Vivre Naples et Pompéi
Pompéi. Ces trois syllabes évoquent tant d’images qu’on a l’impression de connaître cette ville figée dans le temps depuis l’an 79 avant même de s’y rendre. Et pourtant, une fois sur place, on se retrouve happé par les histoires que racontent chaque maison, chaque coin de rue, chaque pierre. On a l’impression d’arriver à l’instant précis où le magma incandescent craché par le Vésuve a forcé l’arrêt sur image. Le genre d’endroit qu’on «ressent» dès qu’on y met les pieds.
Apothéose de mon récent voyage en Italie, ma visite des ruines de Pompéi n’aurait pas été la même sans la formidable complicité de notre guide, Katia Cupo, aussi archéologue. C’est par une fin d’après-midi d’été que cette Napolitaine rencontrée grâce à Voyageurs du monde nous a raconté la ville dans un français impeccable. Même en pleine haute saison touristique, nous avons par moment eu l’impression d’être seules sur les lieux, ma fille, notre guide et moi, alors que le soleil descendait doucement à l’horizon et qu’une douce brise se levait. En pleine période de canicule, c’était parfait! «Il ne faut pas le dire, mais venir au coucher du soleil est le meilleur moment», a glissé Katia.
À l’entrée du site, une carte permet de voir les zones fouillées jusqu’à présent, soit 45 hectares sur 67. En déambulant sur les routes pavées, comme le faisaient jadis les 10 000 habitants des lieux, nous remarquons des dalles plus grosses que les autres. «Ce sont des passages piétons», dit notre guide.
Devant le Teatro Piccolo, Katia rappelle l’origine du mot «odéon». Issu du grec ancien, il fait référence à l’acoustique impeccable du lieu. Depuis les gradins du fond, on entend à la perfection les sons émanant de la scène. «Les notables étaient placés devant, et la plèbe, plus loin.»
Au-delà des anecdotes, nous faisons connaissance avec une époque. En franchissant le seuil d’une maison, une fois l’atrium traversé, nous nous retrouvons devant des fresques merveilleusement bien préservées. «L’homme avec un bâton est un philosophe», explique Katia. Elle pointe une marque laissée, au sol, par le mouvement d’une porte. «Combien de fois ont-ils ouvert cette porte?» Oui, on pourrait presque croire que le maître des lieux s’apprête à rentrer…
Katia n’a pas que des connaissances théoriques: elle a littéralement plongé ses mains dans la terre de Pompéi, participant à plusieurs fouilles au fil des ans. Quand, devant le moulage d’un corps pétrifié, je lui demande si elle a déjà fait une découverte du genre, elle répond qu’il est impossible d’être certain de la forme qui se cache dans une cavité avant de la remplir de plâtre. «Un jour, j’ai moulé des pattes de chaise», confie-t-elle en riant.
Escale à Naples
Pompéi se trouve à une trentaine de minutes en voiture de Naples. Ce qui frappe, quand on plonge dans cette ville redécouverte par plusieurs sous la plume d’Elena Ferrante? Son chaos. Des scooters surgissent de partout, y compris sur les trottoirs. Les voitures semblent suivre des règles bien aléatoires. Les marchés de rue grouillent de monde. Naples rassemble tous les clichés qu’on associe souvent à l’Italie.
Dans le quartier Rione Sanita, nous logeons à la splendide Casa D’Anna, un ancien palace converti en bed & breakfast de quatre chambres (plus un petit appartement) qui ne se trouve sur aucun site de réservation en ligne populaire. S’y installer donne l’impression de débarquer chez un ami fortuné, en retrait de l’agitation. Mon seul regret: ne pas avoir pu passer plus de temps dans ce lieu hors du temps, à la décoration magnifiquement surchargée et où l’opéra accompagnait nos petits déjeuners.
Et la pizza? Bien sûr que nous en avons mangé! Peut-être même trop… De nombreux voyageurs m’ayant recommandé d’aller goûter celle de Da Michele, décrite comme «la meilleure au monde», j’ai bien sûr ajouté l’adresse à mon itinéraire. L’attente – plus d’une heure au moment de notre passage, en plein milieu de l’après-midi – nous a cependant découragées. Coup de chance, un petit groupe de touristes rassasiés nous a tendu une de leurs boîtes, dans laquelle quatre pointes bien dégoulinantes attendaient de trouver preneurs. «Nous n’avons plus faim, elle est à vous!» Verdict: savoureuse, mais pas à se rouler par terre non plus (ni à attendre pendant une heure). Selon Katia, il fut un temps où Da Michele était à la hauteur de sa réputation, mais l’extrême popularité de l’endroit rend la chose impossible aujourd’hui. Nous avons, pour notre part, nettement préféré Da Concettina Tre Santi, à deux pas de notre maison d’hôte. Mieux vaut s’y rendre hors des périodes de pointe, cependant, puisque là aussi, le secret n’en est plus un.
Entre la découverte des musées et les dégustations des classiques gastronomiques, flâner du côté de la vieille ville et du port s’avère aussi un incontournable. Des balades certes étourdissantes, mais nécessaires pour s’imprégner de l’atmosphère de la ville. Qu’on aime ou qu’on déteste, une chose est certaine: Naples ne laisse personne indifférent!
Pratico-pratique:
- Air Transat propose des vols Montréal-Rome d’avril à novembre. Entre novembre et avril, il est possible de s’y rendre avec la même compagnie en transitant par Toronto.
- Voyageurs du monde organise des séjours sur mesure. Idéal quand on ne veut pas se soucier de la logistique!
- En TGV, le trajet entre Rome et Naples dure 1h10. Il est possible d’effectuer la réservation de ses billets en ligne, avant même de quitter le Québec, sur le site de Rail Europe. Des passes ferroviaires permettent aussi de combiner des destinations.
- Prix d’une nuitée à la Casa d’Anna: à partir de 120 euros/nuit en basse saison. («D’Anna» est le nom de famille du propriétaire et non le prénom d’une femme.)
- Les chauffeurs de taxi de la gare de Naples ne sont pas forcément les plus sympathiques… Assurez-vous d’avoir de l’argent comptant sur vous et négociez!
Merci à Air Transat, Voyageurs du monde et Rail Europe, grâce à qui ce séjour a été possible.