La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Voyager, c’est bon pour le cerveau!

On savait déjà que le voyage contribue à augmenter le niveau de bonheur – même à l’étape de sa préparation – et qu’il a des effets positifs sur la santé mentale. Voilà que des découvertes en neurosciences confirment ce que de nombreux voyageurs soupçonnaient déjà: les stimulations extérieures améliorent la performance cognitive. Voir du pays, c’est comme envoyer son cerveau au gym, le fun en plus!



«Le Dr Paul Nussbaum, neuropsychologue clinique à l’Université de Pittsburgh, soutient que lorsqu’un cerveau est exposé à un environnement nouveau et complexe, il réagit directement, écrit Claudine Barry du Réseau de veille en tourisme. Dès qu’un individu pose le pied dans un endroit qui lui est inconnu, il est submergé de nouvelles expériences. Pour traiter tous ces stimuli, le cerveau réagit comme s’il s’agissait d’un muscle et se renforce en créant des connexions, des dendrites. Plus une personne détient de dendrites fonctionnelles, meilleure est la performance cognitive de son cerveau. Cela signifie une meilleure capacité d’attention, une plus grande facilité à résoudre des problèmes complexes, une meilleure mémoire et un esprit plus vif.»

Pour la capacité d’attention, ce n’est pas gagné dans mon cas, malgré mes nombreux déplacements. Mais j’aime imaginer que toutes les galères vécues au fil des ans ont contribué à ArnoldSchwarzeneggeriser mon cerveau. Non, les mille et un moments où je me suis gratté la tête en me demandant dans quelle aventure je m’étais (encore) embarquée n’ont pas été vains! Grâce à ma constante recherche de solutions à des problèmes dont je ne soupçonnais même pas l’existence avant qu’ils se présentent, le siège de mon intelligence a fait plus de push-ups que si j’avais regardé une énième série (plaisir absolument pas coupable dont je ne me lasserai jamais).

Au fil des ans, l’armée de hamsters hyperactifs qui vit dans ma tête a peut-être même développé des muscles aussi proéminents que ceux de Schwarzy dans les années 1980. Voilà qui explique peut-être pourquoi ils semblent avoir une énergie inépuisable, me bombardant sans relâche d’idées au milieu de la nuit… Mais je m’égare (même sans sortir de chez moi).

En plus de favoriser la créativité, le voyage contribue à réduire le stress, à accroître la productivité, et même à prévenir le vieillissement! Photo: Peter Herrmann, Unsplash

À retenir: la neuroplasticité

«Le terme scientifique de cette faculté du cerveau à changer est la neuroplasticité, résume Claudine Barry. Pour y parvenir, l’humain doit délaisser ses habitudes, sa routine pour favoriser la création de nouvelles dendrites, soit les connexions entre les neurones. Celles-ci facilitent la transmission de l’information à travers les différentes zones du cerveau.»

Par son caractère imprévisible et l’agilité qu’il nécessite, le voyage permet à notre esprit de s’entraîner sans fin. La bonne vieille phrase «sortir de sa zone de confort», martelée ad nauseam par des coachs de tout acabit, s’impose une fois de plus.

Pour améliorer la plasticité de notre cerveau, rien de mieux qu’un bon choc culturel. De nombreuses petites choses lui sont aussi bénéfiques: faire de nouvelles rencontres, vivre une expérience insolite, et même la découverte d’un nouveau plat. Sans parler de l’apprentissage d’une nouvelle langue! Je ne sais pas pour vous, mais moi, l’éventualité de muscler ma cervelle tout en goûtant une pâtisserie au nom difficile à mémoriser dans une contrée jusque-là inconnue m’apparaît diablement séduisante.

Jeunesse éternelle?

En plus de favoriser la créativité, le voyage contribue à réduire le stress, à accroître la productivité, et même à prévenir le vieillissement! Selon le Global Coalition on Aging, les voyages font partie des éléments ayant le potentiel de réduire le risque de démence et de développer la maladie d’Alzheimer.

Des chercheurs de la Kellogg School of Management de l’Illinois ont par ailleurs constaté que les étudiants voyageurs parvenaient à résoudre des problèmes complexes plus facilement que les autres et de manière plus créative. «L’ouverture à d’autres cultures et d’autres points de vue pourrait contribuer à aborder les problèmes et leurs solutions différemment», souligne Claudine Barry.

Et non, partir quand notre moral est sous zéro n’est pas qu’une manière de fuir nos problèmes. «Vivre de nouvelles expériences est bénéfique pour améliorer les fonctions cérébrales et renforcer la santé mentale, a souligné la Dre Smitha Bhandari sur WebMD en février dernier. Les voyages ont été associés à la réduction du stress et peuvent atténuer les symptômes de l’anxiété et de la dépression. Que vous alliez dans un autre pays ou que vous vous échappiez pour un long week-end dans une ville voisine, les voyages peuvent avoir un impact important sur votre santé mentale.»

Le plus important est sans doute cette phrase de Dre Smitha Bhandari: «Il n’est pas nécessaire de faire un grand voyage ou d’aller très loin.»

Changer d’air, ça fait du bien, point. Et à tous les moments de la vie!