La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Il faut qu’on parle de la tarification dynamique

On a beaucoup parlé de tarification dynamique dans le monde du spectacle – les prix qui s’ajustent selon l’offre et la demande –, mais le secteur du tourisme est aussi fortement touché par cette pratique qui rend souvent très onéreuses les escapades de dernière minute.



Alors que deux importantes conférences se tenaient simultanément à Stockholm, en Suède, le mois dernier, trouver une chambre d’hôtel à prix raisonnable relevait de l’exploit. À un mois du départ, je me suis résignée à réserver une chambre privée dans une auberge de jeunesse pourtant très loin de l’événement auquel je devais prendre part, histoire d’avoir un plan B au cas où je ne trouverais pas mieux – et surtout pas moins cher.

Les jours précédant la conférence, je logeais dans un hôtel simple, mais qui correspondait parfaitement à mes besoins, près de T-Centralen, là où convergent les lignes de métro, de tramway, de train et d’autobus. L’établissement affichant complet les journées de la conférence, j’ai vérifié deux fois par jour si des annulations étaient survenues. «Nous avons une longue liste d’attente pour ces journées-là», m’a-t-on répondu à la réception. J’ai dû poursuivre mes recherches…

Alors que deux importantes conférences se tenaient simultanément à Stockholm, en Suède, le mois dernier, trouver une chambre d’hôtel à prix raisonnable relevait de l’exploit. Photo: Alicja Gancarz, Unsplash

Pas de miracle malgré les multiples outils

Bien que je préfère réserver directement auprès des hôteliers, j’utilise différentes applications mobiles pour repérer les meilleures options, dont Trivago. Au fil des visites, rien à moins de 400$ la nuit n’est apparu. Les jours précédents, ou après l’événement, c’était pourtant facile.

Le dernier jour où il m’était possible d’annuler ma réservation, je me suis résignée à aller jeter un coup d’œil sur Airbnb, que j’utilise seulement en cas de dernier recours pour des raisons éthiques. L’efficacité du système de transport en commun m’a convaincue de réserver dans un écovillage un peu en retrait de l’agitation. Une chambre privée avec salle de bain partagée pour 78$ la nuit dans la maison d’un Suédois sympathique: voilà qui me convenait tout à fait.

Par curiosité, je suis allée voir à combien les nuitées dans la chambre privée que je venais de relâcher à l’auberge de jeunesse s’élevaient. Le prix avait doublé! Je me demande toujours qui est prêt à payer aussi cher quand rien d’exceptionnel ne le justifie…

Que faire pour éviter de payer le gros prix?

Gravitant dans l’univers du tourisme depuis le début des années 2000, Frédéric Gonzalo se souvient que, même à cette époque, la tarification dynamique frustrait nombre de voyageurs. «C’est un principe de base d’offre et demande, dit-il. C’est devenu plus sophistiqué au fil du temps. C’est basé sur l’inventaire et sur des types d’avions. Si les compagnies aériennes ont été les précurseurs, ça fait au moins 20-25 ans – voire 30 – que ça existe dans l’hôtellerie.» Les algorithmes et l’intelligence artificielle aidant, les outils se sont peaufinés. Parfois, des humains interviennent dans le processus, mais il arrive aussi que tout soit automatisé.

Alors, c’est quoi, la solution? lui ai-je demandé. «Réserver longtemps à l’avance ou voyager hors des périodes de pointe.»

À surveiller, selon Frédéric Gonzalo: la tarification dynamique dans les restaurants, dont on parle de plus en plus souvent.

Allons-nous voir systématiquement grimper les prix lors des périodes les plus achalandées et, à l’inverse, descendre en période plus calme? À suivre… Chose certaine, c’est une sale époque pour la spontanéité.