La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

L’été toute l’année

Je fais partie des inconditionnels de l’été. Sortir sans me questionner sur le nombre de couches à porter est pour moi synonyme de liberté. Alors que juillet file déjà trop vite, je me suis lancée à la recherche d’options pour prolonger la belle saison. J’ai repéré quelques pistes accessibles depuis Montréal pour pratiquer le ralentourisme, traduction de slow tourism, mot-valise que je compte bien employer plus que jamais au cours des prochains mois.



L'essor du télétravail a multiplié les options pour voyager lentement depuis la pandémie. De nouveaux vols laissent aussi entrevoir d’autres possibilités. Est-ce parce que j’ai tellement bougé, faisant du mouvement ma priorité pendant deux décennies, que je ressens le besoin de naviguer plus longtemps dans les mêmes eaux? La culpabilité d’avoir contribué au réchauffement de la planète en bougeant autant? Ou le simple fait de vieillir?

Parcourir le plus de territoire possible pour voir un maximum «d’incontournables» (selon qui?), pourquoi? Les courses effrénées ne me font plus rêver. Plus que jamais, j’ai envie de jeter l’ancre et de scruter le même horizon jusqu’à plus soif. De me poser dans ce café charmant repéré au détour d’une longue marche, d’explorer des villes à peine réveillées au pas de course, de prendre de grandes bouffées de jungle après la pluie. Je n’ai plus aussi souvent envie d’interminables repas au restaurant jusqu’à pas d’heure, de files pour voir cette expo qui fait le buzz et encore moins de listes à cocher. Je préfère nettement aller à contre-courant pour éviter les cohues, sortir pour l’apéro et terminer la soirée en compagnie d’un livre ou d’un film.

Ma curiosité n’en est pas éteinte pour autant: elle s’est simplement tournée vers d’autres formes d’exploration. J’ai envie de pouvoir rester pendant cinq heures dans un même musée pour en absorber toute la beauté si l’envie me prend. De vivre un coin de pays plutôt que de le survoler.

Rencontrer d’autres humains? D’accord, mais sans obligation. Les conversations superficielles entre voyageurs m’épuisent. J’ai assez donné dans le «Where are you from?». Et puis, plus on vieillit, plus la vie est longue à raconter (et moins on a envie de le faire).

J’aime l’anonymat des hôtels, manger hors des heures régulières des repas, me lover dans un certain silence et me permettre d’aller nulle part. Nulle part, c’est partout, proche et loin à la fois. C’est là où l’on choisit de ne pas aller et c’est parfois plus important que la prochaine destination.

Du Guatemala au Laos

Parmi les lieux où je me vois aisément m’ancrer pendant au moins trois semaines, il y a Antigua, au Guatemala, qui m’attire depuis l’époque de La course destination monde. On peut encore y vivre pour trois fois rien et y suivre des cours d’espagnol à bon prix. J’en profiterais sans doute pour faire une ou deux escapades ailleurs au pays, mais je m’imagine parfaitement peinturée dans un coin à regarder la vie des autres couler doucement. Les options de vols n’ayant jamais été aussi nombreuses au départ de Montréal sans devoir passer par les États-Unis – avec une escale à Saint-Domingue avec Arajet, à Panama City avec Copa Airlines ou à Bogota avec Avianca –, je contemple la possibilité de réveiller ce vieux rêve d’ici la fin de l’année.

La célèbre arche de Santa Catalina à Antigua, Guatemala. Photo: Depositphotos

Les nouveaux vols directs de Transat vers Marrakech me donnent aussi envie de retourner m’étourdir dans la ville fétiche d’Yves Saint Laurent, qui y a séjourné dès 1966 avec son compagnon, Pierre Bergé. L’idée de transporter mon bureau du côté d’Essaouira, ville portuaire que je n’ai pas encore eu la chance de visiter, me plaît assez, aussi. On dit que la plage y est idéale pour une course matinale… Et puis, on y trouve aussi un espace de coworking.

L’idée de transporter mon bureau du côté d’Essaouira, ville portuaire que je n’ai pas encore eu la chance de visiter, me plaît assez. Photo: Rigel, Unsplash

À moins que je mette le cap sur l’Asie du Sud-Est pour une plus longue période? Continent où je me sens le mieux, l’Asie est toujours mon premier choix. Le voyage et le décalage étant beaucoup plus importants, je souhaite toutefois pouvoir y passer au moins un mois, idéalement deux. Entre la Thaïlande, que j’aime encore avec autant de ferveur plus de deux décennies après mon premier séjour, le Laos et le Vietnam, mon cœur balance…

Hoi An, Vietnam. © Jean-Michel Dufaux

Le sud de l’Europe n’est pas non plus exclu. J’ai des envies de Sicile et d’Andalousie (pas question de m’y rendre en haute saison, cependant). De longs voyages en train, aussi.

La route des Pueblos blancos est une particularité qui rend l'Andalousie sublime. Photo: Nomade Amoureux

Quant aux destinations des Caraïbes, je les aime calmes, plutôt sauvages et accessibles sans voiture, ce qui m’apparaît compliqué hors des complexes touristiques tout compris. Mais je n’ai pas terminé mes recherches… À suivre!

D’ici là, je vous souhaite de fabuleuses vacances estivales au Québec!