La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Sur les traces de Gustave Eiffel à Paris

On le connaît surtout pour la tour qui porte son nom, mais Gustave Eiffel a laissé de nombreuses traces à Paris. Alors que le film Eiffel, avec Romain Duris et Emma Mackey (Maeve dans Sex Education), prend l’affiche au Québec, pourquoi ne pas s’intéresser à l’héritage de celui qui était surtout connu, avant la tour de 300 m, pour avoir dessiné la statue de la Liberté? Comme pour d’autres films populaires, le site officiel de l’Office de Tourisme et des Congrès de Paris propose une carte des lieux de tournage du film, en plus des réalisations de l’architecte et de lieux inspirés de son travail.


La tour Eiffel

Sa construction est-elle vraiment liée au retour d’une flamme de jeunesse dans la vie de son créateur? Le mystère plane. Chose certaine, l’hypothèse semble plaire, si l’on se fie au succès d’Eiffel en France, vu par plus d’un million et demi de cinéphiles.

Dans son film, le réalisateur Martin Bourboulon nous présente une version romancée de la vie de l’architecte, peu enthousiaste au départ à présenter un projet pour l’Exposition universelle de 1889.

Si les embûches et les critiques ont été nombreuses lors de son érection – cette partie du film est plus proche de la réalité –, la grande Dame de fer témoigne encore aujourd’hui de l’acharnement et du génie de son concepteur.

Initialement destinée à être détruite après 20 ans, elle a été sauvée grâce à de nombreuses expériences scientifiques. L’horizon parisien ne serait plus le même sans elle!

La grande Dame de fer témoigne encore aujourd’hui de l’acharnement et du génie de son concepteur. Photo: Chris Karidis, Unsplash

Le Champ-de-Mars

Eiffel a laissé de nombreuses traces sur le Champ-de-Mars au fil du temps pour éviter la destruction programmée de sa tour. La science lui a été d’un précieux secours. Afin de réaliser des essais pour simuler l’effet du vent sur des avions et des voitures, il a installé une soufflerie aux pieds de la tour en 1909. Toujours en activité, la soufflerie Aérodynamique Eiffel a été déplacée à Auteuil en 1912. Si vous passez dans le coin, portez attention au buste de bronze doré représentant l’architecte signé Antoine Bourdelle au pied du pilier nord de la tour.

Le buste de Gustave Eiffel par Antoine Bourdelle.

Le pont des Buttes-Chaumont

Eiffel a grandement contribué à démocratiser les structures métalliques dans l’architecture moderne. Grâce à leur facilité de montage, de transport en kit et aux prouesses architecturales qu’elles permettent, ses œuvres – ponts, gares et autres bâtiments –  se sont retrouvées partout dans le monde dès la moitié du 19e siècle.

En plein cœur du parc des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement, la passerelle érigée en 1867 a été reconstruite selon les plans d’origine après sa fermeture en 1956. De nouveau accessible depuis 1974, l’ouvrage à treillis métallique fait partie des multiples charmes de ce parc inauguré par Napoléon III pour l’Exposition universelle de 1867. La couleur verte du pont, fait de briques rouges et de métal, rappelle les arbres du parc. Ancien pont routier, il relie la porte Sécretan aux buttes Puebla et Fessart.


Vue du pont Eiffel sur la rue Fessart, au parc des Buttes-Chaumont. Photo: W. of Landshire, CC BY-SA 4.0, Wikimedia

Le Shack

À la fois restaurant et espace de coworking, Le Shack, ouvert en 2020, a de quoi intriguer. À deux pas de l’Opéra de Paris, ce lieu hybride se trouve dans les anciens locaux de l’imprimeur Calmann-Lévy, qui abrite une structure métallique d’Eiffel réalisée en 1872. Une adresse pensée pour les télétravailleurs entièrement rénovée, dans un espace de 1500 m² conçu par Gustave Eiffel.

Photo: Facebook Le Shack Paris

Le Printemps Haussmann

Détruit par un incendie et reconstruit en 1882 par Paul Sédille, Le Printemps Haussmann est considéré comme l’un des premiers bâtiments de la Ville Lumière à affirmer sa structure métallique jusque dans sa façade. «Le fer devient alors un matériau noble et un élément majeur du décor, notamment au niveau des poutres et des escaliers, souligne l’office de tourisme. Autre première: l’exclusivité des produits dérivés tels que des médailles de la tour Eiffel, dont chercha à s’assurer le fondateur du Printemps, Jules Jaluzot, lors de l’Exposition universelle de 1889 et qui étaient revendues uniquement dans le Grand Magasin.»

Le Printemps Haussmann est considéré comme l’un des premiers bâtiments de la Ville Lumière à affirmer sa structure métallique jusque dans sa façade. Photo: Guillaume Didelet, Unsplash

La Samaritaine

Fondé en 1870 par Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ, ce grand magasin de la rue de la Monnaie allie art nouveau et art déco. Gustave Eiffel a ici servi d’inspiration, l’architecte belge Frantz Jourdain étant fasciné par son travail et ses machines. Typiquement art nouveau, le décor en fer forgé et en céramique souligne la structure du bâtiment.

Aujourd’hui la propriété du Groupe LVMH, La Samaritaine a rouvert ses portes en 2021 après avoir été fermée pendant plus d’une décennie. Cinq ans de travaux titanesques ont été nécessaires. Le grand défi: réaménager l’endroit alors que 80% de sa surface est protégée au titre des monuments historiques. Son architecture métallique Eiffel lui confère lumière et espace.

Photo: Vincent Giersch, Unsplash

Le Paradis Latin

Créé par Napoléon, le Paradis Latin est le plus ancien cabaret de Paris. Détruit lors de la guerre franco-prusse en 1870, le théâtre a été reconstruit par Gustave Eiffel 17 ans plus tard. Les colonnes métalliques sont posées sur les ruines souterraines de l’enceinte de Philippe Auguste et la hauteur du plafond s’apparente à celle d’une cathédrale.

Photo: Facebook Paradis Latin

Levallois-Perret

Dès la création de la commune de Levallois-Perret, au 19e siècle, Gustave Eiffel y a installé les ateliers de la société Gustave Eiffel & Cie. C’est ici que les pièces de la tour qui porte son nom ont été conçues. Bien que les ateliers soient disparus, l’endroit a conservé des traces de son histoire.

Au square Gustave-Eiffel, il est possible de voir des œuvres murales et trompe-l’œil représentant la tour Eiffel, la statue de la Liberté et le viaduc de Gabarit.

Photo: Facebook

La commune a aussi été la première à nommer une rue en l’honneur de l’architecte, alors qu’il était encore en vie.

Conseiller municipal de la ville pendant 12 ans, Gustave Eiffel repose dans une sépulture tournée vers sa tour au cimetière de la rue Baudin.