Australie: de la plage à la forêt pluviale
J’ai beau aimer la mer, aucun lieu ne m’apaise autant qu’une forêt pluviale. J’ai chaque fois l’impression d’être enveloppée par sa végétation luxuriante. Sa musique me berce. Comment puis-je avoir si peur de nos ours et si peu redouter les serpents australiens?
C’est la question que je me pose en m’installant au Thala Beach Nature Reserve, à 15 minutes de Port Douglas, dans le Queensland. Plus ancienne forêt du monde – elle a 10 millions d’années de plus que l’Amazonie –, la Daintree Rainforest recense plusieurs familles de plantes primitives, dont certaines existaient même à l’époque des dinosaures.
Dans un élan de candeur, je demande au directeur si je peux laisser la porte de mon balcon ouverte pendant la nuit, histoire de m’endormir avec la trame sonore de cette nature qui me fait tant de bien. «Tu pourrais avoir des visiteurs indésirables», répond-il en sourcillant. Mes collègues me rappellent l’existence des multiples bestioles pouvant venir troubler mon sommeil. Comment puis-je être aussi insouciante alors que tout le monde m’écrit à ce sujet depuis le début de mon voyage?
La réalité, c’est que, moi qui ai peur de tout, je me sens étrangement calme dans les bras de cette forêt de plus de 180 millions d’années. Ses sons m’apaisent. Respirer l’air humide a sur moi un effet lénifiant. L’odeur du pétrichor m’enivre. C’est sans doute ce qui me fait perdre une partie de mon jugement: j’oscille entre une douce euphorie et une paix intérieure que j’atteins rarement.
Une ancienne plantation de canne à sucre
Les 75 bungalows sur pilotis dominent la canopée. De mon balcon, je vois la mer de Corail, mais aussi un océan de vert. Des eucalyptus, des pins Kauri et une foule d’autres arbres dont je ne connais pas les noms colorent ce tableau éthéré. Au-delà des vagues créées par le vent dans les feuilles, la mer ondule inlassablement.
Je comprends pourquoi les propriétaires des lieux, Robert et Oonagh Prettejohn, sont tombés sous le charme de cette ancienne plantation de canne à sucre dans les années 1970. Parmi les pionniers de l’écotourisme, l’endroit propose différentes activités comme l’observation d’étoiles et d’oiseaux – on dénombre plus de 200 espèces – et un atelier sur l’histoire de la noix de coco, avec dégustations (c’est ce que je testerai – et adorerai!). «Nous voulons créer une destination dans la destination», affirme le directeur, Johan Klindt.
Les deux kilomètres de plage privée ne sont pas surveillés, mais des panneaux indiquent clairement aux plus téméraires que faire trempette dans le secteur n’est pas sans risque. «Il y a des méduses jusqu’en mai, rappelle M. Klindt. Mais on peut se baigner entre mai et novembre.»
Je n’ai pas vu de serpent, mais l’une des employées de l’hôtel m’a montré des méduses dans un petit pot de verre. Elles sont transparentes et minuscules! On comprend mieux pourquoi elles sont si redoutables: on ne les voit pas.
Je verrai néanmoins des wallabies le matin de mon départ. Au lever du soleil, quelques marsupiaux se montrent le bout du museau alors que les humains semblent encore tous endormis. Une autre bonne raison de me lever tôt. Et de ne pas craindre les serpents qui pourraient rôder dans les environs!
Infos pratiques
- Thala Beach Nature Reserve se trouve à 45 minutes au nord de la ville de Cairns.
- Aucun plastique n’est utilisé sur le site depuis trois ans.
- Prix d’une nuitée: à partir de 640$ (sans les repas).
- Juillet et août sont les mois les plus occupés de l’année.
- Une navette vers et depuis Port Douglas permet aussi de se déplacer sans voiture (14$ AUS par trajet).
- La forêt de Dantree abrite près d’un tiers des espèces de grenouilles, reptiles et marsupiaux d’Australie.
- Oui, il y a des crocodiles dans la région. Sur le site du Département de l’environnement et des sciences, la section « Be Croc Wise » précise «qu’aucune voie navigable du nord du Queensland ne peut être considérée comme exempte de crocodiles ». Au moins, ç’a le mérite d’être clair.
J’étais l’invitée de Tourism Australia et de Tourism Queensland, qui n’ont eu aucun droit de regard sur cette chronique.