La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Ces petites histoires qui marquent nos voyages

Petit, carré et vert pin, Le mystère du petit chat qui portait bonheur, premier livre de la journaliste et chroniqueuse Lise Giguère, se déguste comme un sac de bonbons. En déballant chacun d’eux, les histoires qui ont marqué nos propres voyages nous reviennent en mémoire.



Lise parcourt le monde pour les pages touristiques du Journal de Montréal, où elle partage chaque semaine des articles abordant différentes facettes du voyage. Au-delà des conseils pratiques et des informations sur les destinations, ce qui la fait vibrer, ce sont surtout les anecdotes liées à l’histoire populaire des endroits où elle fait escale. Des exemples? La petite sirène du Rhin, en Allemagne, les maisons de bouteilles de l’Île-du-Prince-Édouard, la mère Poulard au Mont-Saint-Michel, en Normandie, une statue du Maine qui a inspiré Stephen King, Ogopogo, le monstre du lac Okanagan, les trolls en Norvège… Des monuments qui piquent sa curiosité deviennent aussi le point de départ de ses recherches. Elle relate par exemple les histoires plus tragiques des souliers du souvenir, à Budapest, et du mémorial Strawberry Field, à New York, en l’honneur de John Lennon, assassiné devant le Dakota Building, non loin de là.

Photo: Marie-Julie Gagnon

Parmi mes histoires favorites, il y a celle du bureau de poste de Florenea, aux îles Galapagos, où des missives sont expédiées dans un baril jeté à la mer depuis le XVIIIe siècle, alors que les baleiniers, nombreux à y faire escale, cherchaient un moyen de faire savoir à leurs proches qu’ils étaient en vie. Grâce aux marins de passage qui le trouvaient et livraient les lettres destinées à des résidents des lieux se trouvant sur leur route, la tradition a perduré. Sceptique, l’autrice a posté deux cartes postales à son petit-fils, l’une par cette méthode et l’autre, par la poste régulière. Résultat? C’est la première qui lui est d’abord parvenue.

Animaux fantastiques

Grande amoureuse des chiens, Lise Giguère a accumulé toute une collection d’histoires les mettant en vedette. Sans doute parce qu’elle m’avait profondément émue lors de mon passage à Édimbourg, celle de Bobby, qui s’est rendu tous les jours jusqu’à sa mort sur la tombe de son maître après que ce dernier eut été emporté par la tuberculose, m’a tiré des larmes. Je craque aussi pour Hachikô, dont la statue fait partie des incontournables d’une première visite au Japon. Un peu comme Bobby, le chien, qui avait l’habitude d’attendre son maître à la gare de Shibuya tous les jours et qui a continué à le faire à la suite de sa mort, est devenu un symbole de fidélité, valeur chère aux yeux du peuple nippon. Autre histoire canine qui accroche un sourire aux lèvres: celle de Patsy Ann, chienne qui prédisait l’arrivée des bateaux avant même qu’ils se profilent à l’horizon, à Juneau, en Alaska.

La statue du chien Bobby, à Édimbourg. Photo: Marie-Julie Gagnon

J’avoue avoir aussi un faible pour les histoires d’amour. Celle, tragique, de la Dame blanche de la chute Montmorency, près de Québec, La rose des sables, qui relate l’une des versions des légendes qui circulent à propos de cette fleur du désert, au Maroc, et La princesse orchidée, au Pérou, font partie de celles que je n’oublierai pas. Comme Lise, je suis aussi tombée sous le charme des tourments d’amour en Guadeloupe, préparés par les femmes de marins, tant pour leur goût de noix de coco que pour leur histoire, liée au départ de leurs maris en mer.

Comme Lise, je suis aussi tombée sous le charme des tourments d’amour en Guadeloupe, préparés par les femmes de marins, tant pour leur goût de noix de coco que pour leur histoire, liée au départ de leurs maris en mer. Photo: Marie-Julie Gagnon

Et alors, ce petit chat mystérieux?

Alors, quelle est l’histoire derrière le chat du titre, qu’on voit dans les restaurants asiatiques? Plusieurs versions de la légende du maneki-neko circulent. L’une de celles retenues par l’autrice, en résumé: un chat adopté par un moine pauvre a sauvé la vie de son maître en levant la patte. Comment? L’homme, croyant qu’il lui faisait signe de venir, s’est avancé vers lui et a, ainsi, échappé à la foudre qui a frappé le pin sous lequel il se tenait quelques secondes plus tôt. Le chat à la patte en l’air est ainsi devenu un porte-bonheur.

Le mystère du petit chat qui portait bonheur m’a rappelé toutes ces fois où je me suis prise de passion pour un fait inusité, une légende ou une croyance: Merlin l’enchanteur et les fées à Brocéliande, en Bretagne, les histoires de fantômes de plusieurs hôtels, dont le Banff Springs, la chatte du Titanic, qui a sorti ses chatons du bateau peu avant qu’il quitte le port, la Chaussée des géants, en Irlande du Nord, le pâté croche de L’Isle-aux-Coudres, les personnages de la mythologie grecque… Lise a raison: si l’Histoire avec un grand H reste captivante, ce sont toutes ces petites histoires qui restent en nous, au retour.