Le monde plein leurs yeux
La planète entière s’est prise de passion pour le voyage autour du monde de cette famille québécoise dont trois des quatre enfants sont atteints de rétinite pigmentaire, maladie génétique qui leur fera perdre la vue. De la BBC à People (!) en passant par The New York Times, Le Figaro, CNN et de multiples médias d’ici, leur périple a ému autant qu’il a fait rêver.
Édith Lemay et Sébastien Pelletier ont quitté le pays en mars 2022 avec Laurent, Colin, Léo et Mia deux ans après la date prévue. La coupable: cette satanée pandémie qui a fait voler en éclat des mois de recherches et de réservations. Ils ont dû repenser leur itinéraire selon les pays ouverts au moment de leur départ.
J’ai suivi leur voyage de loin depuis la période de préparation. Difficile d’imaginer que le sextuor dira bientôt au revoir à cette vie nomade, que chacun semble avoir pleinement embrassée.
Souvenirs de la Mongolie
Parmi les destinations qui sont restées au programme malgré les multiples annulations: la Mongolie, qui les intriguait particulièrement.
Dans ce coin d’Asie à des années-lumière du Québec, des liens forts se sont tissés, particulièrement avec leur guide. Il faut dire que les tout premiers contacts avec ce dernier, aussi propriétaire de l’agence de voyages avec laquelle ils ont choisi de faire affaire sur place, remontaient à l’hiver 2020, alors qu’ils croyaient partir incessamment. «Pendant deux ans, Sébastien est resté en contact avec lui, raconte Édith depuis le Népal. Il avait une grosse agence avec 40 tours et c’est tombé à zéro. On était les troisièmes à partir avec lui quand il a repris ses activités.»
«On a aussi habité chez lui, poursuit-elle. On est restés une semaine dans sa famille après notre tour. Léo s’est lié d’amitié avec son fils.»
Deuxième de la fratrie, Léo, 10 ans, semble particulièrement doué pour se faire des amis partout où il va, même sans parler la langue des enfants qu’il rencontre. «En Mongolie, on vivait dans des familles. Ils ont quelques yourtes qui sont un peu l’équivalent de nos bed & breakfast. On est restés plus longtemps avec l’une d’elles. Léo s’est lié avec un enfant de son âge en jouant au soccer. Ils ont passé trois jours à jouer. Ils partageaient le même genre d’imaginaire. Ils se sont inventé des jeux d’épée. Ils sont devenus inséparables, au point que l’enfant nous a suivis en trek. C’était sa première vraie amitié de voyage. On a rencontré des Français et d’autres voyageurs au cours du voyage, mais on a toujours un peu eu l’impression qu’on allait peut-être les revoir. Léo savait que les chances qu’il revoit cet ami qui vit dans une yourte au milieu de la Mongolie étaient très minces. J’avais le cœur brisé. Ça fait partie des apprentissages du voyage.»
Le ballon comme passeport
Plusieurs moments marquants du voyage ont d’ailleurs été déclenchés par un ballon de soccer. «On a traîné notre ballon pendant les six premiers mois, relate Édith. Maintenant, on en rachète et on les laisse sur place.» Elle se souvient notamment de la visite d’un monastère, où les enfants se sont joints à des moines qui bottaient le ballon pendant la récréation. «Voyager avec des enfants, c’est tellement magique pour ça. Ce lien est si difficile à créer comme adulte. Si on n’est pas capables de communiquer, on ne va pas voir les gens aussi facilement. Les enfants ont le jeu.»
Une adaptation à ce nouveau mode de vie a tout de même été nécessaire. «Au début, ils étaient super gênés, mais là, ils savent que s’ils ne vont pas vers les autres, ils n’auront pas de fun.»
Entre les paysages de rêve, les amitiés spontanées, la constante proximité et la nécessité de poursuivre la scolarité pour trois des quatre enfants, les anecdotes ont été nombreuses. Il fallait voir leur photo de camping à Oman, où ils semblaient seuls au monde! Bien qu’ils aient pris part à des circuits plus encadrés, comme un safari en Namibie, et dormi dans différents hébergements, roupiller sous la tente a fait partie de l’aventure tout au long du voyage.
Quand je mentionne à Édith que j’admire son assiduité à alimenter les réseaux sociaux, elle me confie qu’elle n’aurait sans doute pas pris le temps de tout archiver sinon. Craint-elle le retour? Pas outre mesure. «Les enfants sont dans l’instant présent», dit-elle.
Au moment de rédiger ces lignes, elle partageait les dernières photos de l’Égypte, destination qui faisait beaucoup rêver toute la famille. «Après Le Caire, nous avons été invités à faire une croisière sur le Nil, écrit-elle. Pour nous rendre au point de départ à Assouan, nous avons choisi de prendre un train de nuit, le dernier de notre périple. Assurément, notre moyen de transport préféré, beaucoup plus agréable que de se lever à 3h pour se rendre à l’aéroport.»
L’attachement de leurs abonnés se sent dans chacun des commentaires qu’on peut lire sous les photos partagées sur Instagram. En emmenant ainsi le public à vivre l’aventure avec eux, Édith lui en a mis plein les yeux, à lui aussi, et plein le cœur. Voilà un sacré bon rappel de l’importance de voir la beauté partout où elle se trouve.
Pour (re)vivre les péripéties d’Édith, Sébastien, Laurent, Colin, Léo et Mia, rendez-vous sur leur compte Instagram ou sur leur page Facebook.