21 septembre 2015Auteur : Maxime Johnson

Téléphonie mobile

iOS 9 et les bloqueurs de publicité

Apple a causé une petite commotion la semaine dernière, avec le lancement de son nouveau système d’exploitation mobile iOS 9.



Même si le système a dans son ensemble été bien reçu, une nouvelle fonctionnalité permettant aux développeurs de créer des applications pour bloquer les publicités dans le navigateur Safari, elle, l’a été beaucoup moins, du moins dans les médias.

iOS 9 et les publicités mobiles

Grâce à une mise à jour des outils permettant aux développeurs de créer des extensions pour le navigateur mobile Safari, Apple permet pour la première fois depuis la semaine dernière de créer des applications pour bloquer les publicités dans les pages web sur un iPhone ou un iPad.

Le concept n’est pas nouveau et connaît une certaine popularité dans les navigateurs web de bureau, avec des extensions comme AdBlock Plus, par exemple. C’est toutefois la première fois que celui-ci fait son apparition sur les téléphones.

En achetant un bloqueur de publicité sur l’App Store, les propriétaires d’iPhone peuvent ainsi naviguer sur le web sans voir les annonces affichées sur les sites visités.

Quelques jours après le lancement d’iOS 9, trois des cinq applications payantes les plus populaires sur l’App Store étaient des bloqueurs de contenu du genre.

Les éditeurs mécontents

La nouvelle a bien sûr été perçue comme une douche froide par les éditeurs de sites web, qui se voient potentiellement privés d’une partie importante de leurs revenus.  Plusieurs médias et journalistes technos sont montés au front, notamment Matt Buchanan du magazine The Awl, Nilay Patel de The Verge et Sascha Segan du magazine PCMag.

Dans tous les cas, la réflexion est sensiblement la même. Avec l’arrivée du web, les journaux et les magazines ont pour la plupart été forcés d’adopter un modèle d’affaires gratuit, où les revenus des médias sont entièrement tirés des publicités. En permettant de bloquer les publicités le web, Apple met directement en danger l’avenir de certains médias, tout particulièrement les petites publications.

Pour le magazine Business Insider, les médias représentent des dommages collatéraux dans la lutte à finir entre Apple et Google,  qui tire justement la grande majorité de ses revenus des publicités sur le web.

D’autres publications, comme le blogue spécialisé Gizmodo, ne manquent pas non plus de rappeler que les extensions pour bloquer des publicités arrivent sur IOS 9 le même jour qu’Apple News, une plateforme crée par Apple pour permettre aux médias de publier leurs articles, et dont les publicités sont vendues par Apple et ne peuvent être bloquées de la même façon qu’avec Safari.

Tout le monde n’est pas contre l’idée. Le blogueur suivant de près les affaires d’Apple, John Gruber, défend notamment la compagnie en affirmant que les bonnes publications pourront s’adapter et que ce sont les utilisateurs qui sont ultimement responsables d’installer les extensions pour bloquer les publicités.

Farhad Manjoo du New York Times croit pour sa part que la chose pourrait être bénéfique à long terme, en forçant l’industrie de la publicité à adopter de meilleures pratiques.

Crise de conscience pour un important développeur

Le débat aura dans tous les cas fait réfléchir Marco Arment, le développeur derrière l’application Peace, le bloqueur de publicité le plus populaire sur l’App Store la semaine dernière.

Après avoir défendu maintes fois sa création en affirmant qu’il fallait se débarrasser des publicités intrusives, le développeur a changé son fusil d’épaule vendredi, au point de carrément retirer son application de l’App Store.

Selon ce dernier, les publicités intrusives sont toujours un problème, mais les bloqueurs de contenu nuisent à beaucoup de gens au passage, incluant des gens qui ne méritent pas d’être affectés. «Même si j’ai gagné, je ne l’ai pas du tout apprécié», affirme d’ailleurs Marco Arment dans un billet de blogue publié sur son site personnel pour justifier sa décision.

Pendant qu’un développeur éprouve des remords de conscience, les autres, eux, continuent toutefois de vendre leurs applications.