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13 septembre 2021Auteure : Maxime Johnson

Le coût des télécommunications s’invite aux élections

Le Canada est l’un des pays où les services Internet et cellulaires coûtent le plus cher au monde. Voici ce que les partis politiques proposent pour y remédier.



Vous avez l’impression que vos factures de télécommunications sont élevées? Ce n’est pas qu’une impression. Année après année, les différentes études mondiales publiées à ce sujet sont sans équivoques: les Canadiens payent plus pour leurs données mobiles que partout ailleurs, et l’Internet résidentiel est parmi les plus chers au monde.

Un prix élevé est en effet à prévoir: brancher un pays grand comme le Canada coûte après tout plus cher que ce qu’il en coûte pour brancher un petit pays européen densément peuplé. Mais le manque de concurrence au pays, où Bell, Rogers et Telus dominent le marché, explique aussi le montant élevé qu’il faut débourser mois après mois pour avoir accès à ces services essentiels.

Il ne s’agit pas d’un enjeu majeur aux élections canadiennes de 2021, mais la plupart des partis politiques fédéraux proposent des mesures pour y remédier.

NPD: limiter les frais

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) est le premier parti à avoir pris position sur les tarifs cellulaires et Internet lors de cette campagne électorale. Le parti propose plusieurs moyens pour réduire la facture, notamment de forcer les fournisseurs à offrir un forfait abordable comparable à ce que l’on peut retrouver dans les autres pays.

Malheureusement, aucun chiffre n’a été fourni, il est donc impossible de savoir à quel point la mesure ferait réellement changer les choses.

Le NPD souhaite aussi interdire les frais de consommation de données pour l’Internet résidentiel, et forcer les fournisseurs cellulaires à offrir des plans illimités. En matière d’accessibilité, le parti prévoit la création d’une société de la couronne qui s’assurerait que toutes les communautés au pays sont bien servies.

Parti conservateur: s’ouvrir à la concurrence étrangère

Le Parti conservateur souhaite augmenter la concurrence parmi les fournisseurs d’accès en ouvrant la porte aux entreprises étrangères, à condition qu’elles viennent de pays qui sont aussi ouverts aux investissements canadiens.

Force est toutefois de constater que la mesure est plus facile à dire qu’à faire. Comme le faisait remarquer le journaliste spécialisé Sasha Seagan, les fréquences pouvant être utilisées pour construire des réseaux mobiles ont toutes été attribuées au cours des dernières années, et il serait désormais pratiquement impossible de bâtir un nouveau réseau en partant de zéro au Canada.

Le Parti conservateur propose aussi quelques solutions pour l’accessibilité, notamment des investissements dans l’infrastructure nécessaire pour que tous les Canadiens aient accès à la haute vitesse d’ici 2025 (rappelons qu’au Québec, cet objectif devrait être atteint en 2022).

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Bloc québécois: rapatrier le CRTC

Le Bloc québécois ne propose aucune mesure en lien avec le coût des télécommunications, mais il propose la création d’un nouvel organisme québécois qui se substituerait au CRTC.

La mesure est toutefois surtout présentée dans un contexte de protection de la culture dans le programme du parti, et non d’abordabilité des télécommunications. Il est donc difficile de savoir si elle aurait un impact sur ce point.

Parti vert: forcer la main du CRTC

La plateforme électorale du Parti vert fait mention de son intention d’offrir un Internet accessible et abordable, sans toutefois préciser plus en détail comment le parti y parviendrait.

Un candidat de la Saskatchewan a toutefois affirmé que le parti souhaitait forcer le CRTC à adopter une décision de 2019 qui a été abandonnée cette année, et qui aurait forcé les fournisseurs d’accès Internet à diminuer leurs tarifs de gros, ce qui aurait permis d’augmenter la concurrence partout au Canada.

Parti libéral: rien

Après avoir fait de grandes promesses aux élections de 2019 à propos des coûts des services sans fil au Canada, l’abordabilité n’est plus au programme des libéraux.

Pour le parti, les mesures mises en place au cours des dernières années ont en effet porté leurs fruits, puisque le prix des forfaits cellulaires aurait diminué de 21,4% entre juin 2020 et juin 2021, soit à peine moins que les 25% promis lors des dernières élections.

La réalité est toutefois plus complexe. Si le prix par gigaoctet a en effet diminué au Canada, la même chose s’est produite ailleurs dans le monde, et le pays n’est pas plus compétitif qu’il ne l’était. Comme l’explique l’analyste Bryson Masse du fournisseur TekSavvy, les Canadiens ont des forfaits avec plus de données qu’auparavant, mais leur facture, elle, n’a pas diminué.