La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Une île cambodgienne où arrêter le temps

Parfois, on croit fermement en quelque chose, mais on a du mal à trouver des preuves tangibles pour garder la foi. C’est un peu ce qui m’arrive cette semaine au Cambodge, alors que je prends part à un Défi blogueurs avec Village Monde, une organisation philanthropique québécoise d’innovation sociale. Pendant mon voyage de huit jours, j’explore différentes villes et villages pour découvrir des initiatives locales de tourisme solidaire.



Entre la théorie et la pratique, le fossé est souvent plus grand qu’on le voudrait. Pourtant, à Koh Trong, chacun semble être passé de l’un à l’autre comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. C’est, du moins, l’impression qu’on a en découvrant l’endroit avec un guide khmer qui peut nous aider à communiquer plus aisément avec les gens sur place.

À quelques minutes seulement en bateau de Kratie, l’île est facilement accessible en traversier pour quelques sous. Ici, pas de voitures, seulement des charrettes, des vélos, des tuk tuks, des motos-taxis et des vaches et des buffles un peu têtus qui se mettent parfois en travers de la route.

Photo: Marie-Julie Gagnon
Photo: Marie-Julie Gagnon

Une nuit chez l’habitant

Nous passons la nuit chez une famille qui accueille des touristes. Il est possible de réserver ce type d’hébergement au centre d’accueil, sur place, ou par l’entremise de CRD tours. La maison sur pilotis compte une grande pièce commune où sont installés des matelas et des moustiquaires, selon le nombre de réservations. Des chambres privées sont également disponibles. Une famille gère tout, des repas à l’entretien. Le coût? Entre 3 et 5$. D’accord, on doit penser à apporter son propre papier hygiénique et prendre une douche peut s’avérer une aventure en soi, mais s’endormir en regardant les étoiles et la vache qui dort sous la maison voisine accroche inévitablement le sourire aux lèvres. Quand les geckos poussent leur cri si particulier (pensez à un jouet qu’on presse pour entendre le son), on se dit qu’on est vraiment loin de chez soi.

Ma chambre chez l'habitant. Photo: Marie-Julie Gagnon
Ma chambre chez l'habitant. Photo: Marie-Julie Gagnon

Dire qu’en 2008, aucun touriste – ou presque – ne connaissait cette île! Cette année-là, Oxfam Royaume-Uni a mis en place des projets de tourisme, qui ont continué à se développer même après le départ des coopérants en 2011. «En 2008, il y avait seulement deux endroits où il était possible de dormir chez l’habitant, résume Bun Ban, leader de la communauté. Cette année-là, nous avons accueilli environ 300 touristes. En 2010, ils ont été 4000 à nous visiter. Le nombre croît chaque année. Aujourd’hui, six familles accueillent des visiteurs, ainsi qu’un gîte et un hôtel.»

Bun Ban. Photo: Marie-Julie Gagnon
Bun Ban. Photo: Marie-Julie Gagnon

Au-delà des efforts déployés par la communauté, le bouche à oreille a fait son œuvre. Il faut dire que les atouts sont nombreux: calme plat, plage de sable fin une bonne partie de l’année et une immersion culturelle totale.

La maison où j'ai dormi. Photo: Marie-Julie Gagnon
La maison de l'habitant dans laquelle j'ai été accueillie. Photo: Marie-Julie Gagnon

Une alternative plus luxueuse

Chez Rajabori Villas, un couple franco-cambodgien propose une expérience plus luxueuse, mais tout de même responsable. Treize villas khmères inspirées des maisons traditionnelles accueillent les voyageurs à la recherche de confort. Des panneaux solaires alimentent le site pendant la journée, alors qu’un groupe électrogène fonctionne une partie de la nuit. Détail qui compte puisque la chaleur peut s’avérer très intense à certains moments de l’année: Rajabori a aussi une piscine. Sachez que les voyageurs qui résident aux alentours peuvent aussi y avoir accès moyennant quelques dollars.

L’hôtel est le seul où il est possible de payer par carte de crédit et où l’on trouve le wifi (pas toujours fonctionnel). Coût d’une nuitée: à partir de 70$ US.

La piscine! Photo: Marie-Julie Gagnon
La piscine! Photo: Marie-Julie Gagnon

Une fois sur l’île, il est facile de louer un vélo pour 2$/jour. Parmi les points d’intérêts de Koh Trong, dont on peut faire le tour en 14 km, mentionnons les pagodes khmères, les cultures maraîchères (tout est bio ici!) et les villages flottants vietnamiens.

Ici, tout est bio! Photo: Marie-Julie Gagnon
Ici, tout est bio! Photo: Marie-Julie Gagnon

M. Bun Ban constate l’impact direct du tourisme sur la vie des habitants. «Quand des voyageurs viennent sur l’île, ils ont besoin des motos-taxis, de s’acheter de la nourriture, etc. Le tourisme aide beaucoup la communauté.»

Les îles flottantes. Photo: Marie-Julie Gagnon
Les villages flottants. Photo: Marie-Julie Gagnon

Pour ma part, je retiendrai surtout le calme des lieux, la fierté de M. Ban, le sourire des enfants, la longue promenade en charrette sous un soleil de plomb et le sommeil profond dans lequel j’ai sombré.

Le sourire des enfants... Photo: Marie-Julie Gagnon
Photo: Marie-Julie Gagnon

Ai-je besoin de préciser que j’ai quitté l’île avec une foi renouvelée?

*Ce voyage a été réalisé grâce à une invitation de Village Monde et de la Fondation Air Canada. Toutes les opinions émises sont 100% celles de l'auteure.


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