La baguette fait sa place au patrimoine immatériel de l’UNESCO

Comme la pizza napolitaine, le couscous, la bière belge et le kimchi, la baguette française a désormais sa place au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO, dans une volonté de la protéger.

C’est le 30 novembre dernier, des mois après que la candidature ait été déposée et après des années de travail des boulangers, que la baguette a fait sa place au milieu d’autres aliments du monde pour lesquels on estime que les savoir-faire sont précieux.

L’organisation, dont les membres se sont rassemblés au Maroc, honore des traditions à sauvegarder plus que les produits eux-mêmes. Ainsi, elle ne reconnaît pas que la baguette de pain appartient au patrimoine mondial immatériel, mais que «les savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette» en font partie.

Sur le site de l’UNESCO, on souligne donc que le procédé de fabrication traditionnel comprend plusieurs étapes: dosage et pesage des ingrédients, pétrissage, fermentation, division, détente, façonnage manuel, apprêt, scarification et cuisson. Puis, on rappelle que la baguette se distingue des autres pains car elle est composée de seulement quatre ingrédients, soit de la farine, de l’eau, du sel et de la levure ou du levain.

On peut aussi y lire que la baguette génère des modes de consommation et des pratiques sociales qui la différencient des autres pains, par exemple, un achat journalier et une forme longue qui nécessite des présentoirs spéciaux.

Photo: Markus Spiske, Unsplash

La baguette, en voie de disparition?

Même si la baguette, apparue au début du 20e siècle à Paris, est aujourd’hui le pain le plus consommé en France, cette reconnaissance est primordiale étant donné les menaces qui pèsent sur les savoir-faire liés à sa fabrication. En effet, l’industrialisation et la baisse du nombre de boulangeries en inquiètent plusieurs. En 1970, on comptait environ 55 000 boulangeries artisanales, soit une boulangerie pour 790 habitants, alors qu’aujourd’hui, il n’en reste que 35 000, soit une pour 2000 habitants.

Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, estime qu’il est important de conserver le mode de vie lié à la consommation de la baguette et que c’est ce que vient appuyer l’UNESCO avec cette reconnaissance qui est selon elle «un acte symbolique fort».

Photo: Sergio Arze, Unsplash

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Maison Lenoblet-Du Plessis: au cœur de l’histoire

Si les murs pouvaient parler, ceux de la maison Lenoblet-Du Plessis, à Contrecœur, en auraient long à raconter. Visite d’une propriété au passé aussi riche que son architecture.

Construite en 1794, la maison Lenoblet-Du Plessis était à l’origine une maison de ferme typique, avec son revêtement de planches à clins, son toit à deux versants, ses cheminées de chaque côté et ses lucarnes. Le rez-de-chaussée était réservé aux habitants, tandis que les combles servaient à conserver le grain.

Contrecoeur - Maison Le Noblet-Duplessis, aujourd'hui de Jean-Marie Richard, vers 1925. Photo: Edgar Gariépy. BAnQ

Le clan Lenoblet du Plessis y réside pendant près d’un siècle. Alexis-Carme Lenoblet du Plessis (1781-1840), marchand et cultivateur devenu notaire, est le membre le plus marquant de la famille. Ce juge de paix et commissaire a donné le terrain pour l’établissement de la première école du village de Contrecœur. L’homme de lettres possède une imposante bibliothèque, et prête ses livres aux gens de Contrecœur et des paroisses avoisinantes.

La demeure subit une première transformation en 1886, lorsque trois gâbles d’inspiration néogothique remplacent les lucarnes du versant avant. La grande galerie ornée de colonnes, elle, fait son apparition en 1916 après que le notaire Jean-Marie Richard et Jeanne Cartier, dernière seigneuresse de Contrecœur, eurent acheté la propriété. C’est l’œuvre de l’architecte Casimir Saint-Jean, à qui l’on doit la conception de nombreuses églises.

Photo: Annie Tétreault 2016, © Ministère de la Culture et des Communications

L’intérieur reflète depuis son nouveau statut de maison bourgeoise. La partie inférieure du grenier peut désormais être habitée, une annexe abrite la cuisine et les pièces pour recevoir se parent d’une touche victorienne.

La propriété loge désormais un centre d’interprétation de l’histoire de Contrecœur. Photo: Facebook Culture C

La maison a servi de lieu de réunion pour les patriotes pendant les rébellions de 1837 et de 1838. Certains avancent qu’une partie des 92 résolutions de 1834, un document qui rassemble leurs griefs envers les autorités coloniales, a aussi été préparée entre ses murs. La légende veut même qu’une sortie secrète menant au fleuve ait été creusée dans la cave par les patriotes.

La légende veut qu’une sortie secrète menant au fleuve ait été creusée dans la cave par les patriotes. Photo: Facebook AXE Construction inc.

Au début des années 1970, la demeure a aussi été le lieu de tournage de plusieurs scènes extérieures du film Kamouraska de Claude Jutra.

La ville de Contrecœur a racheté la propriété en août 1978. Elle loge désormais un centre d’interprétation de l’histoire de Contrecœur. On y présente des expositions et diverses activités culturelles. Le sous-sol, baptisé La cache des patriotes en clin d’œil au passé, fait également office de salle de spectacle intimiste.

Le resto d’après: les opportunités de la pandémie

Mordu, le site de Radio-Canada qui regroupe de nombreux contenus gourmands, vient de lancer une websérie de six épisodes qui s’intéresse au «resto d’après» la pandémie. Comment la situation a-t-elle modifié les façons de faire en restauration? Et quelles sont les opportunités que certains ont su saisir?

On entend beaucoup parler des problèmes qu’a pu provoquer la pandémie, et ce, dans plusieurs milieux, mais il est rare qu’on voie les choses sous un autre angle. Pourtant, certains restaurateurs le disent haut et fort dans la nouvelle série proposée par Mordu: pour eux, la pandémie a modifié les choses pour le mieux.

Si les restaurateurs et restauratrices – Simon Mathys, Antonin Mousseau-Rivard et Martin Juneau, entre autres – s’entendent pour dire que la pandémie a bouleversé leur vie, la série présente ce qui aura changé en mieux, après une période difficile, certes, provoquée par les fermetures forcées.

Que ce soit en ouvrant moins de soirs par semaine afin de passer plus de temps de qualité avec la famille ou en réinventant les codes de la restauration, Le resto d’après présente une jeune génération de chefs qui démontre qu’il est possible de faire autrement.

Une série fort intéressante à propos de santé mentale, d’excès et de remise en question qui montre l’envers du décor de la restauration et de la pandémie.

Le Costil: une rénovation 100% locale

En Normandie, la coopérative Anatomies d’architecture a récemment mis le point final à la rénovation d’une maison en brique en utilisant uniquement des matériaux dénichés à moins de 150 kilomètres du site. Coup d’œil sur ce travail de moine.

0% de béton, 0% de plastique et des matériaux locaux 100% naturels: telle est la composition inhabituelle du Costil, un chantier expérimental à Sap-en-Auge, en France.

La rénovation de cette maison a été effectuée avec des matériaux dénichés à moins de 150 kilomètres du site. Photo: © Olivier Sabatier

Pour relever ce défi modeste et ambitieux à la fois, Anatomies d’architecture a misé sur le savoir-faire des gens de la région. Les architectes ont pris deux ans pour cartographier les ressources disponibles et tisser des liens avec les artisans.

Agriculteurs, bûcherons, scieries, maçons, historiens, chercheurs, apprentis et bénévoles ont été mis à contribution dans la rénovation de la maison. Photo: © Olivier Sabatier

Ceux-ci ont ainsi collaboré avec «des Normands remarquables qui se battent chaque jour pour la préservation de l’artisanat local et traditionnel, des pratiques ancestrales, de la solidarité régionale et des circuits courts». Agriculteurs, bûcherons, scieries, maçons, historiens, chercheurs, apprentis et bénévoles ont notamment été mis à contribution.

Le résultat, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, est sobre et harmonieux. Photo: © Olivier Sabatier

La maison en brique de 83 mètres carrés, appelée longère dans le coin, comprend désormais des isolants en chanvre, des enduits en terre crue, de même que des charpentes en bois de châtaignier et chêne locaux. Des bouchons de liège récupérés dans des restaurants et des briques de réemploi ont aussi trouvé leur place dans la construction.

Les architectes estiment que près de la totalité des éléments proviennent de la région. Photo: © Olivier Sabatier

Le résultat, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, est sobre et harmonieux. La maison de deux étages compte une cuisine, une salle à manger, un salon et une chambre au rez-de-chaussée. La mezzanine accueille pour sa part un bureau, une salle de bain et un hall ouvert.

La maison compte deux étages. Photo: © Olivier Sabatier

Les architectes estiment que près de la totalité, soit 99%, des éléments proviennent de la région. L’exception? Quelques vis, des points de colle et des bouts de membrane difficiles à trouver sur place ou à remplacer.

La maison écologique fera d’ailleurs l’objet d’une exposition en 2023. Photo: © Olivier Sabatier

Évidemment, la démarche écologique demande du temps. Nettoyer les briques est par exemple beaucoup plus long (et ardu!) que d’en acheter de nouvelles. La rénovation du reste du domaine nécessitera aussi plusieurs années de labeur. Le projet pourrait néanmoins inspirer d’autres concepteurs et les amener à revoir leurs pratiques, à préconiser des façons de faire plus durables. La maison écologique fera d’ailleurs l’objet d’une exposition en 2023.

La rénovation du reste du domaine nécessitera aussi plusieurs années de labeur. Photo: © Olivier Sabatier

Restaurant O’Thym: champion des aliments locaux

Les aliments locaux sont sur toutes les lèvres, surtout sur celles des copropriétaires du restaurant O’Thym, à Montréal, qui vient de remporter le Prix restaurateur Aliments du Québec au menu 2022 grâce à son utilisation à 99% des aliments d’ici.

Le programme de reconnaissance Aliments du Québec au menu a été créé par Aliments du Québec, en collaboration avec l’Association Restauration Québec, et compte aujourd’hui plus de 740 restaurants à travers la province qui font une place importante aux produits québécois.

Afin de valoriser encore davantage les choix locaux des restaurateurs, le programme a lancé le Prix restaurateur pour souligner le travail de ceux qui posent des actions innovantes et originales en s’approvisionnant, utilisant et cuisinant les produits d’ici pour les mettre en valeur auprès de leurs clients.

Le restaurant O’Thym a été récompensé pour son utilisation exclusive de produits locaux, et ce, été comme hiver. Photo: Facebook O'Thym

Le Québec à l’année

Pour sa cinquième édition, le prix a été offert au restaurant O’Thym, au cœur du Village, à Montréal, pour son utilisation exclusive de produits locaux, et ce, été comme hiver. Ainsi, grâce à diverses techniques de conservation, on trouve au menu, à l’année, des viandes locales, des produits de la pêche du Québec et des Maritimes, des fruits et légumes d’ici, du mélilot, de la fleur de sel du Saint-Laurent…

Pour Noé Lainesse, chef propriétaire du restaurant de type «Apportez votre vin» ouvert depuis 18 ans, «manger local, est l’entité du restaurant» et, même s’il avoue que «ce n’est pas toujours le choix le plus simple», il constate que «c’est très stimulant pour l’équipe de travailler comme ça». Il ajoute que, pour lui, il est «logique de s’approvisionner en périphérie de Montréal et que ça ne fait pas de sens de recevoir une caisse d’un aliment qui vient de la Californie». Il constate qu’il y a des changements qui s’opèrent au Québec et que, plus que jamais, les clients sont conscients, allumés et ont un désir de découvrir leur terroir.

Quinze restaurants à travers le Québec avaient été retenus par l’équipe d’Aliments du Québec au menu, puis le jury a tranché afin de déterminer les gagnants d’après la part de produits québécois sur le menu, la créativité, les méthodes d’approvisionnement et la mise en valeur des produits.