Photo animalière: la passion de Gino Lagacé
Gino Lagacé est passionné par la photographie animalière depuis qu'il est petit. Découvrez son histoire et ses magnifiques clichés.
C’est à 12 ans, caméra empruntée à la main, que Gino Lagacé s’initie à la photographie en scrutant les boisés, les berges et la nature qui entourent Trois-Pistoles, sa ville natale. Dès lors naît une passion pour la photographie animalière et de paysage, qui ne fera que croître avec les années et le conduira dans les années 1990 au Cégep de Matane en concentration photographie. «Je suivais avec passion les documentaires animaliers, dont ceux de Jacques-Yves Cousteau, et, bien sûr, je lisais le National Geographic.»
Bien qu’il ait plutôt choisi une carrière en informatique, il fera de la photographie son loisir, sa passion et son refuge. Couché à plat ventre, abrité dans une cache, à demi plongé dans une rivière, il passera des heures et des heures à observer, débusquer et photographier des animaux, ou à arpenter la campagne pour saisir la beauté de ses paysages. «Le commandant Cousteau avait une très belle phrase: ‘’On aime ce qui nous a émerveillés et on protège ce qu’on aime.’’ Je me dis que, si on montre la beauté, si les gens voient la nature dans toute sa splendeur, alors ils auront peut-être envie de la protéger.»
La photographie animalière
Au fil des décennies, Gino Lagacé a pu constater avec tristesse la raréfaction de certaines espèces d’animaux et d’oiseaux. «Certaines espèces reviennent, comme les dindes sauvages, mais ce sont des exceptions.»
Le photographe compare sa passion à la chasse. Il faut bien souvent le même type d’équipement de camouflage, la même patience pour s’arrêter et laisser l’animal se manifester. «Mais moi, quand j’appuie sur le bouton, je n’effraie pas les animaux autour et je n’en tue pas. Le plaisir d’observer les oiseaux, comme cette femelle qui enseignait à ses petits à nager, est parfois si intense que j’en oublie presque de photographier…»
Bien sûr, il faut s’adapter au froid, à la pluie, aux longues heures d’attente silencieuse, et parfois accepter de revenir bredouille. «Je me souviens d’une journée à chercher un harfang des neiges, en vain, puis, en rentrant à Québec, en voir sur les poteaux de l’autoroute!»
Pas de saison préférée, chacune a ses avantages et ses inconvénients, mais c’est très tôt le matin et en fin de journée que la lumière est la plus propice et que les animaux, surtout les oiseaux, sont plus actifs.
Pour ceux qui ont envie de faire ce genre de photos, inutile de partir dans les tréfonds des montages et des forêts pour commencer; on peut très bien s’initier à la photo animalière autour de chez soi, même en ville, selon Gino Lagacé. «Il faut juste prendre le temps d’observer. Dans un parc, dans sa cour ou dans un boisé avoisinant, il faut seulement interrompre sa marche, s’asseoir tranquillement et laisser la nature se manifester», conclut le photographe.
Il a donc réuni pour vous dans cette galerie une douzaine de photos d’animaux qui vous épateront ou vous charmeront, mais ne vous laisseront certes pas indifférent.
1- La petite Isa
Blanchon (phoque du Groenland) très curieux, sur la banquise au large des Îles-de-la-Madeleine, juste avant qu’il éternue joyeusement sur mon objectif photo. La photographie au grand angle nous place au premier rang de l’action.
Technique: Focal 13mm, ISO 100, 1/400 sec, f/8. J’ai utilisé des blocs de glace et de neige comme réflecteurs.
2- Fou 1er
Vêtu d’un pantalon noir et d’un manteau blanc, gris et jaune, j’avais l’air d’un grand fou de Bassan, et ce séducteur l’avait remarqué. Il m’apportait des matériaux pour faire un nid, que je plaçais en petit tas. Cela m’a permis d’avoir le temps de sous-exposer l’arrière-plan et d’utiliser deux flashs pour éclairer le sujet principal.
Aujourd’hui, avec les caméras digitales, la retouche photo sur ordinateur est plus simple alors que, sur diapositive, il fallait souvent le faire directement sur le terrain. Eh oui, j’ai probablement causé une peine d’amour à ce pauvre fou! Cette photo est ancienne, mais elle est importante pour moi puisque c’est à ce moment-là que j’ai eu un coup de foudre... pour la photo animalière!
Technique: Focal 300mm, ISO 50 (diapositive), 1/250 sec, F/5.6. Avec deux flashs.
3- Paruline orangée
J’aime photographier principalement les oiseaux. J’adore leurs formes variées, leurs chants magnifiques et leurs couleurs extraordinaires. Pour moi, ils incarnent la liberté.
Technique: Focal 400mm, ISO 800, 1/320 sec, f/4.
4- Harfang
J’avais cette image en tête depuis longtemps, mais, comme je n’utilise pas d’appât, cela a pris des années pour y arriver. Comme le dit le groupe Zébulon dans l’une de ses chansons, «Quand c’est trop facile... y a pas de mérite!»
Technique: Focal 400mm, ISO 200, 1/2000 sec, f/4. Avec utilisation d’un drap blanc en guise de camouflage.
5- Au loup
Les phoques, quelles créatures extraordinaires! Il faut les entendre vocaliser entre eux. Souvent, sur la côte, des gens inquiets et confondus rapportent avoir entendu plusieurs loups dans les environs. Ce n’est pas pour rien qu’ils étaient autrefois surnommés «loups-marins».
Technique: Focal 400mm plus multiplicateur 2X, ISO 800, 1/500 sec, f/5.6.
6- Le petit soldat
Ce petit, qui suit ses frères et sœurs, semble marcher au garde-à-vous! Les bébés gélinottes et autres perdrix sont d’un comique incroyable. Il faut les voir se cacher quand la mère lance une alerte. Ils prennent une grande feuille d’arbre au sol avec leurs grosses pattes et se laissent tomber sur le dos pour se couvrir avec la feuille. Comme un enfant qui a peur qu’il y ait un monstre sous son lit et qui se cache sous les couvertures.
Technique: Focal 300mm, ISO 400, 1/2000 sec, f/4.
7- Abeille et pavot
En macrophotographie, la zone de netteté est tellement mince que de saisir un insecte en vol au bon endroit relève de la patience et de la chance. Il aura fallu 970 images pour y arriver.
Technique: Focal 105mm, ISO 1250, 1/3000 sec, f/10. Utilisation de réflecteurs.
8- Chouette lapone
Lorsqu’on utilise une cache, il arrive parfois que le sujet vienne s’y poser. C’est embêtant lorsque nous y sommes puisque notre sujet est alors à l’extérieur, au-dessus de notre tête. Cependant, lorsqu’il est en route pour s’y poser, cela donne des occasions intéressantes.
Technique: Focal 400mm, ISO 800, 1/2000 sec, f/4.
9- Grande Aigrette
En photo de paysage, j’aime bien utiliser des éléments du décor pour encadrer le sujet. J’essaie aussi d’utiliser cette technique en photographie animalière quand c’est possible.
Technique: Focal 70mm, ISO-100, 1/320 sec, f/8.
10- Curiosité
Alors que les forêts au nord du Québec brûlent et que la fumée vient jusqu’ici, dans le sud, la lumière ressemble à celle d’une fin de journée. Riche un coucher de soleil, mais qui dure tout un après-midi. La forte odeur qui l’accompagne neutralise le principal sens de détection de plusieurs animaux. Ainsi, il peine à me détecter dans mon habit de camouflage.
Technique: Focal 400mm, ISO 6400, 1/2000 sec, f/2.8.
11- Anhinga
Contrairement à beaucoup d’oiseaux aquatiques, ses plumes ne sont pas imperméables. Ainsi, son corps s’immerge dans l’eau, ne laissant visibles que sa tête et son long cou. Cela lui donne l’apparence d’un serpent qui nage, d’où son surnom de snake bird ou oiseau-serpent.
Technique: Focale 175 mm, ISO 200, 1/125 sec, f/8.
12- Plongeon huard
J’ai fait peu de photos ce jour-là, j’ai surtout pris le temps d’observer mes petits amis palmés. J’ai eu le privilège de voir une maman huard donner un cours de plongeon à son petit. Parfois, je suis tellement fasciné par ce que je vois que j’en oublie presque de faire des photos. J’ai tout de même pu réaliser celle-ci en plaçant ma caméra à seulement deux ou trois centimètres de l’eau. Ce n’était pas rassurant, mais l’effet est là!
Technique: Focal 600 mm, ISO 1800, 1/1600 sec, f/6.3.