début de la période de fermeture annoncée de 28 jours, le gouvernement annonçait une aide financière d’urgence pour les établissements situés en zone rouge. Ainsi, les restaurateurs ont droit au remboursement de la majeure partie de leurs frais fixes pour le mois d’octobre et la mesure pourrait être reconduite.

L’annonce a été qualifiée de «sérieux coup de pouce» par les propriétaires de restaurants même si la contribution ne sauvera pas tous les établissements et n’empêchera pas la fermeture de plusieurs.

Martin Juneau, chef du Pastaga, à Montréal, a confirmé que bien que plusieurs restaurateurs soient «amochés», l’aide allait leur donner un peu d’air et permettre à plusieurs, tout comme lui, de se «relancer dans les plats à emporter».

Commander des plats à emporter ou à livrer permet d'aider les restaurateurs à garder la tête hors de l'eau. Photo: Ambitious creative.co, Rick Barrett, Unsplash

Livraison et achat local: une partie de la solution

Devant ce climat plus que fragile, Martin Juneau, ainsi que plusieurs autres restaurateurs, a lancé un appel à la population, l’encourageant à les soutenir en commandant des plats à emporter ou à livrer. Une solution qui pourrait en aider certains à «passer à travers ce cauchemar»…

En effet, après s’être fait la main pendant la première vague, les restaurateurs qui ont les outils pour ce faire proposent de nouveau un menu à emporter. Certains ont même continué d’offrir la formule lorsque leur salle à manger a pu rouvrir, afin de proposer une option aux gens frileux à l’idée de sortir.

La résilience et la capacité d’adaptation doivent être grandes toutefois chez les restaurateurs, qui doivent donc proposer un nouveau menu, se munir de plats à emporter, trouver le bon fonctionnement pour les commandes, transformer leurs serveurs en livreurs, entre autres, tout en acceptant des revenus qui restent tout de même à la baisse.

Mais le résultat est là et la réponse est bonne. Il faut dire que l’offre est vaste: cuisine asiatique ou caribéenne, plats de viande, fruits de mer, menu haut de gamme, déjeuners… les listes pullulent dans les médias de Montréal et Québec afin d’aider les consommateurs à trouver ce qui leur plairait dans les menus à emporter de leur région.

Alors que nous sommes en plein milieu de la fermeture annoncée de 28 jours, plusieurs ne sont pas dupes et se doutent que la situation perdurera au-delà du 28 octobre. Voilà pourquoi l’aide gouvernementale et le soutien de la population sont primordiaux si l’on souhaite retrouver des restaurants encore en vie après la pandémie.

5 designs pour un bureau à la maison quand on manque d’espace

Un ordinateur installé sur la table de la cuisine peut convenir un certain temps, mais alors que de plus en plus d’entreprises adoptent le télétravail à long terme, certains travailleurs n’auront d’autres choix que de se créer un espace convenable pour accomplir leur boulot de chez eux. Voici cinq designs à considérer pour ceux qui n’ont pas l’espace nécessaire pour un bureau à la maison.

Même si la pandémie actuelle est temporaire, ses impacts sur le monde du travail, eux, risquent d’être permanents. 79% des décideurs canadiens s’attendent d’ailleurs à ce que les entreprises adoptent un mode de travail hybride après la COVID-19, selon un sondage publié récemment. Pour ces derniers, les travailleurs doivent donc s’attendre à partager leur temps entre le bureau et la maison.

La plupart des gens n’ont toutefois pas acheté leur maison ou loué leur appartement en prévoyant une pièce dédiée au travail. Heureusement, différentes tendances en design, notamment pour les petites maisons et les microappartements, offrent des pistes de solutions pour s’y adapter sans devoir déménager.

Cacher votre bureau derrière une cloison

Que ce soit en installant un simple rideau ou des portes coulissantes au bout d’une pièce (comme dans ce microappartement new-yorkais), cacher votre bureau derrière une cloison permet d’avoir un espace convenable pour le travail le jour, tout en le cachant le soir.

En optant pour des meubles peu profonds ou même une console posée au mur directement, quelques dizaines de centimètres au bout d’une pièce suffisent pour avoir un espace dédié au travail.

Photo: mkca.com

Convertir un grand garde-robe

Si vous pouvez vous passer d’un garde-robe, le convertir en petit bureau, comme l’a fait la firme de design CPOPP WORKSHOP pour ce projet de condo, est une option à considérer. L’installation de meubles en hauteur ou de tablettes permet de ranger votre matériel, même avec un espace restreint.

Il faut évidemment disposer d’un garde-robe assez grand pour choisir une telle option, et une bonne luminosité est essentielle pour ne pas vous y sentir trop renfermé. Ici aussi, le design offre l’avantage de pouvoir être dissimulé le soir venu.

Photo: cpoppworkshop.com

Installer un (joli) cubicule

La mode n’est pas encore arrivée au Canada, mais au Japon, il est possible d’acheter de petits cubicules pour la maison, inspirés de ceux que l’on voit dans les tours de bureaux, mais avec une finition mieux adaptée à un domicile. Ces derniers peuvent être décorés à l’intérieur comme à l’extérieur, et intègrent généralement un petit bureau.

Le design offre plusieurs avantages, notamment celui de pouvoir être placé face à une pièce ouverte. Regarder de temps en temps au loin en levant les yeux au-dessus du cubicule permet de réduire la fatigue oculaire, et le concept risque d’être une meilleure option qu’un garde-robe pour ceux qui n’aiment pas les espaces restreints.

En attendant l’arrivée de modules préfabriqués comme au Japon, les Canadiens qui souhaitent acheter un meuble du genre devront toutefois bricoler le leur.

Photo: news.panasonic.com

Repenser son hall d’entrée

Selon leur conception, et si votre appartement dispose d’un autre endroit pour ranger bottes et manteaux, certains halls d’entrée peuvent être reconvertis en petits bureaux (une tendance qui précède d’ailleurs la pandémie). L’espace est alors ouvert, mais plus à la vue de tous. Un effort supplémentaire devra donc être fait pour s’assurer que son allure s’intègre bien au décor de la maison, et que l’endroit est conservé propre en tout temps.

Certains trucs aident à restreindre l’espace nécessaire dans le hall, comme installer votre moniteur au mur et acheter un bureau qui intègre des étagères en hauteur.

Photo: bostonglobe.com

Transformer une pièce sous-utilisée

Travailler deux, trois, quatre ou cinq journées par semaine à la maison peut vous forcer à revoir vos priorités.

À moins que vous nettoyiez vos vêtements tous les jours, un bureau à la maison risque d’être une utilisation plus intelligente d’une pièce qu’une salle de lavage à l’étage, par exemple. Vous pourriez aussi décider de conserver votre voiture à l’extérieur et de convertir votre garage en lieu de travail (certaines firmes se spécialisent d’ailleurs dans les transformations du genre).

Photo: garageconversion.org

Le monde du travail s’est adapté à la pandémie de COVID-19. Si les changements adoptés sont là pour de bon, il faudra aussi ajuster votre maison en conséquence.

5 tendances design pour les bureaux en temps de COVID (et après)

Peu importe combien de temps durera la crise de la COVID-19, les architectes et designers s’entendent pour dire que son impact sur la façon dont sont conçus les bureaux d’entreprises survivra à la pandémie. Voici cinq tendances qui illustrent comment seront transformés les espaces de travail de demain.

Passer du bureau personnel au casier personnel

Bien que certaines entreprises aient décidé de fermer définitivement leurs bureaux, la plupart devraient plutôt adopter une approche hybride après la crise de la COVID-19. Le télétravail sera permis, mais les employés devront aussi se rendre à leur lieu de travail lorsque nécessaire.

Avec du personnel qui ne se pointe qu’une, deux ou trois journées par semaine, les entreprises ne voudront évidemment pas payer pour des espaces à moitié vides. Les travailleurs risquent donc de perdre leur espace de travail attitré. Au lieu de cela, ils pourront conserver leurs effets personnels dans un casier, puis prendre un bureau préalablement réservé lorsqu’ils se présenteront chez leur employeur (un concept aussi connu sous le nom d’hoteling).

En plus du besoin de réduire la superficie des bureaux, la nécessité d’avoir des surfaces dégagées pour faciliter le nettoyage et les technologies adoptées pour le télétravail, qui permettent aux travailleurs d’œuvrer de n’importe où, devraient en outre contribuer à rendre le concept de plus en plus populaire.

Des surfaces dégagées facilitent le nettoyage.

Créer des aires espacées et reconfigurables

Au cours des derniers mois, de nombreuses firmes d’architectes et de design ont proposé des plans pour faciliter la distanciation dans les lieux de travail. Les solutions trouvées varient d’une firme à l’autre, mais quelques constantes se dégagent.

Les bureaux doivent être aménagés de sorte que tous les travailleurs soient à deux mètres de distance, idéalement sans être face à face. Plusieurs firmes proposent aussi des designs au sol qui permettent de voir facilement l’espace réservé autour des employés, sans avoir une allure criarde pour autant. Ces agencements devront également simplifier les mouvements des travailleurs, pour qu’ils se déplacent tous dans le sens des aiguilles d’une montre lorsqu’ils entrent dans une pièce afin d’éviter les croisements trop fréquents, par exemple.

Les salles de réunions devraient quant à elles être conçues pour recevoir moins de personnes à la fois, et tout le mobilier devrait pouvoir être aisément réarrangé, car les règles de distanciation changent avec le temps, et ne seront peut-être pas les mêmes lors d’une future pandémie.

Des designs au sol permettent de voir facilement l'espace réservé autour des employés.

Porter une attention particulière au son

Avec les nouvelles mesures de télétravail, les employés qui doivent se concentrer et travailler seuls une journée resteront probablement à la maison, où ils ne seront pas dérangés et n’auront pas besoin de se déplacer.

Ceux qui seront au boulot risquent d’avoir souvent besoin (et envie) de parler à leurs collègues. Et avec tout le monde à deux mètres de distance, les conversations deviendront sûrement bruyantes. Pour cette raison, la firme de design new-yorkaise Schrimmer Design Group prévoit qu’il sera de plus en plus important de bien gérer l’acoustique des bureaux, notamment en choisissant mieux les matériaux et en préconisant des ajouts comme des murs végétaux, qui absorbent bien les sons.

La firme de design new-yorkaise Schrimmer Design Group prévoit qu’il sera de plus en plus important de bien gérer l’acoustique des bureaux.

Réduire les surfaces de contact

Plusieurs solutions peuvent être mises en place pour réduire les surfaces de contact que les employés doivent toucher pendant une journée de travail. Dans son concept de «bureaux de six pieds», l’entreprise de services immobiliers commerciaux Cushman & Wakefield – qui a aidé plus de 10 000 organisations en Chine à rouvrir leurs portes au cours des derniers mois – propose par exemple que les travailleurs placent un tapis jetable en papier sur le bureau qui leur est attitré le matin.

Les portes devraient aussi s’ouvrir automatiquement, et les robinets devraient être munis de capteurs de mouvement.

Dans les cas où l’automatisation n’est pas possible, certaines firmes proposent l’installation de surfaces antibactériennes et antivirales. Des autocollants, comme ceux de Nanoseptic, peuvent notamment être posés sur les boutons d’ascenseur afin de réduire les risques de transmission du virus.

L’entreprise de services immobiliers commerciaux Cushman & Wakefield propose aux travailleurs de placer un tapis jetable en papier sur le bureau.

Contrôler la qualité de l’air

Les concepteurs s’entendent également sur la nécessité de revoir l’aération des lieux de travail. Plusieurs stratégies existent pour renouveler et purifier l’air, notamment en isolant les parties plus dangereuses (comme les ascenseurs), en installant des systèmes de filtration et de traitement aux rayons UV et en augmentant le niveau de l’aération, qui devrait d’ailleurs fonctionner 24 heures sur 24.

Des firmes d’architectes, comme DLR Group aux États-Unis, ont même mis en place des systèmes pour mesurer la qualité de l’air en temps réel à l’aide de capteurs, ce qui permet de savoir quels sont les lieux problématiques et, surtout, de donner confiance en leur milieu de travail aux employés.

Des firmes d’architectes ont même mis en place des systèmes pour mesurer la qualité de l’air en temps réel.

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