Guadeloupe: délices et découvertes
Découvrez la Guadeloupe par le biais de ce délicieux récit.
«Ça s’appelle un tourment d’amour, me lance notre hôte. C’est la spécialité locale.» Je mords dans ce petit gâteau rond des Saintes, archipel baptisé ainsi par Christophe Colomb, qui a foulé son sol le jour de la Toussaint en 1493. En Martinique, à environ quatre heures de bateau, un gâteau similaire s’appelle «amour caché». Il n’y a pas à dire, les Antillais ont tout compris: l’amour comme la pâtisserie, ce n’est pas de la tarte, me dis-je en prenant une deuxième bouchée.
«Selon la tradition orale, les tourments d'amour étaient préparés par les femmes des marins saintois pour réconforter leurs maris à leurs retours de mer, après une rude journée», m’apprend plus tard Wikipédia. Je goûte ceux aux bananes, aux ananas et à la goyave, mais c’est le classique à la noix de coco qui me ravit le plus. Seul hic: difficile de résister à ces tourments! Les pâtisseries soigneusement rangées dans mon bagage de cabine ne survivront d’ailleurs pas au vol Pointe-à-Pitre-Montréal… Oups.
Tant pis: de toute façon, je retournerai aux Saintes. Je l’ai décrété à la seconde où j’ai posé le pied sur le quai de Terre de Haut après une traversée houleuse. L’arrivée dans la baie, considérée comme l’une des plus belles au monde, m’avait déjà conquise. Le calme de Terre de Haut n’a fait qu’amplifier mon désir de revenir, me faisant miroiter la possibilité d’une pause, une vraie, de celles qui permettent d’oublier quel jour on est.
Terre de haut se visite aisément à pied. Pour les déplacements plus importants, le vélo et les véhicules électriques sont privilégiés. Les plages ont chacune leur personnalité. L’une des plus populaires, Pompierre, a été envahie par les algues sargasses en 2015. Il en restait des traces lors de notre passage au début de décembre (les autres plages vues pendant le séjour n’avaient cependant pas été touchées).
Aménagée il y a quelques années, la plage de l’Anse du fond curé permet de regarder le va-et-vient des bateaux. Non loin de là, des pêcheurs déchargent dorades, thons, langoustes, poissons-chirurgiens ou perroquets. Avec ses vagues fracassant les rochers, celle de Grande Anse donne envie de contempler le ressac davantage que de se baigner. Je n’aurai malheureusement pas le temps d’aller jusqu’aux plages du Pain de sucre, du Figuier et encore moins de l’anse Crawern, à l’extrémité sud de l’île. La prochaine fois…
Villa de rêve à Saint-François
À Saint-François, sur l’île de Grande Terre, nous élisons domicile dans une luxueuse villa de La Coulée bleue, qui compte quatre chambres, une piscine, une connexion wi-fi et l’air climatisé. Même si plusieurs restaurants sympas se trouvent dans les parages, il est possible d’avoir recours aux services d’un chef pour déguster un repas typique sur place.
Le soir de notre arrivée, Traiteur goût créole, qui tient aussi un stand éphémère sur la plage le dimanche en plus de nourrir des équipes de cinéma, nous prépare un véritable festin: acras de morue, darne de dorade tandoori avec sauce chien (avec oignons, ail, de tomate et piment) juste assez relevée, et christophine, légume aussi connu sous le nom de chayote.
Les assiettes guadeloupéennes nous rappellent les multiples influences des immigrants. Entre 1854 et 1885, après l’abolition de l’esclavage (1848), alors que les affranchis refusent de travailler dans les plantations, des bateaux remplis d’Indiens sont arrivés de Pondichéry. C’est la raison pour laquelle le tandoori et le colombo, une variante du curry, sont aussi présents dans la cuisine créole.
Le lendemain, virée au marché de poissons en compagnie du chef Ruddy Colmar du restaurant Au Widdy’s. Dorade, thon, vivaneau, marlin, platine… Comment choisir? Nous revenons avec de quoi concocter un délicieux court-bouillon de poisson, recette traditionnelle créole qu’on retrouve partout dans les Antilles. Un régal!
Dernier tour de piste à Pointe-à-Pitre
À Pointe-à-Pitre, il faut absolument prendre le temps de visiter le nouveau Mémorial ACTe, inauguré le 10 mai 2015, jour anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Édifié sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier, le musée aborde l’histoire de l’esclavage dans sa globalité. On y évoque bien sûr les Caraïbes, mais on nous emmène aussi en Afrique, en Europe, en Amérique… Une visite bouleversante, qui nécessite au moins deux heures (idéalement trois). Bien que des audioguides soient disponibles en location, je vous recommande fortement d’avoir recours à un guide en chair et en os.
L’une des salles qui m’a le plus marquée est sans doute celle présentant des reconstitutions d’un procès reconnaissant le statut d’humains des Sud-Américains, mais pas des Africains...
Après avoir visité le marché Saint-Antoine de Pointe-à-Pitre, il nous fallait découvrir le gwoka, inscrit sur la Liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité. Pratiqué par tous les groupes ethniques et religieux de la société guadeloupéenne, le gwoka mélange percussion, chants et danse. Facile de les repérer: il suffit de tendre l’oreille… Un des moments forts de ce séjour.
Avant de filer à l’aéroport, nous attrapons des bokits à la morue, sandwichs favoris de bien des Guadeloupéens. J’accompagne le mien d’un jus de groseille. Mon dessert? Un tourment d’amour rapporté des Saintes, bien sûr!
Guadeloupe pratico-pratique:
- Durée du vol Montréal-Pointe-à-Pitre: 4h40
- Décalage horaire: 1h en hiver.
- À boire: le ti-punch, bien sûr, mais aussi le Planteur, rhum avec jus de fruits.
- Un coup de cœur: le Jardin Malangua, magnifique petit hôtel de charme trois étoiles, près de Trois-Rivières, d’où l’on prend le traversier pour les Saintes. C’est là, aussi, que j’ai mangé l’un de mes meilleurs repas du voyage.
- Les amateurs de randonnées adoreront le Parc National de Guadeloupe et les chutes du Carbet. Pour se rafraîchir, rien de tel qu’un plongeon au Bassin Paradise!
- À découvrir: le Domaine de Vanibel, petite plantation de café qui se trouve sur l’île de Basse Terre. Facile à combiner avec une rando au Parc national.
- À Saint-François, il est possible de se rendre à Petite Terre en catamaran avec Uhaïna Croisières. Une île charmante où l’on peut faire de la plongée en apnée (j’y ai suivi une tortue!) et voir des iguanes.
- Mordu de moto? Louez une Harley Davidson avec Loc’n’roll, à Saint-François! Parfait pour aller se balader du côté de la Pointe des châteaux. Il est nécessaire de posséder un permis depuis au moins deux ans et de verser une caution de 1500 euros. La compagnie compte aussi une Mustang.
- Nouveau restaurant franchement renversant, plus proche de la cuisine de la France métropolitaine: Orchidea, le seul des Antilles à avoir reçu le label «Restaurant de Qualité» par le Collège Culinaire de France. L’ambition du chef et propriétaire, Arnaud Bloquel, intronisé à l'Académie nationale de cuisine en juillet 2015? Décrocher la première étoile Michelin des Caraïbes, rien de moins!
- À Terre de Haut, un couple de Québécois, Sylvie Lavoie et Yves Blanchette, loue des kayaks transparents («molokinis») et un gîte aux touristes, en plus de proposer des «ecofun tours» en Segways depuis peu.
- Suggestion d’hôtel pas trop loin de l’aéroport de Pointe-à-Pitre: le Créole Beach & SPA, à Gosier.
- La saison du lambi, ce mollusque dont la coquille sert souvent de bibelot, est d’octobre à janvier.
- Air Canada propose trois vols par semaine vers la Guadeloupe depuis Montréal en hiver, au printemps et en été.
J’étais l’invitée d’Atout France et d’Air Canada (merci!). Toutes les opinions émises dans ce texte sont 100% les miennes.