1 juillet 2015Auteure : Marie-Julie Gagnon

croisière

L’Adriatique en yacht privé… ou presque

Europe

Ulysse était un sacré baratineur. C'est la première chose qui me vient à l'esprit en mettant le pied sur l'île de Mjiet, en Croatie.



L'eau cristalline dans laquelle le héros d'Homère aurait été entraîné après avoir dérivé pendant neuf jours accroché à une épave invite à la baignade. Il suffit de plonger les yeux dans ses reflets turquoises pour voir le temps s'arrêter. On se surprend à rêver que le bateau reparte sans nous...

En ce mois d'août, l'île respire le calme malgré les hordes de touristes qui ont envahi toute la Croatie. Il faut dire que les gros navires de croisières n'ont pas le loisir d'accoster ici, comme c'est le cas à Dubrovnik, par exemple. Seules les embarcations de taille plus modeste peuvent mouiller près de l'île. Il faut ensuite se rendre sur la terre ferme à bord de petits bateaux.

Ça tombe bien: je navigue à bord de L'Austral, splendide yatch de 132 cabines du Ponant, croisiériste de luxe basé à Marseille.

Entre fiction et réalité

Mijet compte peu d'attractions touristiques. C'est ici que le personnage d'Ulysse aurait été «retenu prisonnier» pendant sept ans par Calypso (pfff!). Moi, je pense surtout qu'il avait envie de s'envoyer en l'air avec une déesse dans un décor de rêve. Avec l'immortalité en prime, disons que l'offre était tentante.

L'île d'Ogyrie, «c'était la plus belle île de toutes les mer et les océans». Ce qui prouve que Mijet et Ogyrie ne font qu'une? Selon Aristid Vučetić, écrivain de Dubrovnik, seule Mijet a une caverne correspondant à la description de celle d'Homère. Plusieurs autres détails pointent dans la direction de cette île dalmate, notamment le nombre de fontaines - quatre -, la végétation et les oiseaux décrits par Homère, toujours présents.

N'empêche, il a fini par partir, le bel Ulysse. L'auteur raconte que c'est parce que les dieux de l'Olympe, Zeus en tête, ont sommé Calypso de le laisser aller retrouver sa femme et son fils à Ithaque. Moi je pense qu'il y avait anguille sous (la fort jolie) roche et qu'il en a tout simplement eu marre de sa dominatrice. L'éternité c'est long, surtout vers la fin, paraît-il. Alors s'il avait déjà besoin de changer d'air après sept ans...

En tout cas, moi, je serais bien restée plus longtemps à Mijet. Peut-être pas sept ans, mais sept jours dans cette oasis de tranquilitié, avec une pile de bons bouquins, me semble raisonnable. Je suis plutôt retournée sur L'Austral pour poursuivre ma croisière de rêve dans l'Adriatique avec les quelque 235 autres passagers, la plupart Français.

Itinéraire de rêve

«Bienvenue sur votre yacht privé», a lancé Frédéric Jansen, directeur de croisière, avant d’énumérer toutes les nationalités à bord (une douzaine au total), peu après que nous ayons quitté le port de Pirée d'Athènes. Au programme : trois pays en huit jours. L’itinéraire? Athènes-Itea-Otrante-Dubrovnik-Mijet-Trogir-Rovinj-Venise.

alt="Cabine l'austral - adriatique"
Cabine de l'Austral

Le premier soir, nous avons presque pu toucher les parois de l'étroit Canal de Corinthe. Au petit matin, nous nous sommes réveillés à Itea, prêts à découvrir le fabuleux site de Delphes (MAGIQUE!).

Les jours suivants, ont défilé les bouches de Kotor, au Monténégro, Dubrovnik, où le flot de touristes a franchement miné mon expérience, Trogir et Split, où le palais de Dioclétien m'a séduite malgré, encore une fois, les trop nombreux vacanciers. Le dernier jour, j'ai flâné dans les rues de Rovinj et regardé le soleil se coucher en montant à bord une dernière fois, déjà nostalgique.

Coucher du soleil à Rovinj
Coucher du soleil à Rovinj

Quelques heures plus tard, alors que l'astre étirait ses premiers rayons, Venise s'est profilé à l'horizon. Onirisme? Je n'étais sûre de rien, tant l'image était parfaite. La ville à demi-endormie nous ouvrait les bras. Ulysse était loin derrière. En me frottant les yeux, j'ai plutôt eu l'impression d'apercevoir le fantôme de Marco Polo...

Pratico-pratique:

• La nourriture à bord est au coeur de l'expérience. On mange comme des rois à bord des bateaux du Ponant! La gastronomie française y est bien sûr à l'honneur, mais aussi les mets typiques des régions traversées.

• Les bateaux du Ponant font le tour du monde. Plusieurs récidivistes font des croisières chaque année (il y a toujours des nouveautés). Certains en enchaînent aussi quelques-unes.

• Les nouvelles croisières proposées cette année? L'Alaska et la Polynésie. La croisière phare du Ponant reste toutefois l'Antartique.

• Un petit bateau permet de faire escale dans des ports que les mastodontes des mers doivent ignorer, faute d'infrastructure adéquate. Le Ponant propose ainsi plusieurs escales qui sortent des circuits classiques. C'est le cas de l'envoûtante Mijet.

• Si la moyenne d'âge est plus élevé pendant l'année, l'été, des familles se mêlent aux passagers.

• La compagnie étant française, la majorité des membres du personnel parlent  français. Les guides des excursions (frais en sus) parlent aussi français.

• Pour réserver une croisière avec le Ponant, le mieux est de le faire par l'entremise de votre agent de voyage, histoire de bénéficier du maximum de protection offerte aux Québécois (le prix sera le même que si vous réserver directement auprès d'eux).