À l’affut d’un héron, à l’aide d’un objectif de 500 mm monté sur un solide trépied en fibre de carbone capable de soutenir 25 kg. Photo: Philippe Rioux
17 novembre 2020Auteur : Daniel Lebarbé, SPPQ

Choisir le bon trépied

Le trépied est l’accessoire le plus connu des photographes. Il permet à votre appareil de rester immobile et stable pendant la macrophotographie, ou de soutenir un objectif très lourd en photo animalière. Il est aussi très utile pour faire des panoramiques, de longs temps de pose et même des photos de groupe vous incluant. Mais encore faut-il le choisir judicieusement pour en tirer le meilleur parti. Suivez le guide!


Que rechercher dans un trépied?

La solidité

Puisque le rôle du trépied est de soutenir votre appareil photo, sa première qualité doit être la solidité. Comme vous lui confiez votre précieux équipement, valant souvent des milliers de dollars, ne lésinez pas sur la qualité! Une bonne patte de trépied doit être cylindrique, c’est la seule forme offrant à la fois une bonne résistance à la flexion et à la torsion. Une patte de section carrée, comme on en retrouve sur de nombreux trépieds bon marché, est à éviter.

La légèreté   

Un trépied trop lourd restera à la maison. Il faut donc trouver un compromis entre la robustesse et le poids. Les matériaux modernes offrent des possibilités que les matériaux plus traditionnels, comme le bois et l’aluminium, ne sont pas en mesure de livrer.

La fibre de carbone est actuellement le meilleur matériau offert sur le marché. Elle offre une excellente rigidité et résistance aux vibrations tout en étant très légère. Contrairement au métal, elle reste agréable au toucher par temps froid. Son seul réel défaut est son prix. Un bon modèle d’une marque comme Gitzo vous coûtera facilement le prix d’un bel objectif. Pour votre confort, essayez de ne pas dépasser 2 kilos (incluant le poids de la tête) si vous avez l’intention de transporter votre trépied sur le terrain.

À l’affut d’un héron, à l’aide d’un objectif de 500 mm monté sur un solide trépied en fibre de carbone capable de soutenir 25 kg. Photo: Philippe Rioux

La portabilité 

Le poids est une chose, mais l’encombrement est un critère tout aussi important. La majorité des modèles sont pourvus de pattes à trois ou à quatre sections. La version à trois sections est plus rigide, mais plus longue une fois rentrée; celle en quatre parties sera plus courte lorsque rétractée, mais légèrement moins stable.

Caractéristiques à vérifier

La charge utile

Votre trépied doit être en mesure de supporter votre équipement. Vous pouvez trouver sa charge maximum dans sa description.

Pour déterminer la capacité nécessaire, il faut additionner le poids de votre boîtier, celui de votre plus gros objectif, d’éventuels accessoires comme le flash et le poids de votre tête (rotule ou autre).

Il faut prévoir une marge de sécurité assez importante (le double est l’idéal). Un trépied poussé à ses limites sera moins stable et sécuritaire. Comme pour une chaîne, votre équipement aura la solidité de son plus faible élément. Votre tête devra avoir la même charge maximum que votre trépied. 

Cette photo a été faite en utilisant la technique du HDR nécessitant plusieurs prises de vue à différentes expositions. Le trépied permet de garder un cadrage constant et d’utiliser de basses vitesses. Photo: Daniel Lebarbé

La hauteur

Le choix de la hauteur maximum doit être fait en fonction de l’usage. Si vous utilisez votre trépied pour la photo animalière ou sportive, vous passez beaucoup de temps l’œil collé au viseur. Il est donc souhaitable que vous n’ayez pas à vous plier en deux pour viser. Dans les autres situations où vous n’avez qu’à ajuster votre cadrage, comme dans la photo de paysage, cette caractéristique est moins importante.

Il y a deux hauteurs maximales pour un trépied: celle avec et celle sans la colonne centrale levée. Favorisez un modèle ayant la hauteur souhaitée sans l’extension de la colonne, vous y gagnerez énormément en stabilité. Un autre point important à vérifier est la hauteur minimum. Si vous aimez photographier les insectes et les champignons, le plus bas sera le mieux.

Il a fallu attendre une heure, déclencheur en main, avant que ce hibou moyen-duc ne sorte de sa torpeur et se donne en spectacle. Pendant tout ce temps, l’appareil était verrouillé sur le sujet, prêt à capturer l’action. Photo: Daniel Lebarbé

La colonne centrale

La longueur de la colonne détermine à la fois la hauteur maximum et la hauteur minimum de votre trépied.

Une longue colonne permet de hausser votre appareil, mais l’empêche de descendre plus bas que la grandeur de celle-ci. Plusieurs modèles permettent de l’inverser, vous donnant la possibilité de suspendre votre appareil entre leurs pattes. Le boîtier ainsi placé pourra pointer vers le bas ou descendre au niveau du sol tout en étant très stable. Certains trépieds possèdent une colonne inclinable permettant de déporter votre appareil pour qu’il puisse, par exemple, photographier un insecte tapi entre les branches d’un buisson.

Il faut un très puissant téléobjectif pour photographier la Lune. Le trépied doit donc être d’une stabilité à toute épreuve. Photo: Daniel Lebarbé

Le système de blocage d’extension des pattes

Les deux systèmes les plus courants sont la bague (twist lock) et le levier de blocage (flip lock).

La bague demande à être tournée avec une force suffisante pour coincer efficacement la section de la patte. C’est le système le plus solide si bien utilisé. Le fait que rien n’indique que la patte est bien verrouillée demande qu’on soit particulièrement attentif.

Le levier a l’avantage d’être rapide et montre par sa position s’il est bien appliqué. Sa tension est préajustée avec une vis; il faut la vérifier régulièrement. Si vous avez l’intention d’utiliser votre trépied dans les hautes herbes, elles auront tendance à se coincer sous les leviers et pourraient vous gêner.

Cette douce photo d’automne a nécessité un temps de pose de 60 secondes. Les réglages indépendants des pattes ont permis de s’adapter à ce terrain accidenté. Photo: Daniel Lebarbé

Le système de blocage de l’angle des pattes

Il y a aussi deux grands systèmes de verrouillage pour cette fonction.

Le premier permet un choix infini de réglages, et vous pouvez ajuster chaque patte à l’angle que vous voulez. Ceci permet une grande polyvalence sur les sols inégaux, mais ralentit la mise en œuvre de votre trépied, car vous devrez déterminer sans repères évidents l’angle de chaque patte.

L’autre système offre des positions prédéterminées, généralement trois, qui facilitent l’ouverture du trépied dans la vie courante, mais qui en limitent les possibilités. Ce système convient à la majorité des utilisateurs.

Cette nature morte a demandé deux prises de vue pour concilier le grand écart de luminosité : une pour exposer l’ensemble éclairé par la bougie et l’autre pour la flamme. Photo: Daniel Lebarbé

L’extrémité des pattes

La surface en contact avec le sol doit être adéquate; elle est généralement en caoutchouc. Ce matériau fait l’affaire sur un plancher ou sur toute autre surface dure. Par contre, il est inefficace sur les surfaces meubles ou glissantes comme le gazon.

Si vous allez dans la nature, des pointes en aciers seront très utiles; elles mordront dans la terre, la pelouse, etc. Quelques modèles offrent des pattes pourvues des deux types d’embouts, il suffit de visser la partie en caoutchouc pour découvrir la pointe de métal. Si ce n’est pas inclus à l’achat, c’est souvent un accessoire offert en option.

Un long temps de pose a augmenté le côté un peu sinistre de cette photo. Photo: Daniel Lebarbé

En conclusion

Un bon trépied est indémodable, il vous accompagnera donc très longtemps. N’hésitez pas à y mettre le prix. Selon vos besoins, vous pourrez y adapter différentes têtes, ce qui en fait un accessoire particulièrement polyvalent. Il est quasi essentiel à la pratique de divers domaines de la photographie comme la photo de paysage, de sport et de certaines techniques avancées comme l’astrophotographie. Il est possible qu’un seul trépied ne vous suffise pas. Cela dépendra des besoins qui se manifesteront au cours des années.

À vos appareils!

À propos de l'auteur

Daniel Lebarbé est un photographe touche-à-tout membre du Club photo de Boucherville et collaborateur à la Société de promotion de la photographie du Québec (SPPQ).