Le « WOW ! » de la semaine
Le glas pour la maison-atelier de Charles Daudelin?
Tel que le rapportait le journaliste Jean-François Nadeau dans Le Devoir, la maison-atelier de Charles Daudelin à Kirkland pourrait tomber sous le pic des démolisseurs, allongeant du même coup la liste des deuils à faire au rayon du patrimoine architectural. Hommage à cette demeure d’exception.
Charles Daudelin a profondément marqué le Québec. L’artiste sculpteur figure comme l’un des pionniers de l’intégration de l’art à l’espace public. Ses œuvres font d’ailleurs partie du quotidien des Montréalais, sans qu’ils s’en rendent nécessairement compte.
Il a par exemple laissé sa trace dans le métro en réalisant les grilles sculpturales à la station Langelier et les jointures en aluminium à la station Mont-Royal. On lui doit également l’Agora du square Viger et son œuvre conjointe Mastodo, la sculpture devant le palais de justice de Montréal ainsi que le retable de la chapelle du Sacré-Cœur dans la basilique Notre-Dame. Les sculptures-fontaines de la place du Québec à Paris et de la place de la Gare à Québec, c’est lui aussi.
Sa maison-atelier, nichée au fond des bois à Kirkland, est à son image, avant-gardiste. La première version, qui ressemblait à un grand rectangle dans un ancien champ d’oignons, a été conçue par Charles Elliot Trudeau (oui, le frère de Pierre Elliot Trudeau) en 1950. La firme Rother, Bland, Trudeau a également dessiné deux nouvelles pièces quatre ans plus tard.
Au fil des ans, la résidence a été transformée par le couple Daudelin, un peu comme une œuvre d’art, pour s’adapter aux besoins de la famille grandissante. Les ajouts éclectiques donnent d’ailleurs du charme à l’endroit. Le champ, lui, a cédé sa place à une forêt plantée avec l’aide de son frère Georges, attaché au Jardin botanique de Montréal.
De grands architectes ont contribué aux rénovations. Jean-Louis Lalonde, qui a réalisé la station de métro Place-Saint-Henri, a par exemple signé les plans de l’atelier détaché de la maison en 1959. Les derniers travaux d’agrandissement, en 1968, ont pour leur part été confiés à Gordon Edwards, qui a conçu l’aérogare de Mirabel avec PGL.
Les lieux baignés de lumière abritent quelques curiosités, notamment un bain creusé dans le plancher et une chambre principale sans porte. Notre coup de cœur va toutefois au dernier atelier de l’artiste, avec ses hauts plafonds, ses angles particuliers et ses immenses fenêtres qui permettent de rester en contact avec la nature.
Le sort de la maison est désormais entre les mains du Comité de démolition de Kirkland. Selon la Ville, ce dernier est en délibération et aucun délai n’a été donné pour la prise de décision. Il reste donc encore un mince espoir pour ce trésor architectural.