25 octobre 2016Auteur : Maxime Johnson

Facebook veut être moins puritain

Le réseau social Facebook a régulièrement fait les manchettes pour des cas de censure au cours des dernières années. De leur côté, Twitter et Instagram ont souvent été considérés comme trop permissifs envers le harcèlement et les attaques personnelles. Facebook, qui veut maintenant alléger ses règles, du moins par rapport au contenu explicite, saura-t-il trouver le juste milieu?


Des censures de trop

Facebook a souvent prêché par puritanisme au cours des dernières années. En voulant éviter de présenter du contenu pornographique à ses utilisateurs, le réseau a souvent banni à tort des comptes pour avoir publié certaines images.

Le problème n’est pas nouveau. Des cas de censure d’images d’allaitement ont souvent créé des tollés, notamment en 2008 et en 2012.

Récemment, un cas a fait jaser encore plus. Facebook a suspendu un auteur norvégien qui avait publié la célèbre photographie The Terror of War, de Nick Ut. Cette photo montre une jeune fille nue se sauvant des attaques américaines au napalm pendant la guerre du Vietnam. Une nouvelle du quotidien Aftenposten sur ce cas de censure avait à son tour été censurée. Le rédacteur en chef du Aftenposten avait alors publié une lettre ouverte à Mark Zuckerberg en une du journal. La nouvelle avait fait le tour de la planète, ce qui avait forcé Facebook à revenir sur sa décision.

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Jeudi dernier, le réseau social a aussi fait parler de lui partout dans le monde après avoir enlevé une publicité suédoise pour prévenir le cancer du sein. Celle-ci présentait des animations très simplistes du corps féminin.

Notons que les cas de nudité ne sont pas les seuls à attirer l’attention. Facebook avait aussi censuré une vidéo en direct montrant les derniers moments de l’Américain Philando Castile, avant qu’il ne soit tué par la police. La compagnie avait alors dit qu’il s’agissait d’une erreur technique avec son outil de détection automatique du contenu.

De nouvelles règles

Facebook avait clarifié ses règles l’année dernière, expliquant ce qui pouvait et ce qui ne pouvait pas être publié. Parmi les sujets bannis: nudité, discours haineux, automutilation, promotion d’organisations criminelles, exploitation sexuelle, harcèlement et violence.

À la suite de ses récentes erreurs, le réseau social a de nouveau modifié ses règles. Des contenus plus explicites pourront maintenant être acceptés, à condition qu’ils soient d’actualité, significatifs ou importants pour l’intérêt public.

Le changement devrait se faire graduellement, au cours des prochaines semaines.

Des règles difficiles à appliquer

Malheureusement pour Facebook et ses utilisateurs, les règles pourraient être difficiles à appliquer dans les conditions actuelles.

Comme le fait remarquer la compagnie, des millions d’images sont analysées toutes les semaines, et des erreurs peuvent se glisser. Les lois locales (et même les coutumes) peuvent aussi entrer en conflit avec certaines pratiques mondiales.

Facebook n’explique pas vraiment comment sa nouvelle politique sera mise en place, mais précise que de nouveaux outils seront offerts.

Pour bannir ou non le contenu, Facebook compte beaucoup sur l’intelligence artificielle et la reconnaissance d’image. Des humains font aussi partie de l’équation. Comme le rapportait le Wall Street Journal, des employés de Facebook auraient même milité pour que certains propos tenus par le candidat à la présidence américaine Donald Trump soient considérés comme haineux, ce qui aurait entraîné leur censure.

Finalement, Mark Zuckerberg lui-même aurait tranché le débat en affirmant qu’il ne serait pas approprié de censurer le candidat. La décision d’assouplir les règles pour Trump n’aurait pas plu à tout le monde, et des employés auraient même menacé de quitter la compagnie, rapporte le Wall Street Journal.

En plus des photos, Facebook pourrait aussi avoir des problèmes avec les vidéos en direct, qui sont de plus en plus populaires. La compagnie avait d’ailleurs tenté d’encadrer la chose en mettant à jour ses conditions d’utilisation en juillet dernier.

Bref, des erreurs continueront de survenir, mais avec un peu de chance, la nouvelle politique pourrait permettre aux employés de corriger les injustices plus rapidement qu’à l’heure actuelle.


Pour en savoir plus

La censure Facebook

Jean-Benoît Nadeau

16 septembre 2016

Avenues.ca