La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Les hôtels vous attendent cet été!

Contrairement à ce que plusieurs croient, les hôtels étaient autorisés à rester ouverts pendant la pandémie puisqu’ils sont considérés comme des services essentiels. Alors que l’été est à nos portes, à quoi s’attendre au cours des prochaines semaines?



Avant la crise, les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration représentaient 2,5% du PIB du Québec, a rappelé l’honorable Liza Frulla, C.P., C.M., O.Q., directrice générale de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). Depuis le début de la pandémie, le taux d’occupation a chuté dramatiquement, au point que plusieurs établissements ont préféré fermer temporairement. À titre d’exemple, à Québec, le taux d’occupation des hôtels a été de 1,2% en avril, a rapporté le Journal de Québec.

Alors qu’on commence à entrevoir la lumière au bout du tunnel, les voyageurs ont-ils envie d’aller dormir à l’hôtel? «C’est dans la tête des gens que ça se passe, observe la cofondatrice du Groupe Germain, Christiane Germain. […] Dans cette aventure que nous vivons, il y a des gens très anxieux. Je ne pense pas qu’ils iront bien loin de chez eux.»

Par contre, certains, moins craintifs, opteront pour des escapades à proximité et d’autres, plus aventureux, ressentiront le besoin de s’évader après des mois de confinement. «Ce sont ces deux dernières catégories que nous visons», dit Mme Germain.

Treize des dix-huit hôtels du Groupe Germain en exploitation ont poursuivi leurs activités avec personnel réduit pendant la pandémie, mais le taux d’occupation des chambres se situait à 3% à la fin mai selon La Presse. «La majorité de notre clientèle des dernières semaines était des employés de première ligne qui avaient le goût de se reposer pendant le temps fort de la pandémie, résume la cofondatrice. Parfois, il n’y avait pas un chat…»

Treize des dix-huit hôtels du Groupe Germain en exploitation ont poursuivi leurs activités avec personnel réduit pendant la pandémie, mais le taux d’occupation des chambres se situait à 3% à la fin mai. Photo: Facebook Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix

«Nous avons eu quelques appels de gens qui voulaient s’isoler parce qu’ils avaient la COVID, poursuit-elle, mais nous n’avons pas accepté parce que nos employés ne se sentaient pas à l’aise et que nous ne voulions pas devenir une zone contaminée.»

Alors que le nombre de cas diminue, on voit poindre un regain d’intérêt pour les escapades en région. «Dans certaines régions du Québec, les gens demandent plus d’informations, observe Mme Germain. On le voit dans Charlevoix, par exemple. Ce sera plus difficile pour Montréal parce que c’est l’épicentre. Avons-nous le goût de venir nous réfugier ici quand, de loin, la situation a l’air épouvantable?»

Les Hôtels Fairmont

Du côté des Hôtels Fairmont, qui font partie du groupe français AccorHotels depuis 2016, seuls ceux de Montréal et Québec sont restés ouverts dans la province. «Pour les resorts, ce n’était pas viable de rester ouverts parce que les déplacements entre régions étaient interdits, explique Joanne Papineau, directrice régionale, Relations publiques des Hôtels Fairmont. Le golf du Manoir Richelieu est maintenant accessible et l’hôtel rouvrira le 20 juin. Au moment où l’on se parle, on attend toujours les dates de réouverture du Château Montebello et de Tremblant, mais ça ne devrait pas tarder.»

Le golf du Manoir Richelieu est maintenant accessible et l’hôtel rouvrira le 20 juin. Photo: Facebook Fairmont Le Manoir Richelieu

Comme d’autres hôteliers, Fairmont a choisi de s’impliquer dans la communauté pendant la pandémie. «Le Reine Elizabeth et le Château Frontenac ont notamment offert 200 000 repas chacun à la Tablée des chefs [qui vient en aide aux Banques alimentaires du Québec], mentionne Joanne Papineau. Le Reine Elizabeth a aussi préparé des déjeuners pour les sans-abris, dans les campements érigés par la Ville de Montréal. C’était notre façon d’aider, puisque tous les fournisseurs se retrouvaient avec trop de produits. Nous ne sommes pas les seuls à l’avoir fait, d’ailleurs.»

Selon elle, la reprise sera plus rapide pour les resorts. «Le terrain est plus grand. La distanciation physique sera plus facile qu’à Montréal. […] Les gens sont maintenant habitués aux mesures d’hygiène. Nous suivons les règles. Nous avons déjà les comptoirs en plexiglas, des menus avec codes QR et non en papier pour nos restaurants. Tout a été pensé et réfléchi. Nous espérons que ça ira mieux que prévu, mais on s’attend à ce que ce soit très progressif à Montréal.»

Plus propres que jamais!

Bien que certaines mesures sanitaires aient été ajoutées pour correspondre aux exigences de la Santé publique, les intervenants à qui nous avons parlé sont unanimes: la propreté est déjà l’un des éléments essentiels du succès d’un hôtelier. Les hôtels qui ont accueilli des gens atteints par le coronavirus ont quant à eux dû suivre les directives de la Santé publique.

Sur la page d’accueil du Groupe Germain, on mentionne clairement que les standards sanitaires ont été rehaussés. Des boîtes déjeuners sont offertes aux clients. «Dans les endroits où nous avons des restaurants, on peut prendre des plats à emporter. À Charlevoix, on va aussi pouvoir se faire préparer un pique-nique.»

Du côté des membres d’Ôrigine artisans hôteliers, autrefois appelé «Hôtellerie champêtre», les réouvertures se font aussi de manière progressive, en ayant à cœur les meilleures conditions d’hygiène. «Avant la COVID, les hôteliers étaient très soucieux des conditions sanitaires, observe Isabelle Gagnon, directrice générale d’Ôrigine artisans hôteliers. Au cours des dernières semaines, des solutions très étoffées ont été mises en place. Plusieurs ont fait preuve d’innovation, en mettant par exemple en place des boîtes repas et des réceptions virtuelles.» À l’Auberge des Gallant, à Vaudreuil-Dorion, des forfaits pique-nique gourmands sont proposés.

À l’Auberge des Gallant, à Vaudreuil-Dorion, des forfaits pique-nique gourmands sont proposés. Photo: Facebook Ôrigine Artisans Hôteliers

L’union fait la force

Ôrigine artisans a accueilli 10 nouveaux membres en avril dernier. Le réseau coopératif qui célèbre ses 30 ans cette année compte maintenant plus de 30 auberges et hôtels. «Ça faisait longtemps qu’on était en pourparlers avec ces hôteliers, explique Isabelle Gagnon, mais les gens reconnaissent plus que jamais l’importance de se regrouper pour travailler ensemble.» Parmi les nouveaux membres, mentionnons le Moulin Wakefield Hôtel & Spa, au cœur du parc de la Gatineau et des collines de l’Outaouais.

Le Moulin Wakefield Hôtel & Spa, au cœur du parc de la Gatineau et des collines de l’Outaouais, fait maintenant partie du réseau d'Ôrigine artisans.Photo: Facebook Moulin Wakefield Mill Hotel & Spa

Des rencontres sur Zoom ont notamment été organisées depuis le début de la pandémie afin de favoriser l’entraide. «Les gens partagent leurs bons coups», souligne Mme Gagnon.

«Ôrigine artisans regroupe des hôteliers indépendants, des entrepreneurs d’ici, dit-elle. C’est parfait pour ceux qui souhaitent encourager des entreprises locales!»