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4 juin 2024Auteure : Emilie Laperrière

Le « WOW ! » de la semaine

La vie de seigneur au manoir Dionne

Une seigneurie, une villa victorienne, un personnage coloré et plus d’un siècle et demi d’existence: l’histoire du manoir Dionne, à Saint-Roch-des-Aulnaies, est tout sauf banale.

À la fin du régime seigneurial, de riches notables achètent vastes terres, propriétés et seigneuries. C’est le cas du marchand, capitaine de milice et député de Kamouraska Amable Dionne, qui acquiert en 1837 la seigneurie des Aulnaies, aussi connue sous le nom de seigneurie de la Grande-Anse.

En 1850, l’homme le plus riche de la Côte-du-Sud lance la construction du manoir sur ses terres. Le célèbre architecte et ingénieur Charles Baillairgé se charge de la conception. Près de 200 réalisations portent sa signature, dont le pavillon central de l'Université Laval, la terrasse Dufferin et le couvent des Sœurs de la Charité à Québec.

Photo: laseigneuriedesaulnaies.qc.ca

Pour le manoir Dionne, celui-ci marie différents styles architecturaux. Le plan en U du corps principal et les tourelles en façade rappellent les châteaux français, tandis que l'ornementation s’inspire des modèles néo-grecs et néo-égyptiens. Le bâtiment à un étage couvert d'un toit à quatre versants avec avant-toits, la grande galerie et les multiples éléments en bois découpés empruntent pour leur part au style Regency.

On retrouve le salon, la salle à manger et la chambre des maîtres au rez-de-chaussée, alors que les autres chambres occupent les combles. Le seigneur et la seigneuresse ont chacun une tourelle. Celle de madame renferme un boudoir pour servir le thé et celle de monsieur, une bibliothèque et un bureau.

La demeure est achevée en 1853, un an après la mort d’Amable Dionne. Son fils Pascal-Amable en hérite et devient le premier seigneur à y vivre en permanence en presque 200 ans. Il s’investit corps et âme dans l’aménagement paysager du domaine, tant et si bien qu’il dépense la fortune de son père. Sa famille reprend l’administration de la propriété en 1865 pour prodigalité. Il décède cinq ans plus tard, à seulement 43 ans.

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En 1894, le marchand de bois et politicien Arthur Miville-Déchêne achète la résidence. Celle-ci reste dans la famille jusqu’en 1963, quand elle est vendue au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Classé patrimonial et restauré en 1975, le domaine est depuis un site d’interprétation de la vie seigneuriale. On peut y visiter le manoir et le moulin banal, toujours en activité.