Le Carnaval de Québec avant Bonhomme
Québec vibre au rythme de son 65e Carnaval, mais saviez-vous que les premières fêtes d’hiver ont eu lieu il y a plus de 65 ans?
Après m’être baladée dans quelques-uns des sites où se déroule la fête jusqu’au 17 février, j’ai eu envie de replonger dans l’histoire de l’événement, qui continue d’attirer les carnavaleux de partout sur la planète.
Il faut remonter à l’époque de la Nouvelle-France pour comprendre les origines de la fête. Au XVIIe siècle, la coutume voulait qu’on célèbre avant le début du carême, tant à Québec qu’à Montréal. «Avant l’institution des fêtes d’hiver urbaines organisées à la fin du XIXe siècle, le carnaval se limite à la période des jours gras et les festivités y sont concentrées», rappelle le site du Réseau de diffusion des archives du Québec. «Depuis l’époque médiévale, les jours gras terminent le cycle des célébrations entamé avec la fête de Noël, explique le site de la Maison Saint-Gabriel. Ils culminent sur la soirée du Mardi gras, constituant l’ultime occasion – outre la Mi-Carême – de fêter grassement avant le jour de Pâques.»
Jusqu’au XXe siècle, les fêtes du Mardi gras revêtent une grande importance dans la communauté. «Elles se caractérisent par une animation inhabituelle et une exubérance débordante de plaisirs qui trouvent leur apogée le Mardi gras, fin de la période carnavalesque, résume le Réseau de diffusion des archives du Québec. On peut difficilement dissocier carnaval et Mardi gras parce qu’ils appartiennent au même cycle.»
Parmi les traditions, mentionnons une mascarade de gens déguisés qui allaient frapper de porte en porte. «Selon les régions, seuls les hommes et les enfants se déguisent et font la tournée. À chaque maison, les travestis entrent et, tout en déguisant leur voix et en changeant leur attitude, divertissent les occupants par une chanson ou improvisent une gigue.»
Après avoir bien mangé et bien trinqué, les participants terminent la soirée par une veillée à la salle paroissiale. À minuit, on arrête tout: c’est le début du carême!
La naissance du Carnaval
Il faut attendre 1894 pour qu’une première fête d’hiver plus structurée soit organisée. «Cette initiative revient au propriétaire du Québec Daily Telegraph, Frank Carrel, souligne L’Encyclopédie canadienne. L’événement se répète les hivers suivants, mais les deux guerres mondiales et la crise économique des années 1930 empêchent sa tenue sur une base régulière.»
L’année 1954 marque le grand retour du carnaval. L’objectif est clair: relancer l’économie de la capitale québécoise. Depuis, l’événement se tient chaque année.
Encore aujourd’hui, certaines activités sont inspirées de coutumes de l’époque de la Nouvelle-France. C’est le cas de la mythique course de canots à glace. Ce moyen de transport était jadis la seule façon de traverser le fleuve entre Québec et Lévis quand l’eau ne gelait pas assez pour constituer un pont de glace.
Salut Bonhomme!
Bonhomme est lui aussi venu au monde en 1954. C’est un tailleur nommé Alfred Tétreault qui a créé son premier costume. Sa paternité est toutefois revendiquée par différentes personnes.
En fouinant dans les archives de Radio-Canada, j’ai découvert une foule d’anecdotes liées à Bonhomme. Celle-ci m’a aussi fait sourire: «Dans les premières années du Carnaval, comme le micro sans fil n’existait pas, de l’énergie créée par une batterie de motocyclette était nécessaire pour faire parler Bonhomme. La personne qui incarnait le Bonhomme portait cette batterie sur le ventre. Le costume en peluche du Bonhomme pouvait alors peser plusieurs dizaines de kilos.»
Il en a coulé de l’eau sous les ponts du fleuve, depuis. Bien que malmené par les Bleu poudre dans les années 1990, Bonhomme semble toujours séduire grands et petits. L’une des attractions les plus chouettes de l’édition 2019 est d’ailleurs sans contredit Le rêve de Bonhomme, une expérience immersive créée par Lucion qu’on peut voir et entendre dans le grand dôme de la Cour royale Loto-Québec. Mention spéciale à la musique signée Raphaël Reed d’AUDIO Z!
L’édition 2019 en résumé
- Bien que le premier défilé ait connu quelques problèmes techniques samedi dernier, la seconde représentation, samedi, est à considérer, ne serait-ce que pour voir les nombreux artistes à l’œuvre.
- Depuis 2016, les activités ne se déroulent plus sur les plaines d’Abraham, comme c’était le cas depuis une vingtaine d’années. L’essentiel de la programmation reste concentré dans la haute-ville, à la Cour royale Loto-Québec et au Camp à Jos Vidéotron, mais on trouve aussi des activités dans différents parcs et quartiers.
- Le lancer de la hache, tant virtuelle que réelle, fait sans doute partie des activités qui piquent le plus la curiosité.
- Partenaire du Carnaval, le Château Frontenac propose une exposition sur Grace Kelly, qui était l’invitée d’honneur de la 15e édition du Carnaval de Québec. On peut notamment y voir la robe qu’elle portait lors du Bal de la régence du Carnaval en février 1960. L’exposition est gratuite jusqu’au 2 avril 2019.
- Activité hivernale phare de Québec depuis 1884 (avant même la construction du Château Frontenac!), la glissade de la terrasse Dufferin propose aussi des activités à deux pas de l’hôtel iconique, comme du ballon-balai.
- Pendant le Carnaval, il est possible de visiter le lieu historique national des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis entre midi et 16h, sous la terrasse Dufferin, pour découvrir la crypte archéologique où se trouvait la résidence officielle et le siège du pouvoir des gouverneurs entre 1620 et 1834. Une visite captivante à faire avec un guide!
- Non, il n’y a plus de duchesses du Carnaval!
J’étais l’invitée du Carnaval de Québec. Toutes les opinions émises sont 100% les miennes.