L’intelligence artificielle bouillonne à Montréal
L’intelligence artificielle a le vent dans les voiles à Montréal. Dernièrement, plusieurs annonces importantes ont confirmé le statut enviable de la métropole québécoise dans ce secteur de pointe. Bilan.
L’intelligence artificielle de Google débarque à Montréal
Le statut de leader en intelligence artificielle de Google s’est confirmé au grand public en mars 2016. Un logiciel de l’entreprise avait alors battu l’homme au jeu de go, un jeu apparemment insurmontable pour un ordinateur.
Lundi dernier, Google a annoncé qu’une partie de ses recherches se tiendra dorénavant à Montréal. Un groupe de recherche, relié à l’équipe Google Brain en Californie, sera dirigé par le chercheur Hugo Larochelle. Ce dernier travaillait jusqu’à tout récemment en apprentissage profond chez Twitter.
Google Montréal ciblera ses efforts en intelligence artificielle sur l’apprentissage profond. Cette technique vise notamment à faire apprendre des concepts à un ordinateur sans pour autant le programmer. L’équipe montréalaise aura toutefois les coudées franches par rapport aux sujets plus précis qu’elle souhaite aborder (reconnaissance du langage, des images, etc.), selon ce qu’explique le directeur de la recherche et du développement Shibl Mourad en entrevue avec le journal Les Affaires.
Pourquoi Montréal? Parce que la ville offre la plus grande concentration de chercheurs et d’étudiants en apprentissage profond au monde. On dénombre effectivement une centaine de chercheurs à l’Université de Montréal et une cinquantaine à l’Université McGill, selon le professeur Yoshua Bengio de l’Université de Montréal, l’un des pères de l’apprentissage profond.
Plusieurs subventions pour les chercheurs montréalais
De nombreuses annonces récentes démontrent que les chercheurs montréalais auront les reins solides au cours des prochaines années.
Ainsi, l’Institut de valorisation des données (IVADO), un centre rattaché à l’UdeM, à HEC Montréal et à Polytechnique Montréal, a obtenu près de 94 millions de dollars de subventions en septembre dernier. Cette somme sera utilisée afin d’accroître l’utilisation de l’intelligence artificielle et des mégadonnées.
Google a également annoncé lundi l’octroi d’une nouvelle subvention de 4,5 millions de dollars à l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal, associé à l’Université de Montréal. Huit chercheurs montréalais pourront en profiter au cours des trois prochaines années.
Element AI: un accélérateur pour jeunes entreprises
Une autre nouvelle de taille en intelligence artificielle à Montréal a été annoncée à la fin octobre: le lancement de l’incubateur Element AI. Celui-ci vise notamment à créer et à aider de jeunes entreprises en intelligence artificielle et en apprentissage profond, qui naîtront des travaux effectués à l’Université de Montréal et à l’Université McGill.
L’incubateur permettra aussi d’aider les grandes entreprises à intégrer l’intelligence artificielle. Ces deux volets d’Element AI sont d’ailleurs intimement reliés, comme le mentionne le directeur de programme d’Element AI Sébastien Provencher à Radio-Canada.
«Mon rôle est de travailler avec les grandes entreprises pour identifier leurs besoins et de développer un logiciel d’intelligence artificielle qui répond à ces besoins. Et si ces besoins se trouvent chez d’autres clients similaires, par exemple chez les compagnies d’assurance pour la détection de fraudes, alors il y a une occasion de créer une compagnie de logiciels, par exemple un logiciel antifraude intelligent», explique l’entrepreneur montréalais.
Avec un secteur universitaire déjà foisonnant, Element AI pourrait ainsi contribuer à l’essor privé de l’intelligence artificielle à Montréal. Dans une entrevue avec le magazine Wired, Yoshua Bengio, l’un des cofondateurs de l’entreprise, affirme d’ailleurs vouloir créer un véritable «écosystème en intelligence artificielle» dans la ville.
L’arrivée d’un tel écosystème a un autre avantage majeur, comme l’explique Martin Lessard de Radio-Canada, soit de permettre aux cerveaux montréalais de rester au pays plutôt que de devoir s’exiler ailleurs.