Transiter par les États-Unis: le moins souvent possible!
Je fais toujours tout pour ne pas transiter par les États-Unis, mais parfois, il n’y a pas d’autre alternative. À quelques jours du Thanksgiving américain, je me suis retrouvée coincée à Atlanta à la suite du retard d’un vol au départ d’Amérique centrale.
«Ça arrive souvent, de tels retards avec Delta?», m’enquis-je auprès du préposé à la réception de l’hôtel qui préparait ma clé. Sa réponse, après un grand éclat de rire: «Tous les jours.»
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J’ai atterri dans cet hôtel après avoir vu une agente de la compagnie aérienne. Mon premier vol ayant plus de quatre heures de retard, le second était parti vers Montréal sans moi, qui voyage seulement avec un bagage de cabine. L’agente en question, elle, ne souhaitait qu’une chose: rentrer chez elle. Elle ne s’est d’ailleurs pas gênée pour le dire à son collègue qui m’avait dirigée vers elle.
En l’apercevant, j’ai pensé que l’expression «faire la baboune» avait été inventée pour elle. En fait, elle avait tellement l’air «à boutte», que je me suis demandé si son visage était doté de la fonction «sourire». À ce niveau, c’est peut-être un défaut de fabrication.
Mme Baboune n’avait que faire de cette pauvre fille épuisée qui espérait seulement pouvoir trouver un vol pour rentrer à temps pour célébrer son 21e anniversaire de mariage avec son chéri, resté à la maison. «Le prochain vol est demain à 9 h 45», a-t-elle annoncé sans me regarder.
La compagnie aérienne étant tenue de s’occuper de l’hôtel et des repas quand un tel retard survient, je me suis retrouvée devant un choix d’hôtels génériques. Tous à peu près pareils. Sans personnalité. Dénués de tout intérêt autre que de pouvoir s’allonger en attendant de s’envoler. On fait comment pour choisir entre beige et beige?
J’ai demandé à l’agente lequel était le plus proche. Comme, à l’aller, je m’étais rendu dans le mauvais hôtel d’une même chaîne, je me suis assurée cette fois-ci d’avoir les bonnes instructions. Une fois dans mon lit, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’elle avait sans doute pointé n’importe lequel seulement pour se débarrasser de moi.
La première chose que le sympathique préposé m’a lancée quand je lui ai raconté mes péripéties: «Delta?» De là ma question à propos de la fréquence de leurs retards…
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Cela dit, aucune compagnie aérienne n’est à l’abri des retards. Quand je fais des recherches de vol, il m’arrive même de voir la mention «ce vol a souvent du retard» à côté de certains trajets.
Il n’y a pas non plus qu’aux États-Unis où ce genre de situation se produit. Toutefois, la lourdeur des mesures de sécurité rend utopique toute tentative d’attraper un vol quand le temps presse. Chaque étape est fastidieuse. Les files sont interminables. Et puis, les règles changent. Ce matin, on m’a demandé de remettre dans mon sac l’ordinateur que j’avais déjà sorti au point de contrôle pour gagner du temps. Il m’a tout de même fallu retirer chaussures, veste et foulard, mais on m’a sommée de tout mettre dans le même bac plutôt que dans plusieurs, comme c’était le cas jusque-là.
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À l’approche du Thanksgiving américain, la circulation était aussi intense dans l’aéroport d’Atlanta qu’autour. Coincé dans un bouchon, l’autobus qui devait emmener les passagers des arrivées internationales au terminal des vols intérieurs, où se trouvent les navettes gratuites vers les hôtels, a mis une bonne heure à effectuer le trajet mardi soir. Le même, à l’inverse, a pris environ cinq minutes le lendemain matin, à l’aube… «C’est à cause de Thanksgiving», a dit le chauffeur.
Selon The Associated Press, les journées les plus chargées pour prendre l’avion aux États-Unis, en plus de dimanche, étaient mardi et mercredi. L’administration de la sécurité des transports prévoit de contrôler 2,9 millions de voyageurs le dernier jour du week-end.
Alors que j’arpente les allées de l’aéroport d’Atlanta, je grimace en sentant les odeurs de friture. À la suite de mon arrivée tardive, j’ai commandé un spaghetti aux boulettes que je n’ai toujours pas digéré. Les plats frits à 7 h du matin, non merci.
Heureusement, je suis tombée sur plusieurs personnes qui savaient très bien utiliser la fonction «sourire» de leur visage après avoir quitté Mme Baboune. Mais pas assez pour me donner envie de repasser par les États-Unis de sitôt.