Les aînés, de plus en plus connectés
Les nouvelles technologies séduisent davantage les aînés qu’il y a 10 ans. C’est du moins ce que révèle une étude du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO).
Depuis près de 20 ans, l’enquête NETendances sonde les Québécois afin de connaître leurs activités numériques et documenter leur adoption des nouvelles technologies. Alors que le futur de cette populaire enquête est menacé par la fermeture du CEFRIO, prévue à la fin du mois, on en a profité pour évaluer comment le fossé numérique des générations a évolué au cours de la dernière décennie.
Salaire élevé, aîné connecté
«L’utilisation d’Internet est généralement l’apanage des jeunes et surtout de ceux qui appartiennent à la Génération Y», affirmait l’enquête NETendances en 2009. Bien que l’enquête ne parlait pas de «fossé des générations», il y en avait certainement un. En effet, 92,5% des adultes de 18 à 24 ans utilisaient Internet au moins une fois par semaine… contre 36% des 65 ans et plus.
En 2019, ce sont maintenant 78% des 65 à 74 ans qui utilisent Internet toutes les semaines (et 71% pour les 75 ans et plus). C’est moins que la population en général (92%), mais on ne peut plus parler de fossé des générations. L’âge a encore un impact sur les activités réalisées sur Internet, surtout après 65 ans, mais celui-ci n’est plus aussi tranché qu’il y a 10 ans.
Aujourd’hui, c’est l’argent qui change la donne chez les aînés. Dans la section «Les aînés connectés au Québec» de la publication NETendances 2019, le CEFRIO indique que, en 2019, le taux d’accès quotidien à Internet chez les 65 ans et plus ne s’élève qu’à 34% pour ceux qui gagnent moins que 20 000$ par année. Une proportion qui bondit à 60% pour ceux dont le revenu annuel se situe entre 20 000$ et 39 999$ et qui atteint 82% chez ceux qui gagnent de 80 000$ à 99 999$.
À chaque génération son appareil de prédilection
La technologie a beaucoup évolué en une décennie. En 2009, les Québécois de tous les âges accédaient à Internet avec un ordinateur plus qu’avec tout autre appareil. Avec les années, la population a adopté d’autres technologies, dont le téléphone intelligent et la tablette électronique.
Si l’adoption s’est réalisée plus rapidement chez les plus jeunes au début de la dernière décennie, on observe désormais que chaque tranche d’âge a son propre profil d’utilisation des divers appareils.
TABLETTE
39% des 18 à 24 ans possèdent une tablette, mais seulement 1% d’entre eux s’en servent comme moyen principal pour accéder à Internet. Chez les 55 à 64 ans, 59% en possèdent une et 27% s’en servent comme moyen principal pour accéder à Internet. Cette proportion augmente chez les 65 à 74 ans (31%) et les 75 ans et plus (35%).
TÉLÉPHONE INTELLIGENT
Le téléphone intelligent est le moyen le plus utilisé pour accéder à Internet chez les moins de 55 ans… et le moins populaire chez les plus de 55 ans (qui préfèrent l’ordinateur portatif, suivi de la tablette).
Il sera intéressant de voir si ces habitudes varieront au cours des prochaines années, d’autant plus que l’adoption du téléphone intelligent chez les 65 ans et plus a explosé depuis 2016, passant de 26% à 46% en 4 ans.
Un usage de plus en plus audacieux
Ce que font les Québécois sur Internet a aussi beaucoup évolué dans les 10 dernières années. En 2009, la principale activité des 65 ans et plus était – et de loin – la consultation des courriels et la recherche d’informations. Ce même groupe adopte désormais des habitudes beaucoup plus actives et variées.
En 2009, pendant que 67% des Québécois de 25 à 34 ans effectuaient des opérations bancaires sur Internet, seuls 14% des 65 ans et plus pouvaient en dire autant (et 34% des 55 ans et plus). Cette proportion a explosé en 10 ans, passant à 70% pour les 55 à 64 ans et à 59% chez les 65 à 74 ans. Les 65 à 74 ans ont aussi massivement adopté les appels vidéo (27%), rattrapant presque les 25 à 34 ans (33%).
Il existe encore des différences importantes dans certaines catégories, comme l’achat en ligne. Ces différences sont toutefois beaucoup moins marquées qu’à l’époque. En 2009, 5% des 65 ans et plus s’adonnaient au commerce électronique, contre 20% de la population dans son ensemble. En 2019, ce sont plutôt 28% des 65 ans et plus, contre 63%.
Ces sondages ont été réalisés en 2019, avant la pandémie de COVID-19. Vidéoconférences, achats en ligne, transactions bancaires: il y a fort à parier que de nombreux Québécois ont adopté ces usages pour la première fois au cours des derniers mois et que plusieurs conserveront leurs nouvelles habitudes.
À ce compte, une étude NETendances 2020 aurait apporté un regard éclairant sur la transformation numérique de la société québécoise après la pandémie. Espérons que quelqu’un d’autre pourra reprendre NETendances après la fermeture du CEFRIO, car il aurait été difficile de trouver un pire moment pour arrêter de prendre le pouls de la société québécoise.