Les couleurs de Porto Rico
Parfois, il faut regarder où on met les pieds. C’est le cas dans le Vieux San Juan, où l’on trouve des rues pavées il y a 500 ans. Ici, chacun de nos pas nous ramène sur les traces de Christophe Colomb et de ses compatriotes.
Antillaise? Américaine? Porto Rico est surtout métissée. Même si les insulaires détiennent un passeport américain, on constate les influences taïnos, les autochtones avec qui Christophe Colomb a fait connaissance lors de son arrivée, africaines, à cause des descendants d’esclaves, affranchis en 1873, et espagnoles tant dans la gastronomie que dans l’architecture. Ce métissage se retrouve aussi dans la salsa, qui reste très populaire malgré la montée d’autres styles comme le reggaeton. Une visite guidée sous le thème de la salsa constitue d’ailleurs une excellente introduction à ce mélange culturel, l’un des meilleurs atouts de Porto Rico.
Plus ancienne ville des Amériques fondée par les Espagnols après Saint-Domingue en 1521, San Juan recèle de trésors architecturaux. Débuter la visite par le Castillo San Cristobal, construit au 16e siècle, permet de mieux comprendre l’histoire de sa colonisation. Le fort San Felipe del Morro, non loin de là, a été érigé au 17e siècle pour garder la baie de San Juan. Ces deux sites historiques ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1983, tout comme la majeure partie de la vieille ville et le fort de San Juan de la Cruz. Les mordus de cinéma reconnaîtront peut-être El Morro puisque Spielberg l’a utilisé pour représenter un fort de la Sierra Leone dans le film Amistad.
Piña colada, por favor!
À San Juan, de nombreux bars et restaurants donnent envie de siroter tranquillement un Piña colada, boisson inventée au bar de l’hôtel Caribe Hilton en 1954, en regardant les passants. Les maisons aux couleurs chatoyantes, peintes dans les années 1970, accrochent inévitablement un sourire au visage, tout comme la musique qui émane de partout. Il serait facile de couler des jours paisibles en ne faisant rien d’autre, mais ce serait bien dommage tant il y a à découvrir.
Quartier longtemps malfamé, Santurce attire désormais les amateurs de street art. Depuis cinq ans, le Santurce Es Ley Festival, consacré à l’art de rue, invite les artistes des quatre coins du monde à colorer ses murs. La promenade fait parfois sourire. Un artiste s’amuse par exemple à cacher des images de nain de jardin un peu partout. Au bas de plusieurs œuvres, on remarque le nom des comptes Instagram des artistes. Une carte publiée sur le site Web du festival permet de retracer celles qui nous interpellent le plus.
Depuis l’instauration de cet événement, de nouveaux commerces ont fait leur apparition dans le quartier. Nous sommes entrés par hasard au El Patio de Solé, ouvert depuis deux ans. Jamais, de l’extérieur, nous n’aurions pu soupçonner les trésors qu’il contient. Des toiles et des photos de différentes époques surchargent les murs. Des statues d’origines diverses et de la vaisselle ancienne s’alignent sur les tables vintage. Des murales rappellent celles qui décorent les rues de Santurce. Une collection d’objets hétéroclites qui semblent tous porter de nombreuses histoires.
Bain de nature
Si flâner à San Juan fait partie des must, il ne faut pas non plus hésiter à s’en éloigner un peu. L’île est si petite qu’il est facile de s’installer dans la capitale pour toute la durée du séjour et de planifier des excursions au jour le jour.
En plus de ses jolies plages, Porto Rico compte trois des cinq baies bioluminescentes de la planète. Les micro-organismes réagissent en produisant un petit néon quand l’eau s’agite, produisant un effet plus ou moins extraordinaire selon les conditions météo et l’intensité de la lune. Il est possible de découvrir ce spectacle naturel unique en prenant part à une excursion en kayak à Laguna Grande, à Fajardo. Si sa proximité de San Juan la rend très populaire, ce n’est cependant pas celle qui procure l’expérience la plus satisfaisante. Mosquito Bay, sur l’île de Vieques, à 16 km de l’île principale de Porto Rico, est réputée pour être la meilleure baie bioluminescente au monde.
Autre incontournable pour les amoureux de la nature: la forêt nationale El Yunque, qui tire son nom de la divinité taïno Yuquiyû. Pas de saison sèche ici: il pleut toute l’année! Le climat tropical humide a cependant de bons côtés, créant une jungle touffue de 113 km2 qu’il fait bon explorer à n’importe quel moment, selon les intérêts et les limites de chacun. Des sentiers de randonnées, dont certains très accessibles, permettent de profiter pleinement de la végétation luxuriante et d’admirer les cascades. Il est possible d’y faire des randonnées de 20 minutes à 8 heures. Les coassements des grenouilles vous accompagneront sans doute. Tout comme les escargots, ces créatures font la fête quand il pleut, comme le dit la chanson!
Si vous recherchez plutôt les expériences extrêmes, le parc d’aventures Toro Verde vous permettra de survoler une vallée suspendu à un câble de 1446 mètres. Une foule d’activités qui allient nature et aventure sont aussi offertes du côté de Caguas. The Amazing San Salvador Rainforest, dans la forêt de Carite, propose pour sa part cinq tyroliennes traversant des canyons et des rivières.
Si, après toutes ces émotions, vous recherchez un peu de calme, des croisières pourront vous emmener à la découverte des îles environnantes, où se trouvent quelques-unes des plus belles plages, comme Flamenco Beach, à Culebra. Vous avez dit diversité?
Pratico-pratique:
- Air Canada propose un nouveau vol direct vers San Juan tous les samedis.
- Il est possible de trouver des billets d’avion à petit prix, même à la dernière minute. L’auteure de ces lignes a pu avoir un aller simple la veille du départ pour 147$US.
- Pour plus d’info sur l’excursion en kayak de Laguna Grande: Bio Bay Tour.
- Si vous recherchez la tranquillité, l’île de Vieques a de bonnes chances de vous plaire. À lire: un reportage publié dans La Presse en 2015.
- État libre associé, Porto Rico fait partie du Commonwealth des États-Unis, comme les îles Vierges des États-Unis. Les habitants ne paient pas d’impôt fédéral et n’ont pas le droit de vote, mais ils ont quand même un passeport américain.
- L’île compte aujourd’hui 3,4 millions d’habitants.
- Langues parlées: espagnol et anglais.
- Monnaie: dollars américains.
- «Porto Rico» veut dire «port riche». C’est Christophe Colomb qui l’a baptisée ainsi en 1493. Ironique quand connaît la situation économique actuelle du pays…
Ce voyage a été réalisé grâce à une invitation de Puerto Rico Tourism Company. Nous étions hébergés au Verdanza Hotel. Toutes les opinions émises dans ce reportage sont 100% celles de l’auteure.