La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Voyager avec un animal: oui, mais pas à tout prix!

Devrions-nous voyager avec nos animaux de compagnie, qu’ils servent ou non de soutien émotionnel? Chose certaine, on n’a jamais vu autant d’articles dans les médias, et de blogues sur le sujet.



En juillet 2018, Air Transat a annoncé qu’il est maintenant possible d’emmener son chien ou son chat de moins de 10 kg en cabine. De son côté, la SÉPAQ tolèrera les chiens dans certaines sections de ses parcs – sauf trois – dès le 19 mai 2019, après avoir mené un projet pilote concluant.

Aux États-Unis, United Airlines a observé une hausse de 77% du nombre de passagers voyageant avec des animaux destinés au soutien émotionnel entre 2016 et 2017. Ces animaux sont d’ailleurs sujets à controverse dans les avions, certains passagers ayant par exemple voulu emmener des spécimens peu communs, comme un paon et une chèvre.

Aux Émirats arabes unis, où le faucon est considéré comme un membre à part entière de la famille, des voyageurs achètent parfois carrément des billets en classe Affaires pour leur compagnon ailé.

Photo: Savs, Unsplash
Photo: Savs, Unsplash

L’importance de la préparation

Peu importe où l’on se trouve sur la planète, plusieurs choses sont à prendre en considération quand on souhaite voyager avec son animal. La première étape est de se renseigner au sujet des exigences du pays qu’on s’apprête à visiter. «Vous devez absolument contacter les autorités vétérinaires compétentes ou l’ambassade du pays où vous vous rendez pour vous renseigner sur les exigences de ce pays concernant l’importation», rappelle voyage.gc.ca.

Pour traverser la frontière américaine, il faut par exemple détenir une preuve que notre compagnon a été vacciné contre la rage plus de 30 jours avant son entrée au pays.

Il existe un Certificat sanitaire canadien international bilingue ou trilingue, qu’on peut télécharger sur le site voyage.gc.ca et faire remplir par son vétérinaire. Ce n’est pas toujours nécessaire, toutefois, certaines contrées ayant leur propre certificat sanitaire ou négocié une entente avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) pour des certificats zoosanitaires spécifiques.

L’animal a-t-il besoin de sa propre pièce d’identité? «Le Passeport pour animaux de compagnie, aussi appelé Certificat de propriété, est offert par Environnement Canada aux personnes qui voyagent fréquemment à l’extérieur du Canada avec un animal de compagnie exotique inscrit à la CITES, précise voyage.gc.ca. Si vous êtes un résident du Canada et que vous avez l’intention d’emporter votre animal de compagnie à l’extérieur du Canada de manière temporaire et fréquente à des fins strictement personnelles, vous pouvez demander un Certificat de propriété. Ce "Passeport pour animaux de compagnie", est valable pendant trois ans, autorise les exportations et réimportations multiples, et est reconnu par certains pays (p. ex., les États­-Unis).»

Comme chez les humains, certains animaux voyagent sans problème, alors que d’autres deviennent très anxieux ou malades. «Il y a des chiens et des chats qui voyagent bien, et d’autres qui ne voyagent pas bien, résume le vétérinaire Jean Gauvin. En général, les chiens voyagent mieux que les chats.»

Photo: JF Brou, Unsplash
Photo: JF Brou, Unsplash

Un mode de vie

Pour Pascale Lévesque, chroniqueuse aux émissions Entrée principale et Médium large, à Radio-Canada, voyager avec ses deux chiennes, Scarlett et Céleste, va de soi. Elle s’est même rendue en France pour adopter sa petite dernière.

Au cours des dernières années, elle s’est baladée en leur compagnie en France, en Espagne, en Italie et à Monaco, en plus d’avoir sillonné tous les États de l’Est américain, du Maine à la Floride, ainsi qu’une dizaine d’autres États. «Si j’ai des chiens, c’est pour passer du temps avec eux, c’est pour vivre avec eux, donc, c’est logique qu’elles soient avec moi quand je vis l’expérience de voyager.»

Pour elle, ce choix de vie apporte «juste du plus». «Voyager avec ses chiens, c’est se donner l’occasion de faire des rencontres et d’entrer automatiquement en contact avec les autres. On n’a pas l’air de touristes: on a l’air de venir de la place, parce qu’on a des chiens. On jase avec tout le monde, de 5 minutes à 120 minutes. C’est le meilleur prétexte pour aborder l’étranger.»

«Mes chiennes sont sur les photos de centaines de touristes, raconte-t-elle. On me les emprunte pour prendre la pose! Quant à moi, ce sont aussi mes "nains de jardin". Elles sont en photo devant la statue de Louis Armstrong, le pont de Chattanooga, le Moulin Rouge, le Sacré-Cœur, une quantité impressionnante de duomos en Italie, Time Square...»

Scarlett devant le Moulin Rouge, à Paris. Photo: Pascale Lévesque
Scarlett devant le Moulin Rouge, à Paris. Photo: Pascale Lévesque

En cabine ou en soute?

Toutes les histoires de voyage ne sont cependant pas heureuses. Des connaissances du Dr Gauvin ont, par exemple, constaté le décès de leur chat après un vol en soute. «Ce n’était pas chauffé et il est mort de froid», a raconté le vétérinaire à l’émission Les Éclaireurs, à Radio-Canada. Quand l’animal ne voyage pas en cabine, il est important de s’assurer de la température et des conditions dans lesquelles il se trouvera pendant le vol.

Pascale Lévesque, elle, glisse toujours ses chiennes sous le banc de devant, dans un sac. «Pour les longs vols, je leur fais prescrire du Xanax. Ça les relaxe, elles restent calmes.»

DGauvin recommande toutefois d’être vigilant avec la médication en avion. «On peut utiliser certains médicaments, mais on ne veut surtout pas causer une hypotension chez l’animal.»

Des ceintures adaptées sont également vendues pour les trajets en voiture. Scarlett et Céleste sont toujours attachées à l’arrière «avec des harnais testés par des tests de collision (BERGAN) qui sont difficiles à trouver», précise-t-elle. Il y a la sécurité de l’animal à prendre en considération, mais aussi celle du passager. Un chien qui ne serait pas attaché et qui se retrouverait propulsé dans le véhicule pourrait blesser les humains à bord.

Scarlett et Pascale Lévesque dans un restaurant de Paris.
Scarlett et Pascale Lévesque dans un restaurant de Paris.

Pas à tout prix

Bien qu’elle privilégie les destinations où elle peut partir avec ses chiennes, Pascale Lévesque a tout de même certaines limites. Elle ne les emmènerait pas dans les Caraïbes, notamment. Les raisons? «Différents règlements de quarantaine, des parasites différents, des problèmes de chiens errants...» Elle tente aussi d’éviter la chaleur extrême.

La chroniqueuse déplore que les chiens soient si peu acceptés au Québec, même pour aller prendre un verre sur une terrasse. Son plus beau souvenir de voyage? Paris avec Scarlett. «Elle était la bienvenue partout et, dans les endroits où on n’avait pas droit aux chiens, on ne s’énervait pas le pompon et on me permettait de la mettre dans son sac de transport.»

En plus d’une préparation adéquate, Pascale Lévesque recommande notamment de bien protéger son animal contre les tiques et les parasites et de prévoir une cage pour l’hôtel, au cas où le chien aurait à rester seul. «Mon conseil ultime: faites-les voyager le plus tôt possible, ça les socialise vraiment, ça fait d’eux de bons citoyens canins, des chiens qui ont eu plein d’expériences et qui ne sont pas anxieux. Et c’est parfois plus rassurant de les avoir avec soi que les laisser dans une pension.»

Pour le Dr Jean Gauvin, l’essentiel reste le bien-être de son compagnon. «Il faut penser à l’animal avant de penser à nous.»