À la recherche du diable de Tasmanie
Certaines images sont indécollables de l’idée qu’on se fait d’une destination. Pour moi, la Tasmanie, c’était d’abord le jeune Einstein du film du même nom et Taz poursuivant Bugs Bunny jusque dans mes rêves d’enfant.
Je vous le dis tout de suite: je n’ai vu aucune trace de mes obsessions des années 1980 lors de mon récent séjour sur l’île située au sud de l’Australie. Ni personnage aux cheveux ébouriffés épris de rock’n’roll, ni créature qui se déplace dans une tornade n’ont croisé ma route. Par contre, je suis tombée sous le charme discret d’Hobart et de son principal repère, kunanyi (mont Wellington – les noms en palawa ne prennent pas de lettres majuscules). J’ai fait connaissance avec des pans de son histoire et me suis franchement régalée.
Bienvenue… au Canada?
Hobart m’a donné l’impression d’arriver à Victoria, sur l’île de Vancouver. On sent dans l’une et l’autre les influences de la colonisation anglaise.
Comme en Colombie-Britannique, la Tasmanie cherche à remettre à l’avant-plan la richesse de la culture aborigène et à raconter l’histoire du point de vue des Premières Nations. Une visite à faire absolument: Blak Led Tours, créée par Nunami Sculthorpe-Green. Pendant deux heures, la jeune femme raconte le parcours des sept générations qui l’ont précédée, révélant ainsi les multiples couches qui composent son identité. On ne peut que constater les similitudes entre les injustices vécues par les Premières Nations un peu partout sur la planète, mais surtout mieux comprendre les combats d’aujourd’hui.
Un arrêt au site historique Cascades Female Factory, une ancienne prison pour femmes, m’a pour sa part fait découvrir un chapitre dont j’ignorais l’existence: comment la migration forcée a contribué à coloniser la région. Entre 1787 et 1868, près de 166 000 hommes, femmes et enfants condamnés par la justice britannique à la déportation dans les colonies pénitentiaires ont été envoyés en Australie. Cascade Female Factory, où les femmes étaient forcées de travailler, est le seul site pénitentiaire dédié aux femmes. Les conditions dans lesquelles elles évoluaient – ainsi que les nouveaux nés, puisque certaines se retrouvaient emprisonnées pour être tombées enceintes alors qu’elles étaient au service d’une famille – ont de quoi alimenter bien des cauchemars.
Randonnée et festin de fruits de mer
La Tasmanie fait partie des destinations de prédilection des randonneurs. Même si la pluie et la neige au sommet ont freiné notre enthousiasme, parcourir des bouts de sentiers avec Walk on kunanyi, qui propose des randonnées guidées incluant la navette depuis le centre-ville et le café après la balade, permet d’avoir un aperçu de la montagne.
Manque de chance: un brouillard épais l’enveloppait au moment de ma visite. Bien que je n’aie pas pu profiter de la vue et qu’aucun diable de Tasmanie ne se soit montré le bout du museau, j’ai franchement apprécié cette incursion en pleine nature.
Tout au long de la promenade, notre guide, Andy Crawford, a partagé sa passion pour ce coin de pays qu’il prend un plaisir évident à faire découvrir. L’Octopus Tree, un eucalyptus géant au tronc tordu, a généré bien des points d’exclamation dans notre petit groupe!
Après une journée d’exploration, les bonnes tables sont légion. Tant au restaurant italien Peppina de l’hôtel Tasman qu’à l’Aura, avec vue sur la ville, la fraîcheur des produits et les saveurs locales sont à l’honneur. Très réputés, les vins de Tasmanie sont aussi faciles à trouver partout.
Pour plonger dans la gastronomie insulaire, rien de tel que prendre part à une excursion avec Tasmanian Wild Seafood Adventure. Attention, cependant, c’est le projet d’une journée entière! Pendant quatre heures et demie, le cofondateur, pêcheur et cuisinier Nick Daft nous présente les fruits de la mer, plongeant même pour aller chercher des abalones (ou ormeaux), qu’il cuisine ensuite devant nous.
Au menu, en plus de ce savoureux mollusque menacé au Canada: coquillages, écrevisse, saumon décliné de différentes manières, oursin… De quoi faire saliver à nouveau en regardant les photos, au retour!
Pratico-pratique:
- Les saisons sont inversées. En mai, c’est l’automne en Tasmanie!
- Construit dans un ancien hôpital, l’hôtel The Tasman propose des chambres luxueuses dans des atmosphères bien différentes, selon l’aile choisie: d’un côté, des cocons plus modernes, et de l’autre, l’atmosphère des années 1840, le confort en prime.
- Environ huit personnes à la fois participent à l’excursion avec Tasmanian Wild Seafood Adventure, mais il est possible d’adapter la formule à moins ou plus de participants. Prix: 525$AUS.
- Walk on kunanyi souhaite offrir bientôt des randonnées accessibles à tous, avec des fauteuils roulants adaptés aux sentiers. Prix d’une excursion (d’octobre à avril): 150$AUS par personne, incluant la navette depuis le centre-ville et le café.
- L’hôtel Hadley’s Orient, qui a vu défiler nombre de personnages historiques depuis son ouverture, propose aux résidents de l’établissement comme aux curieux de découvrir certains de ses résidents légendaires grâce à des balados disponibles en scannant des codes QR avec son téléphone. Fascinant et merveilleusement bien réalisé!
J’étais l’invitée de Tourism Australia et Tourism Tasmania, qui n’ont eu aucun droit de regard sur ce texte.