Le « WOW ! » de la semaine
Maison Trestler: un joyau de 225 ans
Une architecture d’exception, un passé mouvementé, et même une histoire de fantôme: pas de doute, la maison Trestler, à Vaudreuil-Dorion, vaut le détour. Visite d’une demeure bicentenaire qui se démarque.
En 1776, l’Allemand Jean-Joseph Trestler débarque au Canada avec les chasseurs de Hesse-Hanau. Ce corps de troupe mercenaire vient prêter main-forte aux loyalistes alors que débute la guerre de l’Indépendance américaine. Une fois le conflit terminé, Joseph Trestler s’installe à Montréal.
Vers 1786, il achète une propriété dans la seigneurie de Vaudreuil, où il ouvre un magasin général. Il fait vite fortune, notamment grâce à la potasse et à la fourrure. Il construit sa maison de pierres en trois étapes. La partie centrale s’érige dès 1798. L’aile ouest, qui comprend une voûte et un entrepôt, s’ajoute en 1805, puis apparaît l’aile est, qui loge deux chambres (aujourd’hui un salon), un an plus tard. L’année de construction de chaque partie est d’ailleurs inscrite sur une pierre d’angle.
La résidence de plan rectangulaire, à un étage et demi, se coiffe d’un toit à deux versants couvert de bardeaux de cèdre. On reconnaît son esprit français à ses murs en moellons, ses fenêtres à petits carreaux et à ses cheminées doubles placées au-dessus des murs pignons. Elle se distingue toutefois en raison de son nombre inhabituel d’ouvertures — 13 portes et 41 fenêtres — et de sa silhouette allongée.
La porte centrale avec son imposte en éventail, les lucarnes à fronton et les 11 portes françaises témoignent de leur côté de la prospérité de Joseph Trestler. À l’époque, son domaine comprend aussi une fabrique de potasse, une grange, des étables, des écuries et des hangars.
La propriété reste entre les mains de la famille jusqu’en 1927, année où l’homme d’affaires Gustave-Henri Rainville en fait l’acquisition. Celui-ci transforme passablement l’intérieur, en ajoutant notamment un escalier de style Tudor. Elle est ensuite vendue à Donald Taylor, président de St-Raymond Paper, en 1951.
Vingt ans plus tard, Judith et Louis Dubuc achètent la maison et lui redonnent son lustre d’antan. La Fondation de la Maison Trestler en devient propriétaire en 1984. La demeure est ouverte au public depuis.
On raconte que Catherine, la fille cadette de Joseph Trestler, déshéritée pour s’être mariée contre le gré de son père à un commis du magasin, hante les lieux. Pourtant, son histoire finit bien: à la suite de la mort de sa mère, elle revendique son droit à l’héritage et gagne son procès, obtenant du même coup 20 000$.