Québec british!
À l’occasion de l’inauguration de l’exposition Ici Londres au Musée de la civilisation, j’ai eu la chance de faire une visite guidée du Vieux-Québec sous le thème de l’héritage britannique en compagnie de l’historien David Mendel et de Geneviève Borne, porte-parole de l’exposition et auteure de 300 raisons d’aimer Londres, à bord d’un des autobus à deux étages de la compagnie Les tours du Vieux-Québec.
Grande amoureuse de la France, j’avoue m’être beaucoup plus intéressée à l’héritage français qu’anglais au cours de mes multiples visites à Québec. Toutefois, la visite m’a tellement captivée que je planifie déjà de retourner compléter le parcours entamé avec l’historien, dont la passion est contagieuse.
Des exemples de lieux et détails auxquels porter attention pour observer l’influence anglaise? Commençons par un incontournable: le Château Frontenac. Bien que l’hôtel le plus photographié du monde porte le nom d’un gouverneur de la Nouvelle-France, un atelier britannique réputé, Bromsgrove Guild, a entre autres fabriqué les modèles d’ornementation en bois, en fer, en bronze ou en plâtre de l’établissement au cours des années 1920.
La cathédrale Holy Trinity renferme quant à elle une multitude de trésors qui échappent à l’œil non averti. Première cathédrale anglicane construite hors des îles Britanniques, Holy Trinity fait sonner des cloches fabriquées à Londres en 1830 et restaurées en 2006 à leur fonderie d’origine. On peut également y admirer un ensemble de communion en argent offert par Georges III (1738-1820), ainsi que les armoiries de ce dernier, dans la nef.
Avez-vous déjà remarqué les maisons avec portes cochères? Alors que les résidences étaient plutôt regroupées autour de petites cours fermées avec des ouvertures permettant l’accès à l’époque de la Nouvelle-France, pendant le règne des Anglais, des demeures avec des portes cochères menant directement aux écuries ont été construites. D’autres ont modifié les bâtiments existants afin de faciliter le transport hippomobile au 19e siècle. Si vous passez dans le coin, portez attention au 14, rue Saint-Denis, au 60, rue Saint-Louis et au 105, rue Sainte-Anne, dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste.
Les résidences de style londonien sont par ailleurs bien visibles le long de la rue d’Auteuil, près de la rue Saint-Louis, face au parc de l’Esplanade, là où les troupes britanniques effectuaient jadis leurs exercices militaires. C’est l’espace restreint à l’intérieur des fortifications qui a incité à la construction de maisons en enfilade, étroites et hautes, comme celles de Londres. Les toits très pentus, typiques des maisons françaises, ont toutefois été conservés à cause de la neige.
Plusieurs autres lieux témoignent du passage des Anglais, comme la citadelle, mais aussi l’église Saint-Andrew, le pub Saint-Alexandre, la maison Chevalier et le London Coffee House, ainsi que la rue Saint-Pierre, surnommée la Wall Street du Canada à la fin du 19e siècle.
L’exposition Ici Londres
L’exposition présentée au Musée de la civilisation nous entraîne quant à elle à travers les différents quartiers de Londres. En déambulant dans South Bank, Covent Garden, Bloomsbury et autres Soho, on découvre non seulement les incontournables de chacun, mais aussi des personnages qui y sont associés. Ainsi, dans Chelsea, on plonge au cœur des années 1950-1960, alors que la jupe se faisait de plus en plus courte. La jeune Mary Quant, propriétaire d’une boutique sur King’s Road, cousait la nuit pour vendre ses créations le jour tant la demande pour les minijupes était forte. C’est aussi dans ce quartier que le punk a défié les conventions dès les années 1970.
Au fil de nos pérégrinations, on croise avec plaisir Vivienne Westwood, David Bowie, Twiggy et Paul Smith, pour n’en nommer que quelques-uns. Il suffit de suivre la carte de la ville, sous nos pieds, pour trouver son chemin d’un quartier à l’autre. Au centre de la salle, une maquette de la «City of London» sert de carrefour.
Impossible de ne pas mentionner Abbey Road, où des milliers de fans des Beatles se rendent en pèlerinage chaque année. C’est à Abbey Road Studios que le groupe a enregistré ses plus grands succès. D’ailleurs, avis aux intéressés: une murale de la rue mythique, où l’on peut s’amuser à reproduire la scène de la pochette mythique, se trouve près de l’entrée des groupes.
Une application mobile baptisée Mon MCQ permet de faire la visite avec la voix de Geneviève Borne, qui incarne Londres, et de scanner certains objets à l’aide de son téléphone pour voir apparaître une vidéo, une photo ou une citation. Sympathique, mais pas absolument nécessaire pour profiter de la visite, qui nous plonge dans le bouillonnement créatif de la ville de 1950 à nos jours. Au cœur de l’expérience, la musique des créateurs les plus marquants nous accompagne également tout au long de la visite.
Visiter l’exposition Ici Londres et redécouvrir la ville de Québec sous le thème de l’influence britannique: voilà une bien belle manière de s’offrir deux voyages dans un même lieu!
Bon à savoir:
- Québec est la seule ville au nord du Mexique à avoir conservé ses fortifications. C’est lord Dufferin, gouverneur général de 1872 à 1878, qui s’est opposé à leur démantèlement et qui a fait construire de nouvelles portes d’inspiration médiévale, mais aux ouvertures plus larges pour faciliter la circulation.
- Au musée, des visites guidées, au cours desquelles le guide-animateur devient guide touristique, sont proposées. Chacune dure 30 minutes et comporte 15 arrêts. On peut ainsi attraper une visite au passage comme on attrape un double decker ou un black cab.
- On peut se procurer au musée Ici Londres à Québec, qui identifie 10 lieux de la ville liés à la Grande-Bretagne. Le parcours a été élaboré par l’historien et guide David Mendel. Un must!
- Des conférences et des concerts en lien avec l’exposition sont présentés au musée à différents moments jusqu’en mars 2019. À signaler: les classiques du rock anglais interprétés par six étudiants de la Faculté de musique de l’Université Laval dans la cour intérieure du musée toutes les fins de semaine de l’été, Le Londres de Geneviève Borne le 26 septembre à 14 h, L’influence britannique sur l’architecture de Québec avec l’historien David Mendel et La littérature anglaise de Charles Dickens à John Le Carré en passant par Conan Doyle (date à confirmer).
- Trois films ayant Londres comme décor sont également présentés: Clockwork Orange le 31 octobre à 19h30, Blow-up le 2 novembre à 19h30 et A Hard Day’s Night le 4 novembre à 13h.
- Le Château Frontenac, qui célèbre son 125e anniversaire, est l’hôtel officiel de l’exposition Ici Londres.
- L’historien David Mendel, Anglais d’origine qui vit à Québec depuis 40 ans, propose des visites guidées de la ville et a publié des livres sur sa ville d’adoption. Un vrai passionné qu’on écouterait pendant des heures!
Merci au Musée de la civilisation et au Château Frontenac.