Une libellule photographiée en forêt. Photo: Daniel Lebarbé
28 mai 2020Auteur : Daniel Lebarbé, SPPQ

Macrophotographie: infos et conseils pour vous lancer

Qui n’a jamais été épaté par la photo d’une fleur en gros plan ou celle d’un papillon qui se découpe sur un arrière-plan flouté? Voilà ce qu’offre, entre autres, la macrophotographie. Vous pouvez aisément maîtriser cette technique à condition de respecter quelques règles et d’avoir un bon équipement de base. Voici quelques infos et conseils pour vous lancer.


Qu’est-ce que la macrophotographie?

Pour faire de la macrophotographie, il ne s’agit pas simplement d’approcher un appareil avec un objectif standard, ce qui permettrait tout au plus d’obtenir un rapport de grossissement (le vrai terme serait plutôt grandissement, mais grossissement est plus souvent utilisé) de 1 :3. Cela signifie que l’image projetée sur le capteur de votre appareil est trois fois plus petite que le sujet. Donc si l’objet photographié mesure 12 mm, la projection sur le capteur ne fera que 4 mm. L’objet paraîtra plus près, ce sera un gros plan, mais le rendu n’aura rien de comparable avec celui d’une photographie prise avec un objectif macro, qui permet un rapport de grossissement de 1 :1, ce qui est la définition même de la macrophotographie. Cela veut dire que si vous photographiez une fourmi qui mesure 10 mm avec objectif macro, l’image sur le capteur de l’appareil sera de 10 mm.

Papillon photographié lors de l'événement Papillons en liberté au Jardin botanique de Montréal. Photo: Daniel Lebarbé

Objectif standard: des compromis économiques

Si vous ne maîtrisez pas encore toutes les techniques photographiques et que vous en êtes au stade d’exploration, vous voudrez peut-être confirmer votre intérêt pour la macrophotographie avant de vous lancer dans l’achat coûteux d’un objectif macro. Il existe cependant des accessoires qui, combinés à un objectif standard, offrent un compromis plus économique. L’avantage de ces accessoires est qu’ils permettent de conserver tous les automatismes de votre appareil. En voici deux:

1- Les bonnettes d’approche

Les bonnettes d’approche sont l’accessoire le plus simple et l’un des moins onéreux. C’est tout simplement une lentille grossissante qui se visse au bout de votre objectif pour permettre de gros plans. Les bonnettes d’approche donnent de bons résultats, mais ont le défaut d’induire des aberrations chromatiques (franges colorées) et une perte de netteté sur les bords. Elles vous permettront de faire vos premières armes en macro et, si vous y prenez plaisir, vous pourrez investir dans un objectif macro par la suite.

2- Les bagues-allonges

Un autre moyen très efficace et accessible de faire de la macrophotographie est l’utilisation de bague-allonges. Cet accessoire est constitué de tubes sans optique que l’on place entre le boîtier et l’objectif pour les éloigner l’un de l’autre. Cela permet de raccourcir la distance de mise au point. Ce dispositif affecte légèrement la luminosité et la netteté mais, dans la plupart des cas, l’appareil compensera la perte de luminosité. Les bagues peuvent aussi être ajoutées à un objectif macro qui en deviendra encore plus puissant.

La coquille d’un petit escargot trouvée sur les berges du Saint-Laurent. Photo: Daniel Lebarbé

L’objectif macro

L’achat d’un objectif conçu pour la macro est un très bon investissement. Vous posséderez à la fois un excellent objectif pour l’usage général et le meilleur outil disponible pour la macrophotographie. La qualité de ses images sera inégalable; aucun autre dispositif ne donnera d’aussi bons résultats, même s’ils sont satisfaisants.

Il existe plusieurs modèles d’objectifs macro, dont la longueur focale – c’est-à-dire la distance à laquelle vous pourrez placer votre appareil du sujet – varie de 30 mm à 180 mm. Plus la longueur focale sera longue, plus vous travaillerez loin de votre sujet, évitant ainsi de l’effaroucher ou de projeter une ombre sur lui.

Pour choisir l’objectif qui vous convient, il faut tenir compte, entre autres choses, du type de boîtier que vous utilisez, de la grandeur de son capteur et du type de photographie que vous souhaitez faire.

Pour la moyenne des photographes amateurs, un objectif macro de 100 mm est un choix satisfaisant. Un objectif de 180 mm conviendra davantage à l’expert ou au professionnel qui souhaite pousser l’expérience plus loin.

Si vous ne vous y connaissez pas trop et que vous en êtes à vos débuts en photographie, mieux vaut consulter un vendeur compétent capable de vous conseiller selon votre appareil et vos besoins.

La macrophotographie plus avancée permet des images spectaculaires comme celle de ces cristaux d’acide citrique photographiés en lumière polarisée sous un grossissement de 10X. Photo: Daniel Lebarbé

Macrophotographie et lumière

En macrophotographie, vous constaterez bien vite que si vous faites le foyer sur les yeux d’une abeille mal éclairée, ses antennes risquent d’être floues. La macro demande énormément de lumière. Il est normal, à très courte distance, de fermer votre objectif à f11 et plus pour atteindre un maximum de profondeur de champ. Il vous faudra donc utiliser la lumière pour parfaire votre photo. 

La lumière naturelle

La lumière naturelle est toujours disponible, mais elle n’est pas sans inconvénient. Vous ne pouvez pas la contrôler et elle est très souvent insuffisante pour permettre une vitesse assez rapide pour figer les mouvements. Vous pouvez réussir d’excellentes photos en éclairage ambiant, mais le défi technique sera grand. Vous pouvez aussi utiliser des lampes à DEL en éclairage d’appoint.

Des myosotis sous une lumière naturelle tamisée. Photo: Daniel Lebarbé

La lumière du flash: une alliée

Seul le flash permet d’avoir un contrôle total. Sa grande puissance permet d’«écraser» la lumière ambiante et d’ainsi devenir la seule source lumineuse participant à la prise de la photo. La durée très courte de l’éclair devient le temps de pose, ce qui permet de figer la scène.

Prenons le cas hypothétique d’un champignon en forêt. Vous fermez à f16 pour favoriser la profondeur de champ, votre posemètre vous indique alors une vitesse de 1/2 seconde. On comprend aisément qu’une parfaite stabilité sur 1/2 seconde est pratiquement impossible. À cette vitesse, l’utilisation d’un trépied est absolument nécessaire.

Si vous utilisez un flash, toujours à f16, votre appareil peut être réglé à sa vitesse maximum de synchronisation, qui se situe généralement entre 1/160 et 1/250 de seconde. À ces vitesses, l’éclairage ambiant n’a que très peu d’effet, le bref éclair d’environ 1/1000 de seconde suffit à assurer la prise de la photo. On passe ainsi d’un temps de pose de 1/2 à 1/1000 de seconde! Cela peut être utilisé avec un trépied, mais vous pourrez aussi réussir la photo à main levée.

Pour le flash, deux options: le flash macro (annulaire ou à doubles têtes orientables) qui se fixe au bout de votre objectif et qui permet un contrôle total de la lumière. Cependant, il est assez encombrant et coûteux. Deuxième option: le flash standard (intégré au boîtier ou monté sur la griffe porte-flash), auquel vous devrez adjoindre un grand diffuseur pour diriger un maximum de lumière vers le bas, là où se trouve votre sujet. L’objectif étant très près, il pourrait créer une ombre sur votre cible. C’est une des limites de cette méthode.

Un bruant à gorge blanche reprends ses esprits après avoir heurté une fenêtre, saisissez l’occasion! Photo: Daniel Lebarbé

La macro à main levée

Quel que soit l’équipement choisi (objectifs spéciaux, bagues, bonnettes, etc.), il est préférable d’utiliser la mise au point manuelle pour réussir la macro. Faire un portrait demande la plupart du temps de faire le foyer sur les yeux; c’est aussi vrai pour un papillon posé sur une fleur. Votre image semblera nette même si de grandes zones en arrière-plan sont floues à cause de la faible profondeur de champ. Pour une fleur, vous pourrez faire le focus sur les étamines. Bref, il faut trouver le point focal le plus précis et le plus petit de votre sujet pour vous assurer d’une plus grande netteté de la photo.

La meilleure façon de faire des photos à main levée (sans trépied) est de régler votre foyer manuellement à la distance de travail souhaitée et de vous balancer légèrement d’avant en arrière pour déclencher au bref moment où votre image est nette. Cette technique demande un peu d’entraînement, mais deviendra rapidement une seconde nature.

La photo à main levée est la méthode qui permet la plus grande spontanéité. Vous débusquez votre sujet et êtes immédiatement prêt à le capturer. Sa rapidité de mise en œuvre peut favoriser l’approche d’un insecte farouche et vous laisser le temps de faire plusieurs images. La mise au point est très délicate, ce qui entraînera une majorité de photos ratées. Ne vous découragez pas, c’est tout à fait normal. Un flash vous aidera beaucoup en figeant tout mouvement du sujet, de votre part, ou provoqué par le vent.

Des fleurs photographiées à main levée avec un appareil équipé d’un objectif macro, d’un flash standard et d’un diffuseur maison. Photo: Daniel Lebarbé et Philippe Rioux

Le trépied et ses accessoires

Pour un travail de haute précision, un matériel plus encombrant est nécessaire. Un insecte engourdi par les premiers froids de l’automne, une fleur ou un sujet à l’intérieur vous laisse le temps d’utiliser le trépied, le rail, ainsi qu’un éclairage plus élaboré. En plus d’une stabilité et d’un foyer parfait, cet équipement permet de faire du focus stacking.

Le trépied

Un bon trépied solide et stable n’est pas un luxe. Vous lui confiez votre précieux équipement et, lors de son utilisation, sa stabilité est essentielle à la réussite de vos photos. Vous avez le choix entre deux types de fabrication: la fibre de carbone, plus légère, rigide et coûteuse; ou le classique aluminium. La légèreté du carbone peut faire une différence lors d’une excursion. Un modèle avec une colonne centrale inclinable est un atout, car il permet d’approcher l’appareil au plus près d’un sujet caché dans un buisson.

Un bon trépied doit être équipé d’une tête d’égale qualité. La rotule est le choix le plus courant dû à sa souplesse d’utilisation et à son rapport qualité-prix, mais n’est pas la plus facile à ajuster finement. Les têtes à réglages micrométriques sur trois axes (p. ex., Manfrotto 410 Junior) sont très précises et utiles en studio, mais pas toujours faciles à mettre en œuvre sur le terrain.

Le rail macro

Pour certains sujets, ou lorsque vous voudrez améliorer votre technique, le positionnement de votre appareil demandera une très grande précision. L’emploi d’un rail macro (p. ex., Manfrotto 454) est recommandé. Il permettra d’ajuster la distance à votre sujet au moyen de molettes micrométriques. Il est quasi essentiel pour l’usage de techniques avancées comme le focus stacking. Cela dit, il n’est pas essentiel pour vous lancer en macrophotographie. Ce sera une option vers laquelle vous vous tournerez selon le type de sujets que vous aimez photographier ou selon votre enthousiasme pour la macro.

Le focus stacking

Vous en entendrez sûrement parler si vous lisez des magazines ou livres spécialisés traitant de la macrophotographie. Cette technique de postproduction consiste à prendre plusieurs photos au foyer de façon à couvrir les différentes parties du sujet, puis de les traiter dans un logiciel spécialisé qui sélectionnera et réunira les zones les plus nettes afin de créer une seule image. Vous pouvez ainsi obtenir une photo de libellule claire, des antennes à la queue. La profondeur de champ passe ainsi d’une fraction de millimètre à plusieurs centimètres. Vous l’aurez compris, cette technique n’est pas pour les débutants ou pour tout le monde et elle demande d’être à l’aise avec les outils informatiques. Si vous souhaitez atteindre ce niveau, le focus stacking vous donnera des résultats spectaculaires.

Une fleur photographiée en «focus stacking» avec un équipement perfectionné constitué d’un rail motorisé, d’un flash macro à deux têtes et d’un objectif macro 100 mm. Photo: Philippe Rioux

Conseils pratiques

Installez-vous confortablement

La macrophotographie peut parfois exiger quelques contorsions de votre part. L’usage de genouillères ou d’un coussin de jardinage vous évitera bien des inconforts et vêtements sales.

Utilisez l’écran arrière

Il sera souvent difficile ou impossible d’utiliser le viseur de votre appareil. Vous devrez alors vous servir de son écran arrière. Par exemple, si votre sujet est photographié au ras du sol, le viseur devient pratiquement inaccessible. L’usage de l’écran, idéalement orientable vers le haut, permettra la prise de vue.

Ajustez la luminosité

La lumière du jour rend votre écran difficile à lire, pensez à en augmenter la luminosité.

Faites attention au vent

Le vent est votre pire ennemi. Une fleur qui se balance est pratiquement impossible à capturer. Si possible, demandez à quelqu’un de tenir la plante pour la stabiliser. Dans le cas de la photo à main levée avec flash, vous pouvez tenir la tige d’une main et photographier de l’autre. Si vous parvenez à maîtriser cette technique, elle augmentera grandement vos possibilités.

Soyez curieux

Des sujets qui semblent inintéressants peuvent se révéler extraordinaires une fois sur l’écran de votre ordinateur. D’heureuses surprises peuvent arriver, comme de réaliser après coup que la mouche que vous avez photographiée tient une proie dans ses mandibules.

L'asile, une mouche carnassière, dévore une guêpe minuscule. Photo: Daniel Lebarbé

Visionnez des vidéos

Vous pouvez compléter vos connaissances par vous-même. YouTube contient une multitude de vidéos traitant de macrophotographie, aussi bien en français qu’en anglais. Vous pourrez y découvrir toutes les facettes de cet univers.

Lancez-vous!

Le meilleur conseil pour vous lancer en macrophotographie? Commencez simplement avec l’équipement de base: un objectif macro (ou moyens équivalents), votre flash et un diffuseur suffiront à vos premières expériences. La persévérance sera nécessaire, mais les résultats en valent largement la peine. Vous évoluerez ensuite selon vos goûts et champs d’intérêt.

À vos appareils!

À propos de l'auteur

Daniel Lebarbé est un photographe touche-à-tout membre du Club photo de Boucherville et collaborateur à la Société de promotion de la photographie du Québec (SPPQ).