La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Incliner ou ne pas incliner son siège d’avion?

Certains débats reviennent progressivement nous hanter. C’est le cas ces derniers jours à la suite de la publication d’un article dans Le Figaro: est-ce impoli d’incliner son siège d’avion?



Je suis la première à ruer dans les brancards quand mon voisin de devant fait tanguer mon verre de vin en abaissant son siège pendant le repas. Il y a longtemps que je ne pose plus mon ordinateur sur la tablette: combien de fois mon écran a-t-il failli se faire écraser par un siège penché? Je fais malgré tout partie de ceux qui inclinent leur siège dès que le voyant de sécurité est éteint.

Grande insomniaque devant l’Éternel, je profite de chaque nanoseconde pour grappiller un peu de sommeil, particulièrement dans les moyens de transport, où le mouvement m’endort comme un bébé. Ne pas baisser mon siège? Quelle idée, si j’ai enfin l’occasion de fermer l’œil!

En lisant des articles récents publiés sur l’épineuse question du savoir-vivre en avion et en écoutant l’équipe de Tout un matin en débattre à ICI Première, j’ai eu un peu honte de ne jamais m’être préoccupée du sort des personnes derrière moi, alors que je fais tout pour préserver le confort des passagers de devant, notamment en évitant de m’agripper à leur siège en me levant (sans doute le comportement qui m’exaspère le plus, ex aequo avec les pieds du voisin arrière sur MON accoudoir, côté hublot, et avec l’odeur de cigarette ou de parfum!). Il est vrai que certains nouveaux appareils laissent bien peu de place aux jambes des personnes plus grandes. En même temps, le confort devrait être accessible à tous, non?

Je fais partie de ceux qui inclinent leur siège dès que le voyant de sécurité est éteint. Photo: Depositphotos

La guerre des genoux

Je me suis rappelé ce vol cauchemardesque entre Sydney et Darwin, où j’avais senti les genoux de mon voisin de derrière dans mon dos pendant tout le vol. Complètement lessivée, je n’avais qu’une envie: retrouver les bras de Morphée. Pas les genoux d’un inconnu qui me réveillait en sursaut chaque fois qu’il bougeait! Le vol s’était transformé en «guerre d’accoudoirs de genoux» extrême: chaque fois qu’il me donnait un coup de genou, j’enfonçais les coudes à travers mon siège pour les pousser. L’exercice était vain, comme vous vous en doutez: l’un comme l’autre était inconfortable… et d’une humeur massacrante.

Quand nous nous sommes levés pour sortir de l’avion, j’ai réalisé que j’avais affronté un géant qui me dépassait d’au moins deux têtes (je ne crois même pas exagérer). Le casting de Jason Momoa, sans le sex-appeal et avec des fusils à la place des yeux. Oups. Je lui ai renvoyé un regard avec des fusils encore plus gros (ben quoi). Ce n’était pas sa faute, bien sûr. Mais pourquoi son inconfort devait-il provoquer le mien?

Avec le recul, j’admets que ma réaction a été un peu puérile. Du haut de mes 5 pieds 4, je n’avais pas réalisé à quel point l’espace réduit pouvait être un irritant pour quelqu’un d’aussi grand. Quelle est la solution, quand on n’a pas les moyens de s’offrir la classe affaires et que les vols sont complets? Je ne trouve pas de réponse à cette question.

Du haut de mes 5 pieds 4, je n’avais pas réalisé à quel point l’espace réduit pouvait être un irritant pour quelqu’un de grand. Photo: Depositphotos

Je rigole toujours en lisant les conseils de pros de l’étiquette qui recommandent de consulter ses voisins avant de faire quoi que ce soit en avion. Il me semble que c’est simple: non, on ne soulève pas le volet de la fenêtre quand tout le monde dort. Non, on ne met pas ses longs cheveux derrière son siège, par-dessus l’écran du voisin de derrière. Non, on n’écoute pas de vidéo ou de musique sans écouteurs. Oui, on porte un masque si on a le moindre symptôme grippal et on évite d’asperger les trois rangées devant nous en éternuant. Oui, on essaie de ne pas déranger les autres passagers, mais il faut parfois aller aux toilettes...

Au-delà des règles de base, tant de facteurs – visibles ou pas – peuvent influencer le comportement d’un passager! Le stress et la fatigue faisant partie des aléas de tout voyage, nous avons tous la mèche courte une fois confinés dans l’habitacle. Cohabiter harmonieusement n’est pas forcément notre premier objectif: nous cherchons seulement à rendre l’expérience la moins pénible possible.

Cela dit, c’est une chose d’en être conscient et une autre d’avoir des réactions adéquates. Je ne peux promettre que je garderai mon calme si vous secouez mon siège ou poussez vos genoux dans mon dos, même en tentant de me raisonner.


Pour en savoir plus

Les pires voisins d'avion

Marie-Julie Gagnon

15 octobre 2015

Avenues.ca