Bergeron Gagnon inc. 2021 © Ville de L'Ancienne-Lorette © Ministère de la Culture et des Communications
3 septembre 2024Auteure : Emilie Laperrière

Le « WOW ! » de la semaine

Maison Woodbury-Matte, la coquette de 189 ans

Architecture néoclassique, résidence de villégiature et influence pittoresque: la maison Woodbury-Matte est un amalgame réussi des différents courants architecturaux qui ont marqué le 19e siècle au Québec. Visite d’une dame qui n’a pas pris une ride.

Nous sommes en 1834 et le maître ferblantier Elisha Woodbury devient l’heureux propriétaire d’une propriété agricole à L’Ancienne-Lorette. C’est la veuve de Charles Déry, Marguerite Ouvrard dit Laperrière — une lointaine ancêtre de l’auteure de ces lignes! —, qui lui vend ce lot regroupant divers bâtiments abandonnés et en mauvais état, dont une maison et des dépendances.

La maison Woodbury-Matte est un amalgame réussi des différents courants architecturaux qui ont marqué le 19e siècle au Québec. Photo: Bergeron Gagnon inc. 2021 © Ville de L'Ancienne-Lorette © Ministère de la Culture et des Communications

L’année suivante, le nouvel occupant (qui passe encore la majeure partie de son temps à Québec) fait ériger une demeure en pierre qui lui sert de résidence de villégiature. Avec son plan presque carré, son solage dégagé, son toit à deux versants retroussés formant un avant-toit, sa galerie et sa façade symétrique, celle-ci est un bel exemple de la maison québécoise d’inspiration néoclassique.

Avec son plan presque carré, son solage dégagé, son toit à deux versants retroussés formant un avant-toit, sa galerie et sa façade symétrique, cette résidence est un bel exemple de la maison québécoise d’inspiration néoclassique. Photo: Bergeron Gagnon inc. 2021 © Ville de L'Ancienne-Lorette © Ministère de la Culture et des Communications

La maison s’inscrit aussi dans le mouvement pittoresque, qui favorise la vie à la campagne et les paysages naturels. Elle est en effet loin de la rue, au milieu des arbres, et ses grandes fenêtres à trois sections créent un lien avec la nature.

La maison s’inscrit aussi dans le mouvement pittoresque, qui favorise la vie à la campagne et les paysages naturels. Photo: Bergeron Gagnon inc. 2021 © Ville de L'Ancienne-Lorette © Ministère de la Culture et des Communications

À l’intérieur, le décor démontre le statut de ses habitants. Le vaste rez-de-chaussée s’enjolive de nombreux éléments en bois travaillé, comme des cimaises, des chambranles moulurés, des portes à panneaux coulissants et des armoires en bois encastrées.

Après la mort d’Elisha Woodbury, en 1846, la maison revient à l’avocat Daniel McCallum. Douze ans plus tard, le maître menuisier Toussaint Vézina en prend possession. Le lieu reste une résidence de villégiature jusqu’en 1864. Le cultivateur Joseph Jobin s’y installe ensuite de façon permanente, avant de la donner trois ans plus tard à son gendre, le forgeron Siméon Matte. La famille Matte conserve la propriété pendant 125 longues années.

Classée comme monument historique en 1988, la maison Woodbury-Matte sert encore de résidence privée. Photo: Bergeron Gagnon inc. 2021 © Ville de L'Ancienne-Lorette © Ministère de la Culture et des Communications

Classée comme monument historique en 1988, la maison Woodbury-Matte sert encore de résidence privée. Elle était d’ailleurs en vente un peu plus tôt cette année, ainsi qu’en 2022.