La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Les étoiles du désert

«Vous venez?» Près du feu, Brahim, le cuisinier, Saïd, le guide, Mohamed et Hamid, les chameliers, s’affairent. Ce dernier place la pâte à pain sur le sol réchauffé par le feu, puis le recouvre de sable et de braises.



Au-dessus de nos têtes, il y a ce ciel immense, ces étoiles plus brillantes qu’ailleurs et ce croissant de lune couché, prêt à bercer l’âme des rêveurs. Un petit élan et on l’imagine effectuer un lent mouvement vers la gauche, puis vers la droite. On parle souvent de l’aridité du désert et de son silence, mais on oublie de parler de sa douceur. Malgré le froid qui pique un peu, c’est bien le mot qui me vient à l’esprit alors que je me sens enveloppée par cette courtepointe d’étoiles.

Photo: Marie-Julie Gagnon
Saïd, notre cuisinier. Photo: Marie-Julie Gagnon

Le désert suscite une foule de clichés: on s’y sent vulnérable et petit comme un grain de sable. On pense inévitablement au Petit Prince, à Lawrence d’Arabie et aux caravanes qui se rendaient jadis jusqu’à Tombouctou. Habité par toute cette mythologie, on traverse les dunes en compagnie des personnages qui ont guidé nos pas jusqu’à elles.

«Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part…» «Nous ne sommes pas des touristes, nous sommes des voyageurs.» «Le touriste est quelqu’un qui ne pense qu’à rentrer à la maison sitôt arrivé.» «Le voyageur pourrait ne jamais repartir...» Les répliques de Saint-Exupéry côtoient celles d’Un thé au Sahara, roman de Paul Bowles porté à l’écran par Bernardo Bertolucci en 1990. Quelques jours plus tard, ce seront des scènes de la série culte Game of Thrones qui me reviendront en mémoire en visitant le ksar d’Aït Ben Haddou – Yunkai dans la troisième saison –, non loin de l’Atlas marocain.

Photo: Marie-Julie Gagnon
Hamid, un de nos chameliers. Photo: Marie-Julie Gagnon

Randonnée dans les dunes

Nous avons marché pendant cinq bonnes heures avant d’installer le bivouac ici, en plein désert de Chegaga. On a beau avoir l’habitude de la randonnée, marcher dans le sable s’avère par moments plus périlleux qu’une balade en forêt. En haut des crêtes, la piètre équilibriste que je suis remerciait l’inventeur des bâtons de marche!

Malgré tout, j’aurais pu continuer quelques heures de plus. Avancer dans un pareil tableau mouvant, dont les détails se révèlent pas après pas, a quelque chose de profondément apaisant. Du moins, quand on n’a pas à se soucier de trouver son chemin!

Entre El Ghoul, Mahazel et Chegaga, Saïd, qui a été berger avant de devenir guide, nous a raconté son désert. «À votre avis, quel animal a fait ces traces?» Nous apercevrons la réponse gambader au loin un peu plus tard (c’était une gazelle)…

Chegaga est l’un des deux plus grands ergs – vastes régions avec des dunes – du Maroc. Moins fréquenté que Chebbi, connu sous le nom de «dunes de Merzouga», il correspond parfaitement à l’idée que l’on se fait du Sahara. Nous croiserons bien quelques petits groupes de touristes, mais rien pour gâcher l’expérience. La coupure avec le reste du monde nous donnera même l’impression d’avoir été partis beaucoup plus longtemps que trois petites journées…

Photo: Marie-Julie Gagnon
Photo: Marie-Julie Gagnon

Sous les étoiles

En plein cœur de l’après-midi, le mercure oscillait autour de 35 degrés. Au retour, nous avons fait la sieste et pris le thé à la menthe, avant de savourer un repas préparé par Mohamed. Ce dernier a appris son métier en observant les cuisiniers alors qu’il était chamelier, puis avec la cheffe Meriem El Guir, à la Villa Nomade, riad de Marrakech aussi réputé pour sa déco et son confort que pour son restaurant. Jamais je n’aurais cru me régaler autant en plein désert! Couscous, tajines, pâtes… Chaque plat nous a rassasiés avec le sourire.

Dès la tombée de la nuit, la température a dégringolé à 6 ou 7 degrés. Le bon côté: en novembre, les scorpions et les serpents hibernent. À moins que Saïd ait glissé l’info pour nous rassurer?

Photo: Marie-Julie Gagnon
Nos hôtes du désert. Photo: Marie-Julie Gagnon

Pendant la cuisson du pain de sable, nos hôtes entonnent des chants berbères. Les regards échangés avec les collègues et amis qui prennent part à ce séjour concocté par Terres d’aventure confirment que je ne suis pas la seule à me sentir transportée par la magie de l’instant.

Quand notre tour viendra de pousser la note, I lost my baby et L’arbre est dans ses feuilles nous ramèneront un peu à la maison. Mais pas trop longtemps. Il y a encore toutes ces étoiles à imprimer dans nos mémoires, et ce pain chaud à savourer.

«Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries…»*

Oui, le désert est aussi doux que les mots qu’il nous glisse à l’oreille.

P.S. – Le pain s’est avéré délicieux!

* Extrait du Petit Prince de Saint-Exupéry.

Pratico-pratique:

  • Terres d’aventure propose 18 circuits accompagnés au Maroc, en plus de proposer des voyages sur mesure.
  • Royal Air Maroc propose des vols directs quotidiens vers Casablanca depuis Montréal. La compagnie ajoutera un vol quotidien supplémentaire pendant l’été 2019. Les détails sur Routes online.
  • «Sahara» signifie «désert» en arabe. Plus grand désert chaud du monde, le Sahara s’étend sur 8,5 millions de kilomètres carrés.
  • Il ne faut jamais s’aventurer sans guide dans le désert!

J’étais l’invitée de Terres d’aventure et de Royal Air Maroc. Toutes les opinions émises sont 100% les miennes.