Une représentation de la constellation de satellites Internet de Starlink. Photo : SpaceX

Internet par satellite: la nouvelle course à l’espace

Les chalets sans connexion Internet haute vitesse sont chose du passé grâce aux nouveaux services satellitaires comme Starlink de SpaceX… à condition de payer le prix. Et ce n’est que le début pour cette technologie de plus en plus recherchée.


Internet grâce à des milliers de satellites

Jusqu’à tout récemment, l’Internet satellitaire n’avait pas la cote. Non seulement les services offerts par des entreprises comme Xplornet étaient lents (surtout avec les satellites d’ancienne génération), mais leur latence (le temps qu’il faut pour qu’une information se rende d’un point à un autre) était aussi beaucoup trop élevée, et la consommation mensuelle était généralement limitée.

Résultat: l’Internet par satellite était convenable pour naviguer sur le web ou prendre ses courriels, mais pas pour un usage plus avancé, comme les vidéoconférences.

Pour corriger ce problème, des entreprises comme SpaceX ont opté pour une nouvelle stratégie: au lieu d’envoyer une poignée de satellites loin dans l’espace, elles envoient des milliers de plus petits satellites à basse orbite (entre 550 km et 1200 km), ce qui permet d’augmenter la vitesse et de réduire la latence (puisque l’information ne doit pas se rendre aussi loin pour atteindre le satellite).

Des satellites Starlink en attente d’être déployés dans l’espace. Photo: SpaceX.

Un Internet rapide, accessible dès aujourd’hui

Plusieurs projets d’Internet par constellations de satellites à basse orbite sont en développement, notamment Starlink de SpaceX, le projet Kuiper d’Amazon, la constellation de satellites de l’entreprise anglaise OneWeb et le projet Lightspeed de l’entreprise canadienne Télésat (dans lequel les gouvernements du Canada et du Québec ont investi).

Du lot, Starlink est le plus avancé. En fait, la solution de SpaceX est même offerte dès aujourd’hui aux Québécois qui en font la demande (et utilisée par 250 000 abonnés dans le monde). Attention, cependant, le prix est assez élevé: vous devrez débourser 759$ pour le récepteur satellite, 65$ pour la livraison et 140$ par mois pour le service Internet illimité.

À ce prix-là, vous aurez droit à une connexion d’environ 123 Mbps par mois en moyenne au Québec (ce qui est plus rapide que la vitesse Internet filaire moyenne au Québec), avec une latence de 55 ms en moyenne au Canada, selon une étude de Ookla, un service utilisé pour effectuer des tests de vitesse Internet.

L’offre n’est pas avantageuse si vous avez accès à un service filaire acceptable, mais pour ceux qui ont vraiment besoin d’une bonne connexion et qui sont mal desservis dans leur secteur, c’est à considérer.

L’antenne et le récepteur de Starlink. Photo: Starlink.

Pas seulement pour le chalet

SpaceX offre son service d’Internet satellitaire au grand public, et c’est aussi ce que le géant de l’Internet Amazon compte faire avec son projet Kuiper, mais ce n’est pas le seul usage pour une telle technologie.

L’entreprise canadienne Télésat, par exemple, compte plutôt viser les entreprises avec son service à venir. OneWeb prévoit pour sa part adapter son offre à différents marchés, comme le secteur maritime, les entreprises, l’aviation et les gouvernements.

Récemment, le gouvernement ukrainien avait d’ailleurs demandé à Elon Musk (le fondateur de SpaceX) sur Twitter d’envoyer des récepteurs Starlink pour lui permettre d’accéder à l’Internet malgré l’invasion russe. Des milliers de récepteurs ont été envoyés à ce jour en Ukraine, selon l’entreprise.

Les antennes et récepteurs de l’Internet par satellite OneWeb seront notamment adaptés pour un usage maritime. Photo: OneWeb.

Le cauchemar des observateurs d’étoiles

Malheureusement, la technologie ne fait pas que des heureux, notamment auprès des astronomes amateurs.

Non seulement les satellites de ces services sont sur une orbite basse, ce qui les rend plus visibles, mais ils sont aussi très nombreux (d’où le terme «constellations de satellites»). Et ça ne fait que commencer.

Starlink a en effet 2100 satellites en orbite à l’heure actuelle, mais l’entreprise a obtenu l’approbation pour en déployer jusqu’à 12 000 en tout, et a fait la demande pour 30 000 de plus. Le projet Kuiper d’Amazon doit pour sa part mettre en orbite 3286 satellites. Les premiers lancements ont été annoncés la semaine dernière, et la moitié des satellites devraient être lancés d’ici 2026. Les projets de Télésat (298 satellites) et de OneWeb (648 satellites) sont pour leur part moins ambitieux, mais OneWeb espère pouvoir lancer 6372 satellites en tout pour sa seconde phase.

Des lignes lumineuses créées par les satellites Starlink dans le ciel étoilé. Photo: DELVE Survey, CTIO/AURA/NSF.

Starlink a tenté de réduire son problème de pollution lumineuse en déployant des visières pour réduire la réflexion des satellites, mais ceux-ci sont toujours visibles depuis la terre, surtout dans les endroits moins lumineux. Heureusement, la nuisance ne serait pas grave pour les astronomes professionnels, mais elle embête tout de même les amateurs qui tentent de photographier le ciel.

Et ce n’est pas le seul problème avec ces constellations de satellites. La Chine a annoncé en décembre que deux satellites Starlink s’étaient dangereusement approchés de la station spatiale chinoise. L’accident a été évité, mais avec des dizaines de milliers de satellites qui s’ajouteront dans les prochaines années, la question ne sera peut-être pas de savoir si un accident se produira ou non dans l’espace, mais plutôt quand celui-ci arrivera.