La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Québec: raconte-moi des histoires

Comme plusieurs, j’ai mes habitudes quand je passe à Québec. J’aime jouer les touristes dans le Petit Champlain, m’arrêter boire un verre au Château Frontenac et flâner près du port, au hasard de mes pas. Le week-end dernier, j’ai découvert trois nouvelles adresses qui risquent de bousculer mes prochains séjours…


Un coup d’œil au site web de Monsieur Jean a suffi à activer la machine à rêves. Un hôte particulier? Ma curiosité était piquée. En arrivant devant l’hôtel, dans la pente de la rue Pierre-Olivier Chauveau, j’ai toutefois eu un doute. Et si les mots «expérience unique», mis bien en évidence sur le site, me menaient vers un autre de ces lieux plus habiles en marketing qu’en hospitalité?

Monsieur Jean. Photo: Marie-Julie Gagnon

Une fois le pas de la porte franchi, j’ai poussé un soupir de soulagement… et un grand «Wow!». La voix d’un crooner et le tapis bleu roi qui mène à l’accueil donnent le ton. Le plafond est constellé de petites lumières qui rappellent des étoiles. Impossible de ne pas remarquer le mobilier – dont la causeuse multicolore grimpant sur le mur –, aussi éclectique que fantaisiste, et les murales, qui rappellent le street art. Je craque tout de suite pour les tableaux mettant en scène un mystérieux personnage, de dos, accompagné d’un nain de jardin.

Près de l’accueil, une grande table avec des jeux de société et des étagères remplies de livres attirent mon attention. J’aperçois les Fables de La Fontaine et des cadres arborant des personnages de Disney. Les carreaux du plancher me donnent l’impression d’avoir traversé le miroir d’Alice au pays des merveilles.

Monsieur Jean. Photo: Marie-Julie Gagnon

Mon regard se porte soudain sur une étrange borne. En m’approchant, je découvre qu’il s’agit d’un distributeur d’histoires courtes. J’appuie sur le bouton – comme pour obtenir un numéro à la banque – et La bouche en cœur sort par la fente, plus bas.

La vue de la chambre chez Monsieur Jean. Photo: Marie-Julie Gagnon

Ma chambre ne me déçoit pas non plus. En plus des immenses baignoire et douche, la vue sur les toits est tout à fait conforme à l’image qu’on se fait d’un séjour parfait dans le Vieux-Québec. Oui, j’enverrai la visite ici sans hésiter!

Sur la table de chevet, le journal de Monsieur Jean, agrémenté de dessins, m’en dit plus sur l’univers dans lequel je suis immergée. Je me trouve dans l’hôtel imaginé par ce personnage, qui a couché les grandes lignes de son rêve dans ces pages.

Monsieur Jean. Photo: Marie-Julie Gagnon

Ce soir-là, je m’endors dans le lit – ultra-confo – avec l’impression d’habiter chez un ami effectivement bien particulier.

Quand l’histoire rencontre la gastronomie

Quelques heures avant de me rendre à La Tanière 3, je reçois le code de la porte par texto. Encore une fois, je me dirige vers un lieu empreint de mystère. Ce que je sais: le premier restaurant La Tanière a été inauguré en 1977 et constitue une sorte de légende dans la région. Le nouvel emplacement, rue Don-de-Dieu, près de Saint-Pierre, dans le Vieux-Québec, propose une nouvelle expérience gastronomique dans un lieu historique qui se déroule dans trois pièces différentes. Dans la première, on nous sert deux cocktails, dont l’un sans alcool, ainsi que les premières bouchées, qui donnent tout de suite le ton.

La Tanière 3. Photo: Marie-Julie Gagnon

Roxan Bordelais, directeur de la salle, m’explique ce qui m’attend: «Notre but, ici, est de mettre deux terroirs de l’avant avec deux séries de bouchées. Dans la première série, on découvre Antoine, notre maraîcher privé, un ami d’enfance de notre chef. Ils ont choisi les semences ensemble pendant l’hiver et Antoine nous apporte des produits incroyables chaque semaine. Dans la deuxième série de bouchées, on met en valeur l’estuaire du Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.»

Le mixologue m’explique ensuite sa première création, un mocktail contenant notamment une fleur sauvage du Québec, l’épilobe, du basilic sacré, du sirop d’érable, une réduction de canneberge… Chaque nouveau plat ou boisson – le repas comptera une vingtaine de services – sera ainsi «raconté» par un membre de l’équipe. 

Dans la seconde pièce, je suis accueillie par Jonathan, le sommelier, pour vivre l’expérience du comptoir-chef. Une clé me permet d’ouvrir un tiroir sous la table, contenant le menu personnalisé et scellé, qu’on m’interdit de décacheter (oups, trop tard!).

La Tanière 3. Photo: Marie-Julie Gagnon

La suite est une succession de bonnes bouteilles, de plats tous plus créatifs les uns que les autres et de surprises. Le repas s’apparente à un parcours gustatif à travers l’histoire de la ville, mais aussi du pays. Le premier service, un tartare de bison, évoque le changement de saison. Des feuilles mortes sculptées avec des courges et des betteraves rôties bordent la viande. Une fumée aromatisée au sapin recrée aussi l’atmosphère d’une forêt brumeuse. Magique!

Jusqu’à la fin, tout s’avère extraordinaire. Rien n’a été laissé au hasard, tant le choix des aliments que la présentation et la mise en scène. Les histoires racontées au moment du service me mettent en appétit et me rendent plus attentive à chaque saveur, chaque odeur, chaque texture. Oui, ici aussi, le mot «expérience» est tout à fait approprié. 

Mon coup de cœur? Le plat créé en l’honneur de monsieur LeBer, homme d’affaires qui a fait construire les routes du secteur, en 1686 et 1719. «Monsieur LeBer entreposait des fourrures ici, me raconte François-Emmanuel Nicol, chef et copropriétaire du restaurant. C’était le propriétaire de la Compagnie du Nord, qui était le plus gros compétiteur de la Baie d’Hudson. Tout partait vers la France. On s’est inspiré du luxe de l’époque, de la richesse que cette industrie a apportée au Québec. Nous avons ici un caviar d’esturgeon jaune qui vient du lac Saint-Pierre, au Québec, entre Québec et Montréal. Seuls dix pêcheurs ont chaque année le droit de le prélever pendant une très courte période. C’est vraiment un trésor qu’on a chez nous. On le sert avec des pétoncles tranchés finement et plongés au beurre pour leur donner un petit coup de chaud, mais ils sont presque crus». J’en salive encore!

Pour le reste, il faudra pénétrer dans le bâtiment de pierres pour le savoir. Sachez cependant que mon sourire ne s’est pas effacé une seule fois pendant toute la durée du repas, même si j’étais seule.

Un après-midi au spa avec ça?

Mes attentes étaient très élevées au moment où je suis arrivée au Strøm Spa du Vieux-Québec, inauguré en octobre 2018. En plus des nombreuses photos de la piscine infinie et des différents points de vue sur le fleuve que j’avais vu défiler sur les réseaux sociaux, j’étais intriguée par cette architecture récompensée à plusieurs reprises.

Strøm Spa Nordique. Photo : Marie-Julie Gagnon

Ouvert en octobre 2018, l’endroit me paraît tout de suite nettement supérieur à son grand frère de L’Île-des-Sœurs. Il faut dire que le site est beaucoup plus vaste et que le cadre s’avère particulièrement idyllique.

Situé à une vingtaine de minutes de marche du Petit Champlain, le spa attire une clientèle autant locale que touristique. Pour cette raison, mieux vaut s’y rendre en semaine, du lundi au jeudi, pour éviter la foule. Bien qu’il ait été conçu pour pouvoir accueillir jusqu’à 500 personnes simultanément, l’établissement a fixé la limite maximale à 350, afin que l’expérience reste positive pour chacun.

Strøm Spa Nordique. Photo : Marie-Julie Gagnon

Comme dans la plupart des spas nordiques de la province, on trouve des saunas secs et humides, des bassins d’eau froide et des salles de repos aux atmosphères différentes. Le petit plus: la salle de repos RØD, où l’on trouve des lits infrarouges, aux multiples bienfaits. J’aurais aussi pu me laisser dériver toute la journée dans le bassin flottant au sel d’Epsom…

Chère Québec, tu risques de me voir de plus en plus souvent!

En rafale:

Prix d’un repas à La Tanière: environ 250$ par personne.

• Le menu de La Tanière change toutes les saisons.

• Pour avoir un aperçu de l’expérience de La Tanière, visionnez cette vidéo.

Une chouette adresse pour le brunch: Bagel Maguire Café, sur la rue du même nom. Succombez aussi à la tentation: leurs beignes sont franchement savoureux!

J’étais l’invitée de Québec cité, de La Tanière 3 et du Strøm Spa Nordique. Merci!