Uber: rien ne va plus
En plus de ses problèmes légaux et de relations publiques, Uber accumule les échecs depuis plusieurs mois. Avec la série d’incidents internes, personnels et technologiques, serait-on en train d’assister à l’implosion de ce géant des nouvelles technologies?
Un patron détesté (et détestable)
Le PDG d’Uber, Travis Kalanick, n’a jamais été particulièrement apprécié dans la Silicon Valley. Les déboires personnels s’accumulent pour le fondateur de ce service d’autopartage.
Récemment, une vidéo publiée par le site Bloomberg a su démontrer le côté détestable de Kalanick. On y voit le PDG en pleine discussion avec un chauffeur d’Uber. «La vidéo montre la personnalité pugnace de Kalanick et son mauvais tempérament, qui pourraient entraîner certains investisseurs à se demander si ce dernier est capable de gérer une entreprise de 69 milliards $ (US) qui s’étend sur toute la planète», explique Bloomberg.
Plusieurs accusations de sexisme chez Uber ont également fait les manchettes. De plus, le PDG est dans l’eau chaude à la suite de la publication d’un article mentionnant sa visite, en compagnie de plusieurs cadres de l’entreprise, dans un bar d’escortes à Séoul il y a trois ans. Plusieurs détails de cette histoire montrent ici aussi l’environnement de travail toxique qui règne chez Uber.
https://www.youtube.com/watch?v=cyooW84WYZo
Des voitures autonomes dangereuses
Uber n’est toujours pas une entreprise profitable, malgré ses importants revenus. La société mise d’ailleurs beaucoup sur les voitures autonomes dans le futur. Celles-ci pourraient permettre de réduire les dépenses en économisant sur les redevances aux chauffeurs, et ainsi dégager des profits.
Malheureusement, il semble que le programme de voitures autonomes de l’entreprise – qui a été lancé quelques années après celui de ses concurrents, comme Google – soit plus en retard que ce à quoi la plupart s’attendaient.
Uber a en effet déjà déployé des voitures autonomes en Pennsylvanie, en Arizona et en Californie. Des ingénieurs sont présents à bord, mais 43 véhicules de la société se conduisent déjà d’eux-mêmes la plupart du temps.
Le site Recode rapportait toutefois que les ingénieurs doivent prendre le contrôle des véhicules une fois tous les trois kilomètres environ.
Pire encore, une voiture autonome d’Uber a été impliquée dans un accident à haute vitesse en Arizona la semaine dernière. Cet événement pourrait retarder encore plus le déploiement du programme.
Notons que le programme de voitures autonomes de Google a aussi connu des ratés. Par contre, sur plus de deux millions de miles parcourus, seuls des incidents mineurs ont été recensés. Personne n’a été blessé dans l’accident d’Uber, mais la Volvo de l’entreprise a malgré tout été renversée sur le côté.
L’exode des cadres
Un des signes les plus probants que les choses vont mal chez Uber est sans doute l’exode de cadres. Un phénomène rare pour une entreprise qui n’est toujours pas cotée en bourse et dont l’évaluation est si importante.
Parmi les départs, notons Brian McClendon, le vice-président responsable des cartes et de la plateforme pour entreprises, Ed Baker, le vice-président des produits et de la croissance (qui a quitté après des rumeurs d’inconduite sexuelle), mais surtout Jeff Jones, le numéro deux de l’entreprise, qui avait été embauché il y a six mois seulement.
Ce dernier était perçu comme «l’adulte» qui allait permettre de faire le ménage et de remettre Uber sur le droit chemin. Un défi qui était visiblement trop grand, puisque le vice-président aurait quitté l’entreprise après avoir «décidé que les controverses étaient trop importantes», selon le site spécialisé Recode.
L’adulte qui quitte la garderie parce que les enfants sont incontrôlables? Voilà qui ne regarde pas trop bien pour la suite des choses.