Magique Brocéliande
On connaît les personnages de Brocéliande, mais qui peut vraiment situer sur une carte la forêt des légendes arthuriennes? Lors de mon récent passage en Bretagne, je me suis lancée sur les traces de la fée Viviane, de Merlin l’enchanteur et autres chevaliers de la Table ronde.
Disons-le d’entrée de jeu: pour quiconque ne connaît pas le secteur, il n’est pas aisé de se repérer dans cette forêt de plus de 7000 hectares. Cette dernière appartient, en grande partie, à des particuliers. Malgré tout, pendant l’été, les sentiers de randonnées sont accessibles aux visiteurs.
Si, a priori, Brocéliande ressemble à n’importe quelle forêt, dès qu’on s’intéresse aux personnages qui la peuplent, on se retrouve illico dans un monde parallèle. «La légende de Brocéliande est liée à la Fontaine de Barenton, résume Fanny Goujon, guide saisonnier de l’Office de tourisme de Trehorentuc. C’est grâce à cette fontaine que les légendes du roi Arthur sont venues s’installer en Brocéliande.» Bien que l’eau soit toujours à une température de 10°C, des bulles se forment à la surface par intermittence. C’est, en réalité, à cause du méthane… Mais on préfère tout de même croire qu’elles sont soufflées par des fées, n’est-ce pas? «On raconte que l’on peut y faire un vœu et si instantanément, la fontaine fait des bulles, notre vœu sera exaucé», souligne le site Web de l’office de tourisme.
Par où commencer?
S’il faut absolument faire au moins une visite avec un guide conteur, le premier arrêt devrait être Paimpont, où le spectacle immersif La Porte des secrets constitue une excellente entrée en matière. On y présente bien sûr les légendes arthuriennes, mais aussi les richesses naturelles de la forêt, notamment le fer. Ensuite, pour vous aider à faire des choix, rendez-vous à l’Office de tourisme de Brocéliande, dans la même ville (vérifiez les horaires ici).
Je m’arrête d’abord à l’église du Saint Graal, à Trehonrentuc, où je fais la connaissance de l’abbé Gillard, qui a restauré l’église dans les années 1950. Né en 1901, ses idées avant-gardistes ne plaisaient pas particulièrement à ses supérieurs. «Il disait par exemple que ce qu’on voit n’existe pas, mais que ce qu’on ne voit pas existe bien», résume Fanny Goujon. Envoyé dans le plus petit village du Morbihan, qui comptait 101 habitants en 1942, l’abbé ne se laisse pas abattre. «Les gens croient surtout ici aux légendes celtes, aux légendes de Brocéliande, poursuit la guide. Il décide de restaurer l’église, mais en mélangeant trois croyances: la croyance chrétienne – c’est quand même un curé chrétien! – la croyance légendaire et la croyance celte.»
«À la fin de la guerre, il va chercher deux prisonniers allemands. L’un d’eux va faire tous les tableaux de l’église, et l’autre s’occupera de la menuiserie», ajoute Fanny Gouion. Fait inusité, l’artiste s’inspire des habitants du village pour peindre les personnages des légendes. L’institutrice de l’époque devient ainsi la fée Morgane dans un tableau recréant le Val sans retour, où je me rends ensuite.
À la rencontre de la fée Morgane
Avec ses longs cheveux noirs, la fée Morgane faisait peur à bien des chevaliers, mais pas à Guyaumard. Ce dernier lui annonce un jour son départ, avec l’intention de revenir l’épouser un an et un jour plus tard. Ne le voyant pas rentrer au moment prévu, elle utilise ses pouvoirs pour le chercher. Elle le trouve avec une autre... «Elle les a pourchassés et lorsqu’elle les a trouvés, elle les a changés en pierres, raconte Fanny Goujon. Deux grosses pierres qu’elle a fait tournoyer et envoyer sur les crêtes.» Sa colère la pousse à jeter un sort sur le Val sans retour. «Elle enferme depuis tous les hommes infidèles par les gestes ou par la pensée», dit Fanny.
Visiter Brocéliande peut prendre plusieurs jours si l’on souhaite entendre les légendes associées à chacun des sites clés. Il y a six ans, j’ai eu l’occasion de voir le tombeau de Merlin l’enchanteur et la Fontaine de Jouvence. La prochaine fois, je me promets d’aller rôder du côté de la Fontaine de Barenton et du château de Comper. Pourquoi pas, tant qu’à y être, ajouter les Menhirs de Monteneuf et l’Abbatiale de Paimpont? Bon, d’accord: j’y passerai au moins deux jours!
Pratico-pratique:
- La signalisation n’est pas toujours adéquate. Restez aux aguets!
- Certains sites sont seulement accessibles à pied.
- Le Val sans retour est interdit d’accès entre le 30 septembre et le 30 mars.
- Il est possible de louer une bicyclette par l’entremise de Brocéliande Bike pour se déplacer d’un site à l’autre.
Notre chroniqueuse était l’invitée d’Atout France, Destination Renne, du Voyage à Nantes et d’Air France. Toutes les opinions partagées dans ce texte sont bien sûr 100% les siennes.