Les tableaux d’Amsterdam
Amsterdam évoque tant d’images qu’il est impossible de s’arrêter à une seule. Entre une visite sur les traces d’Anne Frank et l’influence indonésienne, que j’ai retrouvée tant à l’hôtel que dans l’assiette, j’ai choisi de voyager dans les œuvres de deux de ses principaux musées, le Rijksmuseum et le Stedelijk.
Difficile d’expliquer pourquoi certains tableaux nous interpellent particulièrement. Moi, c’est une scène de naufrage de l’époque romantique qui m’a clouée au sol pendant un long moment au Rijksmuseum. En pleine tempête, l’équipage imaginé par Wijnand Nuijen en 1837 scrute la plage pour tenter de retrouver des survivants. Un rayon de soleil perce le ciel menaçant. Minuscules, les personnages semblent bien secondaires dans cette vision funeste. En même temps, la lumière est bien là, prête à nimber ces êtres désespérément solidaires…
Entre les portraits de membres de la royauté et les tableaux impressionnistes de George Hendrik Breitner, j’aurais flâné pendant des heures dans chacune des toiles. Bien sûr, il était impossible de passer à côté des œuvres de Johannes Vermeer, de l’impressionnante Ronde de nuit de Rembrandt et de l’Autoportrait de Van Gogh.
Certaines sections m’ont aussi fait sourire, comme celle où sont décrites les «drinking games» d’une certaine époque. «L’eau était tellement polluée – surtout dans les régions urbaines – qu’elle était impropre à la consommation. La boisson quotidienne des jeunes comme des vieux était une ''maigre'' bière avec un faible pourcentage d’alcool», peut-on notamment lire sur l’un des cartels.
Au hasard de mes pas, je me suis retrouvée devant la bibliothèque Cuypers, la plus grande et la plus ancienne consacrée à l’histoire de l’art au pays. Bien qu’on ne puisse s’approcher des livres, j’avais l’impression de les entendre me chuchoter l’histoire de ceux qui ont pu caresser leurs pages. Oui, les musées sont remplis de fantômes.
D’un musée à l’autre
Munie de la I Amsterdam City Card, mon sésame pour prendre le tramway et accéder aux musées (pas tous, cependant – mieux vaut consulter la liste et valider ceux où il est nécessaire de réserver), je me suis offert une merveilleuse escapade à travers le temps.
Au Stedelijk, à distance de marche du Rijks, les deux étages proposent de vivre des expériences complètement distinctes. Au sous-sol, les thèmes de l’industrialisation, du colonialisme et de l’émancipation autour de mouvements historiques et d’artistes influents d’Europe et d’Amérique du Nord m’ont projetée un quart de siècle plus tôt, alors que je commençais tout juste à m’intéresser à l’art. Devant les toiles de Chagall, Van Gogh, Picasso, Riviera et autres Malevich, je voyais aussi la jeune femme éblouie par la découverte d’un nouveau monde que j’avais jadis été.
Une fois revenue dans mes chaussures de 2022, c’est surtout la configuration de la salle, dans la partie consacrée à l’époque coloniale, qui m’a émue. D’un côté, les créations d’artistes européens qui dépeignaient une vision idéalisée d’un certain exotisme; de l’autre, celle des peintres indonésiens traduisant plutôt l’oppression dont ils se sentaient victimes. Une superbe leçon d’histoire et d’humanité.
À l’étage supérieur, l’exposition It’s our f***ing backyard présente différentes innovations nées de l’urgence de réagir face aux changements climatiques. Installations multimédias, tableaux et objets étonnants, comme une bague créée à partir de fumée, démontrent que les préoccupations peuvent parfois donner vie à des œuvres surprenantes.
Amsterdam autrement
Le passé d’Amsterdam teinte inévitablement le voyage. En compagnie du guide Jeroen van Nes, qui a grandi dans le quartier où a évolué Anne Frank avant que sa famille se terre dans l’Annexe, j’ai pu découvrir différents aspects du quotidien avant, pendant et après la guerre. L’adolescente mythique sert de point de départ pour aborder une foule de sujets liés à cette époque trouble. Loin des hordes de touristes, la visite m’est apparue particulièrement pertinente pour mieux comprendre aussi le présent.
Au superbe hôtel Jakarta, qui se trouve là d’où partaient jadis les bateaux pour l’Indonésie, j’ai retrouvé tout ce que j’aime d’un hébergement: le confort, bien sûr, mais aussi un souci constant de minimiser l’impact environnemental. Tout est pensé en fonction de la durabilité. Pas de système de climatisation bruyant: les chambres sont rafraîchies par le plancher, avec l’eau du fleuve. Avec ses fenêtres immenses et son jardin intérieur, l’établissement de 200 chambres a des airs de jungle au milieu de la ville. Les visiteurs peuvent aussi louer des vélos pour se déplacer.
Si le Malabar est parfait pour siroter de savoureux cocktails hors de prix par une journée pluvieuse, le restaurant du rez-de-chaussée ravit les amateurs de cuisine asiatique. Je rêve encore du Rendang Daging, plat à base de bœuf, de noix de coco et de chili, que j’ai dégusté après une longue journée d’exploration.
En retrait de l’agitation, le Jakarta constitue le refuge parfait, avec vue sur le port.
Et les canaux? Bien sûr qu’ils restent incontournables! Mais ils sont loin d’être les seuls atouts de cette ville où l’on a inévitablement envie de retourner, idéalement hors des périodes de pointe touristique.
Pratico-pratique:
- Transat a ajouté un nouveau vol direct depuis Montréal pendant l’été et une partie de l’automne.
- Le prix de la City card d’I Amsterdam varie selon la durée choisie.
- D’autres musées, comme celui consacré à Van Gogh, méritent vraiment qu’on s’y arrête. Ce sera pour un autre voyage!
J’étais l’invitée de Transat, d’I Amsterdam et de l’Hôtel Jakarta. Toutes les opinions émises sont 100 % les miennes.